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Art et Culture Publié le mardi 9 avril 2013 | Le Patriote

Interview / Sibaï Adou (auteur) : “Le concept de marchés publics n’est pas encore bien perçu sur le terrain”

Directeur du Bureau d’études socioéconomiques et de services d’appuis aux programmes et projets de développement (BESAP) d’Abidjan, Sibaï Adou vient de publier, chez les éditions l’Encre Bleue, un livre de 214 pages intitulé « Système de passation des Marchés Publics, Gouvernance, contrôles opérationnels et développement socioéconomique». Dans cet entretien, qu’il a bien voulu nous accorder entre deux rendez-vous à Ouagadougou où il a procédé à la dédicace de l’œuvre le 1ermars dernier, Sibaï Adou explique les motivations d’un tel ouvrage et surtout fait une radioscopie de la gestion des marchés publics en Afrique, et en particulier en Côte d’Ivoire.

Le Patriote : Que recherchez-vous en écrivant ce livre ?

Sibaï Adou : Ce livre a été écrit parce qu’aujourd’hui les marchés publics sont devenus un enjeu majeur, pour nos Etats, et au niveau international. D’abord au niveau de nos Etats, les marchés publics sont les canaux privilégiés de réalisation des investissements publics qui dotent nos pays de capacités de production, donc de développement économique et social. Ensuite, lorsqu’ils sont bien utilisés comme outils de promotion économique, ils deviennent des instruments catalyseurs des investissements extérieurs. Au niveau international, les marchés publics sont au cœur de la finance internationale. Tous les grands forums internationaux mettent les marchés publics au cœur de la problématique de financement au niveau des finances internationales. Tous les grands marchés d’Etat sont des marchés publics. Le Président Sarkozy disait et je cite : « Face à la crise que traverse la France, les marchés de l’Etat français vont être confiés à des entreprises françaises ». Voilà les grands enjeux majeurs. Et ce sont les marchés publics qui ont permis d’insuffler des ressources considérables dans l’économie américaine lors de la crise, il en est de même pour les pays de l’Europe entre autres, la France, l’Allemagne, la Grande-Bretagne. L’autre enjeu majeur, c’est celui lié aux considérations environnementales, dans le cadre des objectifs du millénaire pour le développement. Nos pays ont donc tout intérêt à prendre à bras le corps cet instrument, pour en faire un outil de développement économique et social.

LP : Dans votre livre, vous privilégiez l’approche didactique. Pourquoi ce choix ?

S.A : Pour se faire comprendre, il faut qu’on soit d’accord sur les mots. L’approche didactique permet de renforcer les capacités de compréhension des acteurs tant publics que privés de la société civile, des apprenants etc. Elle aide à être à d’abord d’accord sur ce dont on veut parler. Cela dit, le livre a été conçu comme un outil de renforcement de capacités.

L.P : Est-ce à dire que sur le terrain les gens ne sont pas suffisamment formés ?

S.A : Exactement. Ils ne sont pas formés suffisamment.

L.P : Quels sont justement les insuffisances que vous avez relevées ?

S.A : D’abord, il faut savoir que le concept même de marchés n’est pas bien perçu sur le terrain. Ensuite, il y a des principes fondateurs au niveau de la planification du développement. Les marchés publics doivent être considérés, dans le système de planification, comme un instrument de réalisation des objectifs de développement économique et social. Il faut qu’il y ait une parfaite cohérence entre le système de planification et les marchés publics qui sont au cœur des dépenses publiques. Il y a aussi toute une panoplie de procédures qui sont ignorées, parfois même par des acteurs publics en charge de leur mise en œuvre, à plus forte raison du grand public. Pour que ce système de passation de marchés publics soit vraiment au service de nos pays, il faut développer la fonction contrôle. Cet aspect est destiné à nos institutions supérieures de contrôle des finances publiques, notamment la Cour des comptes, l’Inspection Générale d’Etat, l’Inspection des finances, la Commission des finances de l’Assemblée Nationale, les contrôleurs financiers. Il leur manque des critères qui permettent de mesurer l’efficacité de la dépense publique liée aux marchés publics.

L.P : Le livre vient de sortir et la toute première dédicace a lieu à Ouagadougou, avant celle d’Abidjan qui reste à venir. Qu’est-ce qui justifie cette démarche ?

S.A : Deux raisons expliquent cela. Premièrement, il y a le Fespaco ( Festival panafricain du cinéma et de la télévision de Ouagadougou) qui mobilise beaucoup de monde. J’ai voulu profiter de cette occasion pour donner une plus grande visibilité au livre. Deuxièmement, il faut savoir qu’à Abidjan, il y a eu un problème de timing. Le Premier ministre devait présider la cérémonie, il a délégué cette tâche à la ministre en charge de l’Economie et des Finances ( ndrl, Mme Kaba Nialé) qui venait d’être nommée à ce poste et avait donc beaucoup de choses à faire. Nous avons donc préféré venir à Ouagadougou, avant de repartir à Abidjan pour lancer le livre, quand nos autorités seront prêtes.

L.P : Qu’est-ce qui est, à propos, prévu à Abidjan ?

S.A : Dès que nous aurons le feu vert du ministre de l’Economie et des Finances qui va présider la cérémonie de dédicace, nous ferons ce que nous avons fait à Ouagadougou. C’est-à-dire, que nous ferons dans un premier temps la dédicace, ensuite nous irons vers les institutions pour faire des dédicaces éclatées.

Réalisée à Ouagadougou par Y.Sangaré
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