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Art et Culture Publié le samedi 12 octobre 2013 | Nord-Sud

Arrangeur, chanteur, musicien et danseur: Serges Beynaud, le mannequin du coupé-décalé se dévoile

On l’appelle ‘’Le mannequin des arrangeurs’’. Il est aussi devenu le mannequin des faiseurs de coupé-décalé et même de la danse. Multidimensionnel, Gnolou Guy Serges Beynaud alias Serges Beynaud a imposé sa marque à la musique créée par Douk Saga. Et depuis, il écrit son histoire musicale en lettres d’or.


Il réussit la prouesse d’être un bon arrangeur, un musicien talentueux, un chanteur doué, un super danseur et un excellent sapeur (les mots sont pesés). Gnolou Guy Serges Beynaud, dit Serges Beynaud ‘’colonise’’ le mouvement coupé-décalé créé en 2002 par Doukouré Amidou Stéphane (dont c’est le septième anniversaire du décès aujourd’hui). ‘’Koumalébé’’ son premier tube l’a fait connaître au-delà des frontières ivoiriennes. Et depuis, il occupe le devant de la scène. C’est toute une symphonie qu’il propose aux mélomanes : des pas de danse, une nouvelle rythmique et une façon simple et élégante de s’habiller. Ce n’est donc pas le grand public à qui il a servi, durant les vacances scolaires, ‘’Kababéléké acte 1 et 2’’, qui dira le contraire. Ce vendredi (4 octobre), Serges est dans son studio d’enregistrement à la Riviera Attoban. Dans la salle, le son a atteint des kilowatts. Il travaille sur la mélodie d’un jeune disc-jockey (Dj) venu spécialement du Burkina Faso. Il intègre des sonorités à partir du clavier et y ajoute une basse. L’écoute répétée permet d’apprécier la qualité de son travail. Pour échanger calmement, c’est devant le studio, juste en bordure de route qu’on s’installe. A côté, est stationnée sa rutilante carrosse de marque Mercedes (phares ronds). Un car de transport d’élèves s’immobilise à notre niveau. Les occupants sont si heureux de voir leur idole qu’ils promettent revenir le lendemain à la même heure. Le sourire aux lèvres, il répond aux salutations. L’arrangeur est décontracté. Il porte un bermuda qui dépasse légèrement les genoux. Là-dessus, il a mis un t-shirt. Sa réaction surprend. N’est-ce pas lui que certains présentent comme étant imbu de sa personne ? « Si certaines personnes pensent que je suis gonflé, ils savent pourquoi ils le disent. Ce n’est pas à moi de me juger. J’aime qu’on me respecte. Dans le milieu, personne ne me manque de respect car je respecte beaucoup », relève-t-il.
Au fait, de ce qui se dit «dans son dos», il ne s’en préoccupe guère. C’est inné. Son père (M. Gnolou) ne pensait pas mal faire en ajoutant le nom de sa mère sur son extrait d’acte de naissance. Beynaud, qui peut paraître français (à l’image de Renault), est le nom de sa génitrice. C’est la déformation de ‘’Bênou’’, qui signifie en langue Bété (peuple de l’ouest de la Côte d’Ivoire), « ne les écoute pas ». Autrement dit « n’y accorde aucun intérêt, continue ton chemin ». « C’est un nom qui m’a beaucoup influencé, surtout dans le milieu du coupé-décalé où il y a beaucoup de rivalités. Dans la chanson ‘’Lôkô lôkô’’, je dis : ‘’n’écoute pas les gens, continue ton chemin’’. C’était la traduction de mon appellation », rigole-t-il. Pour la petite histoire, sachez que c’est Claire Bahi qui lui a attribué le nom ‘’Le mannequin’’ devenu ‘’Le mannequin des arrangeurs’’. « Elle trouvait, à chaque fois qu’elle venait me voir, que j’étais toujours bien fringué. Parfois mieux que les stars elles-mêmes. C’est ainsi qu’elle a commencé à m’appeler le mannequin, ensuite le mannequin des arrangeurs. Et les autres s’y sont mis », révèle-t-il. Dans le fond, quel rapport entretient-il avec les vêtements ? « Je ne porte pas des vêtements haut de gamme. Seulement j’insiste sur la propreté. Mes habits doivent être en harmonie avec ma forme et ma taille. J’essaie aussi de bien agencer les couleurs », fait-il savoir.
Propulsé au-devant de la scène en tant qu’arrangeur, ‘’Bênou’’ s’impose comme un bon musicien. Il traîne sa bosse dans les cabarets de la capitale économique en tant que pianiste. «On jouait dans les églises et les pianos-bars. On n’avait pas de nom. Nous étions des ‘’requins’’ (Ndlr : musiciens qui accompagnent occasionnellement des artistes). J’étais pianiste », se remémore-t-il cette époque. En revanche, il ne savait pas chanter. « Il n’y a pas de gap entre l’arrangement et la chanson. J’ai été beaucoup influencé par les artistes que j’arrange. J’ai toujours voulu être en première ligne. Mais, j’ai débuté par l’arrangement car celui qui sait utiliser le matériel de studio, le jeu des instruments, a beaucoup de facilités. Ce qui fait qu’aujourd’hui je compose simplement mes mélodies », explique-t-il. Avant cette phase de sa vie, il y a eu l’école Touré Yang, (il insiste : « paix à son âme »), l’ex-producteur des Salopards. Le « grand frère » décèle en lui des qualités de musicien et d’arrangeur. « C’est lui qui m’a tout appris. Il m’a permis d’être incontournable aujourd’hui », remercie-t-il. « Au départ, confie-t-il, je ne me considérais pas comme un chanteur. Je me disais que je n’avais pas la voix pour cela ». Pourtant, voir ces ‘’boucantiers’’ qui n’étaient pas des professionnels du chant réussir des choses extraordinaires a aiguisé son appétit. « Je me suis dit que je pouvais me lancer moi aussi dans la chanson», s’est-il persuadé. Pour réussir ce pari, il apprend à chanter. « Il y a des clients qui viennent enregistrer des musiques alors qu’ils ne connaissent rien du chant. C’est à moi, en tant qu’arrangeur, de leur dire comment faire. Donc, c’était une sorte d’autoformation. Je m’exerçais tout seul », lâche-t-il.
A 26 ans (né la 19 septembre 1987 à Yopougon), le jeune Beynaud se souvient de son enfance à l’école la ‘’Bonne Semence’’, non loin de l’hôtel Assonvon. Après le Certificat d’étude primaire élémentaire (Cepe), il est orienté au lycée municipal d’Attécoubé. Beynaud reste dans cet établissement jusqu’à la classe de terminale. « J’ai décidé de mettre un terme à mes études pour faire de la musique. J’ai expliqué mon choix à mes parents. Ils m’ont donné leur accord », relate-t-il. D’ailleurs, c’est son père qui lui offrira son premier clavier. Aujourd’hui, il exerce le métier qu’il a toujours voulu faire. Et il y met tout son sérieux et son temps. « Mes journées, affirme-t-il, je les passe dans mon studio. J’y suis tout le temps ». Ce qui explique partiellement le succès de ses titres. Seulement, certains pourraient croire qu’il garde le meilleur pour lui-même. « On entend dire que le cordonnier est mal chaussé. Moi, j’ai réussi à créer un style et à l’imposer », répond-il. Beau gosse, Serges Beynaud avoue avoir une vie assez saine. « Je bois très peu d’alcool. Et j’ai décidé d’arrêter de fumer », jure-t-il. En vérité, sa dernière résolution venait de tomber. Il est convaincu qu’il ne touchera plus à une cigarette (parole de fumeur). Sa vie amoureuse, il la juge ‘’clean’’. Une déclaration qui fait sourire ses amis qui assistent à notre entretien. Mais bon… « Je ne suis pas marié. Je vis en concubinage », confesse-t-il. Sous forme de scoop, il promet le mariage, « très bientôt » à l’élue de son cœur. En revanche, elle devra lui donner une progéniture en 2014. Aussi peut-elle lui concocter des plats européens ou africains. Il s’adapte à tout. Mais là où le bât pourrait blesser, ce sont les longs appels téléphoniques pour parler de tout et de rien. « Je n’aime pas les coups de fil où on raconte les mêmes choses sans aucun but », renfrogne-t-il pour la première fois en notre présence son visage. Notre astuce pour lui faire plaisir si vous le rencontrez un jour : « lancer simplement ‘’Séguéda’’ son cri de guerre ». Une invite à parler de sa musique. ‘’Bênou’’ qui « ne s’occupe pas de ce qui se raconte dans son dos » va certainement retourner la tête. Vous avez-dit passion ? Et bien, jugez-en vous-mêmes.


Par Sanou A.
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