Le phénomène des grossesses en milieu scolaire prend des proportions inquiétantes. Nord-Sud Quotidien ouvre le débat pour la recherche de solutions.
Les chiffres donnent le tournis. 5000 cas de grossesses sont enregistrés pour l’année scolaire écoulée. Selon les témoignages recueillis, ces gestations sont parfois le fruit de harcèlement sexuel sur les élèves filles. Il arrive aussi que les camarades de classe en soient les auteurs. Le Fonds des nations unies pour la population (Unfpa) indique que la Côte d’Ivoire enregistre un taux de mariage précoce très élevé. L’enquête démographique de santé réalisée par la structure en 2009 montre qu’avant quinze ans, 12% des jeunes filles vivent déjà en couple. Avant 18 ans, 36% d’entre elles vivent avec un partenaire. Elles sont à cet âge soit mariées soit en concubinage. L’Unfpa relève qu’une bonne partie de cette population est constituée d’élèves.
Bondoukou : déjà 152 cas dont 15 au primaire !
Ce qui a un impact négatif sur le maintien des filles dans le système éducatif. De 2011 à 2013, dans la région du Lôh Djiboua, le taux de scolarisation de la jeune fille était de 47% au CP1. Ce taux stagne à 45% pour le CP2 et le CE1, avant de continuer sa chute jusqu’à 41% au CM2. Dr Kamara Laurence, présidente de l’Ong Filles d’Afrique, fait partie des militantes en faveur de la scolarisation des filles dans la région de Bondoukou. Selon elle, la zone présente un faible taux de maintien des filles à l’école. Les grossesses en milieu scolaire en sont certainement les raisons. La Cité des mille mosquées enregistre déjà 152 cas de grossesses pour l’année en cours dont 137 au secondaire et 15 au primaire. « Nous avons un triste record en termes de grossesses des jeunes filles à l’école. Que les ancêtres nous permettent d’avoir de bons résultats aux examens », implore Yao Dabila, chef coutumier local, lors du lancement de la campagne nationale de l’opération «zéro grossesse en milieu scolaire », en février dernier, rapporte l’Aip. Le chef souhaite que la ville de Bondoukou ait une image reluisante. Pour Kandia Camara, ministre de l’Education nationale et de l’enseignement technique, il est temps de dénoncer ce fléau. Elle se constitue même partie civile pour contrer les auteurs de ces grossesses. Gando Auguste, chargé d’études dudit ministère annonce la construction de nouveaux internats dans les lycées et collèges, de même que dans les collèges de proximité. Il annonce aussi la sensibilisation des acteurs de l’école. M. Gando a égrainé ces actions en septembre dernier, lors d’un atelier contre le phénomène. Le chargé d’études évoque également la question des sanctions, la radiation notamment. «Il nous faut éviter des comportements de complaisance ou les règlements à l’amiable. Il faut que les victimes acceptent de dénoncer les coupables. C’est vrai que c’est inquiétant, mais il y a de l’espoir si nous appliquons les mesures, les textes qui sont pris et qui sont là », avait-il indiqué. Joint par téléphone, mardi et jeudi derniers, pour en savoir davantage sur les actions prévues pour endiguer le phénomène, le service de communication du ministère de l’Education nationale n’a pu nous occorder de rendez-vous ferme. Toutefois, l’interlocuteur avec qui nous avons échangé et qui requiert l’anonymat, a indiqué qu’une série d’activités est prévue dans le Gbèkè pour enrayer ce phénomène. Au niveau international, la Charte africaine sur le droit et le bien-être de l’enfant (Cadbe) de même que la Charte africaine de la jeunesse (Caj) militent contre les abus. Le Bénin, par exemple, ne dispose pas actuellement de nombreux textes réglementaires qui traitent spécifiquement des grossesses en milieu scolaire. Cependant, la société civile béninoise identifie deux lois qui prévoient des sanctions contre les auteurs de grossesses en milieu scolaire et protègent les victimes. Le problème est sérieux. Lors d’une tournée à l’Ouest, la Première dame, Dominique Ouattara, avait déclaré que l’important taux de grossesses précoces dans les écoles était une menace pour l’avenir de la femme.
Nesmon De Laure
Les chiffres donnent le tournis. 5000 cas de grossesses sont enregistrés pour l’année scolaire écoulée. Selon les témoignages recueillis, ces gestations sont parfois le fruit de harcèlement sexuel sur les élèves filles. Il arrive aussi que les camarades de classe en soient les auteurs. Le Fonds des nations unies pour la population (Unfpa) indique que la Côte d’Ivoire enregistre un taux de mariage précoce très élevé. L’enquête démographique de santé réalisée par la structure en 2009 montre qu’avant quinze ans, 12% des jeunes filles vivent déjà en couple. Avant 18 ans, 36% d’entre elles vivent avec un partenaire. Elles sont à cet âge soit mariées soit en concubinage. L’Unfpa relève qu’une bonne partie de cette population est constituée d’élèves.
Bondoukou : déjà 152 cas dont 15 au primaire !
Ce qui a un impact négatif sur le maintien des filles dans le système éducatif. De 2011 à 2013, dans la région du Lôh Djiboua, le taux de scolarisation de la jeune fille était de 47% au CP1. Ce taux stagne à 45% pour le CP2 et le CE1, avant de continuer sa chute jusqu’à 41% au CM2. Dr Kamara Laurence, présidente de l’Ong Filles d’Afrique, fait partie des militantes en faveur de la scolarisation des filles dans la région de Bondoukou. Selon elle, la zone présente un faible taux de maintien des filles à l’école. Les grossesses en milieu scolaire en sont certainement les raisons. La Cité des mille mosquées enregistre déjà 152 cas de grossesses pour l’année en cours dont 137 au secondaire et 15 au primaire. « Nous avons un triste record en termes de grossesses des jeunes filles à l’école. Que les ancêtres nous permettent d’avoir de bons résultats aux examens », implore Yao Dabila, chef coutumier local, lors du lancement de la campagne nationale de l’opération «zéro grossesse en milieu scolaire », en février dernier, rapporte l’Aip. Le chef souhaite que la ville de Bondoukou ait une image reluisante. Pour Kandia Camara, ministre de l’Education nationale et de l’enseignement technique, il est temps de dénoncer ce fléau. Elle se constitue même partie civile pour contrer les auteurs de ces grossesses. Gando Auguste, chargé d’études dudit ministère annonce la construction de nouveaux internats dans les lycées et collèges, de même que dans les collèges de proximité. Il annonce aussi la sensibilisation des acteurs de l’école. M. Gando a égrainé ces actions en septembre dernier, lors d’un atelier contre le phénomène. Le chargé d’études évoque également la question des sanctions, la radiation notamment. «Il nous faut éviter des comportements de complaisance ou les règlements à l’amiable. Il faut que les victimes acceptent de dénoncer les coupables. C’est vrai que c’est inquiétant, mais il y a de l’espoir si nous appliquons les mesures, les textes qui sont pris et qui sont là », avait-il indiqué. Joint par téléphone, mardi et jeudi derniers, pour en savoir davantage sur les actions prévues pour endiguer le phénomène, le service de communication du ministère de l’Education nationale n’a pu nous occorder de rendez-vous ferme. Toutefois, l’interlocuteur avec qui nous avons échangé et qui requiert l’anonymat, a indiqué qu’une série d’activités est prévue dans le Gbèkè pour enrayer ce phénomène. Au niveau international, la Charte africaine sur le droit et le bien-être de l’enfant (Cadbe) de même que la Charte africaine de la jeunesse (Caj) militent contre les abus. Le Bénin, par exemple, ne dispose pas actuellement de nombreux textes réglementaires qui traitent spécifiquement des grossesses en milieu scolaire. Cependant, la société civile béninoise identifie deux lois qui prévoient des sanctions contre les auteurs de grossesses en milieu scolaire et protègent les victimes. Le problème est sérieux. Lors d’une tournée à l’Ouest, la Première dame, Dominique Ouattara, avait déclaré que l’important taux de grossesses précoces dans les écoles était une menace pour l’avenir de la femme.
Nesmon De Laure