“Les Blancs ont soigné le corps, les bossons vont soigner l’âme ». Cette boutade désormais devenue célèbre lancée par feu Jean-Marie Adiaffi traduit la place prépondérante que les kômians, adeptes de la religion des bossons (génies), occupent dans la cosmogonie agni et d’autres peuples. Que reste-t-il de cette réalité face à l’agression des nouvelles religions et surtout de celle des nouveaux modes de vie calqués sur l’Occident ? Présents à toutes les grandes cérémonies du royaume, les kômians sont très souvent sollicités par ceux qui ont des soucis de santé ou tout autre problème. D’ailleurs, les meetings des candidats lors des dernières élections locales ont mis en évidence l’importance de ces prêtres traditionnels que sont les kômians. Chaque candidat a en effet usé de leur pouvoir purificatoire sur les espaces de meetings notamment. Mais il faut le dire, en dehors de ces présences protocolaires, les soleils des kômians semblent briller de moins en moins. Ces prêtres traditionnels dont l’importance était incontournable dans le passé, sont presqu’abandonnés à leur sort. Depuis la mort de leur mentor, Jean-Marie Adiaffi en novembre 1999, des personnes dont Yéo Doulay, son fils spirituel, tentent de les organiser. Même si la tâche est ardue. Toutefois, Yéo se veut optimiste. « Même si Adiaffi n’est plus, le bossonisme continuera d’exister. Car lorsque je visite les sanctuaires, j’y trouve toujours de nouveaux élèves » soutient-il. Il n’a pas tort. Dans le monastère d’Aniassué, dame Adjoua qui dit être soumise à la déesse des eaux Mamie Watta continue de former de nombreux adeptes dont un fort pourcentage de filles. De même, Akossua de Bettié, Brou Ahou de Kangandi (Bongouanou) ou encore N’goran d’Andé dans le département de Daoukro accueillent des néophytes qui sont en cours de formation. Les élèves kômians passeront trois années consacrées à un apprentissage très rigoureux du langage des génies et de leur connaissance, sans oublier la danse, le chant, la musique, l’art divinatoire et la maîtrise des plantes. Cette formation est truffée d’interdits qui lorsqu’ils sont transgressés contraignent le néophyte à reprendre son initiation. Le devoir de chasteté, l’interdiction d’utiliser le miroir, le peigne ou le parfum sont entre autres des pratiques à bannir pendant la formation.
Art et Culture Publié le mardi 7 mai 2013 | Le Patriote