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Art et Culture Publié le vendredi 28 juin 2013 | Le Patriote

Assainissement du monde de la presse : Les enjeux d’une action salutaire

© Le Patriote Par Atapointe
Suspension des entreprises de presse par le CNP: le SYNAPPCI et le SAAPPCI donnent leur position
Samedi 22 Juin 2013. Siège du Synappci (Adjamé-220 Logements). Guillaume Gbato, Secrétaire général du Syndicat National des Agents de la Presse Privée de Côte d’Ivoire (SYNAPPCI) et Francelin Glodé (Secrétaire général du Syndicat Autonome des Agents de la presse Privée de Côte d’Ivoire (SAAPPCI) ont co animé une conference de presse. Photo : Guillaume Gbato( au centre).
Les lignes bougent dans le monde des médias. Surtout sur le front de l'assainissement de la presse écrite privée en Côte d'Ivoire. Cela est non seulement le constat de tous les acteurs de ce secteur d'activités, mais il est surtout celui des deux syndicats qui animent le landerneau médiatique. En témoigne la conférence conjointe- samedi dernier à Adjamé 220 Logements- de Glodé Francelin et Guillaume Gbato, respectivement, Secrétaire général du Syndicat Autonome des Agents de la Presse Privée de Côte d'Ivoire (SAAPCI) et du Syndicat National des Agents de la Presse Privée de Côte d'Ivoire (SYNAPPCI). Au cours de cette assise, les deux responsables syndicaux ont ouvertement reconnu «le travail chirurgical» fait par Raphaël Lakpé, Président du Conseil National de la presse (CNP) et l'ensemble de ses conseillers. En réalité, depuis l'arrivée de M. Lakpé, ancien de la prestigieuse Ecole de journalisme de Lille (France), l'icône de la presse écrite qu'il est, a vite perçu les gros enjeux de son action à la tête de cet organe de régulation. Ces enjeux, lui-même les a évoqués, le 10 juin dernier, lorsqu'il rendait les conclusions de la session extraordinaire du CNP qui ont abouti à la suspension de certaines entreprises et à la mise en demeure d'autres. A dire vrai, l'une des visées de toutes ces mesures prises par le régulateur, selon le CNP, est de faire en sorte que les entreprises auxquelles sont adossés les journaux en Côte d'Ivoire, soient des sociétés légalement constituées. C'est-à-dire des structures qui fonctionnent selon les règles de l'OHADA : des entreprises dotées d'une comptabilité fiable en passation d'écritures, qui s'acquittent de leurs charges sociales en rémunérant leurs employés selon les normes du Code travail. Egalement, ces sociétés doivent honorer leurs obligations légales en payant l'Impôt et toute sorte de cotisation légale au nombre desquelles la CNPS.
L'autre objectif que vise l'assainissement de la presse, c'est inévitablement le retour à la pratique du journalisme vrai. Pour Guillaume Gbato, depuis "le Printemps de la presse", dans les années 90, marquées par la crise de l'emploi, plusieurs diplômés des universités ont embrassé le journalisme sans être prémunis des rudiments du métier. Cette situation a produit les effets que tout le monde sait. Les journalistes, foulant aux pieds les règles d'éthique et de déontologie régissant la profession, se sont substitués aux hommes politiques. Leur plume était devenue l'arme de combat pour abattre l'adversaire du camp dont ils défendent la cause et l'idéologie. Cela a conduit à une bipolarisation du monde de la presse écrite. Les Ivoiriens catégorisent même les journaux. L'on parle de "journaux bleus" c'est-à- dire ceux proches de l'ancien parti au pouvoir, le Front populaire ivoirien (FPI) que sont : Notre Voie, Le Temps etc. De l'autre côté, on parle "des verts" ou "les proches du pouvoir". Ce sont par exemple Le Patriote et d'autres titres défendant les idéaux du RDR et de son Président. A eux s'ajoutent les journaux proches du PDCI dont la tête de pont est Le Nouveau Réveil. En réalité, dans tous ces journaux, comme le dit Glodé Francelin, « c'est de la communication que l'on fait en lieu et place du journalisme qui a pour objet premier la recherche et la diffusion de l'information au profit du public».
Pour les syndicats, les journalistes pour exercer, en toute indépendance leur métier, doivent se départir des oripeaux politiques partisans. Mais, tout le monde le sait, cela ne peut se réaliser que lorsque les hommes de médias auront eu un traitement salarial décent. Et c'est en cela que le travail d'assainissement fait en ce moment par le CNP et les syndicats de la presse d'une part, et les patrons de presse d'autre part.
Il est clair qu'il faut octroyer une rémunération idoine aux travailleurs de la presse. « Comment pouvez-vous comprendre que deux jeunes ivoiriens, titulaires d'une Maitrise, entrent dans la vie active ; l'un recruté dans une entreprise de ciment perçoit un salaire de plus d'un million et que celui qui a embrassé le métier de journaliste reçoive cent mille francs chaque fin du mois ? ». Cette interrogation de Guillaume Gbato en dit long sur la misère salariale de la presse ivoirienne. A ce jour, seulement Mayama Editions et Production qui édite Le Patriote et le Groupe La Réfondation (Notre Voie) respectent la valeur des 1700 en vigueur, mais largement caduque. La Côte d'Ivoire veut se hisser au rang de pays émergent à l'horizon 2020. Pour que la presse accompagne cette noble volonté politique, il faut donner aux acteurs de ce secteur de vivre décemment de leur labeur. Et les syndicats ne croyaient pas si bien dire en exigeant que, vu le coût de la vie et les multiples charges liées à l'exercice de ce métier, « le journaliste ivoirien doit être payé aujourd'hui à au moins un million cinq cent mille». Et « Ce n'est pas cher payé », selon un économiste des médias qui a bien voulu requérir l'anonymat.

Jean- Antoine Doudou
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