C’est ce lundi 23 septembre que le préfet d’Abidjan recevra le rapport du comité ad’hoc mis en place il y a deux mois et qui devrait lui permettre de se prononcer en faveur ou contre la destitution du chef du village d’Abouabou, Amon Koutouan Guillaume. De cette décision, dépendra également le sort d’un millier de riverains de Djibo Kamon, victimes de démolition de leurs maisons. Retour sur une crise ouverte…
Djibo Kamon ou encore quartier ex-littoral, situé à moins d’un kilomètre du corridor de Gonzagueville, ce mercredi 18 septembre 2013. Les signes du passage des bulldozers destructeurs sont encore perceptibles sur le site. Des gravats des maisons par endroit et le vide qui se laisse contempler à perte de vue, sont révélateurs du sort qui s’est abattu sur ceux qui vivaient là. Eux, ce sont des acquéreurs, estimés à un millier, qui s’étaient construit un toit après acquisition des lots auprès de l’association des surveillants de la forêt de déclassée d’Abouabou. Cette association justifiait d’une convention signée avec le village d’Abouabou en vue de la mise en valeur du site. Fort donc des lettres d’attribution assorties des dossiers techniques, ils sont nombreux à avoir pu réaliser leur rêve d’avoir une maison. Des maisons dont les valeurs oscillent entre 3 et des centaines de millions FCFA. Ils y vivaient paisiblement lorsqu’en avril dernier, leur vie se transforme en cauchemar. « Les bulldozers nous sont tombés dessus un matin, escortés par les forces républicaines. Sans sommation. Je me souviens que j’avais été réveillé par les bruits», rapporte Souplei Evariste, un ex-riverain qui a vu sa maison rayée du site. Son cousin, Gboe André qui réside en France et qui avait lui aussi construit deux villas et un duplex pour près de soixante millions FCFA a vu son investissement disparaître en quelques heures. Au nombre des victimes de cette opération, nous avons rencontré Mme Souza Anne qui avait elle aussi investi sur ce site avec ses primes de départ à la retraite, en 2006. «C’est six millions FCFA que j’ai mis dans la construction de ma maison. Je n’ai pas préparé ma retraite pour la voir être hypothéquée de cette façon-là. Nous sommes tout de même dans un état de droit», se révolte la victime. Mais d’autres n’ont pas eu la force morale de survivre à la destruction de leurs biens. Leur dignité d’homme n’a pas supporté l’opprobre d’une vie de Sans domicile fixé (SDF).
Mais qu’est ce qui a bien pu se passer pour que l’on en arrive à cette situation dommageable? Il faut rappeler que cette opération de démolition intervenue le 13 avril 2013 avait fait une dizaine de morts et de nombreux blessés au nombre desquels des FRCI. C’est que la bagarre rangée entre les riverains qui n’avaient reçu aucune mise en demeure et les forces de sécurité a été d’une rare violence que le préfet d’Abidjan avait dû décider de l’arrêt de tous travaux sur le site. Dans la foulée, on apprendra que l’opération a été lancée par la Société d’aménagement et de financement des travaux publics (SAFTP) avec la caution du chef du village d’Abouabou, Amon Koutouan Guillaume. «Le chef d’Abouabou a voulu nous sacrifier pour de l’argent, au profit des sociétés immobilières», accuse Souplei Evariste.
Une opération hâtive et non concertée
Mais le chef Amon Koutouan que nous avons rencontré quelques jours après la démolition se défend. « Ce sont des gens qui se sont illégalement installés sur nos terres. Et chaque fois que nous avons essayé de les déguerpir, nous avons rencontré une opposition», explique t-il. Pourtant, cette opération de démolition lui vaut depuis le 13 avril 2013, une suspension de ses fonctions de chef du village par la notabilité d’Abouabou. Les motifs nous ont été exposés par Amon Benoît, doyen d’âge mais aussi frère ainé du chef suspendu. « Le dernier bilan que le chef Amon Koutouan Guillaume a fait au village date de 2010. Entre-temps, beaucoup de plaintes nous parvenaient sur sa gestion. Malgré les interpellations de la notabilité et du chef de terre, rien n’y fit. C’est alors que la génération au pouvoir l’a destitué et procédé à son remplacement. Nous avons saisi le préfet d’Abidjan à cette fin.», rapporte t-il. Se prononçant sur la destruction des maisons sur le site Djibo Kamon, le doyen d’âge expliquera que cette opération n’a ni été décidé par le village ni la génération au pouvoir. «C’est un acte solitaire du chef Amon Guillaume que nous condamnons.», s’est-il désolidarisé. A preuve, certains casseurs et le président de l’Association des surveillants de la forêt déclassée d’Abouabou, Akrong James, croupissent à la Maca dans le cadre de cette opération.
Si le chef Amon Koutouan Guillaume était reprochable aux yeux de ses administrés pour l’absence de bilan sur sa gestion des trois dernières années, la goutte d’eau qui a fait déborder le vase est bien l’opération de destruction des maisons de ceux qu’il qualifie de «squatters». Alors que la notabilité et le chef de terre Agbo Mobio Joseph leur reconnaissent une installation légitime. Et sont prêts à réhabiliter les victimes, pourvu que le préfet entérine la destitution du chef Amon Koutouan Guillaume et veuille bien signer l’arrêté du nouveau chef. Comme on le voit, en plus d’être accusé de mauvaise gestion par son village, le chef contesté porte la responsabilité du malheur des 1200 acquéreurs du site Djibo Kamon qui ont vu leurs maisons démolir. Le préfet d’Abidjan, Diakité Sidiki va t-il entériner la destitution du Chef contesté ou le maintenir contre la volonté de la notabilité, du chef de terre et de la jeunesse d’Abouabou ? Les regards sont tournés cette semaine vers la préfecture d’Abidjan.
Alexandre Lebel Ilboudo
Djibo Kamon ou encore quartier ex-littoral, situé à moins d’un kilomètre du corridor de Gonzagueville, ce mercredi 18 septembre 2013. Les signes du passage des bulldozers destructeurs sont encore perceptibles sur le site. Des gravats des maisons par endroit et le vide qui se laisse contempler à perte de vue, sont révélateurs du sort qui s’est abattu sur ceux qui vivaient là. Eux, ce sont des acquéreurs, estimés à un millier, qui s’étaient construit un toit après acquisition des lots auprès de l’association des surveillants de la forêt de déclassée d’Abouabou. Cette association justifiait d’une convention signée avec le village d’Abouabou en vue de la mise en valeur du site. Fort donc des lettres d’attribution assorties des dossiers techniques, ils sont nombreux à avoir pu réaliser leur rêve d’avoir une maison. Des maisons dont les valeurs oscillent entre 3 et des centaines de millions FCFA. Ils y vivaient paisiblement lorsqu’en avril dernier, leur vie se transforme en cauchemar. « Les bulldozers nous sont tombés dessus un matin, escortés par les forces républicaines. Sans sommation. Je me souviens que j’avais été réveillé par les bruits», rapporte Souplei Evariste, un ex-riverain qui a vu sa maison rayée du site. Son cousin, Gboe André qui réside en France et qui avait lui aussi construit deux villas et un duplex pour près de soixante millions FCFA a vu son investissement disparaître en quelques heures. Au nombre des victimes de cette opération, nous avons rencontré Mme Souza Anne qui avait elle aussi investi sur ce site avec ses primes de départ à la retraite, en 2006. «C’est six millions FCFA que j’ai mis dans la construction de ma maison. Je n’ai pas préparé ma retraite pour la voir être hypothéquée de cette façon-là. Nous sommes tout de même dans un état de droit», se révolte la victime. Mais d’autres n’ont pas eu la force morale de survivre à la destruction de leurs biens. Leur dignité d’homme n’a pas supporté l’opprobre d’une vie de Sans domicile fixé (SDF).
Mais qu’est ce qui a bien pu se passer pour que l’on en arrive à cette situation dommageable? Il faut rappeler que cette opération de démolition intervenue le 13 avril 2013 avait fait une dizaine de morts et de nombreux blessés au nombre desquels des FRCI. C’est que la bagarre rangée entre les riverains qui n’avaient reçu aucune mise en demeure et les forces de sécurité a été d’une rare violence que le préfet d’Abidjan avait dû décider de l’arrêt de tous travaux sur le site. Dans la foulée, on apprendra que l’opération a été lancée par la Société d’aménagement et de financement des travaux publics (SAFTP) avec la caution du chef du village d’Abouabou, Amon Koutouan Guillaume. «Le chef d’Abouabou a voulu nous sacrifier pour de l’argent, au profit des sociétés immobilières», accuse Souplei Evariste.
Une opération hâtive et non concertée
Mais le chef Amon Koutouan que nous avons rencontré quelques jours après la démolition se défend. « Ce sont des gens qui se sont illégalement installés sur nos terres. Et chaque fois que nous avons essayé de les déguerpir, nous avons rencontré une opposition», explique t-il. Pourtant, cette opération de démolition lui vaut depuis le 13 avril 2013, une suspension de ses fonctions de chef du village par la notabilité d’Abouabou. Les motifs nous ont été exposés par Amon Benoît, doyen d’âge mais aussi frère ainé du chef suspendu. « Le dernier bilan que le chef Amon Koutouan Guillaume a fait au village date de 2010. Entre-temps, beaucoup de plaintes nous parvenaient sur sa gestion. Malgré les interpellations de la notabilité et du chef de terre, rien n’y fit. C’est alors que la génération au pouvoir l’a destitué et procédé à son remplacement. Nous avons saisi le préfet d’Abidjan à cette fin.», rapporte t-il. Se prononçant sur la destruction des maisons sur le site Djibo Kamon, le doyen d’âge expliquera que cette opération n’a ni été décidé par le village ni la génération au pouvoir. «C’est un acte solitaire du chef Amon Guillaume que nous condamnons.», s’est-il désolidarisé. A preuve, certains casseurs et le président de l’Association des surveillants de la forêt déclassée d’Abouabou, Akrong James, croupissent à la Maca dans le cadre de cette opération.
Si le chef Amon Koutouan Guillaume était reprochable aux yeux de ses administrés pour l’absence de bilan sur sa gestion des trois dernières années, la goutte d’eau qui a fait déborder le vase est bien l’opération de destruction des maisons de ceux qu’il qualifie de «squatters». Alors que la notabilité et le chef de terre Agbo Mobio Joseph leur reconnaissent une installation légitime. Et sont prêts à réhabiliter les victimes, pourvu que le préfet entérine la destitution du chef Amon Koutouan Guillaume et veuille bien signer l’arrêté du nouveau chef. Comme on le voit, en plus d’être accusé de mauvaise gestion par son village, le chef contesté porte la responsabilité du malheur des 1200 acquéreurs du site Djibo Kamon qui ont vu leurs maisons démolir. Le préfet d’Abidjan, Diakité Sidiki va t-il entériner la destitution du Chef contesté ou le maintenir contre la volonté de la notabilité, du chef de terre et de la jeunesse d’Abouabou ? Les regards sont tournés cette semaine vers la préfecture d’Abidjan.
Alexandre Lebel Ilboudo