Eric Ané, fils de la région du Moronou est aussi connu dans le milieu de la communication. Jeune cadre dynamique, il revient sur les vestiges de la tradition Agni. Il organise en décembre un festival Agni pour magnifier publiquement sa culture à Bongouanou. Dans cet entretien, il nous parle des tenants et aboutissants de ce projet culturel.
Pourquoi un festival des Agni au moment où les événementiels font la pluie et le beau temps dans les zones urbaines ?
Je suis un ressortissant Agni bon teint. J’ai estimé qu’avec les festivals qui fleurissent sur l’ensemble du territoire national dans les régions, il était important que notre région ne soit pas en reste de cette mouvance culturelle. Aujourd’hui, chacun veut promouvoir son patrimoine culturel. D’autant plus qu’au niveau du groupe Akan, le peuple Agni est un peuple particulier. Nous sommes étendus sur le territoire national. Du royaume du Djuablin en descendant par l’Indénié jusqu’au Moronou. Sans oublier le Sanwi , le peuple Agni est fortement représenté sur le territoire national. Nous avons aussi un riche patrimoine culturel. Nous sommes un peuple de civilisation. C’est pour les générations futures que nous prenons l’initiative de préserver notre tradition. Quand vous arrivez dans nos régions beaucoup de nos parents sont en train de regagner la maison du père. Quand les anciens décèdent, ce sont des pans de la culture qui disparaissent avec des connaissances. Dans la génération actuelle ; il ya certains qui ne maîtrisent pas la langue du terroir. On dit nous sommes des Agni d’Abidjan. Il fallait initier quelque chose pour essayer de freiner cette acculturation. C’est une occasion aussi pour nous de revenir sur nos us et coutumes qui font la valeur de l’Agni.
Selon vous qu’est ce qui caractérise le peuple Agni ?
L’Agni est un homme de vertu. Il tisse ses vertus dans l’éducation qu’il reçoit. C’est ce constat qui nous a motivés à créer ce festival. Et à descendre dans la sphère culturelle. C’est prétentieux de faire le portrait d’un Agni. Les grands traits sont que l’Agni est sage. Il est intelligent. Il n’est pas impulsif. Il aime beaucoup la négociation. Il ne va jamais quelque part seul. Il se fait accompagner par plus petit que soit. La notion de respect est très appliquée chez le peuple Agni. Le respect des valeurs traditionnelles est beaucoup respecté dans ce peuple. La royauté est très forte chez les Agni. On ne prend pas la parole en public. Le jeune et l’enfant ne parlent pas à leurs aînés avec la main gauche.
Comment allez-vous y prendre pour mobiliser tous les participants à ce festival ?
Les Chinois ont l’habitude de dire que pour parcourir une distance de mille kilomètres, on commence par un premier pas. Les Agni sont déjà éparpillés sur l’étendue du territoire national. C’est une réalité. Le parler est identique. Il y a le Morofoué, le Sanwi, l’Indénié, le Djuablin, les Anô, les Agni-Abbey. Que ce soient tous ces groupes d’Agni, nous avons le même fondement. C’est dans les mouvements migratoires que nous nous sommes un peu dispersés sur l’ensemble du territoire. Mais au niveau de la culture nous avons beaucoup des choses qu’on peut relier. Dans le parler, les accents diffèrent sinon dans le fonds, c’est pareil. Nous avons les mêmes fêtes. Notamment la fête des ignames, les funérailles, les mariages etc. Ces fêtes se déroulent de la même façon.
Quels sont les temps forts de cette première édition ?
C’est un festival de chants et danses. C’est une occasion de nous rapprocher. Il y aura deux aspects. Notamment intellectuel et scientifique puis festif. Nous allons suivre ces deux approches. Nous prévoyons une grande conférence qui sera donnée par le professeur Simon Ekanza. C’est un éminent historien de renommée internationale. Nous comptons valoriser une musique de notre terroir qui est la musique Ahoussi. On aura un symposium sur la musique Agni en générale. Des ateliers sont prévus pour maîtriser certains rudiments de salutation et les jours de la semaine. Quand certains jeunes arrivent au village, il fuit les échanges de civilité. Il y aura aussi une nuit de prestation où les différents groupes Ahoussi viendront pour jouer jusqu’au petit matin. Nous avons aussi une lucarne pour certains artistes qui font la musique moderne tels que Ama Hélène, Mathey et bien d’autres chansonniers. Nous leur donnons la possibilité de s’exprimer sur ces deux jours. Nous sommes tous autour du fleuve Comoe.
Les différentes royautés en pays Agni prendront-elles effectivement part ?
Il existe un roi dans le Djuablin, le Sanwi, l’Indénié. Mais dans le Moronou, il n’existe pas de roi. Il existe une chaise royale mais pas de roi. Pour le moment on ne parle pas du royaume du Morofoué. Quand on parle de valeur traditionnelle, les têtes couronnées sont les sommets. C’est pour cela que nous avons placé le festival sous le haut patronage de sa Majesté Nanan Boa Kouassi III, roi d’Abengourou. Le festival va se dérouler à Bongouanou. C’est un festival qui se veut itinérant. L’année prochaine, le comité scientifique choisira une autre ville pour abriter ce festival. Nous ne voulons pas de connexion avec une quelconque mouvance politique. Nous n’avons aucune accointance avec un parti politique. Notre objectif est d’avoir une activité qui va impacter le peuple Agni. Nous nous attendons à moins cinq mille personnes pour un départ. Notre priorité n’est pas le nombre de festivaliers, mais c’est d’exister.
Vous choisissez une période où la fête des ignames occupe une place de choix dans la tradition. Pourquoi une telle coïncidence ?
C’est vrai que la fête des ignames est un moment privilégié chez les Agni. Il y a uniquement que trois villages qui célèbrent la fête des ignames. Il s’agit de Akakro, Abongoua et Arrah. C’est en décembre que les parents sont beaucoup libres. Ils ont fini les travaux champêtres. Ils se retrouvent à cette période pour fêter la fin d’année et bien entrer dans la nouvelle année. Les fêtes d’ignames interviendront deux ou trois semaines après notre festival.
Avez-vous l’impression que les ressortissants des régions concernées sont-ils réellement motivés pour ce premier jet ?
Nous sommes heureux de voir que les Agni réagissent manifestement à notre projet. Depuis la diaspora, je reçois des appels. Cela nous fait énormément plaisir. Cela nous encourage à aller de l’avant. Généralement, on part au village les vendredis pour des funérailles. Pour une fois, je voudrais surtout inviter notre génération à y aller passer le temps d’un week-end. Pas pour pleurer mais pour célébrer sa culture. Nous devrons retourner au village pour apprendre notre coutume avec quelques anciens. Les chefs de village sont aujourd’hui des retraités qui prennent la relève. C’est parce qu’ils ont reçu des savoirs à temps. Il faut ramener l’époque où à chaque vacances, nos parents nous amenaient au village. Nous voulons inculquer à la nouvelle génération le reflexe du retour au terroir.
Entretien réalisé par
Aimé Dinguy’s N
Pourquoi un festival des Agni au moment où les événementiels font la pluie et le beau temps dans les zones urbaines ?
Je suis un ressortissant Agni bon teint. J’ai estimé qu’avec les festivals qui fleurissent sur l’ensemble du territoire national dans les régions, il était important que notre région ne soit pas en reste de cette mouvance culturelle. Aujourd’hui, chacun veut promouvoir son patrimoine culturel. D’autant plus qu’au niveau du groupe Akan, le peuple Agni est un peuple particulier. Nous sommes étendus sur le territoire national. Du royaume du Djuablin en descendant par l’Indénié jusqu’au Moronou. Sans oublier le Sanwi , le peuple Agni est fortement représenté sur le territoire national. Nous avons aussi un riche patrimoine culturel. Nous sommes un peuple de civilisation. C’est pour les générations futures que nous prenons l’initiative de préserver notre tradition. Quand vous arrivez dans nos régions beaucoup de nos parents sont en train de regagner la maison du père. Quand les anciens décèdent, ce sont des pans de la culture qui disparaissent avec des connaissances. Dans la génération actuelle ; il ya certains qui ne maîtrisent pas la langue du terroir. On dit nous sommes des Agni d’Abidjan. Il fallait initier quelque chose pour essayer de freiner cette acculturation. C’est une occasion aussi pour nous de revenir sur nos us et coutumes qui font la valeur de l’Agni.
Selon vous qu’est ce qui caractérise le peuple Agni ?
L’Agni est un homme de vertu. Il tisse ses vertus dans l’éducation qu’il reçoit. C’est ce constat qui nous a motivés à créer ce festival. Et à descendre dans la sphère culturelle. C’est prétentieux de faire le portrait d’un Agni. Les grands traits sont que l’Agni est sage. Il est intelligent. Il n’est pas impulsif. Il aime beaucoup la négociation. Il ne va jamais quelque part seul. Il se fait accompagner par plus petit que soit. La notion de respect est très appliquée chez le peuple Agni. Le respect des valeurs traditionnelles est beaucoup respecté dans ce peuple. La royauté est très forte chez les Agni. On ne prend pas la parole en public. Le jeune et l’enfant ne parlent pas à leurs aînés avec la main gauche.
Comment allez-vous y prendre pour mobiliser tous les participants à ce festival ?
Les Chinois ont l’habitude de dire que pour parcourir une distance de mille kilomètres, on commence par un premier pas. Les Agni sont déjà éparpillés sur l’étendue du territoire national. C’est une réalité. Le parler est identique. Il y a le Morofoué, le Sanwi, l’Indénié, le Djuablin, les Anô, les Agni-Abbey. Que ce soient tous ces groupes d’Agni, nous avons le même fondement. C’est dans les mouvements migratoires que nous nous sommes un peu dispersés sur l’ensemble du territoire. Mais au niveau de la culture nous avons beaucoup des choses qu’on peut relier. Dans le parler, les accents diffèrent sinon dans le fonds, c’est pareil. Nous avons les mêmes fêtes. Notamment la fête des ignames, les funérailles, les mariages etc. Ces fêtes se déroulent de la même façon.
Quels sont les temps forts de cette première édition ?
C’est un festival de chants et danses. C’est une occasion de nous rapprocher. Il y aura deux aspects. Notamment intellectuel et scientifique puis festif. Nous allons suivre ces deux approches. Nous prévoyons une grande conférence qui sera donnée par le professeur Simon Ekanza. C’est un éminent historien de renommée internationale. Nous comptons valoriser une musique de notre terroir qui est la musique Ahoussi. On aura un symposium sur la musique Agni en générale. Des ateliers sont prévus pour maîtriser certains rudiments de salutation et les jours de la semaine. Quand certains jeunes arrivent au village, il fuit les échanges de civilité. Il y aura aussi une nuit de prestation où les différents groupes Ahoussi viendront pour jouer jusqu’au petit matin. Nous avons aussi une lucarne pour certains artistes qui font la musique moderne tels que Ama Hélène, Mathey et bien d’autres chansonniers. Nous leur donnons la possibilité de s’exprimer sur ces deux jours. Nous sommes tous autour du fleuve Comoe.
Les différentes royautés en pays Agni prendront-elles effectivement part ?
Il existe un roi dans le Djuablin, le Sanwi, l’Indénié. Mais dans le Moronou, il n’existe pas de roi. Il existe une chaise royale mais pas de roi. Pour le moment on ne parle pas du royaume du Morofoué. Quand on parle de valeur traditionnelle, les têtes couronnées sont les sommets. C’est pour cela que nous avons placé le festival sous le haut patronage de sa Majesté Nanan Boa Kouassi III, roi d’Abengourou. Le festival va se dérouler à Bongouanou. C’est un festival qui se veut itinérant. L’année prochaine, le comité scientifique choisira une autre ville pour abriter ce festival. Nous ne voulons pas de connexion avec une quelconque mouvance politique. Nous n’avons aucune accointance avec un parti politique. Notre objectif est d’avoir une activité qui va impacter le peuple Agni. Nous nous attendons à moins cinq mille personnes pour un départ. Notre priorité n’est pas le nombre de festivaliers, mais c’est d’exister.
Vous choisissez une période où la fête des ignames occupe une place de choix dans la tradition. Pourquoi une telle coïncidence ?
C’est vrai que la fête des ignames est un moment privilégié chez les Agni. Il y a uniquement que trois villages qui célèbrent la fête des ignames. Il s’agit de Akakro, Abongoua et Arrah. C’est en décembre que les parents sont beaucoup libres. Ils ont fini les travaux champêtres. Ils se retrouvent à cette période pour fêter la fin d’année et bien entrer dans la nouvelle année. Les fêtes d’ignames interviendront deux ou trois semaines après notre festival.
Avez-vous l’impression que les ressortissants des régions concernées sont-ils réellement motivés pour ce premier jet ?
Nous sommes heureux de voir que les Agni réagissent manifestement à notre projet. Depuis la diaspora, je reçois des appels. Cela nous fait énormément plaisir. Cela nous encourage à aller de l’avant. Généralement, on part au village les vendredis pour des funérailles. Pour une fois, je voudrais surtout inviter notre génération à y aller passer le temps d’un week-end. Pas pour pleurer mais pour célébrer sa culture. Nous devrons retourner au village pour apprendre notre coutume avec quelques anciens. Les chefs de village sont aujourd’hui des retraités qui prennent la relève. C’est parce qu’ils ont reçu des savoirs à temps. Il faut ramener l’époque où à chaque vacances, nos parents nous amenaient au village. Nous voulons inculquer à la nouvelle génération le reflexe du retour au terroir.
Entretien réalisé par
Aimé Dinguy’s N