Madame et Messieurs les Présidents des Institutions,
Madame la Présidente de la Commission des Droits de l'Homme,
Monsieur le Directeur Afrique du NDI,
Monsieur le Président de l'ASCAD,
Messieurs les Présidents des Partis Politiques,
Messieurs les membres du Forum des Confessions Religieuses,
Monsieur le Secrétaire du Domaine des Sciences Politiques, Juridiques, Économiques et de Gestion de l'ASCAD,
Monsieur le Président du Comité Scientifique
Chers Invites et Amis de la Presse,
Mesdames et Messieurs,
C'est avec un réel plaisir que j'ai accepté de répondre à votre invitation et de m'exprimer sur la problématique "Election et Violence", dans le cadre du séminaire organisé par le Domaine des Sciences Politiques, Juridiques, Économiques et de Gestion de l'Académie des Sciences, des Cultures, des Arts d'Afrique et de ses Diasporas.
Permettez-moi, avant tout propos, de féliciter le Président de l'ASCAD et les organisateurs de ce séminaire qui intervient à quelques mois du prochain cycle électoral que notre Pays va connaître.
Mesdames et Messieurs les membres de l'ASCAD, vous m'avez demandé de vous parler du "Rôle du PDCI-RDA dans la lutte contre la violence électorale".
En effet, la période électorale est dans la vie d'une Nation, ce moment qui véhicule une forte dose d'émotions et de passions. Il s'agit de désigner une personne à une Dignité, à une fonction par voix de suffrage qui est une onction.
Alors la tentation est souvent forte d'acquérir dette onction, de l'arracher ou de la conquérir de façon brutale, par la force.
Aussi, ne peut-on ignorer la personnalité des intervenants et leur état d'esprit en rapport avec la démocratie.
Les intervenants sont-ils démocrates?
C'est à dire, sont-ils imprégnés de la doctrine politique d'après laquelle, la souveraineté doit appartenir à tous les citoyens?
Ont-ils de la considération pour le citoyen?
Acceptent- ils de respecter le choix d'autrui?
C'est en me posant ces questions fondamentales, que je voudrais donner quelques éléments de réponse à travers l'expérience du PDCI- RDA, qui a soixante quatre(64) ans de pratique électorale.
En effet, le PDCI-RDA, profondément attaché au progrès des peuples et à la solidarité des Nations, a toujours milité pour l’édification d’une Afrique libre, unie et prospère, et pour la construction d’un monde de justice et de paix, par le dialogue, la neutralité, l’égalité, la tolérance et la dignité.
C’est en respectant ces idéaux que le PDCI-RDA a conduit aux destinées du pays jusqu’au coup d’état de 1999.
Néanmoins, comme la plupart des pays d’Afrique, la Côte d’Ivoire a été invitée à s’engager, au début des années 1990, dans un processus visant à faire évoluer son mode de gouvernance vers le multipartisme, qui avait jadis existé dans ce pays.
Il faut rappeler cependant que depuis l'appel de Brazzaville en 1944 et ensuite la loi-cadre de Gaston Déferre en1956, les africains, devenus des électeurs bénéficiant des mêmes prérogatives que les citoyens français, ont été amenés, à plusieurs reprises, à désigner leurs représentants au suffrage universel.
Au cours de cette période, les élections se sont déroulées sans que la violence n’atteigne le seuil d’aujourd’hui.
Dans notre Pays, les violences électorales sont inscrites durablement dans le paysage politique ivoirien depuis l’appel au «boycott actif» de 1995. Depuis cet instant, les élections sont de plus en plus devenues une question de vie ou de mort avec l'utilisation de tous les moyens. Le langage des élections devient de plus en plus violent et est parfois dénué de toute retenue et de bon sens. C’est tout comme si l’élection était une guerre et que seul le gagnant était un bon stratège.
Il s'est également développé, la culture du déni de la défaite avec un esprit de contestation systématique.
Or le pluralisme politique fait partie intégrante du processus démocratique. Il a un sens qui s’est construit au fil de l’histoire : il s’agit de permettre l’expression souvent contradictoire – voire antagoniste – de courants d’idées qui recouvrent des choix de société.
Après trente ans de culture de parti unique, les pays africains semblent éprouver des difficultés à intégrer la notion de multipartisme, et la synthèse qu’avait proposée le Président Félix HOUPHOUÊT- BOIGNY en 1980; le pluralisme des candidatures au sein du parti unique, n’aurait peut-être pas dû faire sourire, car il amorçait ainsi calmement une évolution qui avait besoin de temps.
Comment le PDCI-RDA lutte-t-il contre la violence électorale ?
D'abord compte tenu de la complexité du processus électoral, le PDCI-RDA pense qu’une bonne manière de lutter contre les violences électorales est la formation de ses militants et des électeurs.
C’est ainsi que nous comptons rendre fonctionnelle, l’Institut d’Études Politiques du PDCI-RDA pour la formation initiale et continue des militants, en leur donnant des outils nécessaires à leur édification.
Les élections étant régies par un code électoral, les responsables de base (présidents de comité, Secrétaires Généraux de Section, responsables des Femmes et des Jeunes) devront s’en approprier.
Cette formation est également essentielle pour les potentiels candidats.
Une sensibilisation particulière des structures électorales et des acteurs des élections devra viser l’acceptation des résultats électoraux et la gestion des contentieux qui pourraient survenir.
Ensuite, pratiquer une démocratie interne au sein des Partis Politiques dans le choix de ses responsables à travers le jeu des élections et en organisant des élections primaires pour le choix de ses représentants lors des élections nationales.
Le PDCI-RDA estime être sur la bonne voie, d’autant plus que depuis 2002 (11ème Congrès Ordinaire), le choix du Président du Parti a été fait par un vote à bulletin secret lors de scrutins pluralistes.
A l’issue des scrutins organisés selon les normes (dépôt des candidatures, Présidents de Bureaux de vote, représentants des candidats par bureau de vote, dépouillement public), les résultats ont été acceptés à chaque fois par tous les candidats.
Enfin, être démocrate. Il est bon de rappeler pour mémoire que lors du premier tour de l'élection présidentielle de 2010, le candidat du PDCI-RDA a accepté les résultats proclamés par l'autorité organisatrice de l'élection, permettant ainsi à la Cote d’Ivoire de passer au deuxième tour du scrutin sans heurt après avoir pris acte de la réponse réservée à sa requête par la Cour Suprême de Côte d'Ivoire.
Il en a été de même pour les élections municipales et régionales couplées de 2013.
Le PDCI-RDA a déposé une vingtaine de dossiers dans le contentieux des résultats dont il a accepté le verdict de la chambre administrative de la Cour Suprême.
En conclusion
Malgré les avancées enregistrées dans l’organisation d’élections paisibles et crédibles en Afrique, les élections demeurent des moments de vulnérabilité politique et sociale souvent entachés de fortes tensions, voire de violences. Ces acquis démocratiques, même s'ils paraissent peu importants, méritent d'être préservés et renforcés.
Tout en ayant plusieurs fois fait les frais de violence lors des élections, le PDCI-RDA reste convaincu que la politique est un jeu démocratique. Ainsi, lorsqu'on observe la situation de plus près, on remarque que la victoire à une élection procure les mêmes effets que le jeu : satisfaction, plaisir, goût du risque, honneur, etc.
On sait par ailleurs qu'un jeu n’est valable que lorsqu’il s’appuie sur des règles de base. Ces règles de base sont contenues dans le code électoral.
Les Commissions électorales doivent donc jouer un rôle clé dans l’instauration d’un climat de confiance nécessaire pour la tenue d’élections paisibles.
En faisant tous l’effort d’appliquer et de respecter les règles du code électoral, nous pouvons éviter les violences que génèrent des élections de nos jours.
Fait à Abidjan, le 13 mai 2014
Henri KONAN BEDIE
Président du PDCI-RDA
Madame la Présidente de la Commission des Droits de l'Homme,
Monsieur le Directeur Afrique du NDI,
Monsieur le Président de l'ASCAD,
Messieurs les Présidents des Partis Politiques,
Messieurs les membres du Forum des Confessions Religieuses,
Monsieur le Secrétaire du Domaine des Sciences Politiques, Juridiques, Économiques et de Gestion de l'ASCAD,
Monsieur le Président du Comité Scientifique
Chers Invites et Amis de la Presse,
Mesdames et Messieurs,
C'est avec un réel plaisir que j'ai accepté de répondre à votre invitation et de m'exprimer sur la problématique "Election et Violence", dans le cadre du séminaire organisé par le Domaine des Sciences Politiques, Juridiques, Économiques et de Gestion de l'Académie des Sciences, des Cultures, des Arts d'Afrique et de ses Diasporas.
Permettez-moi, avant tout propos, de féliciter le Président de l'ASCAD et les organisateurs de ce séminaire qui intervient à quelques mois du prochain cycle électoral que notre Pays va connaître.
Mesdames et Messieurs les membres de l'ASCAD, vous m'avez demandé de vous parler du "Rôle du PDCI-RDA dans la lutte contre la violence électorale".
En effet, la période électorale est dans la vie d'une Nation, ce moment qui véhicule une forte dose d'émotions et de passions. Il s'agit de désigner une personne à une Dignité, à une fonction par voix de suffrage qui est une onction.
Alors la tentation est souvent forte d'acquérir dette onction, de l'arracher ou de la conquérir de façon brutale, par la force.
Aussi, ne peut-on ignorer la personnalité des intervenants et leur état d'esprit en rapport avec la démocratie.
Les intervenants sont-ils démocrates?
C'est à dire, sont-ils imprégnés de la doctrine politique d'après laquelle, la souveraineté doit appartenir à tous les citoyens?
Ont-ils de la considération pour le citoyen?
Acceptent- ils de respecter le choix d'autrui?
C'est en me posant ces questions fondamentales, que je voudrais donner quelques éléments de réponse à travers l'expérience du PDCI- RDA, qui a soixante quatre(64) ans de pratique électorale.
En effet, le PDCI-RDA, profondément attaché au progrès des peuples et à la solidarité des Nations, a toujours milité pour l’édification d’une Afrique libre, unie et prospère, et pour la construction d’un monde de justice et de paix, par le dialogue, la neutralité, l’égalité, la tolérance et la dignité.
C’est en respectant ces idéaux que le PDCI-RDA a conduit aux destinées du pays jusqu’au coup d’état de 1999.
Néanmoins, comme la plupart des pays d’Afrique, la Côte d’Ivoire a été invitée à s’engager, au début des années 1990, dans un processus visant à faire évoluer son mode de gouvernance vers le multipartisme, qui avait jadis existé dans ce pays.
Il faut rappeler cependant que depuis l'appel de Brazzaville en 1944 et ensuite la loi-cadre de Gaston Déferre en1956, les africains, devenus des électeurs bénéficiant des mêmes prérogatives que les citoyens français, ont été amenés, à plusieurs reprises, à désigner leurs représentants au suffrage universel.
Au cours de cette période, les élections se sont déroulées sans que la violence n’atteigne le seuil d’aujourd’hui.
Dans notre Pays, les violences électorales sont inscrites durablement dans le paysage politique ivoirien depuis l’appel au «boycott actif» de 1995. Depuis cet instant, les élections sont de plus en plus devenues une question de vie ou de mort avec l'utilisation de tous les moyens. Le langage des élections devient de plus en plus violent et est parfois dénué de toute retenue et de bon sens. C’est tout comme si l’élection était une guerre et que seul le gagnant était un bon stratège.
Il s'est également développé, la culture du déni de la défaite avec un esprit de contestation systématique.
Or le pluralisme politique fait partie intégrante du processus démocratique. Il a un sens qui s’est construit au fil de l’histoire : il s’agit de permettre l’expression souvent contradictoire – voire antagoniste – de courants d’idées qui recouvrent des choix de société.
Après trente ans de culture de parti unique, les pays africains semblent éprouver des difficultés à intégrer la notion de multipartisme, et la synthèse qu’avait proposée le Président Félix HOUPHOUÊT- BOIGNY en 1980; le pluralisme des candidatures au sein du parti unique, n’aurait peut-être pas dû faire sourire, car il amorçait ainsi calmement une évolution qui avait besoin de temps.
Comment le PDCI-RDA lutte-t-il contre la violence électorale ?
D'abord compte tenu de la complexité du processus électoral, le PDCI-RDA pense qu’une bonne manière de lutter contre les violences électorales est la formation de ses militants et des électeurs.
C’est ainsi que nous comptons rendre fonctionnelle, l’Institut d’Études Politiques du PDCI-RDA pour la formation initiale et continue des militants, en leur donnant des outils nécessaires à leur édification.
Les élections étant régies par un code électoral, les responsables de base (présidents de comité, Secrétaires Généraux de Section, responsables des Femmes et des Jeunes) devront s’en approprier.
Cette formation est également essentielle pour les potentiels candidats.
Une sensibilisation particulière des structures électorales et des acteurs des élections devra viser l’acceptation des résultats électoraux et la gestion des contentieux qui pourraient survenir.
Ensuite, pratiquer une démocratie interne au sein des Partis Politiques dans le choix de ses responsables à travers le jeu des élections et en organisant des élections primaires pour le choix de ses représentants lors des élections nationales.
Le PDCI-RDA estime être sur la bonne voie, d’autant plus que depuis 2002 (11ème Congrès Ordinaire), le choix du Président du Parti a été fait par un vote à bulletin secret lors de scrutins pluralistes.
A l’issue des scrutins organisés selon les normes (dépôt des candidatures, Présidents de Bureaux de vote, représentants des candidats par bureau de vote, dépouillement public), les résultats ont été acceptés à chaque fois par tous les candidats.
Enfin, être démocrate. Il est bon de rappeler pour mémoire que lors du premier tour de l'élection présidentielle de 2010, le candidat du PDCI-RDA a accepté les résultats proclamés par l'autorité organisatrice de l'élection, permettant ainsi à la Cote d’Ivoire de passer au deuxième tour du scrutin sans heurt après avoir pris acte de la réponse réservée à sa requête par la Cour Suprême de Côte d'Ivoire.
Il en a été de même pour les élections municipales et régionales couplées de 2013.
Le PDCI-RDA a déposé une vingtaine de dossiers dans le contentieux des résultats dont il a accepté le verdict de la chambre administrative de la Cour Suprême.
En conclusion
Malgré les avancées enregistrées dans l’organisation d’élections paisibles et crédibles en Afrique, les élections demeurent des moments de vulnérabilité politique et sociale souvent entachés de fortes tensions, voire de violences. Ces acquis démocratiques, même s'ils paraissent peu importants, méritent d'être préservés et renforcés.
Tout en ayant plusieurs fois fait les frais de violence lors des élections, le PDCI-RDA reste convaincu que la politique est un jeu démocratique. Ainsi, lorsqu'on observe la situation de plus près, on remarque que la victoire à une élection procure les mêmes effets que le jeu : satisfaction, plaisir, goût du risque, honneur, etc.
On sait par ailleurs qu'un jeu n’est valable que lorsqu’il s’appuie sur des règles de base. Ces règles de base sont contenues dans le code électoral.
Les Commissions électorales doivent donc jouer un rôle clé dans l’instauration d’un climat de confiance nécessaire pour la tenue d’élections paisibles.
En faisant tous l’effort d’appliquer et de respecter les règles du code électoral, nous pouvons éviter les violences que génèrent des élections de nos jours.
Fait à Abidjan, le 13 mai 2014
Henri KONAN BEDIE
Président du PDCI-RDA