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Société Publié le lundi 11 août 2014 | Le Nouveau Consommateur Hebdo

Face à la cherté de la vie : Que font les ménages pour joindre les deux bouts ?

À l’heure du slogan ‘’ l’argent travaille’’, les Ivoiriens s'échinent comme ils peuvent, pour joindre les deux bouts en menant pêle-mêle toutes sortes d’activités. Pourvu qu’ils arrivent à récolter des dividendes qui leur permettront de faire face à leurs obligations quotidiennes. Notre enquête sur le terrain.

C’est peu dire que la vie est chère. Elle le devient de plus en plus, d’ailleurs. Une évidence reconnue par le chef de l’État qui déclarait dans son message du Nouvel An à la nation,
« oui, la vie est chère et nombreux sont nos compatriotes qui éprouvent des difficultés à joindre les deux bouts ».
Les revenus mensuels à eux seuls ne suffisent plus pour couvrir les charges familiales. Comment s’arrangent donc les ménages pour joindre les deux bouts ?
Michel Boka, mécanicien à son propre compte dans la commune de Cocody, conseille aux travailleurs de se lancer dans des activités parallèles. Un conseil que n’ont d’ailleurs pas attendu la plupart pour entreprendre.

Des activités qui gravitent autour du domaine de compétence
Dr E. E, médecin généraliste en service au Plateau, a ouvert une clinique dans la commune d’Abobo.
« C’est grâce aux revenus de la clinique que j’ai pu construire des logements que j’ai mis en location. L’argent de ces deux activités me permet de faire face aux nombreuses sollicitations émanant généralement des parents au village », explique-t-il.
Alliance N, professeur de Construction dans un lycée à Bingerville, est également resté dans son domaine de compétence. Il fait des vacations dans des écoles privées.
« L’argent des vacations me permet certes de joindre les deux bouts, mais il m’a aussi permis de financer le commerce de mon épouse. Je lui ai remis 100 000 FCFA pour qu’elle commence son commerce de produits cosmétiques », révèle-t-il.
Les professionnels de la presse ne sont pas en reste du mouvement. Un patron de presse s’est lancé dans la commercialisation de lubrifiant pour véhicule à l’intérieur du pays. Cette affaire l’amène à effectuer de fréquents déplacements pour livrer la marchandise, mais également pour contrôler ses affaires.
C’est avec le bénéfice, qu’il règle ses factures d’électricité, d’eau et son abonnement au câble. Ce qui lui permet de faire des économies pour d’autres investissements futurs.
Une consœur ayant requis l’anonymat soutient avoir plusieurs cordes à son arc. Elle déclare faire de la consultance en communication en priorité. « Mon domaine de prédilection, c’est la communication. Mais à côté de cela, je fais des tontines. Il m’arrive de revendre, à Abidjan, des marchandises que j’achète en province, quand je vais en mission », explique-t-elle. À ce propos, elle raconte une anecdote.
« Nous revenions un jour de mission de Daloa. J’ai acheté des tas de bananes. Des confrères et consœurs se moquaient de moi. Ils pensaient que les bananes étaient pour ma consommation propre. Mais quand je leur ai expliqué mes véritables intentions, ils se sont ressaisis et ont trouvé mon idée géniale ». Pour étendre ses activités, cette consœur envisage acquérir un magasin de vente de produits vivriers non périssables dans son quartier : piments secs, gombos secs, pistache, soja, etc.


Des activités rentables
Cette consœur affirme s’en sortir à bon compte.
« Je gagne, avec toutes mes petites activités réunies, plus de 150 000 FCFA par mois. Ce qui est au-delà de mon salaire. Cela m’encourage à redoubler d’efforts et à mieux m’organiser ».

Agent municipal, Frédéric L. est un passionné de la communication. Il soutient arrondir ses fins de mois en exerçant dans l’événementiel. Cet homme d’une trentaine d’années, a par conséquent l’oreille bien tendue pour dénicher des événements. Il y a de quoi, parce que ce sont 120 000 FCFA que Frédéric glane ainsi chaque mois.
K. Diakité, assistant Marketing et Communication dans une agence de communication, est un sacré veinard. Chaque mois, ses activités lui permettent d’empocher en moyenne un pactole de 500 000 FCFA.
Il est propriétaire d’un magasin de vente de pièces détachées de voitures et d’appareils électro-ménagers.
En outre, il a investi dans la vente de friperies. « Les vêtements nous parviennent de certains pays d’Europe grâce à un proche qui vit en France », raconte-t-il.
Il fait aussi de l’intermédiation pour la vente de biens d’équipement et d’articles en provenance d’Europe. « J’envisage mettre en circulation des taxis-compteur neufs que je vais rétrocéder aux taximen au bout de deux ans d’exploitation », révèle celui qui ne compte pas s’arrêter en si bon chemin.

La cherté de la vie fortement ressentie
La vie de Fulgence G, entrepreneur, et celle de sa famille serait un véritable enfer s’il n’avait pas parallèlement à son activité une affaire de location de voitures.
Il soutient que depuis plusieurs mois, il n’arrive pas à s’en sortir parce qu’il n’a pas de marché. « C’est dur pour moi actuellement. Mes activités tournent au ralenti. C’est donc grâce aux revenus de la location de voitures que j’entretiens ma femme et ma fille qui va faire la classe de 6è, l’année prochaine », déclare-t-il.
À l’intérieur du pays, les fonctionnaires, surtout les instituteurs, embrassent des activités champêtres. Arnaud A, instituteur dans un village d’Alépé, cultive du manioc. « Les jours où je n’ai pas cours, je vais au champ. Une partie de la production est commercialisée et l’autre est consommée sous forme d’attiéké », précise-t-il. L’instituteur avoue que le champ de manioc lui est d’une grande utilité.
« À partir du 18 du mois, quand l’argent se fait rare, c’est grâce à l’attiéké que ma femme fait que nous arrivons à terminer le mois », confie cet enseignant.
D’autres remettent de l’argent à leurs épouses pour vendre de la nourriture dans les écoles. Vente de jus, de cake, ouverture de cabines téléphoniques, de salons de coiffure, vente de bijoux, traitement de textes et photocopie de documents, animation de cérémonie, les Ivoiriens acculés par la cherté de la vie font preuve d’ingéniosité pour s’en sortir.

Jérémy Junior
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