Les populations du village d’Anono, dans la commune de Cocody ne parlent pas le même langage que les autorités ivoiriennes en ce moment. Les travaux d’extension du boulevard de France, à partir de l’Université Félix Houphouët-Boigny, en sont la cause principale et la présence d’un détachement de la police nationale présent en permanence dans le village n’arrange pas les choses. Au cours d’une conférence de presse, le vendredi 14 mars 2014 au siège de la chefferie, Dr Ahouo Léon Raymond, chef du village d’Anono, ses notables, son conseiller en questions foncières, Bli Williams, le président de la commission patrimoine et développement, Etienne M’ponon et l’avocat du village, Me Ouattara Alamissa ont fait l’historique des divergences entre les populations du village et l’Etat à travers le Bureau national d’études techniques et de développement (BNETD) pour la construction de logements de haut standing sur 38 hectares des terres du village. Il ressort des explications que les populations d’Anono demandent à l’Etat de respecter les clauses du protocole d’accords signé le 9 février 1970 pour la réalisation du projet de construction de logements et qui a donné naissance au quartier de la Riviéra, entre l’Etat de Côte d’Ivoire, représenté par le ministre de la Construction et de l’Urbanisme à cette époque, Alexis Thierry Lebbé, le chef du village d’Anono, Aké Brédjui, le préfet et le représentant du PDCI-RDA d’Anono. Dans les articles 3 et 4 de ce protocole d’accord relatifs à la contrepartie de l’Etat après avoir obtenu des terres à Anono pour le projet «Riviera» , «le gouvernement s’engage à ne pas porter atteinte aux droits des villageois sur une superficie de terrain égale à six fois la superficie actuelle du village », de même qu’à « préserver le droit des villageois et de leurs fils à la culture traditionnelle et familiale, à ne pas porter atteinte à un domaine de culture dont la superficie a été fixée à six fois la superficie des terre cultivées à la date du présent protocole». Malheureusement, déplore le chef du village, l’Etat n’a pas respecté tous les engagements pris en 1970 et demande à nouveau 38 hectares de terres à Anono pour la réalisation de logement. La chefferie et les populations qui ne sont pas opposés au développement de leur village et partant de la Côte d’Ivoire, demande aux autorités de les associer au projet d’extension du boulevard de France. «Si on n’y prend garde, Anono qui signifie la terre où il fait bon vivre risque de disparaître parce que les entreprises successives d’annexion risquent de nous laisser avec une portion congrue ou sans aucune portion de terre (…) Nous sommes dans une situation de victimes parce que l’Etat ne respecte pas ses engagements pris en 1970 (…) Nous sommes pour le développement, mais cela ne peut se faire sans nous. Il faut que nous discutions avec les autorités pour que les populations sentent que l’Etat travaille dans leurs intérêts», a indiqué Dr Ahouo Léon Raymond.
O.Dion
O.Dion