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Société Publié le lundi 11 novembre 2013 | Le Mandat

Agboville/ Après les attaques armées : A Laoguié, on vit “la peur au ventre’’

A Laoguié, village situé à 6 Km d’Agboville, des habitants apeurés, craignant pour la plupart, des représailles des Forces républicaines de Côte d’Ivoire (FRCI), continuent de vivre “la peur au ventre’’ deux semaines après l’attaque dans ce village d’un check-point de l’armée, par des inconnus encagoulés.

Ruelles broussailleuses désertes, Laoguié ressemble à un village fantôme. Seuls sont audibles les vrombissements des moteurs des véhicules et autres motos qui empruntent l’artère principale bitumée qui traverse cette petite agglomération rurale d’environ 1.500 âmes. Majoritairement des autochtones Abbey, considérés comme des partisans de l'ancien président Laurent Gbagbo.

Le 26 octobre, cinq individus “encagoulés’’ et “armés de kalachnikovs et de grenades’’ avaient, selon le ministère de la Défense, tiré dans la matinée sur le check-point des FRCI situé à l’entrée de ce village paisible, à proximité de l’unique école primaire, sans faire de morts ni de blessés.

Les assaillants ayant pris la fuite, le détachement des FRCI de Grand-Morié, localité voisine, avait mené un ratissage qui a abouti à des arrestations. Six personnes dont deux femmes relâchées par la suite, selon Armand Collin, la quarantaine environ et ancien responsable de l’association des jeunes. “Mais le village est toujours sans nouvelles des quatre autres qui sont des jeunes du village’’, s’empresse-t-il d’ajouter. Depuis, “près de 200 villageois’’ ont choisi de se refugier dans leurs plantations ou des campements voisins, pour dit-il éviter “les humiliations, les bastonnades et les arrestations sans raisons’’. “Nous vivons la peur au ventre.

Nos parents ne sont plus à l’aise. Le village est pratiquement désert parce que les gens ont choisi de se refugier en brousse. N’eût été mon état de santé, je serai moi aussi avec eux’’, affirme-t-il. Après l’attaque, la sécurité a été renforcée. Un détachement de gendarmes, armes au poing et visages fermés, sillonnent à intervalles de temps réguliers le village dont les habitants n’ont jamais eu, en réalité, des rapports très amicaux avec les soldats FRCI. Le jeune homme dit douter de la véracité de l’attaque du 26 octobre.

“Jusqu’à présent, nous-mêmes ici au village, ne savons rien de leur soi-disant attaque. Vers 6H00 du matin ce jour-là, nous avons entendu des tirs pendant une quinzaine de minutes’’, explique t-il. “Quelques heures après, les FRCI sont venus en grand nombre pour arrêter certains de nos frères. C’est archi-faux, nous n’avons attaqué personne’,’ tranche-t-il. Mohamed Kanté, chauffeur de taxi à Agboville, lui croit savoir que cette attaque est la conséquence d’un conflit interne aux militaires. “C’est une affaire entre les FRCI’’, assure-t-il, avant de s’interroger : “Comment les autochtones peuvent-ils s’attaquer à des soldats plus armés qu’eux, sans s’en prendre à la population civile ?’’.

Jeudi, plusieurs unités des FRCI, police, gendarmerie ont pris d’assaut les villages de la région dans le cadre d’une opération dénommée “Téré’’ (soleil en langue malinké) pour selon l’Etat-major des armées, combattre le grand banditisme en débusquant les bandes armées.

Après la crise post-électorale de décembre 2010-avril 2011, les attaques d’inconnus armés contre des positions de l’armée s’étaient multipliées à Abidjan et à l’intérieur du pays, notamment à Agboville, avant de connaître une accalmie. Le département d’Agboville a enregistré six attaques en quatorze mois. Plusieurs fois, le gouvernement avait imputé ces attaques meurtrières et souvent accompagnées de vol d’armes et de munitions, à des partisans de l’ancien président Laurent Gbagbo. Ce qu’a toujours démenti son parti, le Front populaire ivoirien (FPI).
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