Monsieur le Président de la République, dès votre accession à la magistrature suprême de notre pays, vous avez montré votre grand intérêt pour l’accès de vos compatriotes aux soins de santé en décrétant la gratuité totale des soins puis la gratuité ciblée. Cette politique, alors qu’elle représente une action sociale majeure, n’est pas parvenue à convaincre les Ivoiriens sur son utilité sociale. La couverture maladie-universelle (Cmu) devait logiquement prendre le relais de la politique de gratuité des soins. Mais sa mise en œuvre est sans cesse reportée. Nous qui militons pour un accès universel aux soins de santé, demeurons inquiets. En effet, nous sommes à 7 mois de cette échéance, alors qu’aucune convention n’est encore signée avec les prestataires de soins, les partenaires sociaux et les assureurs privés. Aucune communication n’est faite sur le panier de soins, aucune disposition n’est connue sur la gestion concrète du risque maladie. Les Ivoiriens se demandent légitimement si le délai du 1er janvier 2015 sera tenu. Le décès de la jeune Awa Fadiga au Chu de Cocody, a été l’occasion de réaliser que les Ivoiriens attendent beaucoup de la Cmu. Dans votre discours à la nation en fin d’année 2012, vous aviez dit ceci : « La santé sera la priorité des priorités en 2013 avec notamment la mise en œuvre effective de l’assurance-maladie ». Son excellence, les indicateurs sanitaires de notre pays sont alarmants. Reporter encore la mise en œuvre de ce projet en 2015, pourrait enfoncer encore les Ivoiriens dans la pauvreté (…). Monsieur le Président, l’aspect technique de la CMU est aussi important. Car, il permettra de juger ce projet sur son utilité sociale, son efficacité et sa pérennité. Rappelons que la Cmu prévoit d’une part, une couverture contributive obligatoire pour tous ceux qui travaillent dans le secteur formel, les retraités du privé et du public, de l’autre, une couverture contributive volontaire pour tous les Ivoiriens travaillant dans le secteur informel (les plus nombreux), ceux travaillant dans des métiers indépendants, agricoles et enfin une couverture d’assistance pour les Ivoiriens déclarés indigents. Selon le Secrétariat technique permanent (Stp), la Cmu débutera dans sa phase pilote avec les travailleurs de l’économie formelle, ceux de l’économie informelle et agricole disposant d’une mutuelle de santé comme le secteur oléagineux et les producteurs d’hévéa. L’intégration à la Cmu pour les travailleurs n’exerçant pas dans l’économie formelle, ne sera possible que s’ils ont une mutuelle de santé. Ainsi, dans notre pays dont l’économie est basée sur l’agriculture, les planteurs de cacao, café et coton ne bénéficieront pas de la Cmu à son lancement. Et aucun chronogramme n’est prévu quant à l’intégration de ces vaillants travailleurs dans le système. Dans la réalité, monsieur le président, la Cmu commencera avec moins d’un million d’Ivoiriens en lieu et place des 4 millions annoncés par le Stp-Cmu.
Inquiétude
Sur une population de près de 23 millions, c’est bien insignifiant ! Aussi, ce système prévu à l’origine pour aider les démunis, débutera avec les Ivoiriens qui ont déjà la chance d’occuper un emploi stable. ( …). Monsieur le Président, il est aussi essentiel d’attirer votre attention sur le financement de la Cmu. Vous êtes économiste et vous connaissez mieux cette problématique. Les dépenses de santé augmentent partout dans le monde. Les causes sont diverses : progrès économique, progrès technique dans le domaine de la santé, facteurs démographiques. A ces facteurs, il faut ajouter la fraude, le risque moral et la demande induite, constatés dans tous les systèmes sociaux de santé. Il est évident que le plan de financement de la CMU qui prévoit une cotisation de 1000 F Cfa par personne, ne peut garantir sa pérennité, du fait de « l’effet de ciseau» entre les recettes et les charges. Il lui faut indubitablement un financement additionnel. Par ailleurs, ce plan de financement consacre peu de justice, car les Ivoiriens ayant les plus hauts revenus, contribueront à part égale avec les Ivoiriens ayant les plus bas revenus, sacrifiant de fait, l’esprit de la solidarité nationale. Monsieur le Président de la République, la Cmu, votre projet, doit être mise en œuvre en janvier 2015. Vous devez aussi veiller à son utilité sociale, son équité et sa pérennité. Les Ivoiriens apprécieront.
Donatien ROBÉ (Président de « Orphelins secours »)
Inquiétude
Sur une population de près de 23 millions, c’est bien insignifiant ! Aussi, ce système prévu à l’origine pour aider les démunis, débutera avec les Ivoiriens qui ont déjà la chance d’occuper un emploi stable. ( …). Monsieur le Président, il est aussi essentiel d’attirer votre attention sur le financement de la Cmu. Vous êtes économiste et vous connaissez mieux cette problématique. Les dépenses de santé augmentent partout dans le monde. Les causes sont diverses : progrès économique, progrès technique dans le domaine de la santé, facteurs démographiques. A ces facteurs, il faut ajouter la fraude, le risque moral et la demande induite, constatés dans tous les systèmes sociaux de santé. Il est évident que le plan de financement de la CMU qui prévoit une cotisation de 1000 F Cfa par personne, ne peut garantir sa pérennité, du fait de « l’effet de ciseau» entre les recettes et les charges. Il lui faut indubitablement un financement additionnel. Par ailleurs, ce plan de financement consacre peu de justice, car les Ivoiriens ayant les plus hauts revenus, contribueront à part égale avec les Ivoiriens ayant les plus bas revenus, sacrifiant de fait, l’esprit de la solidarité nationale. Monsieur le Président de la République, la Cmu, votre projet, doit être mise en œuvre en janvier 2015. Vous devez aussi veiller à son utilité sociale, son équité et sa pérennité. Les Ivoiriens apprécieront.
Donatien ROBÉ (Président de « Orphelins secours »)