Il y a de l’électricité dans l’air. Si rien n’est fait d’ici le début du procès des pro-Gbagbo prévu en début juillet, les surveillants pénitentiaires des prisons d’Abidjan et de l’intérieur du pays, pourraient cesser de transporter ces detenus. Ces agents accusent l’administration pénitentiaire de bloquer leurs primes liées à l’escorte des prisonniers de droit commun et des détenus de la crise postélectorale. Selon des responsables du Syndicat national des agents pénitentiaires de Côte d’Ivoire (Synap-CI), qui ont requis l’anonymat, l’escorte ne fait pas partie des missions assignées aux geôliers. Ils soutiennent que cela n’est pas prévu par les textes de l’administration pénitentiaire. «L’escorte est le travail des policiers et des gendarmes. C’est par ignorance, et surtout sous l’intimidation des magistrats, que nous faisons ce travail. Le problème, c’est que les policiers et les gendarmes habilités à exécuter la tâche reçoivent une prime. Les sous-officiers perçoivent 35.000 FCfa par mois, quand les officiers ont une prime de 50.000 FCfa par mois. Nous qui faisons le travail d’escorte à leur place, ne recevons rien ; cela n’est pas normal. C’est injuste ! », se sont plaints les gardes pénitentiaires. « Nous avons récemment posé le problème à des magistrats et à l’administration pénitentiaire. Ils ont reconnu que nous devons recevoir une prime d’escorte. Ils ont promis saisir la hiérarchie pour réparer l’injustice », ont expliqué nos interlocuteurs, très remontés. Selon eux, la situation est beaucoup plus grave car ils travaillent dans des conditions où leur sécurité est constamment mise à l’épreuve. « Le véhicule transportant les détenus ne bénéficie pas d’un minimum de sécurité. Nous n’avons aucune arme à feu, alors que c’est nous qui allons chercher dans les prisons de Bouna, de Katiola, de Boundiali et de Korhogo tous les détenus de la crise postélectorale. Nous sommes livrés à toutes sortes d’attaques. Nous quittons souvent le tribunal à 22h et transportons les détenus à nos risques et périls », ont-ils déploré. Joint par téléphone hier pour avoir l’avis de la tutelle sur les griefs énumérés par les agents, Joachim Koffi Kangoué, sous-directeur de l’administration pénitentiaire, n’était sans doute pas dans les dispositions nécessaires pour nous répondre. «Je ne réponds pas aux journalistes au téléphone. Je n’aime pas cette manière de travailler », s’est-il emporté, avant de nous renvoyer vers son supérieur hiérarchique. « Allez interroger le directeur, il vous répondra», a-t-il lancé, précisément, avant d’interrompre brutalement la conversation.
Bahi K.
Bahi K.