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Société Publié le jeudi 6 juin 2013 | Le Patriote

Reportage/Guiglo- Toulépleu- Bloléquin- Taï : Le nouveau visage sécuritaire de l’Ouest

En proie à une insécurité permanente, sous l’ex-régime et aux lendemains de la crise postélectorale de 2010, la région du moyen Cavally rassure désormais, grâce aux efforts des forces de sécurité qui ont su ramener la quiétude au sein de la population. Elles y veillent nuit et jour au grain. Notre reportage.
La quiétude et la sécurité sont de retour dans le moyen Cavally, à plus de 600km d’Abidjan, dans l’ouest de la Côte d’Ivoire. Ce vendredi 10 mai à Guiglo, il est 23h30mn. Médard, réceptionniste, attend encore d’éventuels clients, dans l’espoir de combler les 5 dernières chambres restantes de son réceptif hôtelier. Il est sûr que cette nuit, comme les précédentes d’ailleurs, son hôtel affichera complet. Parce que ni lui, ni la population ne craint désormais pour leur sécurité. Ce qui n’était pas le cas dans un passé récent. « La sécurité est revenue à Guiglo, surtout depuis l’arrivée du Préfet militaire », rassure Médard devant notre étonnement de le voir travailler si tardivement dans une région où les attaques armées étaient régulières. Au moment où nous échangeons avec lui, un couple fait son entrée. L’homme et la femme s’installent sur un canapé à la réception. Ils devisent un court instant. Puis, l’homme se dirige vers Médard pour remplir les formalités afin de se voir attribuer une chambre. Nous en profitons pour l’accoster. Notre interlocuteur qui a requis l’anonymat ne dit pas autre chose : « Nous vivons en toute sécurité à Guiglo. Comme vous pouvez le constater, ici, on peut se promener maintenant jusqu’au petit matin».
Comme Médard et son client, Zouhou Gabriel, fonctionnaire à la retraite vivant à Guiglo, pense que les populations ont oublié les attaques armées dans sa localité. C’est d’ailleurs pourquoi, estime-t-il, qu’il peut organiser tranquillement la veillée funèbre de sa s?ur. «Vous voyez que nous sommes en train de veiller ma défunte s?ur. C’est que nous sommes en sécurité. Il y a quelques mois, on ne pouvait pas organiser une veillée ici à Guiglo, de peur d’être dispersé par des coups de feu ou les nouvelles d’une attaque en provenance soit de Duékoué, soit de Bloléquin», se souvient-t-il. Il est soutenu par une autorité policière qui relativise sur la question sécuritaire en ces termes : « Les populations sont en sécurité à Guiglo. Les attaques à mains armées et le grand banditisme n’existent plus. Mais comme partout ailleurs, il y a, par moment, de petits voleurs qui peuvent défoncer les portes»
Il n’empêche que le sentiment de sécurité se renforce de plus en plus chez les populations de cette localité. C’est l’avis de Barry Sadou, commerçant. «Avant la dernière attaque à la frontière libérienne, on ne pouvait pas sortir, on avait peur. Mais depuis l’arrivée des militaires suite à cette attaque, on n’a plus peur de sortir. La sécurité est revenue», affirme-t-il.

Des efforts de sécurisation très appréciés

En effet, dans la ville de Bloléquin, comme dans les villages, les populations sortent de plus en plus de leur torpeur pour reprendre leurs activités économiques. Commerce et administration ouvrent quotidiennement comme partout ailleurs, dans le pays. «Avant l’arrivée des militaires on avait beaucoup peur. Mais aujourd’hui, moi, j’ai repris mes activités. J’ouvre ma buvette à 10 heures et je ne la referme qu’après le départ du dernier client», affirme Mathias Sompougoudou. Son frère cadet, Samuel, un déplacé interne, victime de l’attaque de Zilebly, compte lui, y retourner incessamment. Il vit encore à Blolequin en attendant que son frère aîné lui trouve un peu de moyen pour se procurer les produits phytosanitaires en vue de traiter ses plantations qu’il a abandonnées dans sa fuite de ce village.
A Duékoué, la situation sécuritaire n’est pas vue autrement. On constate avec beaucoup de joie l’arrêt des attaques armées dans les villages. Les populations vaquent dans la quiétude à leurs occupations quotidienne. « Je remercie le gouvernement qui a renforcé le dispositif sécuritaire. Ce qui nous permet aujourd’hui de circuler sans crainte et de travailler librement », se réjouit TAHOU Ernest, fonctionnaire de son Etat à Duékoué.
La sécurité dont bénéficient les populations dans les régions du Guémon et du Cavally est la conséquence d’une action concertée des forces armées qui y sont. Aux points de contrôle et pendant les patrouilles, la police, la gendarmerie et les Forces républicaines de Côte d’Ivoire (FRCI) travaillent ensemble. Les corridors situés à l’entrée et à la sortie des villes de Duékoué, de Guiglo, de Blolequin et dans certains villages, sont tenus par les FRCI et la gendarmerie. Le premier corps cité et la police font des patrouilles mixtes nocturnes à l’intérieur des villes. «Nous travaillons avec la police, la gendarmerie, les FRCI et même les agents des eaux et forêts et les forces internationales», dévoile Koné Messamba, préfet de la région du Cavally, préfet de Guiglo. « Nous organisons des patrouilles nocturnes pour annihiler toutes velléités d’attaque. Les FRCI se joignent souvent à nous», renchérit le commissaire de police de Guiglo. Ces actions rassurent-t-elles les populations quant à une éventuelle attaque? Singo Diomandé, couturier à Bloléquin, est formel : « Le cerveau de ceux qui attaquaient est tombé après l’attaque de petit Guiglo. Je pense qu’il serait difficile avec les efforts faits aujourd’hui par les corps habillés qu’une autre personne conduise une nouvelle attaque», croit-t-il. Quant à Mlle Dorcas Kahou, elle préfère ne même plus évoquer ce sujet : «Mieux vaut vivre l’instant présent que de penser aux attaques. Je sais qu’avec les dispositions qui ont été prises, à savoir les patrouilles, il n’y a pas d’attaque actuellement. Je vais, de ce pas, dans un campement non loin de petit Guiglo (Ndlr : dernier village de Blolequin à avoir été attaqué). Je ne veux pas me torturer l’esprit en pensant aux attaques», opte-t-elle, comme pour tirer un trait sur le passé.

Les dozo, une présence dérangeante

Pour Barry Sadou, il importe que le gouvernement consente à davantage d’efforts en vue de renforcer la sécurité des populations de l’ouest. Il lorgne du côté du Libéria d’où les refugiés franchissent les frontières ivoiriennes sans être inquiétés et retournent quand ils le désirent. « L’Etat doit faire des efforts pour que nos frères qui sont au Libéria rentrent. La guerre est finie, je ne comprends pas pourquoi ils sont encore au Libéria et lorsqu’ils ont faim, ils viennent chercher la nourriture dans nos villages», se plaint-il. Selon Barry, ces déplacés constituent encore une réelle menace pour la sécurité à l’ouest, d’autant plus qu’il est difficile de cerner leurs mouvements, selon lui. C’est d’ailleurs pourquoi, il déplore le départ des militaires de la ville de Blolequin et l’absence de camp militaire dans les villages situés à la frontière avec le pays. «Les militaires sont en train de quitter la ville pour le camp de Béoué. En cas d’attaque, le temps qu’ils prendront pour revenir, il sera trop tard », déplore t-il. Il souhaite, par ailleurs, la réhabilitation des camps miliaires dans les villages de Tinhou, Oualatably et Zilébly, qu’il considère comme des villages à risque.
L’autre menace pour la sécurité des populations, c’est la présence des Dozo (Ndlr : chasseurs traditionnel) dans les villages. Ceux-ci, selon Tahou Ernest, fonctionnaire à Duékoué, en ajoute aux souffrances des populations. «Comme vous le constatez, nous n’avons plus de problème de sécurité dans les villes. Mais dans les villages nos parents souffrent avec les Dozo qui se sont érigés en force de l’ordre et les rackettent », dénonce-t-il. Idem pour Zouhou Gabriel qui indexe ces chasseurs traditionnels comme la seule source d’insécurité à l’Ouest, présentement. Comme on le voit, l’ouest ivoirien est redevenu une zone sécurisée où les populations vaquent à leurs occupations sous la protection des forces dé sécurité.

Glodé Francelin, Envoyé spécial
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