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Art et Culture Publié le jeudi 22 août 2013 | Le Patriote

Interview / Lanciné Diaby (cinéaste ivoirien) : “Ce que je prépare avec Tiguida, mon prochain film”

Après avoir réalisé « La Jumelle », Lanciné Diaby, cinéaste ivoirien basé en France, prépare activement son prochain long métrage qui s'intitule « Tiguida». De passage à Abidjan, il y a quelques semaines, dans le cadre des préparatifs du tournage, il a bien voulu, entre deux rendez-vous, faire une halte pour s'ouvrir au Patriote. Entretien.

Le Patriote : Depuis « La Jumelle », on ne vous entend plus. Pourquoi ?
Lanciné Diaby : Je travaille (rires). C'est vrai que je suis silencieux dans mon coin, mais je travaille dur sur mon prochain long métrage qui s'intitule «Tiguida». C'est d'ailleurs pour cela que je suis venu à Abidjan.

LP : Justement quelle sera la trame de ce film ?
LD : «Tiguida », c'est le parcours du sens contraire de la traite des Noirs. Le film raconte l'histoire d'une Afro-caribéenne qui vient en Afrique surtout en Côte d'Ivoire sur les traces de ses ancêtres. Elle vient travailler en Côte d'Ivoire pour se ressourcer, et s'imprégner de la culture ivoirienne, et africaine en général.

L.P : Quand et où va se dérouler le tournage?
LD : En décembre. On fera une petite partie à Paris, puis on viendra à Abidjan pour le reste du tournage. Nous envisageons également tourner quelques scènes aux Antilles.

LP : Il semble aussi que vous voulez utiliser une caméra de dernière génération qui coûte 655 000 FCFA, soit 1000 euros par semaine à la location…
LD : Ce n'est pas pour augmenter le budget du film, mais plutôt pour avoir des images de qualité. J'aimerais vraiment faire ce film avec la Radouane, la dernière caméra numérique avec laquelle tous les grands films sont tournés aujourd'hui. Elle a un objectif qui permet d'avoir des images haut de gamme en 35 mm.

L.P : Selon des indiscrétions, vous ne voulez, pour ce projet, pas travailler avec de jeunes techniciens, alors qu'il y en a de qualité ici. Pourquoi ?
LD : Je ne prends pas de jeune, parce que je mise sur l'expérience pour réussir mon film. Je veux des gens confirmés. C'est un choix, mais je l'assume, parce que je veux me donner toutes les chances de faire un grand film, surtout que l'histoire est importante. Mon directeur photo sera Bernard Secket, qui a déjà travaillé avec moi sur « La Jumelle » et qui a travaillé sur presque tous les films d'Henri Duparc. En plus, il connaît bien la Côte d'Ivoire. Je prendrai aussi un bon ingénieur qui viendra de Paris ou Montréal (Canada) et a au moins 50 ans. Mon assistante doit avoir au moins fait 5 longs métrages, tout comme mon script. Enfin, la monteuse qui travaillera avec moi doit être âgée d'au moins 50 ans et avoir monté de grands films. Je veux non seulement des gens qui ont du talent, mais aussi des personnes qui ont un parcours.

Travailler avec des jeunes qui veulent faire des films sans connaître véritablement le cinéma, ça ne m'intéresse.

L.P : Ce sera la même exigence pour la distribution ?
LD : Pas forcément. Pour l'instant, je n'ai signé aucun accord avec un acteur. Mais, j'ai déjà ma petite idée sur ceux qui pourraient jouer dans le film. Je pense notamment à Tiken Jah Fakoly, qui veut faire du cinéma. Mon rêve, c'est de le prendre dans ce film pour lui donner un très grand rôle. Et comme c'est quelqu'un de sérieux, je pense qu'on peut faire un grand film avec une tête d'affiche comme Tiken Jah Fakoly. J'ai décidé aussi que la musique du film sera composée par Paul Wassaba. Mon but, c'est d'amener un grand film au FESPACO 2015. Et si j'ai les moyens qu'il faut pour faire ce film, je vous assure que je vais ramener l'Etalon d'Or de Yennenga en Côte d'Ivoire, dans deux ans.

LP : Justement, avez-vous pris attache avec le ministère de la Culture et de la Francophonie qui a déclaré 2013, année du cinéma en Côte d'Ivoire ?
DL : Oui, j'ai transmis un dossier de financement auprès du ministère. En son temps, j'avais vu Kitia Touré, avant qu'il ne meure, paix à son âme. Mon dossier a si traîné que j'avais le sentiment qu'il avait été laissé de côté. Heureusement, le ministre de la Culture et de la Francophonie m'a reçu à son cabinet. Il est séduit par mon projet et m'a donné l'assurance que son département allait m'accompagner.

L.P : Concrètement combien attendez-vous comme soutien financier de l'Etat ?
LD : Je souhaite qu'il m'accompagne comme le Tchad accompagne Mahamat Saleh Haroun dont le dernier film (« Gris-gris ») a coûté 2,7 millions d'euros, soit environ 2 milliards de francs CFA. Au Mali, Cheick Oumar Sissoko prépare son prochain film qui nécessitera un milliard de FCFA, et il a le soutien du Mali. Un pays qui sort de guerre mais met le parquet pour son cinéma. Et nous, où est la Côte d'Ivoire dans tout ça?

LP : Combien voulez-vous exactement que la Côte d'Ivoire injecte précisément dans votre film ?
LD : Le budget du film va tourner autour de 1,2 millions d'euros, soit environ 800 millions de FCFA. Dans la demande que j'ai faite au ministère, il y a deux possibilités. Soit, on opte pour une coproduction franco-ivoirienne, et il donne 400 millions car, chaque pays doit apporter 50 % du financement. Et de mon côté, Voodoo Production, qui produit le film, apportera les autres 50 %, en soumettant le projet au CNC (Centre National de Cinématographie) en France. Mais tant que vous n'avez pas des appuis de votre pays, le CNC ne soutient pas votre projet parce que la France n'est pas productrice de films de pays africains. Elle ne peut qu'accompagner des projets. Si l'Etat de Côte d'Ivoire peut nous apporter déjà les 50 %, soit à peu près 600 milles euros, ce serait bon.

LP : Et si cela n'était pas possible, suite à des contraintes budgétaires, que feriez-vous ?
LD : A défaut, des 600 000 euros, environ 400 millions de FCFA, si l'Etat peut nous donner 300 000 euros, on pourrait faire avec. Et dans ce cas, nous réduirons le budget. Des scènes qui doivent être tournées par exemple aux Antilles, on les tournera au Ghana, de même que les scènes du musée d'esclaves de Gorée. Quant aux scènes intérieures de la France, on les tournera en Côte d'Ivoire.

Réalisée par Y. Sangaré
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