Une initiative noble. Vendredi et samedi derniers, l’AICA (Association Internationale des Critiques d’Art), section Côte d’Ivoire, a organisé, à la Rotonde des arts contemporains au Plateau, à l’attention des journalistes culturels, un séminaire de formation à la critique d’art. « L’art contemporain ivoirien date d’une cinquantaine d’années. Des structures étatiques existantes à l’heure actuelle, aucune ne comporte dans son programme, l’enseignement de la critique d’art, laissant ce domaine aux journalistes culturels. Ce sont donc ces derniers qu’il convient de former d’une manière professionnelle afin qu’ils soient mieux outillés lorsqu’ils sont amenés à juger d’une oeuvre d’art », a indiqué Mme Simone Guirandou N’Diaye, membre de l’ASCAD ( Académie des Sciences, des Arts, des Cultures d’Afrique et des Diasporas africaines) et présidente de l’AICA-Côte d’Ivoire, peu avant le début des travaux. Pendant donc deux jours, les apprenants, auxquels se sont joints des étudiants doctorants en arts, pour la plupart, ont été instruits par cinq éminents panélistes. Ainsi, pour la première journée, M. Bachar Rahmani a d’abord expliqué, dans la matinée, la co-relation entre critique d’art et journalisme. Ensuite, le Pr Georges Retord a enseigné l’histoire de la critique, avant que le Pr Kouacou N’Guessan François ne mène une pertinente réflexion sur le thème «Peut-on écrire sur l’art ? » Dans l’après-midi, il y a eu un atelier critique autour du travail du peintre Youssouf Bath, l’un des initiateurs du courant Vohou-Vohou, avec à la clé, le visionnage d’un documentaire sur l’artiste, réalisé par Idriss Diabaté. « Le Vohou-Vohou au départ, c’était du collage. L’idée est partie du fait que nous n’avions pas de matériel classique pour peindre. Et nous avons décidé de marquer une rupture en utilisant des matières locales (racines, écorces, feuilles), afin de trouver des perspectives autres que celles qui sont occidentales », a fait savoir Youssouf Bath, qui a saisi cette opportunité pour partager avec les journalistes le processus de création d’une oeuvre chez lui. « Mon inspiration, c’est la cosmogonie africaine. Quand je travaille, c’est comme si j’entrais en transe et c’est à la fin que l’oeuvre se dévoile », a-t-il confessé. Samedi, c’était autour de Frédéric Grah Mel, journaliste indépendant ayant fait ses classes à Fraternité Matin, de partager ses connaissances et sa riche expérience avec ses jeunes confrères. De sa communication axée sur le thème « Art et vulgarisation », on retiendra que la médiation entre le grand public et les créateurs manque dans la presse. C’est pourquoi, il a exhorté les journalistes à se former et à se prendre en charge eux-mêmes pour donner une dimension critique à leurs articles, afin de ne pas se militer à papiers factuels. A sa suite, Yaya Savané et Mme Simone Guirandou ont procédé à l’analyse de l’oeuvre de trois jeunes sculpteurs. Toute chose qui a donné lieu à des débats enrichissants sur la sculpture. De l’avis de tous les participants, cette session de formation a été très enrichissante. Unanimement, ils ont plaidé pour qu’elle se perpétue. « On a relevé tout ce que vous avez dit. On fera en sorte que nous puissions nous retrouver », a promis la présidente de l’AICA Côte d’Ivoire.
Y. Sangaré
Y. Sangaré