L’Homme n’est rien ! C’est sous cette note chantée en chœur par la chorale de la paroisse St François Xavier, que les corps sans vie des dix morts de l’accident de la circulation qui a endeuillé le Moronou sont arrivés, samedi dernier, sur l’espace « Le gravier » de M’batto. Une messe de requiem en mémoire des morts y a été dite. Lorsque les camions de type Kia à l’arrière desquels les dix cercueils sont soigneusement disposés arrivent à la place publique, la foule se tient debout pour les accueillir dans un silence de cimetière. Le maire de M’batto présente la situation qu’il qualifie de grande douleur doublée de tristesse inouïe. Dans son homélie, l’Abbé Marcolino Marcel, Curé de la paroisse St François Xavier, demande à Dieu d’accorder le salut aux victimes et de leur pardonner leurs péchés. Ensuite, vient le moment des allocutions. Kouamé Boris, élève en classe de 1ère C au Lycée moderne de M’batto, au nom de ses condisciples, fait couler les larmes à plus d’un. « Nous avons tous le c?ur lourd… Vous étiez allés chercher la perfection et c’est avec un grand désarroi que nous apprenons la nouvelle de votre mort», lance alors le porte-parole des élèves. Les pleurs et lamentations s’intensifient lorsqu’à la fin de son message, Kouamé Boris égrène les noms des dix disparus précédés chaque fois d’un pathétique « Adieu ! ». Arrêtés sous les bâches et alentour, sous le soleil de plomb, les élèves en tenues scolaires ne cessent de s’interroger sur ce drame. Au nom des parents des victimes, M. Ahodjoudoudou Eugène remercie le Gouvernement pour le soutien apporté à travers la prise en charge totale des blessés, hospitalisés pour certain à la PISAM pour d’autre dans des centres de santé de référence. Roberto Zucolini, porte-parole de la Communauté Saint’ Egidio venu de Rome(Italie) pour la circonstance, salue la mémoire de ces morts, qui selon lui, sont partis trop tôt de cette vie. Le directeur de Cabinet du Premier ministre, Ahoua N’doli, qui représente le chef de l’Etat à cette occasion, a dit le Yako du gouvernement aux familles éplorées et aux parents des blessés. Il remet au nom du chef de l’Etat, une somme de 14 750 000 FCFA, à raison d’un million FCFA pour chaque famille des défunts. Pour les six blessés hospitalisés, en plus de la prise en charge médicale, la somme de 500 000 FCFA est remise pour chacune des victimes. Les autres blessés qui ont recouvré la santé perçoivent chacun 250 000 FCFA. Ahoua N’doli, fils de la Région, fait à son tour un geste personnel d’une valeur de 2 900 000 FCFA pour les victimes et les chefs traditionnels avant de les inviter à sécher leurs larmes. Le Lycée moderne de M’batto, établissement d’origine de la quasi-totalité des victimes, fait à son tour parler son c?ur. Le ministère de l’Education nationale et de l’Enseignement technique représenté par son directeur de Cabinet adjoint offre pour sa part deux millions Fcfa pour le soutien aux familles. Le ministre de la Solidarité, de la Famille, de la Femme et de l’Enfant, représenté par son directeur de Cabinet, Fofana Brahima, annonce quant à lui de nombreux dons faits aux familles. Avant la messe de requiem, la levée des corps s’est effectuée aux environs de 11h dans une ambiance aussi lourde, où pleurs et cris de détresse étaient au rendez-vous. La messe achevée, parents, amis et connaissances des défunts se sont rendus au cimetière de M’batto pour procéder à leur enterrement. L’accident de la circulation qui a causé l’émoi dans le Moronou est survenu le 18 octobre. Il a occasionné six morts sur-le-champ. Quatre des blessés graves sont décédés par la suite. Au nombre de 23 personnes, les victimes, des élèves du Lycée moderne pour la plupart, se rendaient ce jour-là à Bongouanou à bord d’un véhicule pick-up en surcharge, quand le pire est arrivé, au niveau du village d’Assa Ouffoué. Le mystère règne toujours à M’batto sur les circonstances dans lesquelles cet accident s’est produit.
COULIBALY Zoumana (envoyé spécial)
COULIBALY Zoumana (envoyé spécial)