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Art et Culture Publié le mercredi 5 juin 2013 | Le Patriote

Interview / Chérif Ahmed Seydinan, Président fondateur de l’Institut des Civilisations Noires (ICN) : “Il faut une dictature culturelle pour sortir l’Afrique de la misère”

Auteur-compositeur et producteur, Chérif Ahmed Seydinan Ladji est également le président-fondateur de l’Institut des Civilisations Noires (ICN), une structure spécialisée dans la promotion des œuvres culturelles et intellectuelles africaines et d’origines africaines. Panafricaniste, il reste intimement convaincu que le développement de l'Afrique repose absolument sur une révolution culturelle de sa jeunesse.
Le Patriote : Que recherchez-vous en créant l’Institut des Civilisations Noires (ICN) ?
Chérif Ahmed Seydinan : Nous avons créé cette structure pour un objectif précis. Nous voulons aider notre cher continent à sortir du sous-développement, en œuvrant pour la promotion de notre culture, qui constitue une richesse inestimable. En réalité, nous sommes une structure «trouveuse» en développement africain.

LP : Est-ce à dire ?
CAS : En toute modestie, nous nous considérons comme structure «trouveuse » en développement parce que nous avons trouvé des solutions qui permettront à l’Afrique de sortir définitivement de la misère.

L.P : Quelles sont justement ces solutions ?
CAS : Elles sont très simples et concrètes. Il y a d’abord la mise en place effective d’une dictature culturelle, c’est-à-dire qu’il faut que les jeunes africains privilégient la consommation des produits africains. Cela leur permettra de réfléchir pour mettre en valeur des produits locaux. Ensuite, il faut la création d’un festival de jeunes inventeurs africains. Contrairement au salon, cela permettra d’exposer aux yeux de tous, les créations des génies en vue de capter des financements. Il faut également créer une banque panafricaine de la culture. Cette banque financera les recherches de développement culturel. Elle octroiera des crédits aux jeunes dans les domaines de la recherche et de l’invention par rapport à nos besoins. Cela favorisera la création de marchés culturels qui permettront aux jeunes d’exposer et de vendre les produits de leurs recherches et de leurs inventions.
Il faut rendre aussi culturels tous nos produits d’exportation. Ces produits doivent rentrer dans nos mœurs et dans notre vie quotidienne. Cela encouragera la consommation locale et engendrera la création des industries de transformations locales. Ces solutions permettront à l’Afrique d’être vraiment présente dans la globalisation, la mondialisation et les structures universelles et internationales avec ses produits, ses intelligences, ses vertus et ses réalités.

L.P : Voulez-vous insinuer par-là que l’Afrique doit rejeter les produits qui viennent d’autres continents ?
CAS : Figurez-vous que nous sommes plus d’un milliard de consommateurs. Cela n’est pas négligeable. Bien au contraire, c’est un immense atout pour l’Afrique. C’est pourquoi, nous militons pour la mise en valeur de nos de produits afin de pouvoir les consommer partout. Nous ne devons pas laisser tomber nos valeurs pour celles de l’étranger qu’on considère souvent à tort comme les meilleures. Notre idée, c’est que nous, Africains, soyons nous-mêmes et travaillions pour nous-mêmes. Il s’agit ici de la nécessité de nous prendre en charge en nous s’appuyant sur nos acquis et nos potentialités socio-économiques. Nous ne devons pas perdre notre identité culturelle face au modernisme ou à la globalisation. C’est pourquoi, je pense qu’il faut une dictature culturelle pour sortir l’Afrique de la misère.

L.P : Croyez-vous sincèrement que ces solutions vont permettre le développement de l’Afrique ?
CAS : On ira tout simplement vers le vrai développement de l’Afrique. Voyez-vous, on ne peut pas se développer si on n’a aucune connaissance de soi. On ne peut pas se développer dans la peau d’une autre personne. On ne peut pas se développer en dehors de nos réalités et de nos besoins. Or tout ce que nous venons de proposer comme solutions vient de nous-mêmes.

L.P : Comment comptez-vous alors encourager ou permettre l’application de ces solutions ?
CAS : Les hommes de média, que vous êtes, ont un rôle important à jouer dans le domaine de la sensibilisation. Nous comptons également sur les jeunes. En Afrique, ils sont les plus nombreux et malheureusement les plus grands consommateurs de produits étrangers. Nous comptons sur les jeunes diplômés, car c’est à eux de créer, d’inventer, de mettre nos produits en valeur avec les nouvelles technologies dont dispose le monde d’aujourd’hui. Nous comptons sur nos aînés et nous les encourageons à investir concrètement en Afrique et à mettre leur argent à la disposition des jeunes. Enfin, nous demandons aux jeunes de se former, de prendre leurs études aux sérieux. Il faut que la jeunesse se débarrasse de l’esprit de paresse, de médiocrité, de tricherie et s’adonne sérieusement au travail. C’est le travail qui développe.

L.P : Pensez-vous les jeunes Africains qui rêvent beaucoup de l’Occident vont vous suivre?
CAS : Vous me donnez là une occasion de les interpeller. Pour que l’Occident soit ce qu’il est aujourd’hui, il a fallu que des gens croient en eux et travaillent dur. Pourquoi ne devons-nous pas en faire autant pour l’Afrique ? A la jeunesse africaine, je dis que le continent nous attend, il nous attend car on lui doit tout. Mettons-nous ensemble et travaillons pour notre véritable avenir qui est le développement de notre cher continent.

Réalisée par Y. Sangaré
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