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Société Publié le lundi 18 août 2014 | Le Monde d`Abidjan

Enquête express (grandes vacances) : ‘’Les élèves sont nombreux à se lancer dans des activités lucratives pendant les vacances scolaire, et ce, en vue de s’assurer une très bonne rentrée scolaire 2014-2015 ‘’

Comment les élèves font le ‘’Djossi’’ pour garantir leurs études

La période des « grandes vacances » n’est pas vécue de la même manière par la gent scolaire.si cette plage est mise à profit par certains pour souffler et voyager après plusieurs mois d’étude, d’autres utilisent ce temps libre pour faire un petit boulot. Les premiers sont en général issus de familles aisées. Quand aux seconds, pour la plupart des enfants de familles pauvres, ils s’emploient à amasser de quoi préparer la rentrée scolaire. Ils aident ainsi leurs parents à supporter les dépenses d’achats de fourniture scolaire et des uniformes scolaires. Ibrahim Touré est dans ce cas. Cet élève, qui habite la commune d’Abobo, est âgé de 14 et il vient d’obtenir son brevet d’étude du premier cycle (bepc). Depuis la classe de 6è, il se reconvertit en cireur et vendeur de chaussures durant les vacances. « Je n’ai pas le choix. Je viens d’une famille très démunie. J’ai compris très vite que si je voulais continuer à aller à l’école, il me fallait travailler pour me procurer de quoi acheter mes effets scolaires », explique le jeune garçon qui sort de chez lui à 6 heures du matin pour exercer son travail. Ibrahim Touré ne cache pas la satisfaction que lui procure son petit métier. « Dieu merci. Ce petit boulot me rapporte suffisamment pour acheter mes fournitures scolaires et quelques habits. Je contribue à ma façon à mon épanouissement », combien de fois est t-il fier de lui-même. Quant à Brice Konan Yao, qui sera en 1ère, l’année prochaine, il vend des jouets pour enfant dans la commune d’Adjamé. L’adolescent a été confié tout petit par sa mère à un grand commerçant de la place. « Je travaille pour mon tuteur depuis sept ans. J’ai commencé par l’aider dans sa boutique. Au terme des vacances, il m’achetait mes fournitures et des habits. Au fil du temps, j’ai gagné sa confiance. Maintenant, il me donne des jouets à vendre », raconte-t-il. Son commerce marche bien.il peut quotidiennement écouler jusqu’à 30.000Fcfa de marchandises. Grâce aux bénéfices de ses ventes, il subvient à tous ses besoins tout au long de l’année scolaire. Il soutient que ce travail journalier ne l’empêche pas de se distraire pendant les vacances .j’ai su joindre l’utile à l’agréable. Primo, je fais une incursion dans la vie active. Et secundo, j’apprends à être indépendant tout en m’amusant », dit t-il, heureux. L’adolescent, mûr pour son âge, rappelle que la vie ne s’arrête pas seulement à l’école. Il est déjà convaincu que quelqu’un peut être premier en classe et se retrouver dernier dans la vie active.

Etre domestique pour sauver son année scolaire

La devise d’Affoué Elisabeth est de profiter des vacances pour se faire un peu d’argent et s’initier à un métier. Elève en classe de 2nde dans le district autonome de Yamoussoukro, la courageuse Elisabeth vient passer ses vacances dans la capitale économique du pays. Elle n’y vient pas pour s’amuser, mais pour travailler. « Je travaille comme servante depuis plus de 5 ans pendants les vacances. Vous avez tous une idée des difficultés de la vie dans les villages. Aussi, n’ignorez-vous pas qu’il n’est pas facile pour une fille d’aller à l’école dans nos villages. Nos parents préfèrent envoyer les garçons à l’école. Les filles sont soumises aux travaux ménagers. C’es pourquoi, j’ai opté pour le métier de servante pendant les vacances afin de pouvoir poursuivre mes études explique-t-elle. En fait les vacances, notre interlocutrice est soumise trois mois durant à un dur labeur. Elle est rétribuée à 20.000 FCFA par mois. «Je gagne peu, mais j’ai toujours eu la chance de tomber sur des patronnes généreuses. Elles m’offrent des habits, des cahiers et bien d’autres bricoles. Grâce à leur générosité, j’économise mon argent pour contribuer aux besoins de ma famille », confie la villageoise qui avoue qu’elle travailler pour assurer ses études. « Les week- ends, je me promène avec mes nièces pour connaître Abidjan. Je participe souvent à des soirées organisées par les ressortissants de mon village », dit-elle, souriante.

Le forum des marchés, la poule aux œufs d’or

Que dire de Souleymane Coulibaly ? Élève en classe de 1ère à Korhogo, il est arrivé dans la capitale économique du pays pour passer ses vacances. Au lieu de paresser à la maison, il en profite pour travailler et gagner un peu d’argent. « Je n’ai pas l’habitude de rester à la maison sans rien faire. Pour m’occuper, j’ai demandé à mon oncle de m’acheter un pousse-pousse », confirme t-il persuadé qu’il n’ya pas de sot métier, l’élève opère devant le forum des marchés d’Adjamé. « Les gens sont étonnés en apprenant que je suis élève», explique t-il. Son oncle est contre ce qu’il fait, mais Souleymane assure qu’il n’ya pas d’autre alternative que de travailler. « J’ai toujours envie d’être actif et utile. Surtout que ce boulot va me permettre d’avoir de l’argent pour m’assurer une bonne rentrée scolaire », ajoute-t-il. Quant à son compagnon, Noel Adjoumani, il est élèves au lycée moderne de Koumassi. Sans se gêner le moins du monde, il conduit son pousse-pousse. « Au début, quand je tombais sur des camarades de classe, ils se moquaient de moi. Je leur ai fait comprendre que ce n’est pas par nécessité que je travaillais. Même si c’était le cas je serais tout aussi fier. J’ai tout simplement compris que la vie d’un homme, précisément celle d’un garçon, ne doit pas se limiter à la simple distraction. Je fais ce travail pour aider ma mère dans le règlement de mes fournitures scolaires », soutient-il. Son petit job lui rapporte en moyenne 4.500 FCFA par jour. « Je suis surtout initié aux difficultés de la vie. Cet aspect est essentiel pour moi », déclare-t-il fièrement, ajoutant que son activité ne l’empêche pas de s’épanouir et de se distraire pendant les vacances. « Mes nuits sont aussi agitées que mes journées. Sans trop d’excès, je m’amuse », souligne celui qui aspire à devenir un haut cadre de ce pays.

Lyne Manou (stagiaire)
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