Titulaire d’un BTS en communication et action publicitaire, Tella Kpomahou a choisi de s’établir en France, pour se consacrer à sa passion, le théâtre. Et des planches, elles se retrouvent aujourd’hui sur les plateaux de tournage, où la jeune comédienne mène une carrière respectable. Révélée au grand public par « Il va pleuvoir sur Conakry » de Cheikh Fantamady Camara, Prix RFI du public au Fespaco 2007, elle a bien voulu prêter sa voix au personnage de Bintou dans « Aya de Yopougon », le film réalisé par Marguerite Abouet et Clément Oubrerie. De passage à Abidjan, il y a quelques jours, dans le cadre justement de la promotion de ce film d’animation, Tella Kpomahou s’est confiée au Patriote.
Le Patriote : Qu’est-ce qui vous a séduit dans le projet « Aya de Yopougon » ?
Tella Kpomahou : Tout simplement, j’ai trouvé le titre encourageant. Surtout que j’ai grandi à Abidjan et que je connais bien Yopougon notamment sa célèbre rue princesse. Donc, le titre du film m’a attiré. Je connaissais aussi la bande dessinée qui représente avec beaucoup d’humour et de gaieté la vie en Côte d’Ivoire, cette vision de la vie joyeuse dans notre pays sans tomber non plus dans la complaisance en disant que tout est beau et magnifique. Ça traite des vrais sujets avec beaucoup d’humour. Cela m’a séduit. Et ensuite pour une comédienne, c’est toujours intéressant de participer à un projet comme celui-là.
L.P : C’est toute la première fois que vous prêtez votre voix à un film d’animation. Est-ce une toute autre approche ?
TK : Oui. Effectivement. C’est une approche différente. Il faut tout donner dans la voix. Tout est au niveau de la voix, dans la subtilité. J’ai eu la chance de parler le langage ivoirien et ça m’a aidé. De plus, Marguerite Abouet (la co-réalisatrice) m’a aidée à mieux rendre la voix de mon personnage.
L.P : Le film a visiblement été bien accueilli à Abidjan. Aviez-vous des appréhensions avant de venir en Côte d’Ivoire ?
TK : Quand le film est sorti à Paris, j’ai dit à Marguerite qu’il fallait le présenter à Abidjan. Il y a eu un tel engouement autour du film que nous ne pouvions pas ne pas venir le montrer à Abidjan. Grâce à ce film, on ne parle pas de tension, pour une fois qu’on parle de ma Côte d’Ivoire. C’est plutôt sa culture qui est mise, cette fois-ci, en avant. C’est un point positif. Je n’avais donc aucune appréhension. Bien au contraire, j’étais impatiente de venir à Abidjan.
L.P : Vous êtes partie à Paris, il y a une dizaine d’années, sans une expérience notable aussi bien dans le cinéma que dans le théâtre. Comment avez-vous réussi à vous faire une petite place dans le monde du cinéma en France ?
TK : C’est vrai. Quand je quittais Abidjan pour Paris en 2001, je n’avais fait mes armes que dans la troupe théâtre du Lycée classique d’Abidjan où j’étais élève. Mais, j’avais quand même participé au festival de théâtre scolaire où j’ai même obtenu le prix de la meilleure comédienne en 1998. Et ensuite, on a joué à l’ex-CCF (Centre culturel français, devenu aujourd’hui Institut Français de Côte d’Ivoire), car on était en jumelage avec une troupe française. J’ai décidé d’aller en France, parce que je voulais me consacrer au théâtre, après avoir travaillé dans une agence de à Abidjan. Au départ, je voulais prendre des cours de théâtre à Paris. Mais, vu qu’ils étaient hyper chers et que je n’avais pas l’argent pour, j’ai voulu travailler tout de suite. Et j’ai eu la chance de rencontrer un metteur en scène qui m’a fait travailler l’accent, la diction et le corps. Et il m’a ensuite confié un petit rôle dans la pièce intitulée « La tragédie du Roi Christophe» et écrite par Aimé Césaire, qu’il mettait en scène. Et chaque fois que j’avais un contrat, et que je le finissais, je participais à des stages organisés par l’ANPE (Agence Nationale pour la Promotion de l’Emploi), pour les comédiens. Il fallait que je travaille pour pouvoir vivre. C’est comme ça que j’ai fait mon petit bonhomme de chemin.
L.P : Des planches, comment vous êtes-vous retrouvée ensuite sur les plateaux de tournage ?
TK : En fait, j’étais au théâtre quand un jour, une réalisatrice est venue nous voir. Elle préparait le tournage d’un film. Elle m’a proposé de jouer dans son film qui était d’ailleurs un film d’école. J’y ai pris goût et j’ai intégré un stage pour acteurs devant la caméra, pour savoir justement comment se comporter devant la caméra, en sachant que le jeu sur scène est totalement différent de celui devant la caméra. Face à la caméra, on ne peut pas tricher, car elle saisit tous les moindres mouvements. Ce n’est pas, en tout cas, le même rendu qu’au théâtre. Ce stage était organisé par la structure Emergence, qui était dirigée par l’ex-femme de Gérard Depardieu. Suite à ce stage, mon profil a été présenté à un réalisateur africain, qui préparait le tournage de son prochain film. Quelques temps après, il a demandé à me rencontrer. C’est ainsi que j’ai échangé avec Cheick Fantamady Camara qui m’a présenté son projet et souhaité que je supplée sa comédienne, qui se trouvait au Canada, pour le tournage du pilote. Après deux semaines de tournage du pilote, il me demande de prendre en charge le rôle principal du film, parce que sa comédienne ne pouvait finalement plus venir. C’était génial, et j’ai sauté sur l’occasion. Voilà comment, j’ai joué dans « Il va pleuvoir sur Conakry ». Après Cheick Fantamady Camara, j’ai travaillé avec Eliane de Latour sur « Après l’Océan », j’avais le troisième rôle, les deux premiers étant tenus par Djédjé Apali et Fraser James. Puis, j’ai tenu de petits rôles dans des téléfilms qui sont passés sur TF1 et d’autres chaînes françaises. Et ces petits rôles permettent de vivre.
L.P : Pour autant, ce n’est pas du tout évident pour une actrice africaine d’émerger en Europe. Quel est le secret de votre réussite ?
TK : Je l’avoue, ce n’est évident pour personne. Mais, dans toute chose, il faut y croire. Il faut aussi de la persévérance. Je crois que j’ai eu 50% de chance et 50% de témérité. Je pense qu’il faut avoir un peu de talent et de chance, parce qu’un talent sans chance, ce n’est rien. Tu peux être très talentueux, mais si tu n’es pas au bon endroit au moment où il faut, ce n’est rien. Et si tu as de la chance et que tu n’as pas de talent, on finira par se lasser de toi. En plus, moi je suis née ici et je suis partie en France, à 22 ans, avec un fort accent ivoirien. Et encore aujourd’hui, on trouve que j’ai encore trop l’accent, même si à Abidjan, on dit que je « chôcô » (parle comme une Européenne). Mais, là-bas, je passe pour une Africaine qui a l’accent. Ça peut être un atout ou un désavantage. Ce n’est pas donc évident, mais quand on le veut profondément, on peut.
L.P : Justement quel est l’handicap principal qui contrarie les comédiens africains dans le monde du cinéma en Europe ?
TK : Honnêtement, je pense que nous, les comédiens noirs, travaillons finalement plus que les comédiens blancs. Il faut faire plus. Car, ils sont plus nombreux que nous et les rôles pour les noirs, il y en a très peu. Et quand il y en a, c’est comme nous quoi. Ce n’est peut-être pas la joie et tout le monde n’apprécie pas. Imaginez un comédien qui quitte l’Afrique et arrive en Europe, on lui propose un rôle cliché, visiblement il n’est pas content. Souvent les comédiennes se plaignent qu’on leur propose un rôle de bonne ou de nounou. Mais, un rôle reste un rôle. Tout dépend de la manière dont on le défend. Pour le tournage du téléfilm « Etat de grâce », qui est une comédie française sur le pouvoir où le président de la République est une femme, l’équipe de production des comédiens africains pour campare le rôle de journaliste de pays différents. Et cela ne devait durer que 30 secondes. Ils m’ont contactée, j’ai accepté et cela a permis à un directeur de casting de me remarquer. Il m’a appelée quatre ans après et m’a dit, je vous ai vue dans film, je voudrais vous essayer dans tel rôle. Comme quoi, il faut essayer et ne pas cracher dans la soupe.
L.P : Que comptez-vous faire, en termes de projets cinématographiques, après « Aya de Yopougon » ?
TK : J’ai des films qui vont sortir, notamment « Morbayassa », avec Cheikh Fantamady Camara. Le tournage est terminé, le film va bientôt sortir. Il y a aussi deux films de cinéma en préparation, avec des réalisateurs et des comédiens en France. Ils vont également sortir sous peu. Et puis au niveau du théâtre, j’ai très envie de venir présenter une pièce de théâtre en Côte d’Ivoire. J’en parle autour de moi, à ceux que ça pourrait intéresser. Comme je l’ai dit, j’ai grandi ici. Bah Bientôt, Jimmy Danger, Bohiri Michel et autres m’ont donné l’envie de devenir comédienne. J’ai envie de monter une pièce ici pour leur dire merci parce qu’ils m’ont inspirée.
L.P : En attendant quelle est l’ambition qui vous tient le plus à coeur aujourd’hui ?
TK : C’est de pouvoir travailler comme scénariste. Je pense qu’on a de la matière en Afrique et que les scénarios sont un peu bâclés, alors qu’il y a de vraies histoires. Seulement, il n’y a pas de vrais scénaristes en Afrique. Il y a certes des problèmes de production et de distribution, mais si en amont, il y a de belles histoires, bien ficelées et travaillées, des producteurs viendront financer les projets. J’aimerais continuer à devenir comédienne mais aussi écrire des histoires.
L.P : Est-ce à dire que ceux qui écrivent les scénarios en Afrique le font mal ?
TK : Ils ne les écrivent pas mal, mais je pense qu’on peut aller beaucoup plus loin notamment, au niveau des détails. En Afrique, en général, les réalisateurs écrivent eux-mêmes leurs histoires. En France, aux Etats-Unis et dans d’autres pays, il y a des scénaristes. Leur rôle, c’est d’écrire, pas de réaliser. Mais, comme il n’y a pas de scénaristes en Afrique, les réalisateurs s’improvisent scénaristes. Ils arrivent tant bien que mal à écrire des histoires, toutefois ils sont au four et au moulin et cela fait que certains détails sont laissés de côté. Et souvent, ils sont, en plus d’être réalisateurs et scénaristes, producteurs. Du coup, parfois, ils sont submergés de travail. Alors qu’un scénariste ne fait que ça. Moi, je voudrais être scénariste et non réalisatrice.
Réalisée par Y. Sangaré
Le Patriote : Qu’est-ce qui vous a séduit dans le projet « Aya de Yopougon » ?
Tella Kpomahou : Tout simplement, j’ai trouvé le titre encourageant. Surtout que j’ai grandi à Abidjan et que je connais bien Yopougon notamment sa célèbre rue princesse. Donc, le titre du film m’a attiré. Je connaissais aussi la bande dessinée qui représente avec beaucoup d’humour et de gaieté la vie en Côte d’Ivoire, cette vision de la vie joyeuse dans notre pays sans tomber non plus dans la complaisance en disant que tout est beau et magnifique. Ça traite des vrais sujets avec beaucoup d’humour. Cela m’a séduit. Et ensuite pour une comédienne, c’est toujours intéressant de participer à un projet comme celui-là.
L.P : C’est toute la première fois que vous prêtez votre voix à un film d’animation. Est-ce une toute autre approche ?
TK : Oui. Effectivement. C’est une approche différente. Il faut tout donner dans la voix. Tout est au niveau de la voix, dans la subtilité. J’ai eu la chance de parler le langage ivoirien et ça m’a aidé. De plus, Marguerite Abouet (la co-réalisatrice) m’a aidée à mieux rendre la voix de mon personnage.
L.P : Le film a visiblement été bien accueilli à Abidjan. Aviez-vous des appréhensions avant de venir en Côte d’Ivoire ?
TK : Quand le film est sorti à Paris, j’ai dit à Marguerite qu’il fallait le présenter à Abidjan. Il y a eu un tel engouement autour du film que nous ne pouvions pas ne pas venir le montrer à Abidjan. Grâce à ce film, on ne parle pas de tension, pour une fois qu’on parle de ma Côte d’Ivoire. C’est plutôt sa culture qui est mise, cette fois-ci, en avant. C’est un point positif. Je n’avais donc aucune appréhension. Bien au contraire, j’étais impatiente de venir à Abidjan.
L.P : Vous êtes partie à Paris, il y a une dizaine d’années, sans une expérience notable aussi bien dans le cinéma que dans le théâtre. Comment avez-vous réussi à vous faire une petite place dans le monde du cinéma en France ?
TK : C’est vrai. Quand je quittais Abidjan pour Paris en 2001, je n’avais fait mes armes que dans la troupe théâtre du Lycée classique d’Abidjan où j’étais élève. Mais, j’avais quand même participé au festival de théâtre scolaire où j’ai même obtenu le prix de la meilleure comédienne en 1998. Et ensuite, on a joué à l’ex-CCF (Centre culturel français, devenu aujourd’hui Institut Français de Côte d’Ivoire), car on était en jumelage avec une troupe française. J’ai décidé d’aller en France, parce que je voulais me consacrer au théâtre, après avoir travaillé dans une agence de à Abidjan. Au départ, je voulais prendre des cours de théâtre à Paris. Mais, vu qu’ils étaient hyper chers et que je n’avais pas l’argent pour, j’ai voulu travailler tout de suite. Et j’ai eu la chance de rencontrer un metteur en scène qui m’a fait travailler l’accent, la diction et le corps. Et il m’a ensuite confié un petit rôle dans la pièce intitulée « La tragédie du Roi Christophe» et écrite par Aimé Césaire, qu’il mettait en scène. Et chaque fois que j’avais un contrat, et que je le finissais, je participais à des stages organisés par l’ANPE (Agence Nationale pour la Promotion de l’Emploi), pour les comédiens. Il fallait que je travaille pour pouvoir vivre. C’est comme ça que j’ai fait mon petit bonhomme de chemin.
L.P : Des planches, comment vous êtes-vous retrouvée ensuite sur les plateaux de tournage ?
TK : En fait, j’étais au théâtre quand un jour, une réalisatrice est venue nous voir. Elle préparait le tournage d’un film. Elle m’a proposé de jouer dans son film qui était d’ailleurs un film d’école. J’y ai pris goût et j’ai intégré un stage pour acteurs devant la caméra, pour savoir justement comment se comporter devant la caméra, en sachant que le jeu sur scène est totalement différent de celui devant la caméra. Face à la caméra, on ne peut pas tricher, car elle saisit tous les moindres mouvements. Ce n’est pas, en tout cas, le même rendu qu’au théâtre. Ce stage était organisé par la structure Emergence, qui était dirigée par l’ex-femme de Gérard Depardieu. Suite à ce stage, mon profil a été présenté à un réalisateur africain, qui préparait le tournage de son prochain film. Quelques temps après, il a demandé à me rencontrer. C’est ainsi que j’ai échangé avec Cheick Fantamady Camara qui m’a présenté son projet et souhaité que je supplée sa comédienne, qui se trouvait au Canada, pour le tournage du pilote. Après deux semaines de tournage du pilote, il me demande de prendre en charge le rôle principal du film, parce que sa comédienne ne pouvait finalement plus venir. C’était génial, et j’ai sauté sur l’occasion. Voilà comment, j’ai joué dans « Il va pleuvoir sur Conakry ». Après Cheick Fantamady Camara, j’ai travaillé avec Eliane de Latour sur « Après l’Océan », j’avais le troisième rôle, les deux premiers étant tenus par Djédjé Apali et Fraser James. Puis, j’ai tenu de petits rôles dans des téléfilms qui sont passés sur TF1 et d’autres chaînes françaises. Et ces petits rôles permettent de vivre.
L.P : Pour autant, ce n’est pas du tout évident pour une actrice africaine d’émerger en Europe. Quel est le secret de votre réussite ?
TK : Je l’avoue, ce n’est évident pour personne. Mais, dans toute chose, il faut y croire. Il faut aussi de la persévérance. Je crois que j’ai eu 50% de chance et 50% de témérité. Je pense qu’il faut avoir un peu de talent et de chance, parce qu’un talent sans chance, ce n’est rien. Tu peux être très talentueux, mais si tu n’es pas au bon endroit au moment où il faut, ce n’est rien. Et si tu as de la chance et que tu n’as pas de talent, on finira par se lasser de toi. En plus, moi je suis née ici et je suis partie en France, à 22 ans, avec un fort accent ivoirien. Et encore aujourd’hui, on trouve que j’ai encore trop l’accent, même si à Abidjan, on dit que je « chôcô » (parle comme une Européenne). Mais, là-bas, je passe pour une Africaine qui a l’accent. Ça peut être un atout ou un désavantage. Ce n’est pas donc évident, mais quand on le veut profondément, on peut.
L.P : Justement quel est l’handicap principal qui contrarie les comédiens africains dans le monde du cinéma en Europe ?
TK : Honnêtement, je pense que nous, les comédiens noirs, travaillons finalement plus que les comédiens blancs. Il faut faire plus. Car, ils sont plus nombreux que nous et les rôles pour les noirs, il y en a très peu. Et quand il y en a, c’est comme nous quoi. Ce n’est peut-être pas la joie et tout le monde n’apprécie pas. Imaginez un comédien qui quitte l’Afrique et arrive en Europe, on lui propose un rôle cliché, visiblement il n’est pas content. Souvent les comédiennes se plaignent qu’on leur propose un rôle de bonne ou de nounou. Mais, un rôle reste un rôle. Tout dépend de la manière dont on le défend. Pour le tournage du téléfilm « Etat de grâce », qui est une comédie française sur le pouvoir où le président de la République est une femme, l’équipe de production des comédiens africains pour campare le rôle de journaliste de pays différents. Et cela ne devait durer que 30 secondes. Ils m’ont contactée, j’ai accepté et cela a permis à un directeur de casting de me remarquer. Il m’a appelée quatre ans après et m’a dit, je vous ai vue dans film, je voudrais vous essayer dans tel rôle. Comme quoi, il faut essayer et ne pas cracher dans la soupe.
L.P : Que comptez-vous faire, en termes de projets cinématographiques, après « Aya de Yopougon » ?
TK : J’ai des films qui vont sortir, notamment « Morbayassa », avec Cheikh Fantamady Camara. Le tournage est terminé, le film va bientôt sortir. Il y a aussi deux films de cinéma en préparation, avec des réalisateurs et des comédiens en France. Ils vont également sortir sous peu. Et puis au niveau du théâtre, j’ai très envie de venir présenter une pièce de théâtre en Côte d’Ivoire. J’en parle autour de moi, à ceux que ça pourrait intéresser. Comme je l’ai dit, j’ai grandi ici. Bah Bientôt, Jimmy Danger, Bohiri Michel et autres m’ont donné l’envie de devenir comédienne. J’ai envie de monter une pièce ici pour leur dire merci parce qu’ils m’ont inspirée.
L.P : En attendant quelle est l’ambition qui vous tient le plus à coeur aujourd’hui ?
TK : C’est de pouvoir travailler comme scénariste. Je pense qu’on a de la matière en Afrique et que les scénarios sont un peu bâclés, alors qu’il y a de vraies histoires. Seulement, il n’y a pas de vrais scénaristes en Afrique. Il y a certes des problèmes de production et de distribution, mais si en amont, il y a de belles histoires, bien ficelées et travaillées, des producteurs viendront financer les projets. J’aimerais continuer à devenir comédienne mais aussi écrire des histoires.
L.P : Est-ce à dire que ceux qui écrivent les scénarios en Afrique le font mal ?
TK : Ils ne les écrivent pas mal, mais je pense qu’on peut aller beaucoup plus loin notamment, au niveau des détails. En Afrique, en général, les réalisateurs écrivent eux-mêmes leurs histoires. En France, aux Etats-Unis et dans d’autres pays, il y a des scénaristes. Leur rôle, c’est d’écrire, pas de réaliser. Mais, comme il n’y a pas de scénaristes en Afrique, les réalisateurs s’improvisent scénaristes. Ils arrivent tant bien que mal à écrire des histoires, toutefois ils sont au four et au moulin et cela fait que certains détails sont laissés de côté. Et souvent, ils sont, en plus d’être réalisateurs et scénaristes, producteurs. Du coup, parfois, ils sont submergés de travail. Alors qu’un scénariste ne fait que ça. Moi, je voudrais être scénariste et non réalisatrice.
Réalisée par Y. Sangaré