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Art et Culture Publié le samedi 19 octobre 2013 | Nord-Sud

Amedée Assi, président du Groupement des éditeurs de presse de Côte d’Ivoire (Gepci) : “L’attachement aux politiques n’est pas lié aux salaires”

Croyez-vous que les journalistes sont-ils responsables de la lenteur du processus de réconciliation nationale ?

Les journalistes ont une part de responsabilité. Cela n’est pas du tout lié à leur condition salariale. Je pense que c’est plutôt dû à leur appartenance politique. Les journalistes deviennent des forçats à la solde des hommes politiques. Si on s’en tient à ce qu’on dit, il y a des journalistes qui sont payés à la convention collective et qui sont souvent indexés par le Cnp (Ndlr : Conseil national de la presse). Ce n’est plus une question salariale mais le fait que les hommes de presse n’arrivent pas à se départir de leur lien avec les hommes politiques. Ils pensent que comme ils sont Pdci, Rdr et Fpi, ils doivent penser Pdci, Rdr et Fpi. Ils sont engagés pour leur parti politique au détriment de la coopération.

Il se dit que c’est parce que vous (les patrons de presse) payez mal vos employés que ceux-ci servent les politiciens pour joindre les deux bouts. Est-ce vrai ?

Pas du tout. Il y a quelques journalistes qui, pour faute de moyens, prêtent leur plume à des pratiques pas tout à fait orthodoxes. Pour moi, ce n’est pas un fait majeur. Je siège au Cnp. Et, là-bas, nous statuons sur les manquements aux règles d’éthique et de la déontologie. Les journalistes qui sont souvent interpellés ne sont pas ceux qui sont dans des conditions précaires. Il y a une influence du mauvais traitement salarial, mais, ce n’est pas la cause. Si un journal est proche d’un parti politique et que pour la circonstance on doit, entre parenthèses, lyncher un dissident, il le fera sans état d’âme ; pas parce que les employés sont mal payés. C’est par rapport à la ligne éditoriale. Par contre, c’est parfois dans le domaine économique ou culturel que l’argent intervient. Où des gens vont prendre de l’argent avec des opérateurs ou des artistes pour faire des papiers dans leur intérêt ou contre leurs rivaux.

Qu’est-ce qui amène, selon vous, un rédacteur à reprendre textuellement les paroles incendiaires des politiciens alors ?

Ils ne doivent pas le faire. Ils ont la chance, dans certains cas, d’évoquer la clause de conscience pour refuser d’écrire ce qu’on leur demande de faire. Mais si lui-même croit en ce qu’on lui dit de faire, il le fera. Il y a des journalistes qui ont brandi cette clause, ils sont là. Il revient au concerné de comprendre que sa plume est sacrée. Ce que nous écrivons aujourd’hui nous rattrapera demain. Surtout que le monde change vite. Malheureusement, beaucoup de journalistes sont des militants. Ils ne transcrivent que leurs convictions politiques. C’est pour cela qu’ils sont à l’aise dans cette bassesse.

Est-il possible de voir un jour une presse ivoirienne défaite des pesanteurs politiques et qui fait correctement son travail ?

Je pense que oui. D’abord quand les animateurs de cette presse seront mieux payés. De ce fait, ils seront libres dans la tête. Ensuite, lorsque ceux-ci vont comprendre qu’ils ne doivent pas se laisser utiliser par les hommes politiques. Nous ne devons pas être leurs sofas. C’est un métier qui a des règles et on le fait pour se faire plaisir soi-même. Et ça va arriver. Parce qu’aujourd’hui des journaux comme Tassouman, Agouti penseur et même Le National n’existent plus. Il faut que les journalistes prennent conscience de leur métier et respectent les règles.

SA coll EG (Stagiaire)
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