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Société Publié le jeudi 5 décembre 2013 | Le Patriote

Attécoubé-quartier Lacman : la population fait échouer un déguerpissement

Chaude matinée hier au sous quartier Lacman, dans la commune d’Attécoubé. Les habitants de ces lieux ont eu la désagréable surprise de voir des policiers de la préfecture de police d’Abidjan effectuer une descente dans leur cité. Sans crier gare, les flics rentrent dans des maisons et commencent à faire sortir toutes les affaires. Mis devant l’évidence d’un déguerpissement forcé, les habitants, à commencer par les jeunes, se mobilisent pour s’opposer aux forces de l’ordre. La tension monte très vite et des échauffourées éclatent entre les deux parties. Après une trentaine de minutes d’accrochage, les policiers, ne s’attendant certainement pas à une telle résistance de la part des habitants, replient sur leur base. Mais pour combien de temps ? s’interrogent les habitants de lacman. En effet, selon Coulibaly Issouf, un meneur de la résistance, cette tentative de déguerpissement est l’un des épisodes d’un feuilleton qui a démarré il y a de cela trois semaines environ. « Depuis un moment, l’assureur Maci est venu nous voir pour dire qu’il est le propriétaire du terrain et qu’il l’a vendu à des opérateurs marocains. Ce sont ces opérateurs qui ont pris un huissier de justice pour mener le déguerpissement. Pourtant, nous avons hérité de ce terrain de nos parents qui ont travaillé pour le compte de la scierie SEPC », explique M. Coulibaly. Le vieux Traoré Moussa, un résident du quartier depuis 1964 et également ex-employé de la scierie SEPC déplore quant à lui la manière dont les choses se passent. Cela d’autant plus que les habitants de ce quartier sont des victimes de guerre. En effet, au plus fort de la crise post électorale, le quartier lacman a été entièrement brûlé par les miliciens à la solde du Président Laurent Gbagbo. N’ayant plus les moyens de construire des maisons en dur, les survivants ont construit des habitations en bois pour y loger. « Nous sommes des victimes de guerre. Les autorités savent ce que nous avons subi. Nous n’avons même pas été dédommagés et aujourd’hui on nous demande de partir. Mais où ? Nous avons des droits, qu’on respecte au moins nos droits », revendique le vieux Traoré. Les habitants, poursuit-il, ne refusent pas de partir, mais « qu’on nous trouve un site de recasement ». La chefferie du village de Locodjro qui se réclame propriétaire des 25 hectares en question a intenté une action en justice contre la Maci. Pour M. Koutouan Lucien, président de la commission du foncier de la chefferie, il est évident que cette entreprise n’est pas le propriétaire de ce terrain qu’elle a vendu à une tierce personne. « Nous leur avons demandé de nous verser les purges coutumières, mais ils n’ont pas pu le faire puisqu’ils n’ont aucun document prouvant qu’ils sont les propriétaires », explique M. Koutouan. L’affaire, indique t-il, est toujours pendante devant la justice et en aucun cas, il ne peut être question de déguerpissement.


Dao Maïmouna
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