Les canalisations sur la plupart des artères de la capitale économique ivoirienne sont aujourd’hui bouchées ou en passe de l’être, quitte à mettre en péril la vie des riverains. Zoom sur un phénomène aux conséquences déplorables.
Angré Mahou. Le malheur des uns fait visiblement le bonheur des autres. Tandis que les riverains et commerçants à proximité se plaignent des mauvaises odeurs dégagées par les canalisations bouchées, certaines personnes n’attendent que cela pour se faire de l’argent. Comme ces jeunes engagés depuis plusieurs jours pour enlever le sable et les détritus qui obstruent les caniveaux sur cette voie longue de 1,2 kilomètre, reliant le carrefour du lycée Mahou à la station-service Oilybia (route du zoo). A peine un an après son ouverture, cette artère est malade de son système d’assainissement. Les mauvaises habitudes n’en ont fait qu’une bouchée, pourrait-on dire. Faute de dalles pour protéger les caniveaux, on y jette n’importe quoi: sachets plastiques, ordures ménagères, gravats, pneus usagers... Chaque matin, avant l’ouverture de leurs magasins, les commerçants aux abords balayent déchets et poussière qu’ils rejettent à l’intérieur. Ce, au vu et au su des voisins. Ces derniers ne s’en plaignent pas parce qu’il leur arrive aussi de rejeter quelques ordures dans ces ouvrages. Le peu d’espace qui reste à ces canalisations pour continuer de fonctionner est occupé par le sable et une mare verdâtre que les eaux de ruissellement charrient jusque-là. C’était pour prévenir cela que dès les premiers mois, après la mise en état de cette route, M. Diomandé A. et plusieurs résidents du quartier ont tenu une réunion avec des responsables de la société Ofmas international, le responsable du chantier et des représentants du Programme d’urgence des infrastructures urbaines (Puiur), qui a financé les travaux. Au menu, entre autres, la question des caniveaux. Faut-il les recouvrir avec des dalles ou pas ? Finalement, les résidents choisiront la seconde option. La raison ? «Une fois, un wôrô-wôrô (taxi communal, Ndlr) a fait une sortie de route et s’il n’y avait pas eu le caniveau ouvert, il serait entré dans un box de commerce où des personnes se trouvaient », témoigne M. Diomandé. Alors, les résidents ont réfléchi, selon lui, et ils se sont dit que ces ouvrages ouverts constituent un moindre mal face à l’inconduite des chauffards sur ce tronçon. Mais la fréquence à laquelle les canalisations se bouchent montre clairement qu’il faudrait réétudier la question. Si au Mahou, c’est la population elle-même qui a choisi de vivre ainsi, ce n’est pas le cas à Abobo. Dans cette commune, la plupart des routes souffrent de ce phénomène. Celle qui exprime le mieux cet état, c’est bien la voie qui part de la gendarmerie à « Abobo BC ». Sur cette artère, des pelleteuses travaillent à longueur de journée. Ces engins tentent de déboucher ces caniveaux qui ne sont plus que l’ombre d’eux-mêmes, car par endroits, ils sont si obstrués qu’on les confond à la chaussée. Un commerçant du coin habitué à ce spectacle se réjouit en ces termes : « c’est mieux qu’on n’ait pas recouvert les caniveaux ». Car, ajoute l’homme, c’aurait été pénible de les vider. Tandis que la pelleteuse travaille sur cette partie de la route, quelques vendeurs soupirent de soulagement. Certainement, parce qu’ils auront de nouveau un endroit où rejeter leurs ordures. Ces mauvaises pratiques s’observent dans presque toutes les communes. A la Riviera 2, non loin de la gare des taxis wôrô-wôrô, les sachets plastiques suffisent à envahir les ouvrages. Ceux-ci sont étroits et sans couverture. Alors que ces faits devaient interpeller, on s’étonne que sur la nouvelle voie express Abobo-Anyama encore en construction, les caniveaux soient non seulement étroits, mais qu’ils présentent la même structure que ceux du Mahou. Ce qui laisse présager que ces ouvrages que des riverains n’hésiteront pas à transformer en dépotoir connaîtront également un triste sort.
Raphaël Tanoh
Angré Mahou. Le malheur des uns fait visiblement le bonheur des autres. Tandis que les riverains et commerçants à proximité se plaignent des mauvaises odeurs dégagées par les canalisations bouchées, certaines personnes n’attendent que cela pour se faire de l’argent. Comme ces jeunes engagés depuis plusieurs jours pour enlever le sable et les détritus qui obstruent les caniveaux sur cette voie longue de 1,2 kilomètre, reliant le carrefour du lycée Mahou à la station-service Oilybia (route du zoo). A peine un an après son ouverture, cette artère est malade de son système d’assainissement. Les mauvaises habitudes n’en ont fait qu’une bouchée, pourrait-on dire. Faute de dalles pour protéger les caniveaux, on y jette n’importe quoi: sachets plastiques, ordures ménagères, gravats, pneus usagers... Chaque matin, avant l’ouverture de leurs magasins, les commerçants aux abords balayent déchets et poussière qu’ils rejettent à l’intérieur. Ce, au vu et au su des voisins. Ces derniers ne s’en plaignent pas parce qu’il leur arrive aussi de rejeter quelques ordures dans ces ouvrages. Le peu d’espace qui reste à ces canalisations pour continuer de fonctionner est occupé par le sable et une mare verdâtre que les eaux de ruissellement charrient jusque-là. C’était pour prévenir cela que dès les premiers mois, après la mise en état de cette route, M. Diomandé A. et plusieurs résidents du quartier ont tenu une réunion avec des responsables de la société Ofmas international, le responsable du chantier et des représentants du Programme d’urgence des infrastructures urbaines (Puiur), qui a financé les travaux. Au menu, entre autres, la question des caniveaux. Faut-il les recouvrir avec des dalles ou pas ? Finalement, les résidents choisiront la seconde option. La raison ? «Une fois, un wôrô-wôrô (taxi communal, Ndlr) a fait une sortie de route et s’il n’y avait pas eu le caniveau ouvert, il serait entré dans un box de commerce où des personnes se trouvaient », témoigne M. Diomandé. Alors, les résidents ont réfléchi, selon lui, et ils se sont dit que ces ouvrages ouverts constituent un moindre mal face à l’inconduite des chauffards sur ce tronçon. Mais la fréquence à laquelle les canalisations se bouchent montre clairement qu’il faudrait réétudier la question. Si au Mahou, c’est la population elle-même qui a choisi de vivre ainsi, ce n’est pas le cas à Abobo. Dans cette commune, la plupart des routes souffrent de ce phénomène. Celle qui exprime le mieux cet état, c’est bien la voie qui part de la gendarmerie à « Abobo BC ». Sur cette artère, des pelleteuses travaillent à longueur de journée. Ces engins tentent de déboucher ces caniveaux qui ne sont plus que l’ombre d’eux-mêmes, car par endroits, ils sont si obstrués qu’on les confond à la chaussée. Un commerçant du coin habitué à ce spectacle se réjouit en ces termes : « c’est mieux qu’on n’ait pas recouvert les caniveaux ». Car, ajoute l’homme, c’aurait été pénible de les vider. Tandis que la pelleteuse travaille sur cette partie de la route, quelques vendeurs soupirent de soulagement. Certainement, parce qu’ils auront de nouveau un endroit où rejeter leurs ordures. Ces mauvaises pratiques s’observent dans presque toutes les communes. A la Riviera 2, non loin de la gare des taxis wôrô-wôrô, les sachets plastiques suffisent à envahir les ouvrages. Ceux-ci sont étroits et sans couverture. Alors que ces faits devaient interpeller, on s’étonne que sur la nouvelle voie express Abobo-Anyama encore en construction, les caniveaux soient non seulement étroits, mais qu’ils présentent la même structure que ceux du Mahou. Ce qui laisse présager que ces ouvrages que des riverains n’hésiteront pas à transformer en dépotoir connaîtront également un triste sort.
Raphaël Tanoh