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Art et Culture Publié le samedi 14 décembre 2013 | AIP

Un universitaire et écrivain ivoirien remet en cause le principe de la dépénalisation des libertés de presse

Abidjan, L'universitaire et écrivain ivoirien, Frédéric Grah-Mel, préconise l’adoption d’une loi "plus robuste" pour lutter contre les manquements graves des journalistes qui mettent à mal la cohésion sociale, depuis l’avènement de la presse plurielle en 1990.

"Il y a certes eu des abus dans l’application de l’ancienne loi, mais je suis contre la dépénalisation des délits de presse; si un journaliste commet une faute, et qu’il mérite d’aller en prison, il faut qu’il aille en prison; il faut une loi plus robuste pour réguler le secteur", a déclaré M. Grah-Mel, jeudi, lors d’une conférence initiée par la Fondation Friedrich Nauman pour la liberté sur le thème "Côte d’Ivoire : le rôle des médias dans les Etats en post-crise".

Les défenseurs de la liberté de la presse ont, à sont avis, obtenu plus qu’ils n’attendaient de la réforme de la précédente loi. L’article 68 de la loi 643 du 24 décembre 2004 portant régime juridique de la presse stipule que: "la peine d’emprisonnement est exclue pour les délits de presse", là où sous l’ancienne loi, plusieurs journalistes ont été emprisonnés.

Mais pour Grah-Mel, qui capitalise une longue et riche expérience dans le journalisme, en Côte d'Ivoire et ailleurs à l'étranger, notamment en Europe, la nouvelle loi ne evrait pas signifier "irresponsabilité pénale", parce que "lorsqu’il est prouvé qu’un délit a été commis, son auteur doit en répondre".

En fait, la nouvelle loi qui régit la presse distingue une série d’infractions commises par voie de presse, mais ne signifie pas dépénalisation, ni impunité totale. Elle prévoit des sanctions pécuniaires, disciplinaires, et même l’emprisonnement pour certaines infractions comme l’incitation au vol, aux crimes et meurtre, pillage, incendie ou destruction d'édifices.

Pour Grah-Mel, la formation des journalistes, la réduction du nombre de titres, la rupture du cordon entre journalistes et hommes politiques peuvent aider à l’avènement d’une presse de qualité en Côte d’Ivoire. Tout comme la mise sur le marché de magazines(hebdomadaires et mensuels) qui peuvent, avec le recul nécessaire, faire les commentaires, rôle que se sont octroyés les quotidiens dont il a dit regretter "l’extrême éditorialisation, en lieu et place de la simple relation des faits", a-t-il déploré.

A propos du thème de la conférence, les participants ont insisté sur la nécessité d’impliquer les entreprises de presse dans le processus de réconciliation, l’amélioration des conditions de vie et de travail des journalistes, la prise de conscience de leur responsabilité sociale ainsi que la mise en pratique de l’éthique et la déontologie régissant leur secteur, la transparence dans le financement et le soutien institutionnel apportés aux entreprises de presse.

En ce qui concerne les médias de service public, l’ancien ministre sénégalais des Affaires étrangères, Dr. Cheick Tidiane Gadio, a plaidé pour l’avènement de véritables médias de service public, en remplacement des médias d’Etat qu’il a qualifiés de "départements de relations publiques des gouvernements".

(AIP)
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