Pour cette fois, on peut le dire : ce n’est pas une visite d’Etat que s’apprête à faire le président Alassane Ouattara. Mais un pèlerinage. La venue du chef de l’Etat à Yamoussoukro et dans le Bélier a quelque chose de spécial, en ce sens qu’il revêt plusieurs symboles. Alassane Ouattara est un Houphouétiste dans l’âme. Et chaque jour que Dieu fait, ses actes et paroles démontrent qu’Houphouët-Boigny, celui qui l’a initié à la politique, est vraiment son père spirituel. Pour donc continuer son ?uvre, quoi de plus normal qu’un retour aux sources. Alassane Ouattara a presque tout eu de Félix Houphouët-Boigny, qui l’aimait comme un fils. Le chef de l’Etat, en retour, à défaut de lui rendre personnellement, a décidé de faire de sa terre natale, son véritable village. Ouattara tient particulièrement à Yamoussoukro. Pas parce que c’est la capitale politique. Mais parce que c’est la ville natale de Félix Houphouët-Boigny. C’est pourquoi, pour commencer son mandat à la tête de l’Etat, il a tenu à être investi dans cette ville. Non seulement pour rappeler qu’il est là pour perpétuer son ?uvre. Mais surtout pour recevoir son onction. Le président de la République a fait la moitié de la mandature. L’arrière-petit-fils de l’empereur Sékou Ouattara n’a pas encore eu le temps de sillonner toute la région depuis qu’il a été élu. L’occasion est donc indiquée, pour l’autre moitié de la route, qu’il vienne s’entretenir avec ses parents de Yamoussoukro et du Bélier, les parents de Félix Houphouët-Boigny. Et surtout leur dire merci pour leur soutien lors de la dernière élection présidentielle. Pour ce faire, le chef de l’Etat ne vient pas les mains vides. Il réserve beaucoup de surprises à ses parents du Bélier et du District autonome de Yamoussoukro. Déjà, les signes sont palpables et prometteur. La ville de Yamoussoukro a fière allure. Le pavoisement des drapeaux est fini. Les couleurs nationales flottent fièrement sur tous les poteaux électriques et à tous les carrefours. Quand les bâtiments administratifs et les sièges sociaux des grandes banques et certaines entreprises se sont drapés de l’orange-blanc-vert. Plus de nids de poule, des routes nouvellement bitumées et ré-profilées. Des feux tricolores aux carrefours des principales artères de la ville. Yamoussoukro est redevenue « la lumineuse ». La nuit tombée, les rues qui étaient plongées dans le noir depuis plusieurs années maintenant, ont retrouvé leur éclat d’antan. Comme à l’époque du président Houphouët-Boigny. Toutes les ampoules qui ne fonctionnaient plus ont été remplacées. A la grande joie des populations de la ville, qui ne dort presque plus. Les rues de Yamoussoukro qui ressemblent à des autoroutes ont retrouvé le sourire et la joie de vivre. Comme de vieilles courtisanes visitées à nouveau par la grâce, elles qui étaient, par endroits, délaissées sont aujourd’hui sollicitées par les usagers de la route et les noctambules. Chauffeurs de taxi, opérateurs économiques, commerçants, restauratrices, de Dioulabougou aux 220 logements, en passant par Habitat, Millionnaire et Assabou, tous les habitants sont unanimes : Yamoussoukro a retrouvé un nouveau protecteur en la personne du président Alassane Ouattara. « Quand on voit tout ce qu’il a fait en un rien de temps pour la ville, on peut dire qu’il est vraiment le fils d’Houphouët-Boigny », témoigne avec un large sourire, Mme N’Guessan Thérèse, opératrice économique au quartier Millionnaire. Depuis lundi dernier, à l’approche de cette historique visite d’Etat, les maquis, les restaurants et autres boites de nuit ne désemplissent plus. Les chauffeurs de taxi depuis hier, avec l’arrivée des premiers contingents de visiteurs, ont retrouvé le sourire. « Pour nous est maintenant arrivé. On va avoir un peu », nous lance Koné Seydou, un chauffeur de taxi. La ville grouille tellement de monde et de voitures que les premiers ralentissements ont commencé à se faire ressentir sur les principaux axes de la ville. Les réceptifs hôtelier de Yamoussoukro, depuis une semaine, affichent complet. La visite d’Etat se déroulera à guichet fermé. Toutes les chambres des grands hôtels ont fait l’objet de réquisition par le préfet de Yamoussoukro, Assoumou Ekponon. Les quelques chambres restantes, étaient pris d’assaut par une avalanche de visiteurs arrivés hier d’Abidjan et d’autres villes de l’intérieur. Les villes voisines comme Toumodi, Djékanou, Didiévi, Tiébissou, Bouaflé font également l’objet de nombreuses sollicitations de la part de milliers de « pèlerins » venus vivre en direct cette visite d’Etat. Au moment où nous mettions sous presse, un monde fou continuait d’affluer vers Yamoussoukro et dans tout le Bélier. La fièvre festive est montée d’un cran. Une véritable frénésie des grands jours s’est emparée des habitants. La magie ADO a commencé à faire son effet dans toute la région et surtout à Yamoussoukro où le nombre de voitures 4x4 au mÇ continuent d’augmenter. En attendant, le top départ prévu pour ce matin, cette visite d’Etat aux allures de pèlerinage promet déjà.
Jean-Claude Coulibaly (Envoyé spécial)
Jean-Claude Coulibaly (Envoyé spécial)