Le Président de la République n’a pas dérogé à la règle. Avant de quitter Yamoussoukro, il a animé une conférence de presse bilan de sa tournée dans le district autonome de Yamoussoukro et dans la région du Bélier. Nous vous proposons l’intégralité des échanges entre Alassane Ouattara est les journalistes de la presse nationale et internationale
Propos liminaires
« Mesdames, messieurs, chers amis journalistes je ne voudrais pas entrer dans de formalités, je voudrais d’abord vous remercier d’être présents. Nous avons ensemble passé quatre jours à Yamoussoukro, vous avez été à toute les étapes, d’abord à Didiévi chez mon jeune frère Jeannot Ahoussou, nous avons ensuite fais un conseil des ministres et le lendemain nous avons fait Tiébissou, Attégouakro, ensuite Djekanou et Toumodi avant de revenir à Yamoussoukro pour le grand meeting. Je pense que dans mon discours ce matin (Ndlr, hier matin) j’ai déjà tout dit donc je ne voudrais pas ressasser ce que vous savez déjà. Mais juste pour me résumer, c’était la deuxième partie de la tournée que nous avions envisagé de faire dans le centre et je l’ai dit ce matin sur Yamoussoukro, nous avons fait 13 milliards d’investissement pour cette visite et 10 milliards dans les reste du Bélier, cela fait 23 milliards et dans le Gbèkè, c’était 27 milliards au total, donc 50 milliards d’investissement qui ont été fait et ça c’est dans le cadre du Programme présidentiel d’urgence. Je précise bien que ces chiffres n’incluent pas tous les grands projets qui sont financés dans le cadre du Programme national de développement où il y aura des investissements de grande envergure. Si je prends par exemple le pont de Béoumi, l’autoroute et d’autres projets qui doivent être effectués d’ici 2014. C’est donc dire que les choses sont bien lancées, nous sommes confiant d’atteindre nos objectif. Et maintenant, nous devons retourner à Abidjan pour préparer la fin d’année (…) Donc voila, je vais m’arrêter là et me mettre à votre disposition pour vos questions. »
Question : On vous a vu à Paris, après à Yamoussoukro, en Afrique du Sud, qu’est-ce qui fait votre force pour être aussi d’attaque ?
Alassane Ouattara : Pour ce qui est de mes déplacements récents, vous savez, c’est le devoir de la fonction qui demande cela. En fait, je devais être à Paris les 06 et 07 Décembre pour le Sommet, mais le président Hollande et le ministre des finances Moscovici m’ont invité à participer à une rencontre avec le MEDEF, l’Afrique et la France, la nouvelle politique Africaine de la France, c’était le 04 Décembre, ce qui m’a amené à partir dès le 03 décembre et participer à cette rencontre le 04. Ils m’ont invité également à participer à une rencontre du président Hollande avec un certains nombres de représentants du monde écologique, concernant la protection des espèces menacées (éléphants, tortues…) nous avons fait cela le 05 décembre et ensuite je suis resté pour le sommet et j’ai indiqué au président Hollande que je devrais rentrer le 07 pour présider la cérémonie du 20éme anniversaire de décès du président Houphouët. C’est tout simplement le calendrier qui l’exige. Nous l’avons préparé depuis longtemps, avant cette visite dans le Bélier. Il fallait commencer le 10 ou le 11 décembre et c’est ce que nous avons fait. Vous savez, il faut bien réfléchir avant de postuler pour le poste de président. Je dirais ça aux uns et autres, parce que les temps ont changé. Avant, c’était beaucoup plus facile, mais maintenant, il faut être partout, il faut être auprès de son peuple, il faut travailler et il faut avoir des relations à l’extérieur pour que les financements puissent soutenir le développement économique et social. Je considère que ce que nous faisons est ce que nous devrons faire et nous continuerons.
Q : Comment se porte la Cote d’Ivoire, à quelques 10 années de l’émergence prônée ?
AO : Sur la Côte d’Ivoire, je dirais que le pays va bien, le pays est normalisé, sécurisé. Le pays est en paix. Je considère pour ma part que sur le dossier économique nous faisons partis des 6 pays à plus forte croissante dans le monde et nous continuerons à ce degré de croissance. Nous n’avons aucun doute sur le fait que nous pourrons tenir notre objectif de pays émergent en 2020. Nous préparons aussi à renforcer la démocratie, l’Etat de droit. Les élections de 2015 doivent être inclusives avec une Commission électorale crédible, totalement compatible avec ce que nous souhaitons avoir comme élections démocratiques. D’ailleurs, nous avons reçu une mission du National démocratique Institut (NDI) ici à Yamoussoukro, qui va nous aider avec son expérience. Nous sommes sur la voie du renforcement de la démocratie et de l’Etat de droit. Mais sur ces éléments, je vous propose d’avoir un entretien avec le ministre de la Communication ou avec les services de la communication ou les services du ministère de l’Economie et des Finances.
Q : Le gouvernement consent beaucoup d’efforts pour améliorer le plateau technique des CHU, mais ces efforts pourraient être annihilés par un certain nombre de faits, notamment l’insensibilité des médecins qui, bien souvent, face aux difficultés évoquent un manque de place. A force de balader le malade d’un CHU à un autre, il décède. Monsieur le président, ne faudrait-il pas nommer des administrateurs comme vous l’avez fait quand vous étiez Premier ministre. Ne faudrait-il pas créer une sorte de guichet unique au sein des CHU ou mairie afin de faciliter les démarches aux parents qui ont perdu quelqu’un?
AO : Ça tombe bien, nous aurons un déjeuner tout à l’heure, vous allez vous adresser à Madame la ministre de la Santé. Elle a fait une excellente interview à ce sujet et je crois qu’elle a pris d’importantes mesures. Certaines sont considérées comme radicales. Tout ce que vous mentionnez, nous en sommes conscients. J’ai d’ailleurs regardé son interview ce soir-là à la télévision et je l’ai appelé pour la féliciter. Vous savez, les mauvaises habitudes ont été créées et se sont accumulées durant des années. Vous avez raison, de 1990 à 1993 nous avons réussi à les annihiler, ces sources de corruption, l’utilisation frauduleuse des médicaments, le transfert de médicaments des CHU vers des pharmacies privées. Je ne vais pas en dire plus. Madame la ministre pourra passer quelques minutes avec vous pour vous dire ce qu’elle a envisagé. Elle envisage effectivement des gestionnaires au niveau des hôpitaux, des secrétaires généraux. Ceci étant, nous devons considérer que c’est une minorité des agents de la santé qui ont ce comportement. Le plus grand nombre fait un travail important et est d’une grande disponibilité. On va les encourager. C’est pour cela que nous avons fait droit aux différentes requêtes qui permettront de régler les questions d’indemnités, de retard, de mise à jour plus généralement et je l’ai dit hier, je crois que c’était à Toumodi.
Q : M. Donald Kaberuka, qui s’exprimant sur RFI le dimanche dernier, a dit ceci : « Il ne faut pas confondre croissance économique et transformation économique. La croissance économique, qu’elle soit de 5 ou 10 %, ne signifie rien pour les populations si elle ne s’accompagne pas de création de richesses, de création d’emplois et de réduction de la pauvreté. Que pense M. le Président d’une telle affirmation ?
AO : Je suis totalement d’accord avec lui et c’est ce que nous faisons. J’ai toujours indiqué que nos taux de croissance sont bons, mais que cela devrait descendre au niveau des populations. C’est pour cela que nous avons aussi ce Programme présidentiel d’urgence, parce que vous savez que par exemple qu’il n’y avait pas d’eau potable dans le Gbêkê. Aujourd’hui, je crois qu’en dehors de Béoumi où le problème sera réglé dans deux ou trois mois, les populations n’avaient l’eau potable qu’à concurrence de 50%. Il y avait un déficit de 50%. C’était la même chose dans le Bélier. Mais nous avons réglé ces problèmes. Nous allons régler les problèmes d’électricité, de centres de santé. Il faut régler le quotidien des populations. Mais la transformation dont parle Donald Kaberuka concerne également le passage de l’agriculture à l’industrialisation. Et c’est pour cela que nous sommes très déterminés à encourager le secteur industriel, notamment minier, également au niveau des hydrocarbures et à demander au secteur agricole d’aller plus loin dans la création de plus-value. Je suis totalement d’accord avec lui, mais la Côte d’Ivoire fait des taux de croissance élevés avec en même temps une transformation de son économie. C’est quand même important de le signaler. Et quand vous voyez tous ces grands travaux que nous faisons, ils sont bien choisis par rapport à la nécessité d’encourager l’emploi des jeunes. Parce que vous savez, si on ne résout pas le quotidien de nos concitoyens en matière de santé, d’éducation, de salubrité et que nous n’arrivons pas à créer des emplois, ou les microcrédits pour les femmes, et ainsi de suite, en réalité, les taux de croissance ne veulent rien dire. Vous noterez qu’en Côte d’Ivoire, nous sommes en train de cibler ces différents points. Je pense quand même que mon passage pendant une vingtaine d’années au FMI m’a servi à quelque chose.
Q : Monsieur le président, le transfert effectif de la capitale à Yamoussoukro était une de vos promesses, ou en sommes-nous aujourd’hui avec cette promesse ?
AO : C’est une question importante. Nous voulons transférer la capitale ici, mais il faut le faire dans les conditions optimales. D’abord, nous avons interdit tout ce qui est construction anarchique depuis quelques mois. J’ai demandé au Premier ministre d’entreprendre une révision du plan d’urbanisation de Yamoussoukro pour que nous puissions avoir une séance avec l’ensemble du gouvernement et que nous puissions associer l’ensemble des architectes, notamment nationaux, au développement de ce plan et en même temps, nous devons organiser le financement. C’est un projet qui prendra plusieurs années, et le gouvernement doit décider quel doit être la séquence des transferts des ministères. Donc, il y a un travail préalable à faire. Je ne voudrais pas prendre d’engagement, mais mon souhait est que si les Ivoiriens m’accordent un second mandat que je puisse déménager à Yamoussoukro pendant ce deuxième mandat.
Q : Vous appelez lors de vos tournées, les Ivoiriens à voter pour vous en 2015 et à Bouaké vous avez appelé l’opposition à se préparer pour les élections. Alors, est-ce que vous êtes en campagne ?
AO : Un président de la République doit être proche de son peuple. Je ne sais pas ce que ça veut dire être en campagne. Les périodes de campagnes sont définies par la loi. Je ne crois pas à la notion d’un président qui s’assoit dans son palais et qui convoque les citoyens. Mon devoir, c’est d’aller vers les citoyens, c’est de les écouter, c’est de réviser les programmes que je leur ai promis, c’est de m’assurer de leur bonne application. Et si cela est appelé faire de la campagne, mais tant mieux. Mais connaître ce qui se passe dans le pays au niveau de chaque région, au niveau de chaque département, ce travail-là, je le ferai. Je ne crois pas du tout à l’idée de rester là-bas à Abidjan et de recevoir au palais. Bien-sur, il y a une partie de cela qui est nécessaire et je le fais notamment avec les investisseurs étrangers et beaucoup de nationaux. Mais et les autres citoyens, ceux qui m’ont élu ? Pourquoi, ils ne doivent pas avoir l’occasion de voir, d’écouter et de présenter des doléances à leur président ? Mais la campane présidentielle est définie par la loi et elle sera appliquée en temps opportun. Mais rien n’empêche également les autres de circuler, je pense que cela, certains le font.
Q : A Didiévi, vous avez indiqué que vos frères du FPI vont vous rejoindre. Est-ce au sein du RHDP où au niveau du gouvernement ?
AO : Comme je le disais, il est important de renforcer la cohésion nationale, la cohésion sociale. Le dialogue qui a commencé entre le RDR (Rassemblement des républicains) et le FPI (Front populaire ivoirien) est une bonne chose. Je crois qu’ils se sont dit des vérités. Ce qui était bien. Ce que je voulais dire, c’est que ce dialogue doit se poursuivre. D’ailleurs, dans le cadre du dialogue permanent que dirige le Premier ministre Ahoussou Jeannot, nous devons continuer de préparer les élections de 2015. Nous attendons maintenant de connaître les recommandations faites par le Premier ministre Ahoussou et le gouvernement.
Q : M. Le Président de la République, vous avez décidé de construire l’hôpital Saint Joseph Moscati. Comment se fera la gestion de cet hôpital ?
AO : L’hôpital Saint Joseph Moscati est une ?uvre sociale qui accompagne la basilique. D’ailleurs, à la demande du Pape Jean Paul II, le financement a été essentiellement pourvu par le Président Félix Houphouët-Boigny, mais avec le temps écoulé, les montants prévus n’étaient pas suffisants. Donc, l’Etat de Cote d’Ivoire complète le financement et a partir de là, nous considérons qu’il y a de fortes chances que l’hôpital soit totalement terminé et équipé pendant le premier trimestre, en janvier j’espère. J’ai adressé une correspondance a sa Sainteté le pape François de venir pour participer à l’inauguration de l’hôpital. Je l’avais fait avec son prédécesseur, le Pape Benoît XVI, qui m’avait donné son accord de principe. Donc j’espère que le Pape François pourra répondre à cette invitation. C’est un hôpital qui appartient au Vatican. Le personnel sera fourni par le Vatican. Les autres seront admises dans cet hôpital, aussi bien Ivoirien que non Ivoirien, des personnes vivant en Cote d’Ivoire ou dans d’autres pays voisins. C’est une ?uvre sociale importante. C’est 250 lits. Je pense que cela va aider de manière considérable le centre de la Cote d’Ivoire, le Nord, l’ensemble du pays et les pays voisins.
Q : Monsieur le Président, vous venez d’achever votre visite dans la région du Bélier et le district autonome de Yamoussoukro. Avez-vous le sentiment que les objectifs que vous visiez en venant ici ont été atteints ? Vous avez abondamment parlé de pardon et de réconciliation non sans dire que vous marchez dans les voies de Félix Houphouët-Boigny et Nelson Mandela. Comptez-vous avoir la même attitude que Mandela à l’égard de votre opposition ?
AO : Pour les objectifs, comme j’ai eu à le dire en venant ici, nous sommes là pour faire le point et venir saluer les populations qui nous ont accordé un soutien massif lors des élections. Nous sommes là pour nous enquérir des doléances qu’ils auraient bien voulu formuler. Nous sommes, à la lumière de tout ce qui s’est passé, sur la bonne voie. S’il y a de nouvelles priorités, nous les prendrons en compte. Pour notre part, nous sommes satisfaits des investissements opérés et du travail abattu. Les cadres de la région du Bélier et du district autonome de Yamoussoukro nous ont remis un livre blanc qui nous aidera énormément à compléter le programme de gouvernement. Concernant ma volonté de réconcilier tous les Ivoiriens, j’ai toujours été constant dans ma démarche. Depuis l’hôtel du Golf, j’ai toujours tendu la main à l’opposition et à tous nos frères qui étaient partis à l’extérieur. Nous sommes heureux de voir que les choses s’arrangent de mieux en mieux. Beaucoup rentrent et nous continuons de créer les conditions d’un retour massif. Je dois dire qu’il n y a plus de déplacés en côte d’Ivoire. C’est une excellente chose de voir que les Ivoiriens ont regagné tous leurs domiciles. C’est une performance importante en deux ans seulement. Je me suis déjà occupé de certains pays en crise et il faut dire que la Côte d’Ivoire fait des progrès extraordinaires. Je suis confiant car la Côte d’Ivoire est une terre de générosité. Les uns et les autres doivent se dire que la réconciliation nationale est un chemin irréversible. Nous les y encourageons.
Q : A la place Jean-Paul II, lors de votre meeting de clôture, vous avez dit que vous annoncerez de bonnes nouvelles à l’occasion de votre message de fin d’année. La libération des prisonniers proches de l’ancien président Laurent Gbagbo fait-elle partie de ces bonnes nouvelles ? Ma seconde préoccupation est relative au dernier rapport de l’Onu, qui accuse la Côte d’Ivoire de vouloir enlever et assassiner les exilés proches de l’ex-régime. Cela fait jaser, et crée la polémique. Y a-t-il du faux dans ce qu’ils ont produit ? (…)
AO : Pour les bonnes nouvelles, vous devez comprendre qu’il faut attendre le soir du 31 décembre. Donc sur cette question, je n’ai pas d’observation à faire. En ce qui concerne le rapport des soi-disant experts de l’Onu, j’en ai parlé avec le secrétaire général de l’Onu, Ban Ki Moon, lors du sommet de l’Elysée. Je lui ai dit que ce rapport était totalement faux, imaginaire, mensonger et qu’il était indigne de porter le nom de l’Onu. Evidemment, c’est un rapport secondaire fait par des experts qui ont été pris pour travailler sur la question au Libéria. Le président ghanéen en était également offusqué. Il a exprimé au secrétaire général de l’Onu sa désapprobation. Pour nous, ce dossier est clos. Je crois que ces experts… ces soi-disant expert, en auront pour leur compte.
Q : Tout au long de votre visite, on a pu constater que ce sont des milliards qui sont investis pour le programme des populations. Je voudrais rappeler que lors de la campagne présidentielle, lorsque vous avez présenté votre programme tout était chiffré en milliard. On se demandait bien où est-ce que vous alliez enlever tous ces milliards ? Aujourd’hui, on le voit, ce sont des milliards qui sont investis. Comment faites-vous pour mobiliser touts ces fonds dans un environnement économique et financier difficile ?
AO : Nous avons effectivement présenté un programme à l’occasion de la campagne présidentielle, qui était chiffré et c’était un travail sérieux. Je voudrais d’ailleurs profiter de l’occasion pour féliciter la ministre des Finances, Kaba Niallé, qui a été la cheville ouvrière dans l’élaboration de ce programme et dire que nous savions ce que nous pouvions obtenir et dans quel délai. En réalité, ce qui se passe en raison de la bonne gestion constatée depuis deux ans, les ressources sont même supérieures à celles que nous attendions. Donc nous pourrons accélérer le rythme. Je dois dire que 2011 a été difficile, ça été lent parce que il fallait reprendre l’administration en main. Mais dès 2012, nous avons vu l’impact de l’arrivée de ces ressources dans notre pays et 2013 encore plus et en 2014, il y aura des ressources encore plus importantes. Donc je n’ai aucun doute que nous allons aller bien au-delà des montants qui ont été annoncés pendant la campagne présidentielle. Ne croyez pas que ces ressources sont seulement des ressources extérieures. Pas du tout ! Il s’agit de ressources intérieures. Vous savez, la meilleure gestion ou la bonne gestion de l’Economie, c’est fait aussi pour dégager des marges pour essayer de faire avancer les choses. Je regarde les projets en approvisionnement en eau potable dans cette région du Bélier. Il a demandé 4 milliards. Ecoutez, 4 milliards ce n’est pas une somme considérable pour un Etat. Je le fais depuis des années et je peux prendre de nombreux exemples de ce genre. Donc nous continuerons. Nous avons identifié les projets d’urgence et vous savez que le programme présidentiel d’urgence est financé totalement par le budget national, parce que nous considérons que ce sont des urgences et que nous en avons la responsabilité. Maintenant, pour les grands projets en matière d’infrastructures et autres, nous avons besoin de soutiens de l’extérieur. C’est dire qu’en économie, en réalité, la confiance est importante. Le fait que la Côte d’Ivoire soit normalisée et que le pays est bien géré, Vous savez, nous avons des programmes avec les institutions de Brettons Wood et la Bad qui sont bien appréciés, donc la confiance des investisseurs revient. D’ailleurs, dès le mois de janvier, je sais que nous finaliserons les signatures d’une eurobanque estimée à 1milliard de dollars, c’est-à-dire 500 milliards de F CFA, pour essayer d’accélérer un certain nombre de projets. On n’aurait pas pu imaginer cela. Si elle n’avait pas la confiance des bailleurs de fonds, la Côte d’Ivoire n’allait pas pouvoir aller sur les marchés internationaux aussi rapidement pour obtenir des sommes aussi importantes. Cela également est dû à chacun et à chacune de vous, c’est parce que les investisseurs financiers voient les Ivoiriens au travail et c’est important. J’insiste sur la notion de travail et qu’on se dise que c’est par le travail que nous allons faire avancer vite le pays et cette notion de travail s’applique à tous et ne doit exclure personne. Donc, je lance encore un appel à tout nos concitoyens de se concentrer sur la nécessité de travailler davantage et de faire le maximum pour que notre pays devienne un pays moderne et je suis sûr dans un délai assez rapproché.
Recueillis par Coulibaly Zoumana
Propos liminaires
« Mesdames, messieurs, chers amis journalistes je ne voudrais pas entrer dans de formalités, je voudrais d’abord vous remercier d’être présents. Nous avons ensemble passé quatre jours à Yamoussoukro, vous avez été à toute les étapes, d’abord à Didiévi chez mon jeune frère Jeannot Ahoussou, nous avons ensuite fais un conseil des ministres et le lendemain nous avons fait Tiébissou, Attégouakro, ensuite Djekanou et Toumodi avant de revenir à Yamoussoukro pour le grand meeting. Je pense que dans mon discours ce matin (Ndlr, hier matin) j’ai déjà tout dit donc je ne voudrais pas ressasser ce que vous savez déjà. Mais juste pour me résumer, c’était la deuxième partie de la tournée que nous avions envisagé de faire dans le centre et je l’ai dit ce matin sur Yamoussoukro, nous avons fait 13 milliards d’investissement pour cette visite et 10 milliards dans les reste du Bélier, cela fait 23 milliards et dans le Gbèkè, c’était 27 milliards au total, donc 50 milliards d’investissement qui ont été fait et ça c’est dans le cadre du Programme présidentiel d’urgence. Je précise bien que ces chiffres n’incluent pas tous les grands projets qui sont financés dans le cadre du Programme national de développement où il y aura des investissements de grande envergure. Si je prends par exemple le pont de Béoumi, l’autoroute et d’autres projets qui doivent être effectués d’ici 2014. C’est donc dire que les choses sont bien lancées, nous sommes confiant d’atteindre nos objectif. Et maintenant, nous devons retourner à Abidjan pour préparer la fin d’année (…) Donc voila, je vais m’arrêter là et me mettre à votre disposition pour vos questions. »
Question : On vous a vu à Paris, après à Yamoussoukro, en Afrique du Sud, qu’est-ce qui fait votre force pour être aussi d’attaque ?
Alassane Ouattara : Pour ce qui est de mes déplacements récents, vous savez, c’est le devoir de la fonction qui demande cela. En fait, je devais être à Paris les 06 et 07 Décembre pour le Sommet, mais le président Hollande et le ministre des finances Moscovici m’ont invité à participer à une rencontre avec le MEDEF, l’Afrique et la France, la nouvelle politique Africaine de la France, c’était le 04 Décembre, ce qui m’a amené à partir dès le 03 décembre et participer à cette rencontre le 04. Ils m’ont invité également à participer à une rencontre du président Hollande avec un certains nombres de représentants du monde écologique, concernant la protection des espèces menacées (éléphants, tortues…) nous avons fait cela le 05 décembre et ensuite je suis resté pour le sommet et j’ai indiqué au président Hollande que je devrais rentrer le 07 pour présider la cérémonie du 20éme anniversaire de décès du président Houphouët. C’est tout simplement le calendrier qui l’exige. Nous l’avons préparé depuis longtemps, avant cette visite dans le Bélier. Il fallait commencer le 10 ou le 11 décembre et c’est ce que nous avons fait. Vous savez, il faut bien réfléchir avant de postuler pour le poste de président. Je dirais ça aux uns et autres, parce que les temps ont changé. Avant, c’était beaucoup plus facile, mais maintenant, il faut être partout, il faut être auprès de son peuple, il faut travailler et il faut avoir des relations à l’extérieur pour que les financements puissent soutenir le développement économique et social. Je considère que ce que nous faisons est ce que nous devrons faire et nous continuerons.
Q : Comment se porte la Cote d’Ivoire, à quelques 10 années de l’émergence prônée ?
AO : Sur la Côte d’Ivoire, je dirais que le pays va bien, le pays est normalisé, sécurisé. Le pays est en paix. Je considère pour ma part que sur le dossier économique nous faisons partis des 6 pays à plus forte croissante dans le monde et nous continuerons à ce degré de croissance. Nous n’avons aucun doute sur le fait que nous pourrons tenir notre objectif de pays émergent en 2020. Nous préparons aussi à renforcer la démocratie, l’Etat de droit. Les élections de 2015 doivent être inclusives avec une Commission électorale crédible, totalement compatible avec ce que nous souhaitons avoir comme élections démocratiques. D’ailleurs, nous avons reçu une mission du National démocratique Institut (NDI) ici à Yamoussoukro, qui va nous aider avec son expérience. Nous sommes sur la voie du renforcement de la démocratie et de l’Etat de droit. Mais sur ces éléments, je vous propose d’avoir un entretien avec le ministre de la Communication ou avec les services de la communication ou les services du ministère de l’Economie et des Finances.
Q : Le gouvernement consent beaucoup d’efforts pour améliorer le plateau technique des CHU, mais ces efforts pourraient être annihilés par un certain nombre de faits, notamment l’insensibilité des médecins qui, bien souvent, face aux difficultés évoquent un manque de place. A force de balader le malade d’un CHU à un autre, il décède. Monsieur le président, ne faudrait-il pas nommer des administrateurs comme vous l’avez fait quand vous étiez Premier ministre. Ne faudrait-il pas créer une sorte de guichet unique au sein des CHU ou mairie afin de faciliter les démarches aux parents qui ont perdu quelqu’un?
AO : Ça tombe bien, nous aurons un déjeuner tout à l’heure, vous allez vous adresser à Madame la ministre de la Santé. Elle a fait une excellente interview à ce sujet et je crois qu’elle a pris d’importantes mesures. Certaines sont considérées comme radicales. Tout ce que vous mentionnez, nous en sommes conscients. J’ai d’ailleurs regardé son interview ce soir-là à la télévision et je l’ai appelé pour la féliciter. Vous savez, les mauvaises habitudes ont été créées et se sont accumulées durant des années. Vous avez raison, de 1990 à 1993 nous avons réussi à les annihiler, ces sources de corruption, l’utilisation frauduleuse des médicaments, le transfert de médicaments des CHU vers des pharmacies privées. Je ne vais pas en dire plus. Madame la ministre pourra passer quelques minutes avec vous pour vous dire ce qu’elle a envisagé. Elle envisage effectivement des gestionnaires au niveau des hôpitaux, des secrétaires généraux. Ceci étant, nous devons considérer que c’est une minorité des agents de la santé qui ont ce comportement. Le plus grand nombre fait un travail important et est d’une grande disponibilité. On va les encourager. C’est pour cela que nous avons fait droit aux différentes requêtes qui permettront de régler les questions d’indemnités, de retard, de mise à jour plus généralement et je l’ai dit hier, je crois que c’était à Toumodi.
Q : M. Donald Kaberuka, qui s’exprimant sur RFI le dimanche dernier, a dit ceci : « Il ne faut pas confondre croissance économique et transformation économique. La croissance économique, qu’elle soit de 5 ou 10 %, ne signifie rien pour les populations si elle ne s’accompagne pas de création de richesses, de création d’emplois et de réduction de la pauvreté. Que pense M. le Président d’une telle affirmation ?
AO : Je suis totalement d’accord avec lui et c’est ce que nous faisons. J’ai toujours indiqué que nos taux de croissance sont bons, mais que cela devrait descendre au niveau des populations. C’est pour cela que nous avons aussi ce Programme présidentiel d’urgence, parce que vous savez que par exemple qu’il n’y avait pas d’eau potable dans le Gbêkê. Aujourd’hui, je crois qu’en dehors de Béoumi où le problème sera réglé dans deux ou trois mois, les populations n’avaient l’eau potable qu’à concurrence de 50%. Il y avait un déficit de 50%. C’était la même chose dans le Bélier. Mais nous avons réglé ces problèmes. Nous allons régler les problèmes d’électricité, de centres de santé. Il faut régler le quotidien des populations. Mais la transformation dont parle Donald Kaberuka concerne également le passage de l’agriculture à l’industrialisation. Et c’est pour cela que nous sommes très déterminés à encourager le secteur industriel, notamment minier, également au niveau des hydrocarbures et à demander au secteur agricole d’aller plus loin dans la création de plus-value. Je suis totalement d’accord avec lui, mais la Côte d’Ivoire fait des taux de croissance élevés avec en même temps une transformation de son économie. C’est quand même important de le signaler. Et quand vous voyez tous ces grands travaux que nous faisons, ils sont bien choisis par rapport à la nécessité d’encourager l’emploi des jeunes. Parce que vous savez, si on ne résout pas le quotidien de nos concitoyens en matière de santé, d’éducation, de salubrité et que nous n’arrivons pas à créer des emplois, ou les microcrédits pour les femmes, et ainsi de suite, en réalité, les taux de croissance ne veulent rien dire. Vous noterez qu’en Côte d’Ivoire, nous sommes en train de cibler ces différents points. Je pense quand même que mon passage pendant une vingtaine d’années au FMI m’a servi à quelque chose.
Q : Monsieur le président, le transfert effectif de la capitale à Yamoussoukro était une de vos promesses, ou en sommes-nous aujourd’hui avec cette promesse ?
AO : C’est une question importante. Nous voulons transférer la capitale ici, mais il faut le faire dans les conditions optimales. D’abord, nous avons interdit tout ce qui est construction anarchique depuis quelques mois. J’ai demandé au Premier ministre d’entreprendre une révision du plan d’urbanisation de Yamoussoukro pour que nous puissions avoir une séance avec l’ensemble du gouvernement et que nous puissions associer l’ensemble des architectes, notamment nationaux, au développement de ce plan et en même temps, nous devons organiser le financement. C’est un projet qui prendra plusieurs années, et le gouvernement doit décider quel doit être la séquence des transferts des ministères. Donc, il y a un travail préalable à faire. Je ne voudrais pas prendre d’engagement, mais mon souhait est que si les Ivoiriens m’accordent un second mandat que je puisse déménager à Yamoussoukro pendant ce deuxième mandat.
Q : Vous appelez lors de vos tournées, les Ivoiriens à voter pour vous en 2015 et à Bouaké vous avez appelé l’opposition à se préparer pour les élections. Alors, est-ce que vous êtes en campagne ?
AO : Un président de la République doit être proche de son peuple. Je ne sais pas ce que ça veut dire être en campagne. Les périodes de campagnes sont définies par la loi. Je ne crois pas à la notion d’un président qui s’assoit dans son palais et qui convoque les citoyens. Mon devoir, c’est d’aller vers les citoyens, c’est de les écouter, c’est de réviser les programmes que je leur ai promis, c’est de m’assurer de leur bonne application. Et si cela est appelé faire de la campagne, mais tant mieux. Mais connaître ce qui se passe dans le pays au niveau de chaque région, au niveau de chaque département, ce travail-là, je le ferai. Je ne crois pas du tout à l’idée de rester là-bas à Abidjan et de recevoir au palais. Bien-sur, il y a une partie de cela qui est nécessaire et je le fais notamment avec les investisseurs étrangers et beaucoup de nationaux. Mais et les autres citoyens, ceux qui m’ont élu ? Pourquoi, ils ne doivent pas avoir l’occasion de voir, d’écouter et de présenter des doléances à leur président ? Mais la campane présidentielle est définie par la loi et elle sera appliquée en temps opportun. Mais rien n’empêche également les autres de circuler, je pense que cela, certains le font.
Q : A Didiévi, vous avez indiqué que vos frères du FPI vont vous rejoindre. Est-ce au sein du RHDP où au niveau du gouvernement ?
AO : Comme je le disais, il est important de renforcer la cohésion nationale, la cohésion sociale. Le dialogue qui a commencé entre le RDR (Rassemblement des républicains) et le FPI (Front populaire ivoirien) est une bonne chose. Je crois qu’ils se sont dit des vérités. Ce qui était bien. Ce que je voulais dire, c’est que ce dialogue doit se poursuivre. D’ailleurs, dans le cadre du dialogue permanent que dirige le Premier ministre Ahoussou Jeannot, nous devons continuer de préparer les élections de 2015. Nous attendons maintenant de connaître les recommandations faites par le Premier ministre Ahoussou et le gouvernement.
Q : M. Le Président de la République, vous avez décidé de construire l’hôpital Saint Joseph Moscati. Comment se fera la gestion de cet hôpital ?
AO : L’hôpital Saint Joseph Moscati est une ?uvre sociale qui accompagne la basilique. D’ailleurs, à la demande du Pape Jean Paul II, le financement a été essentiellement pourvu par le Président Félix Houphouët-Boigny, mais avec le temps écoulé, les montants prévus n’étaient pas suffisants. Donc, l’Etat de Cote d’Ivoire complète le financement et a partir de là, nous considérons qu’il y a de fortes chances que l’hôpital soit totalement terminé et équipé pendant le premier trimestre, en janvier j’espère. J’ai adressé une correspondance a sa Sainteté le pape François de venir pour participer à l’inauguration de l’hôpital. Je l’avais fait avec son prédécesseur, le Pape Benoît XVI, qui m’avait donné son accord de principe. Donc j’espère que le Pape François pourra répondre à cette invitation. C’est un hôpital qui appartient au Vatican. Le personnel sera fourni par le Vatican. Les autres seront admises dans cet hôpital, aussi bien Ivoirien que non Ivoirien, des personnes vivant en Cote d’Ivoire ou dans d’autres pays voisins. C’est une ?uvre sociale importante. C’est 250 lits. Je pense que cela va aider de manière considérable le centre de la Cote d’Ivoire, le Nord, l’ensemble du pays et les pays voisins.
Q : Monsieur le Président, vous venez d’achever votre visite dans la région du Bélier et le district autonome de Yamoussoukro. Avez-vous le sentiment que les objectifs que vous visiez en venant ici ont été atteints ? Vous avez abondamment parlé de pardon et de réconciliation non sans dire que vous marchez dans les voies de Félix Houphouët-Boigny et Nelson Mandela. Comptez-vous avoir la même attitude que Mandela à l’égard de votre opposition ?
AO : Pour les objectifs, comme j’ai eu à le dire en venant ici, nous sommes là pour faire le point et venir saluer les populations qui nous ont accordé un soutien massif lors des élections. Nous sommes là pour nous enquérir des doléances qu’ils auraient bien voulu formuler. Nous sommes, à la lumière de tout ce qui s’est passé, sur la bonne voie. S’il y a de nouvelles priorités, nous les prendrons en compte. Pour notre part, nous sommes satisfaits des investissements opérés et du travail abattu. Les cadres de la région du Bélier et du district autonome de Yamoussoukro nous ont remis un livre blanc qui nous aidera énormément à compléter le programme de gouvernement. Concernant ma volonté de réconcilier tous les Ivoiriens, j’ai toujours été constant dans ma démarche. Depuis l’hôtel du Golf, j’ai toujours tendu la main à l’opposition et à tous nos frères qui étaient partis à l’extérieur. Nous sommes heureux de voir que les choses s’arrangent de mieux en mieux. Beaucoup rentrent et nous continuons de créer les conditions d’un retour massif. Je dois dire qu’il n y a plus de déplacés en côte d’Ivoire. C’est une excellente chose de voir que les Ivoiriens ont regagné tous leurs domiciles. C’est une performance importante en deux ans seulement. Je me suis déjà occupé de certains pays en crise et il faut dire que la Côte d’Ivoire fait des progrès extraordinaires. Je suis confiant car la Côte d’Ivoire est une terre de générosité. Les uns et les autres doivent se dire que la réconciliation nationale est un chemin irréversible. Nous les y encourageons.
Q : A la place Jean-Paul II, lors de votre meeting de clôture, vous avez dit que vous annoncerez de bonnes nouvelles à l’occasion de votre message de fin d’année. La libération des prisonniers proches de l’ancien président Laurent Gbagbo fait-elle partie de ces bonnes nouvelles ? Ma seconde préoccupation est relative au dernier rapport de l’Onu, qui accuse la Côte d’Ivoire de vouloir enlever et assassiner les exilés proches de l’ex-régime. Cela fait jaser, et crée la polémique. Y a-t-il du faux dans ce qu’ils ont produit ? (…)
AO : Pour les bonnes nouvelles, vous devez comprendre qu’il faut attendre le soir du 31 décembre. Donc sur cette question, je n’ai pas d’observation à faire. En ce qui concerne le rapport des soi-disant experts de l’Onu, j’en ai parlé avec le secrétaire général de l’Onu, Ban Ki Moon, lors du sommet de l’Elysée. Je lui ai dit que ce rapport était totalement faux, imaginaire, mensonger et qu’il était indigne de porter le nom de l’Onu. Evidemment, c’est un rapport secondaire fait par des experts qui ont été pris pour travailler sur la question au Libéria. Le président ghanéen en était également offusqué. Il a exprimé au secrétaire général de l’Onu sa désapprobation. Pour nous, ce dossier est clos. Je crois que ces experts… ces soi-disant expert, en auront pour leur compte.
Q : Tout au long de votre visite, on a pu constater que ce sont des milliards qui sont investis pour le programme des populations. Je voudrais rappeler que lors de la campagne présidentielle, lorsque vous avez présenté votre programme tout était chiffré en milliard. On se demandait bien où est-ce que vous alliez enlever tous ces milliards ? Aujourd’hui, on le voit, ce sont des milliards qui sont investis. Comment faites-vous pour mobiliser touts ces fonds dans un environnement économique et financier difficile ?
AO : Nous avons effectivement présenté un programme à l’occasion de la campagne présidentielle, qui était chiffré et c’était un travail sérieux. Je voudrais d’ailleurs profiter de l’occasion pour féliciter la ministre des Finances, Kaba Niallé, qui a été la cheville ouvrière dans l’élaboration de ce programme et dire que nous savions ce que nous pouvions obtenir et dans quel délai. En réalité, ce qui se passe en raison de la bonne gestion constatée depuis deux ans, les ressources sont même supérieures à celles que nous attendions. Donc nous pourrons accélérer le rythme. Je dois dire que 2011 a été difficile, ça été lent parce que il fallait reprendre l’administration en main. Mais dès 2012, nous avons vu l’impact de l’arrivée de ces ressources dans notre pays et 2013 encore plus et en 2014, il y aura des ressources encore plus importantes. Donc je n’ai aucun doute que nous allons aller bien au-delà des montants qui ont été annoncés pendant la campagne présidentielle. Ne croyez pas que ces ressources sont seulement des ressources extérieures. Pas du tout ! Il s’agit de ressources intérieures. Vous savez, la meilleure gestion ou la bonne gestion de l’Economie, c’est fait aussi pour dégager des marges pour essayer de faire avancer les choses. Je regarde les projets en approvisionnement en eau potable dans cette région du Bélier. Il a demandé 4 milliards. Ecoutez, 4 milliards ce n’est pas une somme considérable pour un Etat. Je le fais depuis des années et je peux prendre de nombreux exemples de ce genre. Donc nous continuerons. Nous avons identifié les projets d’urgence et vous savez que le programme présidentiel d’urgence est financé totalement par le budget national, parce que nous considérons que ce sont des urgences et que nous en avons la responsabilité. Maintenant, pour les grands projets en matière d’infrastructures et autres, nous avons besoin de soutiens de l’extérieur. C’est dire qu’en économie, en réalité, la confiance est importante. Le fait que la Côte d’Ivoire soit normalisée et que le pays est bien géré, Vous savez, nous avons des programmes avec les institutions de Brettons Wood et la Bad qui sont bien appréciés, donc la confiance des investisseurs revient. D’ailleurs, dès le mois de janvier, je sais que nous finaliserons les signatures d’une eurobanque estimée à 1milliard de dollars, c’est-à-dire 500 milliards de F CFA, pour essayer d’accélérer un certain nombre de projets. On n’aurait pas pu imaginer cela. Si elle n’avait pas la confiance des bailleurs de fonds, la Côte d’Ivoire n’allait pas pouvoir aller sur les marchés internationaux aussi rapidement pour obtenir des sommes aussi importantes. Cela également est dû à chacun et à chacune de vous, c’est parce que les investisseurs financiers voient les Ivoiriens au travail et c’est important. J’insiste sur la notion de travail et qu’on se dise que c’est par le travail que nous allons faire avancer vite le pays et cette notion de travail s’applique à tous et ne doit exclure personne. Donc, je lance encore un appel à tout nos concitoyens de se concentrer sur la nécessité de travailler davantage et de faire le maximum pour que notre pays devienne un pays moderne et je suis sûr dans un délai assez rapproché.
Recueillis par Coulibaly Zoumana