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Politique Publié le mardi 3 décembre 2013 | Nord-Sud

Ouata Babacar, directeur de l’administration pénitentiaire : “Une force spéciale sera créée pour les prisons”

Un mois (29 octobre- 28 novembre) après sa prise de fonction, le nouveau directeur de l’administration pénitentiaire annonce, dans cette interview exclusive qu’il nous a accordée, la création d’une brigade spéciale d’intervention rapide pour contrer toute tentative d’évasion.


Combien de prisons compte la Côte d’Ivoire ?

Il y a actuellement 33 prisons dont la plus grande est celle d’Abidjan (Maison d’arrêt et de correction d’Abidjan, ndlr). Chaque tribunal a une grande prison. Chaque section de tribunal possède également une prison. On a ouvert les tribunaux de Sinfra et de Guiglo. La construction des prisons de ces deux villes va se faire éminemment.

Les prisons existantes suffisent-elles ?

Il faut savoir que les prisons sont reliées aux juridictions. Nous avons 35 juridictions actuellement. Alors nous devons avoir en principe 35 prisons. C’est vrai, dans le passé, on avait des prisons où on pouvait déporter de grands gangsters et de grands criminels. Mais cette façon de procéder n’a plus court. Les prisons sont liées aux juridictions. Donc il faut autant de prisons que de juridictions. Si on doit étendre les pénitenciers, il faut qu’on adopte l’ancien système. Il consiste à créer des camps pénaux. Ces prisons spéciales recevront les criminels les plus dangereux. Ces maisons spéciales vont pouvoir recevoir un certain nombre de détenus dont les critères seront arrêtés. Sinon dans le principe, c’est que chaque prison correspond à une juridiction.

Cela veut dire qu’il faut d’autres prisons ?

Il faut en construire d’autres. L’Etat a prévu d’en faire une dizaine dans les années à venir. Au niveau du ministère de la Construction et de nos services, un comité paritaire est en train de faire des études sur la faisabilité de ce projet pour sortir les coûts et bien d’autres données. Nos partenaires internationaux comme l’Union européenne; l’Onuci (Opération des Nations unies en Côte d’Ivoire, ndlr), ont aussi décidé de nous aider pour la construction de ces nouvelles maisons d’arrêt et de correction. Des études sont en cours sur la prison de San-Pédro. Concernant la construction du pénitencier de Guiglo, l’Onuci est en train de voir la faisabilité. Elle s’attèle aussi à aménager le Com d’Abidjan (Centre d’observation des mineurs, ndlr). Il s’agit de faire sortir les mineurs de 18 ans du milieu carcéral des majeurs.

Quelle est la capacité d’accueil de la Maison d’arrêt et de correction d’Abidjan (Maca) ?

C’est une maison qui a été construite pour 1500 places. Aujourd’hui (jeudi 28 novembre, ndlr), nous sommes à plus de 4000 prisonniers. Nous sommes en surpopulation. Mais ce n’est pas la seule prison qui est surpeuplée. Presque toutes les maisons d’arrêt et de correction des tribunaux de l’intérieur du pays vivent la même situation. Nos prisons sont surpeuplées.

Cette surpopulation carcérale n’est-elle pas liée au non-respect des normes de construction d’une prison?

Vous avez raison. En ce qui concerne l’occupation de l’espace, nous avons deux mesures. Il y a une norme qui tient compte d’une capacité de 5 mètres carrés par détenu. Le prisonnier est alors dans les conditions idéales de vie et de respect de sa dignité. D’autres prisons vont jusqu’à 2,5 mètres carrés d’espace de détention. Jusque-là les normes sont respectées. Le prisonnier peut avoir un espace où il peut déposer sa literie, sa table et éventuellement sa chaise de travail. Mais en deçà de ces chiffres, on tombe dans la surpopulation. Et la plupart de nos prisons sont dans cette catégorie où les matelas s’empilent les uns sur les autres.

La construction de dix nouvelles maisons d’arrêt et de correction peut-elle résoudre le problème ?

Oui. Cela va permettre de faire de la place dans les prisons. On va déporter vers ces maisons d’arrêt et de correction les détenus les plus dangereux. Il faut ajouter à cette liste les bagnards qui ont de longues peines d’emprisonnement; les détenus qui ont commis un certain nombre d’infractions qui seront déterminées. Cela va faire de la place dans les autres prisons de sorte que les pensionnaires auront beaucoup plus d’espaces vitaux. La construction de ces nouveaux pénitenciers va désengorger les prisons existantes.

Peut-on savoir les villes retenues pour accueillir les nouvelles prisons ?

Nous aurons trois nouvelles prisons à Abidjan. Nous sommes en train de construire le tribunal de la commune d’Abobo qui doit avoir une prison. Il y a aussi le tribunal de Port-Bouët qui va avoir son pénitencier. Nous allons construire également une maison d’arrêt et de correction à Bingerville. A l’intérieur du pays, nous avons Sinfra, Guiglo et 4 autres villes. En somme, il y a 6 villes de l’intérieur du pays qui ont été retenues dans le cadre du projet de construction de ces nouvelles prisons.

Trois mille détenus ont bénéficié de la grâce présidentielle, en septembre dernier. Combien de personnes ont-elles déjà été libérées ?

Nous avons libéré tous ceux qui n’avaient pas formé appel de leur décision. Ils sont tous sortis de prison. Il reste certains prisonniers qui ont interjeté appel de leur décision et pour lesquels la cour d’appel est en train de traiter les procédures. Ça va vite parce que ce sont des procédures en urgence. Avant fin décembre (2013, ndlr), tous les prisonniers graciés seront dehors. Aujourd’hui, nous sommes à 2600 détenus bénéficiant de la grâce présidentielle qui sont sortis des 33 prisons de la Côte d’Ivoire. Ils ont été incarcérés pour des délits mineurs: abus de confiance, violation de domicile, coups et blessures volontaires.

Les gardes pénitentiaires dénoncent le manque de moyens pour accomplir leur mission de sécurisation des prisons et des détenus. Quelles réponses pouvez-vous donner ?
A ce niveau, il faut qu’on éclaire l’opinion. Parmi les agents pénitentiaires, il y a des gardes qui sont en contact direct avec les détenus. Ce sont les agents d’encadrement. Ces agents à l’intérieur de la prison ne doivent pas porter d’armes. Parce que ces armes peuvent se retourner contre eux-mêmes si les détenus les leur arrachent. Il y a également des gardes pénitentiaires qui sont chargés, en principe, d’assurer la sécurité péri-métrique de la prison. Ces gardes sont dotés en armes. Les éléments qui sont censés être dans les miradors doivent être fournis en armes. Avant la crise postélectorale (décembre 2010 à avril 2011, ndlr), toutes les prisons avaient des armes. La Maca avait une trentaine d’armes à feu. A la faveur de la crise, toutes ces armes ont été emportées. Le pays étant sous embargo, il n’est pas facile pour l’Etat de trouver des armes et les mettre à la disposition de ceux qui doivent les utiliser. L’Etat essaie, tant bien que mal, de se fournir en armes. Nous avons reçu une dotation de dix kalachnikovs. Nous allons les repartir sur les prisons les plus sensibles comme celle de Saliakro (Dimbokro, ndlr) qui est un champ pénitencier et celle de Yopougon (Maca, ndlr). Au-delà de cela, tant que nous n’avons pas de dotation d’armes, les gardes vont travailler avec les moyens qu’ils ont. Mais la plupart des maisons d’arrêt et de correction ont au minimum une arme. Même si ce n’est pas suffisant, nous faisons avec ce que l’Etat nous donne le temps que l’embargo demeurera.

Ils redoutent d’être la cible d’attaques pendant le convoyage des détenus.

Je suis entièrement d’accord avec eux. Normalement, cette fonction n’est pas réservée aux gardes pénitentiaires. C’est une mission confiée à la police et à la gendarmerie. C’est dans le dysfonctionnement de nos activités que nous les réservons aux gardes pénitentiaires. Nous sommes chargés de recevoir le détenu que le parquet et le juge d’instruction nous envoient. Notre mission est de le garder et de le mettre à leur disposition avec des ordres de transfèrement. Au-delà, notre responsabilité n’est pas engagée. Par méconnaissance des textes, nos gardes sont obligés de convoyer les détenus jusque dans les différentes prisons avec le manque d’armes. C’est effectivement dangereux. Mais nous envisageons, si cette politique était admise par nos autorités supérieures, de mettre en place une brigade d’escorte et de sécurité. Elle va comporter des éléments formés par nos forces de l’ordre. Elle aura sa dotation en arme pour faire en toute sécurité l’escorte. Cette brigade va assurer la sécurité péri-métrique des prisons, mais aussi dans les cellules des détenus. Nous comptons avoir aussi une brigade d’intervention rapide. Elle aura pour mission de dénouer toute crise pénitentiaire, toute mutinerie pénitentiaire. La brigade d’intervention rapide va permettre de lancer des opérations de fouilles massives et ponctuelles dans les pénitenciers. C’est une force spéciale de la maison pénitentiaire. Nous avons cela en projet. Nous voulons aussi mettre en place une brigade de surveillance qui est le travail normal de nos gardes. Et puis, une brigade de police qui va permettre de faire des enquêtes sur des faits infractionnels qui sont commis par nos agents ou par les détenus ou entre les détenus ou encore entre les prisonniers et leurs parents ou bien entre les agents et les parents de détenus. En somme, tout ce qui va concerner les faits infractionnels de nos cités. Cette brigade va se charger de mener la première enquête avant de le déférer devant les autorités de polices judiciaires.

En attendant, les gardes pénitentiaires réclament des primes de risques.

Cette question de prime est liée aux différents textes réglementaires qui régulent la fonction de garde pénitentiaire. Il s’agit d’un problème d’interprétation des textes. En réalité, les geôliers sont des corps paramilitaires comme les autres corps tels que la douane, les eaux et forêts et la police. Ces corps ont des primes qui ont été fixées par les différents textes spéciaux. En ce qui concerne les gardes pénitentiaires, un texte vient aussi fixer ces primes. Ils veulent simplement que cela soit harmonisé sur tous les autres corps. Ils se sentent comme des laissés-pour-compte. Des démarches sont en train d’être faites. Le ministre Gnénéma Coulibaly a pris fait et cause pour eux. Il entend saisir les autorités qui peuvent donner une réponse. Nous sommes en train de préparer les textes pour que cela remontent à ces autorités.

Il y a une polémique sur leur dénomination. Les geôliers estiment qu’on doit les appeler police pénitentiaire. Où se situe la vérité ?

Cette appellation provient du fait qu’ils ont été formés par la police. Quand on recrute un contingent d’agents pénitentiaires, c’est la police qui se charge de leur formation. Ce n’est pas une dénomination officielle. Cette dénomination ne leur sied pas. Elle ne se trouve dans aucun texte. Elle n’existe même pas dans notre jargon. C’est parce qu’ils ont été formés à la police. Ils ont bien aimé cette désignation. Sinon, ce sont des agents d’encadrement; des contrôleurs pénitentiaires et des attachés pénitentiaires. Il y a un corps d’administrateur pénitentiaire qui sera créé bientôt.

L’on a assisté à des évasions à répétition cette année. Quel est le problème ?

Il faut dire que tout n’est pas le fait des agents. Les évasions proviennent aussi de la vétusté de nos bâtiments. Il y a des maisons d’arrêt et de correction où il suffit de soulever la tôle pour se retrouver dehors. Il y a des prisons où il n’y a pas de clôture. Ce qui sert de clôture ce sont les habitations qui sont autour de cette prison. Nous avons des maisons d’arrêt où les clôtures n’ont pas de mirador. Les gardes sont à même le sol. Ils ne peuvent pas savoir ce qui se passe sur une toiture. En général, c’est au cours des pluies que ces évasions ont lieu. On n’entend pas le bruit des tôles qui sont en train d’être défoncées. Donc, c’est facile pour ces détenus de partir. Concernant la Maca, le problème des évasions est lié à un mal- vivre. Parce que le détenu est un homme de la société qui, à un moment donné, a fauté. Il s’est retrouvé incarcéré pour subir la sanction de la loi. Mais le traitement qui est infligé aux détenus n’est pas de leur goût. Ils estiment qu’être dehors est préférable. Ce qu’ils pensent, c’est s’en aller. Le prisonnier, tout ce qu’il a à cogiter, c’est comment sortir de la prison par la voie normale ou par la voie extraordinaire qu’est l’évasion. Il nous appartient de les devancer dans leurs réflexions. J’ai dit à mes régisseurs que s’ils veulent savoir comment contrer ces évasions, ils doivent être proches des prisonniers. Nous ne pouvons pas être loin d’une maison et savoir ce qui s’y passe. Ils sont chargés de leur surveillance. Ils doivent donc penser comme eux. Ils doivent les connaître dans leur attitude et dans leur caractère. Cela veut dire qu’ils doivent être proches de ces détenus. Ils doivent les avoir à l’œil et avoir une surveillance constante. La seconde étape, c’est de faire des rondes. Le travail étant toujours le même, il s’installe quelquefois de la lassitude, des réflexes, de la monotonie. A la fin, ils ne sont plus concentrés sur leur travail. Mais il faut chaque jour se remettre en cause. Il faut que la garde soit bien assurée. Comme l’ont recommandé nos partenaires qui ont des expertises en la matière, il faut compter les prisonniers. De sorte que lorsqu’il y en a un qui n’est pas là pendant une heure, il faut se demander où il se trouve. Il faut aller le chercher. Donc, il faut connaître les détenus. Il faut être proche d’eux. Il faut leur montrer que leur détention est une situation provisoire d’où ils sortiront. Le troisième élément consiste en la réinsertion des prisonniers. La préparation à la réinsertion. Quand le bagnard sait que la détention lui a permis d’avoir une activité qui va lui permettre de se réinsérer dans la société, il n’a aucun intérêt à s’en aller. Il attend de purger sa peine et d’apprendre suffisamment. Et à sa sortie de prison, aller monnayer ce qu’il a appris. C’est l’un de nos combats avec des partenaires internationaux comme l’Onuci qui est prête à nous accompagner. Je sais que nous allons aller très loin dans ce combat.

En juillet, un incident s’est produit au parloir de la Maca entre les geôliers et un groupe de prisonniers dont Coulibaly Yacouba alias Yacou le Chinois. Une mutinerie pénitentiaire a été évitée de justesse. Quelle est la procédure à suivre pour les visites de détenus?

Les visites rentrent dans le même cadre que la monotonie, la lassitude et les mauvais réflexes qu’ont pris les agents dans le cadre de leur travail. Normalement, le parloir est tenu par des gardes pénitentiaires. Mais aujourd’hui, quand vous allez dans les prisons dont la Maca, le parloir est surveillé par des prisonniers. Ce qui n’est pas normal. Nous avons attiré l’attention des uns et des autres pour que cela change. Ce changement n’est pas totalement du goût de nombreuses personnes parce qu’il ne faut pas se le cacher, beaucoup de trafics sont faits à ce niveau.

De quels types de trafics s’agit-il?

Par exemple, lorsque le visiteur arrive au parloir de la prison pour qu’on aille appeler son parent (détenu, ndlr), il doit payer un droit de passe. Quand le parent du détenu se présente pour rentrer dans le parloir, c’est un usage qui date de très longtemps, il paie de l’argent. C’est pareil lorsque le colis alimentaire et vestimentaire arrive il faut aussi payer un droit de passe. C’est ce trafic que certains gardes ne veulent pas voir disparaître. Nous allons combattre ce trafic. Nous avons déjà supprimé les frais de permis de communiquer. C’est-à-dire que lorsque vous voulez aller visiter un parent emprisonné, auparavant, à la Maca, vous payez un droit de visite (1000 Fcfa et 2000F Cfa), sur instruction du ministre de la Justice. Ce tarif a été supprimé. Nous irons plus loin. Tout ce qui concerne les abus d’autorité à l’intérieur des prisons, notamment les droits de passe, doivent cesser définitivement. C’est une lutte que nous devons mener. Elle ne sera facile parce qu’il y a des intérêts en jeu mais nous n’allons pas reculer.

Il existe aussi des réseaux de trafics de drogues alimentés par des détenus. Pouvez-vous nous en dire un peu plus?

C’est l’un des gros problèmes de nos prisons. Il y a beaucoup de trafics. A l’intérieur, c’est plus facile à juguler. Il suffit que le régisseur soit vigilant en surveillant mieux ses hommes et les détenus pour qu’on puisse ramener le trafic de drogue à un niveau très bas.

Et les cas de malnutrition ?

A ce niveau, c’est un problème de formation de nos régisseurs. Nous avons en Côte d’Ivoire des aliments qui contiennent suffisamment de vitamines, de sels minéraux, de protéines pour pouvoir remplacer l’aliment que nous voulons forcément donner à nos détenus. Nous avons des aliments du terroir qui contiennent tous les nutriments nécessaires. Cependant, on donne du riz, des ignames, du maïs. Cela est accompagné de feuilles issues de nos maraîchers… C’est tout cela que nous sommes en train de changer. Nous avons instruit pour que le budget de l’année prochaine prenne en compte le petit-déjeuner et le déjeuner pour équilibrer l’alimentation des détenus. Sur ce plan, nous avons l’appui important du Cicr (Comité international de la Croix Rouge, ndlr). Le 4 octobre dernier, nous avons fait un séminaire où nous avons formé les régisseurs quant à l’alimentation qu’ils doivent donner à nos prisonniers. Le Cicr apporte aussi des compléments nutritionnels pour enrichir l’alimentation pour pallier les cas de malnutritions.

Qu’est-ce qu’un prisonnier doit manger?

Il faut une alimentation riche en protéines. Elle peut être d’origine animale ou végétale. Il a aussi besoin de lipides et de vitamines A et C. Le haricot est un aliment adapté qui nous donnons aux prisonniers. Il y a aussi le soja et les ignames qui contiennent des féculents. Il faut trouver des additifs en protéine animale. Même si ce n’est pas toute la semaine, il faut au moins nourrir deux fois de façon normale les détenus. Cela est difficile parce que la viande est chère. Les budgets que nos régisseurs ont ne peuvent pas leur permettre de se payer ce luxe.

Combien coûte un détenu par jour ?

Le ratio international d’un détenu, en application de la loi de 1932, c’est 1600Fcfa par jour. Nous avons fait nos calculs en tenant compte de nos réalités. Pour qu’un homme mange normalement, il lui faut 600 Fcfa par jour. Mais aujourd’hui, à cause de l’augmentation de la population carcérale, nous nous retrouvons entre 350 Fcfa et 300 Fcfa pour un prisonnier par jour. L’alimentation devient donc systématiquement insuffisante. Il faut des compléments alimentaires. Les organismes internationaux nous aident dans ce sens en attendant que les prochains budgets soient mis en place. Toutefois, l’Etat a décidé de revoir à la hausse ce budget en nous accordant un excédent qui va s’ajouter l’année prochaine.

Selon nos sources, l’homosexualité est répandue dans les différentes cellules de la Maca tant au bâtiment des femmes que chez les hommes. Qu’en dites-vous ?

Ce sont des pratiques inhérentes à la nature humaine. Ce sont des pratiques que les gens ont en dehors de la prison et avec lesquelles ils s’introduisent dans le pénitencier. Ces personnes-là poursuivent leurs pratiques dans la prison. Malheureusement, elles trouvent des gens qui deviennent leurs victimes. En revanche, nous avons demandé aux régisseurs de veiller à la santé mentale des détenus. C’est-à-dire d’être une écoute. De sorte que lorsqu’un pensionnaire fait l’objet d’un harcèlement, quel que soit le motif, qu’ils nous préviennent immédiatement. Nous avons des possibilités de faire des transfèrements de prisonniers. Quand un détenu devient dangereux pour une prison, nous pouvons le transférer dans une autre maison d’arrêt et de correction plus sécurisée et mieux encadrée. Donc sur ce plan, les régisseurs sont devenus plus conciliants avec les bagnards et ils sont plus à leur écoute. Cela est déjà un moyen pour désamorcer ces questions. Il y a aussi le fait que le manque d’alimentation appropriée amène certains prisonniers à se prostituer pour avoir la pitance. En échange d’une relation sexuelle, il a de l’argent ou de la nourriture. En général, cela se passe entre les hommes. C’est une question de survie. En somme, en améliorant l’alimentation et les conditions de détention, nous pouvons mettre fin à ce phénomène. L’homosexualité est bien une réalité dans nos prisons. Il ne faut pas se voiler la face. Si on veut lutter contre le fléau, il faut poser le diagnostic. Nous avons instruit les régisseurs de veiller sur la question pour ramener le phénomène à un taux réduit. Les régisseurs ont pris conscience. Ils travaillent dans ce sens. Nous sommes en train de leur inculquer cela comme réflexe.

Réalisée par Ouattara Moussa
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