Sa nomination au sein du Conseil d’Administration de l’Agence Ivoirienne de Gestion des Fréquences a alimenté la presse et suscité beaucoup de supputations autour de lui. D’aucuns ont vite fait d’annoncer qu’il n’était plus le Directeur général de la Radiodiffusion Télévision Ivoirienne (RTI). Pour la première fois, depuis cette décision, Lazare Aka Sayé parle. Sans faux fuyants, celui, qui dirige toujours la RTI, fait la lumière sur tout : sa gestion, ses rapports avec ses collaborateurs, les couacs de la couverture de la visite d’Etat du Président de la République dans le Tonkpi… Aussi répond t-il à toutes les rumeurs qui circulent sur son compte et dévoile ses grandes ambitions pour la RTI. Exclusif !
Le Patriote : Vous venez d’être nommé comme administrateur au sein de l’AIGF. Comment accueillez-vous cette nomination ?
Lazare Aka Sayé : Je l’apprécie comme une haute marque de confiance du Chef de l’Etat en ma modeste personne. Et donc, je tiens vraiment à lui dire un grand merci. Cela étant, je suis aujourd’hui devant vous comme le DG de la RTI et Administrateur de l’AIGF. Mon titre s’est donc renforcé après. Je peux le dire.
LP : Pour beaucoup, cela sonne comme votre départ de la RTI…
LAS : Il n’y a rien qui indique à ce stade des choses, que ça sonne comme mon départ. Le Communiqué du Conseil des ministres n’a pas dit que j’étais appelé à partir. Donc, officiellement, je suis administrateur de l’AIGF et DG de la RTI, tout comme, il y a d’autres collègues administrateurs de l’AIGF qui sont aussi DG de leurs structures respectives.
L.P : En clair, vous demeurez DG de la RTI…
LAS : Oui, je demeure DG de la RTI et Administrateur de l’AIGF.
L.P : Mais, il se murmure que vous êtes pressenti pour être le PCA de l’AIGF, cela ne sera-t-il pas incompatible avec votre fonction de DG de la RTI ?
LAS : Dans la position où je me trouve, je ne veux pas commenter les bruits. Je me tiens aux informations officielles. Mais, sachez que le poste que j’occupe est un poste éminemment important. J’en ai une haute conscience. Et en même temps, je sais que ce n’est pas un poste à vie. Tôt au tard, je partirai de là pour d’autres fonctions ou la retraite. Donc, qu’on se patiente pour voir l’évolution des choses.
L.P : Au cas où vous êtes nommé PCA de l’AIGF, que feriez-vous alors ?
LAS : Si je suis nommé PCA de l’AIGF, évidemment, c’est une fonction qui appelle forcément que j’aille l’occuper. Ça veut dire que je pars de la RTI pour aller occuper cette nouvelle fonction. Ce qui n’est pas encore le cas, pour le moment.
L.P : Il semble aussi qu’au sein de la Maison RTI, vous avez fait des nominations qui n’ont pas toujours été bien accueillies notamment à la tête de certaines directions ?
LAS : Connaissez-vous une entreprise où les nominations ont été bien accueillies par tous ? Il n’y en a pas. Comprenez que c’est comme cela que ça se passe toujours et que ce n’est pas une raison de mettre en cause la gestion managériale d’un Directeur général, pour une ou deux nominations qui n’ont pas plu à tout le monde. Sachez que le Chef de l’Etat nous a toujours dit de faire des
+nominations non pas sur la base du militantisme, mais sur celle des compétences. C’est cette décision que j’essaie de respecter.
L.P : Est-il vrai que vos rapports sont tendus avec le DGA Ahmadou Bakayoko ?
LAS : Pas du tout. Il sera le premier à vous le dire. Vous pouvez l’interroger, même au téléphone. Nos rapports sont excellents. Depuis son arrivée jusqu’aujourd’hui, on a les meilleurs rapports possibles. D’ailleurs même, il m’a surpris par l’attitude de franche collaboration qu’il a toujours entretenue avec moi. Et cela, je dois le reconnaître, en dehors de ses compétences intrinsèques que je salue également. Il a une attitude de respect envers ma personne. Il ne m’a jamais désobéi. Alors, comment voulez-vous que j’aie des rapports tendus avec lui ? (....) Il est un collaborateur loyal. Là encore, ce sont des bruits de couloirs de la RTI.
L.P : Comment expliquez-vous alors le brusque jeu de chaises musicales qui a eu lieu, il y a quelques temps à la RTI, à la Direction de l’Information, où M. Cissé Khalil Bacongo, qui avait succédé à Habiba Dembélé, a été à son tour remplacé, avant même qu’il n’ait pris fonction par M. Abou Traoré ? Pour beaucoup, cela résultait d’un bras-de-fer entre vous et M. Bakayoko ?
LAS : Toutes les nominations sont faites par le DG. A ce niveau, je voudrais quand même faire des précisions. J’avais nommé à ce poste toujours par intérim, un premier responsable du nom de Cissé Bacongo. Et puis, cela n’a pas marché…Mais, il faut qu’on arrête de personnaliser le débat….
L.P : Justement qu’est-ce qui n’a pas marché ?
LAS : Simplement, il y a eu des attitudes de comportement de l’intéressé, qui étaient de nature à troubler l’ordre interne de la RTI. Donc, cela m’a amené à prendre cette décision qui ne m’a pas plu mais que j’étais obligé de prendre, afin de pourvoir à son remplacement par Abou Traoré, toujours comme intérimaire. Il est là depuis trois mois et assure cette fonction avec beaucoup d’efficacité. Ce n’était donc pas une question de compétence mais plutôt un acte d’insubordination. C’est un comportement qu’aucun DG ne peut accepter.
L.P : Vous a-t-il manqué de respect ?
LAS : C’est tout dire. Mais, aujourd’hui, on a passé l’éponge. Je l’ai appelé à mon bureau. Je lui ai fait comprendre que je ne lui en voulais pas du tout. Et que c’était un acte de direction, un acte que je devais prendre pour défendre mon autorité, celle due au DG que je suis. Vis-à-vis des agents de la RTI, c’était nécessaire. Cela dit, à titre personnel, il n’y avait pas de problème.
L.P : Il y a aussi la question du cumul des postes qui fait grincer des dents dans les couloirs de la RTI, qui se plaignent que certains occupent deux hautes fonctions à la fois…
LAS : Il faut que je précise les choses. Dans une entreprise, il ne peut y avoir de cumul de postes. Quand j’ai été nommé DG de la RTI, j’étais à cette période Directeur par intérim de la radio. C’est pour dire simplement que dans une entreprise, on peut être directeur ou chef de département et momentanément assurer l’intérim d’une autre direction ou un autre département. Je dis bien momentanément. C’est le sens de l’intérim. Ce n’est pas un cumul de postes.
L.P : Lors de la visite d’Etat effectuée par le Président de la République dans la région du Tonkpi récemment, il y a eu des couacs au niveau de la couverture de l’événement par la RTI. On a notamment vu un plan dans lequel l’image du chef de l’Etat n’était pas nette, une autre fois le direct avait été coupé sans qu’on ne sache trop pourquoi… Bref, comment expliquez-vous ces difficultés?
LAS: Comme cela arrive malheureusement dans ce genre d’opérations de retransmission, un de nos techniciens sur le direct du journal n’a pas été assez vigilant. Et donc, on n’était pas prêt pour ce direct et on avait demandé à prendre l’antenne. Il manquait « un boulon à resserrer » tout simplement. L’agent en question a reconnu sa défaillance et a présenté excuses. (….) Mais, en interne, il a quand même reçu une dose de condamnations et de mises en garde très sévères. Voilà ce qui s’est passé. Sur l’élément relatif à l’image du Président de la République, on a eu un de nos bancs de montage qui n’avait la même configuration que ceux habituellement utilisés. Là aussi c’est dommage. (…) Et le ministre de la Communication qui a vu les images comme nous, est venu nous trouver au QG et nous lui avons expliqué ce qui s’est passé. En réaction, elle nous a appelés à plus de vigilance. A partir de ce moment, j’ai pris mes responsabilités.
L.P : Avez-vous été menacé pour ces couacs par la tutelle ou la Présidence ?
LAS : Ah non. Aucunement. C’est le ministre de la Communication (Mme Affoussiata Bamba-Lamine) qui a été mon interlocutrice directe. Elle ne m’a pas menacé. Elle est venue comprendre. Ce n’est vraiment pas son genre. Elle nous a demandé seulement de faire attention et de redoubler de vigilance. Et donc cet incident n’a rien à avoir avec la décision de ma nomination comme administrateur à l’AIGF.
L.P : Pensez-vous vraiment que ce n’est pas lié ?
LAS : Non pas du tout. Ce n’est pas lié. Pourquoi ? Je vais vous le dire. Cette nomination était prévue depuis de longues dates. Je vous fais la révélation. Je le savais, parce que le Chef de l’Etat ne fait rien au hasard. Avant cette nomination, il m’avait fait l’honneur de m’appeler pour m’en informer. Pour moi, c’était vraiment un honneur incroyable, qui veut dire qu’il me fait confiance. Mais, ce qui se dit entre un Chef d’Etat et un DG, on ne va quand même pas le mettre sur la place publique. Et ça c’était bien avant la visite d’Etat à Man.
L.P : Parlons maintenant de votre gestion à la RTI. Votre arrivée à la tête de la RTI a été marquée par un dégraissage massif du personnel. Aujourd’hui, avec ce recul, pensez-vous avoir bien agi ? Et comment avez-vous capitalisé ces nombreux départs?
LAS : C’était une mesure nécessaire, parce que la RTI ne pouvait plus continuer de supporter non seulement les charges d’un personnel devenu pléthorique, mais en plus un personnel dont le tiers ne travaillait plus du tout. Je peux vous le dire et c’est dans le rapport de tous les experts. Il fallait donc y aller et c’est même à la demande du gouvernement, à travers le Conseil d’Administration, que je l’ai fait. C’était donc une mission qu’il nous fallait absolument mener et réussir. Et c’est ce que nous avons fait. Après ça, nous nous sommes retrouvés à 500 agents. Que fallait-il faire ? Nous avons essayé de continuer la gestion de l’entreprise avec eux et cela n’a pas été facile parce que l’effectif restant avait du mal à suivre le nouveau rythme. On leur a dit que cette mesure avait d’autres objectifs. Il fallait qu’après cette mesure, chaque agent se prépare à travailler comme un polyvalent. Par exemple, le journaliste que je dois recruter ne doit plus être un journaliste à l’ancienne formule. Il doit être un journaliste reporter d’images (JRI). Il doit savoir manier la caméra et monter son propre reportage. Cela me permet de stabiliser mon effectif sans que je ne sois dans l’obligation de recruter un caméraman. Nos techniciens doivent également être polyvalents. Ça a été dur, mais ça a fini par prendre. Et puis, deuxième étape, il nous a été rapporté par les chefs de service que les agents travaillaient effectivement dans cette polyvalence mais qu’ils souffraient beaucoup. Ils n’avaient pas assez de jours de repos et il y en a qui tombaient malades. Comme on ne peut pas recruter car les lois sociales du travail nous l’interdisent, qu’avons-nous fait ? Nous avions une possibilité. Pour le même poste sur lequel il y a eu un départ, si on doit recruter quelqu’un, soit on fait appel à celui qui est parti, soit on prend quelqu’un qui a une compétence différente ou supérieure. Alors, pour certains postes, on a fait appel à des consultants qu’on appelle encore assistants techniques. Ce ne sont pas agents recrutés. Il n’y a donc pas de recrutement d’agents en tant que tel. Donc, ce sont des assistants techniques qui sont là pour une durée bien déterminée, pour prêter main forte aux services qui en ont vraiment besoin. Il y a aussi des stagiaires qui viennent pour trois mois renouvelable une fois, pour apporter leur contribution à la bonne marche de l’entreprise. Voilà le schéma dans lequel nous marchons.
L.P : Pourtant, M. Le Directeur général, il y a bel et bien eu un recrutement, sans le nommer un journaliste est venu de Fraternité-Matin…
LAS : On a effectivement recruté un adjoint au Rédacteur en chef. Là, c’est un recrutement. Pourquoi ? Parce que ce poste n’a jamais existé. On l’a créé. Quand on crée un poste, il faut le pouvoir. Comme ce poste n’a jamais existé, il n’est pas concerné (par l’interdiction de recrutement). J’avoue qu’on a cherché sur la place, un excellent journaliste qui a fait un peu de la télé et de l’audiovisuel. C’est lui qu’on trouvé et je l’ai recruté. J’ai interrogé ses anciens responsables qui m’ont tous dit que c’est un bon élément. Je remercie au passage son patron Venance Konan, DG du groupe Fraternité Matin, qui n’a fait aucune difficulté pour le libérer. Il nous rend d’énormes services et on est content de son travail. Là, c’est un recrutement.
L.P : Pour autant, les agents ne comprennent pas les choses ainsi. Ils dénoncent ces recrutements alors qu’une bonne partie du personnel a été remerciée, pour motif économique…
LAS : Je crois avoir été suffisamment clair sur la question.
L.P : Les agents se plaignent aussi de la suppression de leurs primes alors que les patrons conservent leurs avantages. Que répondez-vous à cela ?
LAS : Ce sont encore des bruits de couloirs. Qu’est-ce qu’ils en savent ? Rien n’est vrai. Les mêmes efforts que je leur demande au bas de l’échelle, je l’exige aussi en haut de l’échelle. J’ai supprimé ou réduit le carburant à de nombreux responsables. Idem pour les crédits en communication, les frais de mission, à tous les niveaux. Pas seulement pour les simples agents. Même les directeurs sont concernés. Ils ont des frais de mission qui n’ont pas du tout évolué. Eux-mêmes s’en plaignent. Ce sont des mesures générales qui touchent tout le monde et ça continue. S’agissant des primes, il faut savoir qu’elles ont un sens. Ce sont des primes de rendement.
L.P : Quand vous héritiez de la RTI, elle était lourdement endettée. Quel est aujourd’hui l’Etat de ses finances?
LAS : Je n’ai malheureusement pas de chiffres sous mes yeux. Mais, ce que vous devez savoir, c’est que la RTI va mieux. Nous sommes passés du rouge au vert. Aujourd’hui, la RTI réalise un bénéfice d’exploitation. Cela veut dire qu’elle fait des bénéfices, ce qui ne s’était jamais passé. Nous avons renoué avec la bonne gouvernance et l’orthodoxie de management financier. Les états financiers sont là. Les commissaires au compte viennent les regarder, ainsi que le Conseil d’administration. La RTI a assaini sa situation financière. Je peux le garantir et c’est une performance dont je suis fier, et que je laisserai comme héritage au cas où je partirais.
L.P : Côté contenu, si les téléspectateurs saluent le retour des débats, en revanche ils restent pour la plupart sur leur faim quant à ce que la RTI leur propose. Qu’en pensez-vous ?
LAS : Il faut qu’ils sachent que c’est essentiellement pour eux que nous travaillons. Mais, nous revenons de loin. Qu’ils le sachent aussi. Quand on arrive dans une RTI endettée de plus de 9 milliards, dans lesquels les fournisseurs ont une part importante de dette impayée et qu’il nous faut encore avoir de nouveaux programmes à l’antenne, ce n’est pas évident. Et les programmes, ça coûte excessivement cher. Un feuilleton coûte au bas mot entre 300 000 et 400 000 FCFA par épisode. Mais, on ne peut pas ne pas satisfaire les téléspectateurs. C’est pourquoi, nous avons pris un peu de temps pour pouvoir leur préparer une nouvelle grille de programmes. Mais, à cause des difficultés permanentes auxquelles nous faisons face tous les jours, nous ne pouvions pas faire une grille totalement renouvelée à 100%. Ce qu’on fait, c’est des grilles aménagées. Nous avons compris que les telenovelas n’apportaient plus grand-chose aux Ivoiriens aujourd’hui. Donc, nous avons estimé qu’il faut leur servir des films et des séries qui leur parlent de leur propre histoire. D’où l’accent a été mis sur les séries africaines et ivoiriennes. C’est une option que j’ai prise et que mes directeurs de programmes et de production se sont attelés à mettre en œuvre. C’est pourquoi, sur RTI1, vous voyez de plus en plus d’excellentes séries africaines et ivoiriennes. Parce qu’une télévision publique nationale doit faire la politique de la production nationale ou africaine.
L.P : Est-ce à dire que la RTI a revu les termes de sa collaboration avec les producteurs privés qui se plaignaient de payer un droit de diffusion avant que leurs séries ne soient vues à la télé ?
LAS : Effectivement. Nous avons mis en place une nouvelle politique qui a été définie, il n’y a pas longtemps. C’est un dossier important que j’ai confié à mon DGA Ahmadou Bakayoko. Il est en train de le dérouler de sorte qu’il y ait un contrat de confiance entre les producteurs privés et nous. Afin qu’ils aient un intérêt à nous proposer leurs films, dans un contrat gagnant-gagnant. Il n’est pas question que le producteur privé nous donne son film gratuitement.
LP : La RTI ne va donc plus exiger un droit de diffusion aux producteurs privés ?
LAS : Ce n’est plus le cas.
L.P : Et au niveau des émissions ; que prévoyez-vous ?
LAS : Nous avons deux grandes émissions : « RTI 1 reçoit » et « Le débat ». D’autres sont en train d’être mise en boîte et elles vont s’installer progressivement. Nous avons aussi de petits magazines d’entretien. Il faudrait Que les téléspectateurs comprennent que nous aurons des rendez-vous avec eux et que nous allons tenir nos engagements. Bientôt, nous communiquerons sur ces rendez-vous de la grille, pour que les Ivoiriens sachent quelles sont les émissions qui leur sont proposées et quel jour ils peuvent les suivre.
L.P : L’autre défi qui attend la RTI, c’est la libéralisation de l’espace audiovisuel. Pour beaucoup d’observateurs, la RTI ne tiendra pas la concurrence face aux télévisions privées. Quel est votre avis sur la question ?
LAS : C’est leur avis. Mais, la réalité est différente. La RTI a 50 ans aujourd’hui. Et sur la place aujourd’hui, nous sommes les meilleurs de l’Afrique de l’Ouest, sans fausse modestie. Et nous avons les meilleures compétences. Ceux qui vont arriver dans le privé ne sont pas des extraterrestres. Ils auront des techniciens comme on en a ici. Et les nôtres sont bien formés. Ce qu’il faut faire, c’est de les sensibiliser davantage à l’esprit d’entreprise. Nous avons les hommes qu’il faut, pour faire face à la concurrence qui arrive.
L.P : Les vacances avancent à grands pas. Quelles sont les émissions qui ont été retenues pour égayer les téléspectateurs ?
LAS : Nous sommes en pleine réflexion. Je ne veux pas vendre la mèche maintenant. Au moment opportun, le DGA fera une communication sur ce sujet.
LP : Quels sont vos projets pour la RTI dans les mois à venir ?
LAS : J’ai une priorité pour la RTI. C’est la modernisation de l’entreprise. Sa modernisation au plan des mentalités, c’est un combat que je continue de mener. Amener les agents à savoir que nous sommes d’abord une entreprise. Et quand on y vient, c’est pour travailler consciencieusement. Qu’on a un contrat moral et professionnel avec l’entreprise à remplir. Que le salaire, ça se mérite. C’est ce combat que je mène et ce n’est pas facile. Moderniser l’entreprise au plan des infrastructures. Nous y sommes allés à fond, avec des studios hypermodernes, aussi bien à la radio qu’à la télé. RTI Bouaké est un prototype du studio hypermoderne où le studio du journal n’a pas de caméraman. Tout est fait avec la régie. Il y a des caméras sans caméraman. C’est donc vers cela que je veux emmener la RTI. La Radio avait deux studios complètement dégarnis, et en mauvais état. On les a fait réhabiliter. Je vais inviter le ministre de la Communication à inaugurer ces deux studios, qu’on n’a jamais vus à la Radio, depuis qu’elle existe. Quand vous rentrez à la RTI Cocody, et à la RTI Plateau, vous êtes fiers des infrastructures internes et externes. Je voudrais que mes collaborateurs comprennent que dans une entreprise, les agents qui y travaillent vraiment, ne sont heureux que quand ils sont fiers de leur entreprise. Une entreprise, ce n’est pas seulement les machines, c’est aussi l’environnement à savoir les bâtiments, les bureaux, l’escalier, les outils de travail et même le parking qu’il faut moderniser. Et je suis fier aujourd’hui de présenter une RTI qui a 50 ans dans cette nouvelle robe, ces nouveaux habits qu’elle mérite. Mon seul regret, c’est de n’avoir pas pu achever le bâtiment qui est dans l’enceinte de la Maison de la télévision à Cocody.
L.P : Qu’est-ce qui coince justement ?
LAS : Le financement est très élevé. Ça se chiffre à des milliards. Et la RTI est obligée de s’endetter pour financer sa construction. Nous avons lancé donc des appels d’offres et des opérateurs nous ont soumis leurs dossiers. Nous sommes en train de les examiner pour en choisir un, monter le dossier, le soumettre au Conseil d’administration, et après approbation, on commencera les travaux.
L.P : Ce bâtiment abritera des bureaux administratifs ou des studios ?
LAS : Il est prévu des bureaux administratifs, et des studios. Cependant nous allons travailler d’abord sur les bureaux pour accueillir une partie du personnel de la radio, ne serait-ce que l’administration. Comme les studios au Plateau sont encore fonctionnels, les techniciens pourront encore y rester. A terme, le personnel administratif et commercial va déménager ici à Cocody et il ne restera là-bas que les techniciens. Ainsi la maison de la radio ne serait plus qu’une maison de production.
Réalisée par Y. Sangaré
Le Patriote : Vous venez d’être nommé comme administrateur au sein de l’AIGF. Comment accueillez-vous cette nomination ?
Lazare Aka Sayé : Je l’apprécie comme une haute marque de confiance du Chef de l’Etat en ma modeste personne. Et donc, je tiens vraiment à lui dire un grand merci. Cela étant, je suis aujourd’hui devant vous comme le DG de la RTI et Administrateur de l’AIGF. Mon titre s’est donc renforcé après. Je peux le dire.
LP : Pour beaucoup, cela sonne comme votre départ de la RTI…
LAS : Il n’y a rien qui indique à ce stade des choses, que ça sonne comme mon départ. Le Communiqué du Conseil des ministres n’a pas dit que j’étais appelé à partir. Donc, officiellement, je suis administrateur de l’AIGF et DG de la RTI, tout comme, il y a d’autres collègues administrateurs de l’AIGF qui sont aussi DG de leurs structures respectives.
L.P : En clair, vous demeurez DG de la RTI…
LAS : Oui, je demeure DG de la RTI et Administrateur de l’AIGF.
L.P : Mais, il se murmure que vous êtes pressenti pour être le PCA de l’AIGF, cela ne sera-t-il pas incompatible avec votre fonction de DG de la RTI ?
LAS : Dans la position où je me trouve, je ne veux pas commenter les bruits. Je me tiens aux informations officielles. Mais, sachez que le poste que j’occupe est un poste éminemment important. J’en ai une haute conscience. Et en même temps, je sais que ce n’est pas un poste à vie. Tôt au tard, je partirai de là pour d’autres fonctions ou la retraite. Donc, qu’on se patiente pour voir l’évolution des choses.
L.P : Au cas où vous êtes nommé PCA de l’AIGF, que feriez-vous alors ?
LAS : Si je suis nommé PCA de l’AIGF, évidemment, c’est une fonction qui appelle forcément que j’aille l’occuper. Ça veut dire que je pars de la RTI pour aller occuper cette nouvelle fonction. Ce qui n’est pas encore le cas, pour le moment.
L.P : Il semble aussi qu’au sein de la Maison RTI, vous avez fait des nominations qui n’ont pas toujours été bien accueillies notamment à la tête de certaines directions ?
LAS : Connaissez-vous une entreprise où les nominations ont été bien accueillies par tous ? Il n’y en a pas. Comprenez que c’est comme cela que ça se passe toujours et que ce n’est pas une raison de mettre en cause la gestion managériale d’un Directeur général, pour une ou deux nominations qui n’ont pas plu à tout le monde. Sachez que le Chef de l’Etat nous a toujours dit de faire des
+nominations non pas sur la base du militantisme, mais sur celle des compétences. C’est cette décision que j’essaie de respecter.
L.P : Est-il vrai que vos rapports sont tendus avec le DGA Ahmadou Bakayoko ?
LAS : Pas du tout. Il sera le premier à vous le dire. Vous pouvez l’interroger, même au téléphone. Nos rapports sont excellents. Depuis son arrivée jusqu’aujourd’hui, on a les meilleurs rapports possibles. D’ailleurs même, il m’a surpris par l’attitude de franche collaboration qu’il a toujours entretenue avec moi. Et cela, je dois le reconnaître, en dehors de ses compétences intrinsèques que je salue également. Il a une attitude de respect envers ma personne. Il ne m’a jamais désobéi. Alors, comment voulez-vous que j’aie des rapports tendus avec lui ? (....) Il est un collaborateur loyal. Là encore, ce sont des bruits de couloirs de la RTI.
L.P : Comment expliquez-vous alors le brusque jeu de chaises musicales qui a eu lieu, il y a quelques temps à la RTI, à la Direction de l’Information, où M. Cissé Khalil Bacongo, qui avait succédé à Habiba Dembélé, a été à son tour remplacé, avant même qu’il n’ait pris fonction par M. Abou Traoré ? Pour beaucoup, cela résultait d’un bras-de-fer entre vous et M. Bakayoko ?
LAS : Toutes les nominations sont faites par le DG. A ce niveau, je voudrais quand même faire des précisions. J’avais nommé à ce poste toujours par intérim, un premier responsable du nom de Cissé Bacongo. Et puis, cela n’a pas marché…Mais, il faut qu’on arrête de personnaliser le débat….
L.P : Justement qu’est-ce qui n’a pas marché ?
LAS : Simplement, il y a eu des attitudes de comportement de l’intéressé, qui étaient de nature à troubler l’ordre interne de la RTI. Donc, cela m’a amené à prendre cette décision qui ne m’a pas plu mais que j’étais obligé de prendre, afin de pourvoir à son remplacement par Abou Traoré, toujours comme intérimaire. Il est là depuis trois mois et assure cette fonction avec beaucoup d’efficacité. Ce n’était donc pas une question de compétence mais plutôt un acte d’insubordination. C’est un comportement qu’aucun DG ne peut accepter.
L.P : Vous a-t-il manqué de respect ?
LAS : C’est tout dire. Mais, aujourd’hui, on a passé l’éponge. Je l’ai appelé à mon bureau. Je lui ai fait comprendre que je ne lui en voulais pas du tout. Et que c’était un acte de direction, un acte que je devais prendre pour défendre mon autorité, celle due au DG que je suis. Vis-à-vis des agents de la RTI, c’était nécessaire. Cela dit, à titre personnel, il n’y avait pas de problème.
L.P : Il y a aussi la question du cumul des postes qui fait grincer des dents dans les couloirs de la RTI, qui se plaignent que certains occupent deux hautes fonctions à la fois…
LAS : Il faut que je précise les choses. Dans une entreprise, il ne peut y avoir de cumul de postes. Quand j’ai été nommé DG de la RTI, j’étais à cette période Directeur par intérim de la radio. C’est pour dire simplement que dans une entreprise, on peut être directeur ou chef de département et momentanément assurer l’intérim d’une autre direction ou un autre département. Je dis bien momentanément. C’est le sens de l’intérim. Ce n’est pas un cumul de postes.
L.P : Lors de la visite d’Etat effectuée par le Président de la République dans la région du Tonkpi récemment, il y a eu des couacs au niveau de la couverture de l’événement par la RTI. On a notamment vu un plan dans lequel l’image du chef de l’Etat n’était pas nette, une autre fois le direct avait été coupé sans qu’on ne sache trop pourquoi… Bref, comment expliquez-vous ces difficultés?
LAS: Comme cela arrive malheureusement dans ce genre d’opérations de retransmission, un de nos techniciens sur le direct du journal n’a pas été assez vigilant. Et donc, on n’était pas prêt pour ce direct et on avait demandé à prendre l’antenne. Il manquait « un boulon à resserrer » tout simplement. L’agent en question a reconnu sa défaillance et a présenté excuses. (….) Mais, en interne, il a quand même reçu une dose de condamnations et de mises en garde très sévères. Voilà ce qui s’est passé. Sur l’élément relatif à l’image du Président de la République, on a eu un de nos bancs de montage qui n’avait la même configuration que ceux habituellement utilisés. Là aussi c’est dommage. (…) Et le ministre de la Communication qui a vu les images comme nous, est venu nous trouver au QG et nous lui avons expliqué ce qui s’est passé. En réaction, elle nous a appelés à plus de vigilance. A partir de ce moment, j’ai pris mes responsabilités.
L.P : Avez-vous été menacé pour ces couacs par la tutelle ou la Présidence ?
LAS : Ah non. Aucunement. C’est le ministre de la Communication (Mme Affoussiata Bamba-Lamine) qui a été mon interlocutrice directe. Elle ne m’a pas menacé. Elle est venue comprendre. Ce n’est vraiment pas son genre. Elle nous a demandé seulement de faire attention et de redoubler de vigilance. Et donc cet incident n’a rien à avoir avec la décision de ma nomination comme administrateur à l’AIGF.
L.P : Pensez-vous vraiment que ce n’est pas lié ?
LAS : Non pas du tout. Ce n’est pas lié. Pourquoi ? Je vais vous le dire. Cette nomination était prévue depuis de longues dates. Je vous fais la révélation. Je le savais, parce que le Chef de l’Etat ne fait rien au hasard. Avant cette nomination, il m’avait fait l’honneur de m’appeler pour m’en informer. Pour moi, c’était vraiment un honneur incroyable, qui veut dire qu’il me fait confiance. Mais, ce qui se dit entre un Chef d’Etat et un DG, on ne va quand même pas le mettre sur la place publique. Et ça c’était bien avant la visite d’Etat à Man.
L.P : Parlons maintenant de votre gestion à la RTI. Votre arrivée à la tête de la RTI a été marquée par un dégraissage massif du personnel. Aujourd’hui, avec ce recul, pensez-vous avoir bien agi ? Et comment avez-vous capitalisé ces nombreux départs?
LAS : C’était une mesure nécessaire, parce que la RTI ne pouvait plus continuer de supporter non seulement les charges d’un personnel devenu pléthorique, mais en plus un personnel dont le tiers ne travaillait plus du tout. Je peux vous le dire et c’est dans le rapport de tous les experts. Il fallait donc y aller et c’est même à la demande du gouvernement, à travers le Conseil d’Administration, que je l’ai fait. C’était donc une mission qu’il nous fallait absolument mener et réussir. Et c’est ce que nous avons fait. Après ça, nous nous sommes retrouvés à 500 agents. Que fallait-il faire ? Nous avons essayé de continuer la gestion de l’entreprise avec eux et cela n’a pas été facile parce que l’effectif restant avait du mal à suivre le nouveau rythme. On leur a dit que cette mesure avait d’autres objectifs. Il fallait qu’après cette mesure, chaque agent se prépare à travailler comme un polyvalent. Par exemple, le journaliste que je dois recruter ne doit plus être un journaliste à l’ancienne formule. Il doit être un journaliste reporter d’images (JRI). Il doit savoir manier la caméra et monter son propre reportage. Cela me permet de stabiliser mon effectif sans que je ne sois dans l’obligation de recruter un caméraman. Nos techniciens doivent également être polyvalents. Ça a été dur, mais ça a fini par prendre. Et puis, deuxième étape, il nous a été rapporté par les chefs de service que les agents travaillaient effectivement dans cette polyvalence mais qu’ils souffraient beaucoup. Ils n’avaient pas assez de jours de repos et il y en a qui tombaient malades. Comme on ne peut pas recruter car les lois sociales du travail nous l’interdisent, qu’avons-nous fait ? Nous avions une possibilité. Pour le même poste sur lequel il y a eu un départ, si on doit recruter quelqu’un, soit on fait appel à celui qui est parti, soit on prend quelqu’un qui a une compétence différente ou supérieure. Alors, pour certains postes, on a fait appel à des consultants qu’on appelle encore assistants techniques. Ce ne sont pas agents recrutés. Il n’y a donc pas de recrutement d’agents en tant que tel. Donc, ce sont des assistants techniques qui sont là pour une durée bien déterminée, pour prêter main forte aux services qui en ont vraiment besoin. Il y a aussi des stagiaires qui viennent pour trois mois renouvelable une fois, pour apporter leur contribution à la bonne marche de l’entreprise. Voilà le schéma dans lequel nous marchons.
L.P : Pourtant, M. Le Directeur général, il y a bel et bien eu un recrutement, sans le nommer un journaliste est venu de Fraternité-Matin…
LAS : On a effectivement recruté un adjoint au Rédacteur en chef. Là, c’est un recrutement. Pourquoi ? Parce que ce poste n’a jamais existé. On l’a créé. Quand on crée un poste, il faut le pouvoir. Comme ce poste n’a jamais existé, il n’est pas concerné (par l’interdiction de recrutement). J’avoue qu’on a cherché sur la place, un excellent journaliste qui a fait un peu de la télé et de l’audiovisuel. C’est lui qu’on trouvé et je l’ai recruté. J’ai interrogé ses anciens responsables qui m’ont tous dit que c’est un bon élément. Je remercie au passage son patron Venance Konan, DG du groupe Fraternité Matin, qui n’a fait aucune difficulté pour le libérer. Il nous rend d’énormes services et on est content de son travail. Là, c’est un recrutement.
L.P : Pour autant, les agents ne comprennent pas les choses ainsi. Ils dénoncent ces recrutements alors qu’une bonne partie du personnel a été remerciée, pour motif économique…
LAS : Je crois avoir été suffisamment clair sur la question.
L.P : Les agents se plaignent aussi de la suppression de leurs primes alors que les patrons conservent leurs avantages. Que répondez-vous à cela ?
LAS : Ce sont encore des bruits de couloirs. Qu’est-ce qu’ils en savent ? Rien n’est vrai. Les mêmes efforts que je leur demande au bas de l’échelle, je l’exige aussi en haut de l’échelle. J’ai supprimé ou réduit le carburant à de nombreux responsables. Idem pour les crédits en communication, les frais de mission, à tous les niveaux. Pas seulement pour les simples agents. Même les directeurs sont concernés. Ils ont des frais de mission qui n’ont pas du tout évolué. Eux-mêmes s’en plaignent. Ce sont des mesures générales qui touchent tout le monde et ça continue. S’agissant des primes, il faut savoir qu’elles ont un sens. Ce sont des primes de rendement.
L.P : Quand vous héritiez de la RTI, elle était lourdement endettée. Quel est aujourd’hui l’Etat de ses finances?
LAS : Je n’ai malheureusement pas de chiffres sous mes yeux. Mais, ce que vous devez savoir, c’est que la RTI va mieux. Nous sommes passés du rouge au vert. Aujourd’hui, la RTI réalise un bénéfice d’exploitation. Cela veut dire qu’elle fait des bénéfices, ce qui ne s’était jamais passé. Nous avons renoué avec la bonne gouvernance et l’orthodoxie de management financier. Les états financiers sont là. Les commissaires au compte viennent les regarder, ainsi que le Conseil d’administration. La RTI a assaini sa situation financière. Je peux le garantir et c’est une performance dont je suis fier, et que je laisserai comme héritage au cas où je partirais.
L.P : Côté contenu, si les téléspectateurs saluent le retour des débats, en revanche ils restent pour la plupart sur leur faim quant à ce que la RTI leur propose. Qu’en pensez-vous ?
LAS : Il faut qu’ils sachent que c’est essentiellement pour eux que nous travaillons. Mais, nous revenons de loin. Qu’ils le sachent aussi. Quand on arrive dans une RTI endettée de plus de 9 milliards, dans lesquels les fournisseurs ont une part importante de dette impayée et qu’il nous faut encore avoir de nouveaux programmes à l’antenne, ce n’est pas évident. Et les programmes, ça coûte excessivement cher. Un feuilleton coûte au bas mot entre 300 000 et 400 000 FCFA par épisode. Mais, on ne peut pas ne pas satisfaire les téléspectateurs. C’est pourquoi, nous avons pris un peu de temps pour pouvoir leur préparer une nouvelle grille de programmes. Mais, à cause des difficultés permanentes auxquelles nous faisons face tous les jours, nous ne pouvions pas faire une grille totalement renouvelée à 100%. Ce qu’on fait, c’est des grilles aménagées. Nous avons compris que les telenovelas n’apportaient plus grand-chose aux Ivoiriens aujourd’hui. Donc, nous avons estimé qu’il faut leur servir des films et des séries qui leur parlent de leur propre histoire. D’où l’accent a été mis sur les séries africaines et ivoiriennes. C’est une option que j’ai prise et que mes directeurs de programmes et de production se sont attelés à mettre en œuvre. C’est pourquoi, sur RTI1, vous voyez de plus en plus d’excellentes séries africaines et ivoiriennes. Parce qu’une télévision publique nationale doit faire la politique de la production nationale ou africaine.
L.P : Est-ce à dire que la RTI a revu les termes de sa collaboration avec les producteurs privés qui se plaignaient de payer un droit de diffusion avant que leurs séries ne soient vues à la télé ?
LAS : Effectivement. Nous avons mis en place une nouvelle politique qui a été définie, il n’y a pas longtemps. C’est un dossier important que j’ai confié à mon DGA Ahmadou Bakayoko. Il est en train de le dérouler de sorte qu’il y ait un contrat de confiance entre les producteurs privés et nous. Afin qu’ils aient un intérêt à nous proposer leurs films, dans un contrat gagnant-gagnant. Il n’est pas question que le producteur privé nous donne son film gratuitement.
LP : La RTI ne va donc plus exiger un droit de diffusion aux producteurs privés ?
LAS : Ce n’est plus le cas.
L.P : Et au niveau des émissions ; que prévoyez-vous ?
LAS : Nous avons deux grandes émissions : « RTI 1 reçoit » et « Le débat ». D’autres sont en train d’être mise en boîte et elles vont s’installer progressivement. Nous avons aussi de petits magazines d’entretien. Il faudrait Que les téléspectateurs comprennent que nous aurons des rendez-vous avec eux et que nous allons tenir nos engagements. Bientôt, nous communiquerons sur ces rendez-vous de la grille, pour que les Ivoiriens sachent quelles sont les émissions qui leur sont proposées et quel jour ils peuvent les suivre.
L.P : L’autre défi qui attend la RTI, c’est la libéralisation de l’espace audiovisuel. Pour beaucoup d’observateurs, la RTI ne tiendra pas la concurrence face aux télévisions privées. Quel est votre avis sur la question ?
LAS : C’est leur avis. Mais, la réalité est différente. La RTI a 50 ans aujourd’hui. Et sur la place aujourd’hui, nous sommes les meilleurs de l’Afrique de l’Ouest, sans fausse modestie. Et nous avons les meilleures compétences. Ceux qui vont arriver dans le privé ne sont pas des extraterrestres. Ils auront des techniciens comme on en a ici. Et les nôtres sont bien formés. Ce qu’il faut faire, c’est de les sensibiliser davantage à l’esprit d’entreprise. Nous avons les hommes qu’il faut, pour faire face à la concurrence qui arrive.
L.P : Les vacances avancent à grands pas. Quelles sont les émissions qui ont été retenues pour égayer les téléspectateurs ?
LAS : Nous sommes en pleine réflexion. Je ne veux pas vendre la mèche maintenant. Au moment opportun, le DGA fera une communication sur ce sujet.
LP : Quels sont vos projets pour la RTI dans les mois à venir ?
LAS : J’ai une priorité pour la RTI. C’est la modernisation de l’entreprise. Sa modernisation au plan des mentalités, c’est un combat que je continue de mener. Amener les agents à savoir que nous sommes d’abord une entreprise. Et quand on y vient, c’est pour travailler consciencieusement. Qu’on a un contrat moral et professionnel avec l’entreprise à remplir. Que le salaire, ça se mérite. C’est ce combat que je mène et ce n’est pas facile. Moderniser l’entreprise au plan des infrastructures. Nous y sommes allés à fond, avec des studios hypermodernes, aussi bien à la radio qu’à la télé. RTI Bouaké est un prototype du studio hypermoderne où le studio du journal n’a pas de caméraman. Tout est fait avec la régie. Il y a des caméras sans caméraman. C’est donc vers cela que je veux emmener la RTI. La Radio avait deux studios complètement dégarnis, et en mauvais état. On les a fait réhabiliter. Je vais inviter le ministre de la Communication à inaugurer ces deux studios, qu’on n’a jamais vus à la Radio, depuis qu’elle existe. Quand vous rentrez à la RTI Cocody, et à la RTI Plateau, vous êtes fiers des infrastructures internes et externes. Je voudrais que mes collaborateurs comprennent que dans une entreprise, les agents qui y travaillent vraiment, ne sont heureux que quand ils sont fiers de leur entreprise. Une entreprise, ce n’est pas seulement les machines, c’est aussi l’environnement à savoir les bâtiments, les bureaux, l’escalier, les outils de travail et même le parking qu’il faut moderniser. Et je suis fier aujourd’hui de présenter une RTI qui a 50 ans dans cette nouvelle robe, ces nouveaux habits qu’elle mérite. Mon seul regret, c’est de n’avoir pas pu achever le bâtiment qui est dans l’enceinte de la Maison de la télévision à Cocody.
L.P : Qu’est-ce qui coince justement ?
LAS : Le financement est très élevé. Ça se chiffre à des milliards. Et la RTI est obligée de s’endetter pour financer sa construction. Nous avons lancé donc des appels d’offres et des opérateurs nous ont soumis leurs dossiers. Nous sommes en train de les examiner pour en choisir un, monter le dossier, le soumettre au Conseil d’administration, et après approbation, on commencera les travaux.
L.P : Ce bâtiment abritera des bureaux administratifs ou des studios ?
LAS : Il est prévu des bureaux administratifs, et des studios. Cependant nous allons travailler d’abord sur les bureaux pour accueillir une partie du personnel de la radio, ne serait-ce que l’administration. Comme les studios au Plateau sont encore fonctionnels, les techniciens pourront encore y rester. A terme, le personnel administratif et commercial va déménager ici à Cocody et il ne restera là-bas que les techniciens. Ainsi la maison de la radio ne serait plus qu’une maison de production.
Réalisée par Y. Sangaré