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Art et Culture Publié le samedi 1 juin 2013 | Le Nouveau Réveil

Conditions de vie précaire des artistes ivoiriens / L’artiste Tantie Oussou, ex-Pca du Burida : «Seule la copie privée peut nous sortir de la misère, que l’Etat y songe»

Mme Botti Elisabeth, Tantie Oussou pour les mélomanes, a brillé ces derniers temps par son absence sur la place publique. Ce silence est dû à des maux qui l’ont conduite à l’hôpital où elle a subi une double opération chirurgicale avec succès. Elle avait une vue affaiblie et un mal de dos. De son état de convalescence, l’ex-Pca du Burida a bien voulu donner de la voix. Au cours de cette interview réalisée, le vendredi 24 mai dernier, l’artiste fait une adresse au chef de l’Etat et à son épouse et parle de l’avenir des artistes, de ses rapports avec Maurice Bandaman, Irène Vieira, Antoinette Konan, de feu Michael Jackson. Et du retour de Gadji Celi.

Tantie Oussou, la vieille, prompt rétablissement, "yako" ! Récemment, l’Union nationale des artistes de Côte d’Ivoire est venue te rendre un hommage à ta sortie d’hôpital, que signifie cet acte pour toi ?

(NDLR : Un petit silence puis subitement le visage de notre hôte se referme avant de nous lancer ceci) Tu veux que je parle ? Ne m’appelle ni la vieille ni Tantie. Appelez-moi désormais Maman Oussou, compris ! (NDLR : Puis elle va à nouveau illuminer son visage de sourire) Désormais, je suis la maman de tous les artistes, c’est pourquoi je préfère qu’on m’appelle Maman Oussou et non Tantie Oussou. Vérifiez, tous m’appellent affectueusement Maman Oussou. A propos, cette récente visite surprise de l’Unartci m’a vraiment fait chaud au cœur et j’ai même versé les larmes. Ils m’ont témoigné leur affection. leur amour. C’est aussi une marque de considération mais également de reconnaissance pour les conseils d’aînée et de mère que je leur prodigue quelquefois. Cela a été une occasion solennelle pour moi de témoigner tout le bienfait du chef de l’Etat que j’appelle mon grand frère, du président de l’Assemblée nationale que j’appelle affectueusement petit frère. Grâce à eux, j’ai pu bénéficier d’une prise en charge pour mes soins. A travers eux, je traduis ma gratitude à tous ceux qui de près comme de loin m’ont apporté leur soutien à quelque niveau que ce soit. Sans oublier ma fille Irène Vieira.

Bien avant ce temps de douleur qui dure selon toi, trois ans déjà, pourquoi ce long silence vis-à-vis de tes nombreux fans ? Est-ce la retraite qui s’annonçait bien qu’elle n’existe pas dans votre milieu ?

Fort heureusement que tu as répondu à ma place. Je suis artiste et je le resterai jusqu'à la fin de mes jours. Mon dernier tube date de 2004-2005 (Puis elle commence à fredonner quelques titres), j’ai même produit mes filles Maguy et Cécile. Mon fils, il n’y a pas de retraite pour nous. Je donne rendez-vous à mes fans pour bientôt.

Au nombre de tes bienfaiteurs du moment, tu viens de citer Mme Irène Vieira avec qui tu as pourtant vécu une collaboration très agitée en son temps au Burida. Cela dit, le bon sens vous a-t-il toutes les deux visitées ?

Je suis d’une famille chrétienne et je chante désormais à la gloire de Dieu comme mes enfants Maguy et Cécile. Tu ne peux pas prétendre chanter Dieu et ne pas faire sa volonté .Celle de pardonner pour être à son tour pardonné. Irène est ma fille, elle m’a retrouvée pour une seconde fois au Burida pour que nous passions une éponge sur notre différend d’hier. J’ai toujours demandé au Seigneur de tuer en moi l’esprit de colère, de rancœur et de vengeance. Je suis donc partie vers elle pour lui dire, tu es ma fille faisons fi de nos divergences pour refaire place à la saine familiarité. Et voilà comment nous avions repris, sans trop de bruits, malgré la manière dont le ministre Bandaman m’a fait partir du Burida en son temps sur la pointe des pieds. Quand j’ai été malade, j’ai écrit au ministre ainsi qu’à Mme Vieira. Elle seule s’est montrée soucieuse de moi et m’est venue en aide.

Je lui dis merci.

Avec un peu de recul, Maman Oussou, quels sont actuellement tes vœux pour le monde musical ?

Nous vivons d’énormes difficultés dans notre milieu et pourtant les potentialités pour vivre heureux, ne manquent pas. Mais hélas ! Nous sommes confrontés à la piraterie et toute la misère qu’elle nous crée. Pour l’instant, pas de solutions curatives pour ce fléau. Elle finit par tuer l’ardeur des créateurs, seuls quelques-uns tiennent au prix de mille sacrifices. Aujourd’hui, pour nous sortir de la pauvreté, j’invite sincèrement l’Etat de Côte d’Ivoire à instaurer la copie privée chez nous comme ça se fait en Occident et même dans certains pays de la sous région. Il s’agit d’une taxe sur la copie privée, c'est-à-dire, tout ce qui est support vierge importé destiné à l’impression d’une œuvre discographique. La somme prélevée doit revenir aux artistes, cela fait partie de nos droits. Prière que le gouvernement, au plus haut sommet, le chef de l’Etat Alassane Ouattara prenne ce dossier en main. Nous lui resterons à jamais reconnaissants. Seule la copie privée qui n’est rien d’autre que tout ce qui est support importé pour l’impression d’une sonorité, cas d’un Cd vierge, peut nous sauver. Nous ne voulons plus mourir de la triste mort. C’est pourquoi, je demande pardon, pardon, pardon à la Première dame en tant que mère de tous, d’interpeller son époux afin qu’il nous aide dans ce sens. La prise en compte de la copie privée sera une bouffée d’oxygène pour nous.

Et pourtant, vous avez désormais une caisse de solidarité vulgarisée récemment par l’Unartci. Qu’en penses-tu ?

Evidemment cette caisse est une bonne chose et il la fallait. C’est moi qui ai proposé cette idée quand j’étais Pca du Burida. Longtemps après, si elle devient une réalité grâce aux efforts de mes fils Ken Adamo, Kutchala et bien d’autres, je rends gloire à Dieu et que tous, nous nous y impliquions. Mais une caisse a besoin d’être alimentée, c’est pourquoi j’insiste sur l’application de la copie privée.

Ainsi dit, quels sont également tes rapports avec le ministre Maurice Bandaman et Antoinette Konan ?

Mon petit frère Bandaman ! C’est un homme à part. Il n’est pas rassembleur, je ne sais pas s’il aime même les artistes. Si un seul parmi nous peut vous parler de lui en bien. Quelqu’un, tu lui rends visite, et il n’ouvre même pas les yeux pour te regarder. Alors si tu es imaginatif, tu comprends tout de suite qu’il t’invite à prendre la porte. Le ministre actuel n’a pas le temps pour nous .Le plus important pour lui, ce sont ces conseils de ministres et puis c’est tout. Qu’il continue à nous ignorer, nous lui souhaitons bon vent.

Même s’il n’existe pas de retraite dans une carrière artistique, toujours est-il que le temps fait son temps. Cela dit, de Tantie Oussou à Maman Oussou, quels sont tes meilleurs souvenirs ?
J’ai pour l’instant trois grands souvenirs. A savoir ma décoration par Nanan Houphouët-Boigny, mon grand-père, la visite que j’ai rendue à feu Michael Jackson aux Etats-Unis. Il en a profité pour me donner un peu d’argent qui a servi à construire une école primaire. Cet établissement baptisé Ste Elisabeth est prioritairement ouvert aux déshérités. Puis l’hommage que mes enfants de l’Unartci m’ont rendu la dernière fois.

As-tu les nouvelles de ton fils Gadji Céli, si oui pourquoi vit-il encore en exil et à quand son retour au pays ?

Oui, je l’appelle souvent, il m’appelle aussi et je me demande pourquoi il ne rentre pas jusque-là. Nous sommes des artistes et la politique ne doit pas être notre affaire. Il m’a toujours rassurée sur son retour imminent mais comme c’est au bout du fil, il ne me donne pas les raisons profondes de son exil. Il dit que le ministre Bandaman est allé le rencontrer pour lui dire de rentrer. Une main qu’il dit avoir saisie. Notre dernière conversation date du mois dernier, il était avec Yvie et Antoinette Alhany. Nous attendons que cela soit effectif.

Et avec Antoinette Konan tout se passe bien désormais ?
Je ne suis jamais fâchée avec Antoinette Konan, c’est ma fille, elle m’avait manqué du respect mais rapidement elle est venue jusqu’à la maison pour s’en excusée et nous avions clos ce chapitre. Tous sont mes enfants et je me dois d’être tolérante et indulgente.

As-tu un message particulier à donner pour boucler notre entretien, Maman Oussou ?
C’est au chef de l’Etat que je veux faire une adresse. Toute la Côte d’Ivoire a péché dans cette crise. Mais lui en tant que président de la République, sincèrement qu’il laisse tout tomber pour prendre le dossier de la réconciliation nationale en main .Tous, avons besoin de la paix pour le progrès de la Côte d’Ivoire. Je souhaite la paix à toute la Côte d’Ivoire.

Interview réalisée par Dieusmonde TADE
dieusmonde@yahoo.fr
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