Le village de Modeste, situé sur l’axe routier Abidjan-Grand-Bassam, est confronté à un conflit foncier marqué par la destruction des maisons des villageois et des manifestations de protestation des populations. Dans cet entretien, M. Eliam Gnohan Joseph, secrétaire général de la chefferie du village de Modeste, fait la genèse de ce conflit et menace.
Notre Voie : Le lundi 6 mai dernier, vos populations ont paralysé les services de la mairie de Grand-Bassam. Pourquoi cette grosse colère ?
Eliam Gnohan Joseph : C’est pour exprimer notre ras-le-bol à la suite des démolitions sauvages de nos maisons et les expropriations de nos terres dont nous sommes victimes depuis quelques mois, sous la menace des éléments des Frci puissamment armés. Nos parents déguerpis qui n’ont pas de site de recasement dorment à la belle étoile et sous la pluie. Voyez-vous, c’est inhumain et l’heure est grave. Veut-on nous voir disparaître de notre propre village ? Nous pensons que nous allons nous battre, même au péril de notre vie, pour préserver le patrimoine de nos ancêtres. Nous n’accepterons pas que le spectre de l’ouest arrive ici au sud, en particulier à Modeste. Les récents événements tragiques survenus dans le village de Mafiblé, avec l’assassinat du chef adjoint, nous interpellent vivement.
N.V. : Que reprochez-vous concrètement à la mairie de Grand-Bassam ?
E.G.J. : Le maire intérimaire Acka Anokoi Martin donne des avis d’approbation des lots à Modeste sans consulter et sans l’attestation coutumière de notre chef de village. Comme cela a été le cas pour le projet Med (Ndlr, Mutuelle estudiantine pour le développement). C’est le roi de Moossou qui a vendu 301ha à un certain nombre de jeunes étudiants à l’époque alors qu’il n’est pas le chef de village de Modeste. Ces jeunes se sont procuré des lettres d’attribution des années après, en faisant fi de l’impact environnemental du projet et surtout de la présence des villageois sur le site. Ce qui a bloqué le démarrage du projet. Récemment, il y a eu un déguerpissement de force avec les Frci pour accaparer plus de terres. Quant au projet Ceb, c’était prévu à Anani, à Port-Bouët. Comme le site de là-bas est déjà occupé, ils sont venus s’installer de force chez nous à Modeste, sans tenir compte des propriétaires terriens et en falsifiant les documents. Avec la complicité des responsables locaux du ministère de la Construction et de la mairie de Grand-Bassam.
N.V. : Ce sont des accusations graves…
E.G.J. : Nous avons les preuves qu’ils ont falsifié les lettres d’attribution des lots et sommes prêts à la confrontation. D’ailleurs, les propriétaires terriens tels que les familles Yacé, Aka, Enoh, et j’en passe, sont dépassés par ces événements. Ces familles-là ont saisi notre chef de village et comptent intenter un procès contre ces faussaires qui veulent les déposséder de leurs terres. Les projets de construction des logements de la Bad et des logements sociaux pour lesquels le maire intérimaire de Grand-Bassam a simplement lancé un coup de fil à notre chef il ya quelques jours, signe manifeste d’un mépris à l’égard du chef de village, ne vont pas voir le jour à Modeste. A moins qu’il y ait des discussions sérieuses et des garanties pour la communauté villageoise et les propriétaires terriens.
N.V. : Et si rien n’est fait, quel sera votre recours ?
E.G.J. : Notre chef de village a dit qu’il voulait faire une grève de la faim devant l’ambassade des Usa où il a travaillé pendant 24 ans comme cadre. Nous l’en avons dissuadé pour ne pas qu’il tombe malade. Nous avons donc décidé de rester ici à Modeste et de fermer la route internationale de Bassam qui passe chez nous, dans les tout prochains jours, afin d’interpeller l’opinion nationale et internationale sur les drames que nous vivons. Voyez-vous, tandis qu’ils nous refusent des lots sur nos propres terres pour recaser nos parents déguerpis de force, le maire intérimaire Acka Anokoi Martin et son directeur des services techniques, Bakayoko Kassoum, ont octroyé, sans la délivrance des attestations coutumières de notre chef, 3017ha à des demandeurs de lots, alors que notre village a une superficie de 2700ha. C’est scandaleux et cela montre qu’ils ne connaissent même pas où se trouvent les sites cédés malgré une opposition que le village et les propriétaires terriens ont formulée au service contentieux du ministère de la Construction et largement diffusée dans les administrations publiques de Grand-Bassam depuis mars 2012.
Entretien réalisé par Didier Kéi
Notre Voie : Le lundi 6 mai dernier, vos populations ont paralysé les services de la mairie de Grand-Bassam. Pourquoi cette grosse colère ?
Eliam Gnohan Joseph : C’est pour exprimer notre ras-le-bol à la suite des démolitions sauvages de nos maisons et les expropriations de nos terres dont nous sommes victimes depuis quelques mois, sous la menace des éléments des Frci puissamment armés. Nos parents déguerpis qui n’ont pas de site de recasement dorment à la belle étoile et sous la pluie. Voyez-vous, c’est inhumain et l’heure est grave. Veut-on nous voir disparaître de notre propre village ? Nous pensons que nous allons nous battre, même au péril de notre vie, pour préserver le patrimoine de nos ancêtres. Nous n’accepterons pas que le spectre de l’ouest arrive ici au sud, en particulier à Modeste. Les récents événements tragiques survenus dans le village de Mafiblé, avec l’assassinat du chef adjoint, nous interpellent vivement.
N.V. : Que reprochez-vous concrètement à la mairie de Grand-Bassam ?
E.G.J. : Le maire intérimaire Acka Anokoi Martin donne des avis d’approbation des lots à Modeste sans consulter et sans l’attestation coutumière de notre chef de village. Comme cela a été le cas pour le projet Med (Ndlr, Mutuelle estudiantine pour le développement). C’est le roi de Moossou qui a vendu 301ha à un certain nombre de jeunes étudiants à l’époque alors qu’il n’est pas le chef de village de Modeste. Ces jeunes se sont procuré des lettres d’attribution des années après, en faisant fi de l’impact environnemental du projet et surtout de la présence des villageois sur le site. Ce qui a bloqué le démarrage du projet. Récemment, il y a eu un déguerpissement de force avec les Frci pour accaparer plus de terres. Quant au projet Ceb, c’était prévu à Anani, à Port-Bouët. Comme le site de là-bas est déjà occupé, ils sont venus s’installer de force chez nous à Modeste, sans tenir compte des propriétaires terriens et en falsifiant les documents. Avec la complicité des responsables locaux du ministère de la Construction et de la mairie de Grand-Bassam.
N.V. : Ce sont des accusations graves…
E.G.J. : Nous avons les preuves qu’ils ont falsifié les lettres d’attribution des lots et sommes prêts à la confrontation. D’ailleurs, les propriétaires terriens tels que les familles Yacé, Aka, Enoh, et j’en passe, sont dépassés par ces événements. Ces familles-là ont saisi notre chef de village et comptent intenter un procès contre ces faussaires qui veulent les déposséder de leurs terres. Les projets de construction des logements de la Bad et des logements sociaux pour lesquels le maire intérimaire de Grand-Bassam a simplement lancé un coup de fil à notre chef il ya quelques jours, signe manifeste d’un mépris à l’égard du chef de village, ne vont pas voir le jour à Modeste. A moins qu’il y ait des discussions sérieuses et des garanties pour la communauté villageoise et les propriétaires terriens.
N.V. : Et si rien n’est fait, quel sera votre recours ?
E.G.J. : Notre chef de village a dit qu’il voulait faire une grève de la faim devant l’ambassade des Usa où il a travaillé pendant 24 ans comme cadre. Nous l’en avons dissuadé pour ne pas qu’il tombe malade. Nous avons donc décidé de rester ici à Modeste et de fermer la route internationale de Bassam qui passe chez nous, dans les tout prochains jours, afin d’interpeller l’opinion nationale et internationale sur les drames que nous vivons. Voyez-vous, tandis qu’ils nous refusent des lots sur nos propres terres pour recaser nos parents déguerpis de force, le maire intérimaire Acka Anokoi Martin et son directeur des services techniques, Bakayoko Kassoum, ont octroyé, sans la délivrance des attestations coutumières de notre chef, 3017ha à des demandeurs de lots, alors que notre village a une superficie de 2700ha. C’est scandaleux et cela montre qu’ils ne connaissent même pas où se trouvent les sites cédés malgré une opposition que le village et les propriétaires terriens ont formulée au service contentieux du ministère de la Construction et largement diffusée dans les administrations publiques de Grand-Bassam depuis mars 2012.
Entretien réalisé par Didier Kéi