A 36 ans, Koné Oumar, athlète handicapé (amputé d’un bras) veut disputer les Jeux paralympiques de Rio 2016, avant de mettre un terme à sa carrière. « Ma femme et mes enfants, c’est le sport. J’aurai le temps pour fonder une famille, après Rio 2016 », a-t-il précisé avant de démarrer l’interview avec « Le Sursaut », hier.
Qui est réellement Koné Oumar
Je suis un athlète handicapé qui a commencé à courir depuis 1994. J’ai commencé d’abord avec les athlètes valides avant de rejoindre la famille des handicapés. J’excelle aux 400, 800 et 1500 mètres. Je suis l’athlète le plus titré au monde.
Est-ce vrai ?
Oui, Cela a été révélé par un canal international de la place. J’ai 61 médailles d’or, 16 médailles d’argent et 5 médailles de bronze, un record para olympique et trois records d’Afrique.
Comment es-tu venu à l’athlétisme ?
Quand j’ai commencé l’athlétisme en son temps, il n’avait pas d’handisport en Côte d’ivoire. Je courais avec les valides. Mes concurrents sérieux étaient des valides parce qu’à mes débuts ce n’était pas facile du tout. J’ai commencé avec les différents cross de la ville d’Abidjan que la fédération organisait. Un jour, sur10 kilomètres, j’ai terminé premier au classement général et au classement par catégorie, j’étais le premier junior. C’était en 1994 et c’est de là que tout est parti. Tous les cross que la fédération ivoirienne d’athlétisme organisait je participais et c’est ainsi que l’année qui a suivi (1995), je suis allé aux championnats d’Afrique Arabo- Africains. C’est de là que le sport paralympique a été créé.
Aujourd’hui quel est ton actualité ?
Aujourd’hui, je me dirige vers l’encadrement technique pour mettre au profit des jeunes frères tout ce que j’ai appris. Aussi, je suis toujours un athlète et je dois préparer les derniers jeux olympiques pour avoir la quatrième médaille d’or et faire plaisir à la nation ivoirienne comme d’habitude.
Parlons de cette carrière riche en médailles, est- ce que tu as pu rentabiliser tes lauriers ?
Il faut dire que le sport dit mineur est mal vu. Ces lauriers que j’ai eus en tant qu’athlète, sur le plan national comme international n’ont pas été rentables parce que Koné Oumar vit une vie, je ne peux pas dire de misère, ça va mais ça ne va pas côté financier. Et ce n’est pas facile. Lorsque je vois aujourd’hui mon troisième, un Tunisien qui a une villa, une voiture et un travail, il faut dire que
je me pose la question avec tout ce que j’ai eu, qu’est-ce que j’ai eu comme récompenses ?
Mais je me dis toujours qu’un jour viendra où cela va se faire. Dernièrement, il y a eu vraiment une grande récompense. Je vais dire un grand merci au président de l’Assemblée nationale, Soro Guillaume qui m’a promis une villa avec du travail et une voiture. Il a demandé qu’on le fasse car avec tout ce que j’ai eu comme lauriers pour la nation, je ne pouvais pas rester comme cela. Ce monsieur est un homme de parole et j’espère que ça va se faire dans les jours à venir. Dites-vous que la villa est pratiquement finie. La ville, du travail et une voiture, c’est que le PAN m’a réellement promis. Et je le salue pour cette initiative.
Quel travail veux-tu ?
Mon rêve, c’est d’être détaché au ministère des sports pour apporter un peu plus. Etre un conseiller auprès du ministre des sports. Il faut être vraiment un athlète de haut niveau pour comprendre les sportifs de haut niveau. Il faut une personne qui a fait le sport de haut niveau pour être auprès du ministre pour lui donner des conseils appropriés, pour lui dire ce qu’il faut faire et ce qu’il ne faut pas faire pour tous ces jeunes-là, pas seulement Koné Oumar, il y en a d’autres. Je veux vraiment travailler au ministère des sports comme conseiller technique pour le sport paralympique.
Parlant de ton handicap, comment cela est-il arrivé ?
Il faut dire que Koné Oumar est né avec son handicap. Cela fait que je ne porte pas de chemises manches longues. Je dis un grand merci à ma mère qui n’est plus de ce monde car elle m’avait habitué à porter les chemises manches courtes. Quand on allait au marché les femmes se plaignaient en lui disant de cacher mes mains. Et elle leur répondait que c’est Dieu qui m’a donné cet enfant ainsi et Dieu sait pourquoi il me l’a donné. Je suis fier de mon handicap parce qu’être un handicapé et être le plus titré, ce n’est pas donné à tout le monde. Il y a des gens aujourd’hui qui ont leurs quatre membres et qui n’arrivent pas à la cheville de Koné Oumar. Dieu a prévu ça pour que je devienne célèbre. Je dis Dieu merci pour mon handicap. Car ce handicap m’a fait assez de bien sur cette terre. C’est pourquoi, je n’ai pas honte d’avoir ce bras sans doigt…
Parlons de toutes ces médailles, quelle victoire t’a le plus marquée ?
C’était au championnat du monde à Birmingham. J’étais allé avec mon directeur technique, qui avait déjà vu mes concurrents. En les ayant vu, il n’avait point misé sur ma personne. J’ai un collègue qui avait sur lui notre drapeau national et qui l’agitait en disant : « Allez Oumar, allez Oumar ! ». Le directeur lui a dit : Efface-toi devant moi. Es-tu sûr qu’Oumar peut battre ces gens-là ? Après ma victoire, il m’a respecté. C’était en 1998. Et j’ai battu le record du monde avec 49,07 s, sur 400 m et obtenu la médaille d’or. Il m’a depuis ce jour, respecté. La deuxième était à Sydney. Après les jeux africains en Afrique du Sud, je suis tombé malade pendant six (06) mois. Et à deux mois de la compétition j’ai repris les entrainements et je suis allé défendre les couleurs du pays, parce qu’on misait sur moi. Après les quarts, la demi-finale, j’atteins la finale. J’ai laissé mon concurrent à dix mètres derrière moi. J’ai remporté la médaille d’or et battu le record du monde sur 400 m. Ce fut mon meilleur moment de gloire.
Ta plus grande déception ?
Ma plus grande déception fut quand je suis rentré en Côte d’Ivoire avec une médaille d’or, personne n’est venue accueillir Koné Oumar. Koné Oumar est livré à lui seul. Lorsque je vais en mission, c’est le drapeau du pays, orange, blanc et vert et l’hymne national du pays, l’Abidjanaise. Et lorsque je rentre, je n’ai jamais été accueilli comme il se doit. Je rentre toujours à huis clos. C’est vrai, je sors à huis clos et je rentre toujours à huis clos. C’est la seule déception, car quand je vois, mon troisième qui a été accueilli par le président de la République de son pays, en Tunisie, en fanfare et cortège et moi-même le champion olympique je rentre à la maison sans tout cela, c’est une déception.
Cela est dû à quoi ?
Cela est dû à la communication. S’il n’y a pas de communication, il n’y a pas de gain. Je me dis toujours que c’est un problème de communication.
Un mot sur les athlètes handicapés de la Fédération des sports paralympiques en Côte d’Ivoire
Je dis un grand merci au président de la Fédération ivoirienne des sports paralympiques, Trazié Serge Pacôme qui se bat pour l’honneur des athlètes handicapés. Moi, je crois aux jeunes, c’est pourquoi je suis dans l’encadrement technique. Vous savez, lorsque les athlètes ivoiriens me voient, ils ont une sorte de fierté, une envie de suivre mes traces. Mais, en même temps, ils se disent qu’avec tout ce que j’ai eu à faire, si je n’ai rien, qu’auront-ils en fin de compte ? Mais je sais qu’avec un peu de moyens, nous pouvons avoir assez d’athlètes champions d’Afrique. Il y a de la bonne graine, les jeunes sont motivés. Si les athlètes handicapés sont soutenus financièrement, ils pourront faire honneur au drapeau ivoirien.
Que faut-il à la Fédération pour une médaille d’or aux jeux paralympiques de Rio en 2016 ?
Il faut mettre des moyens à la disposition de la fédération. Nous avons des athlètes pour offrir des médailles à la Côte d’Ivoire. En haltérophilie, nous avons déjà un vice-champion du monde chez les moins de 54 kg qui est Diamoutené Alidou. Tout est une question de moyens et d’objectifs. Il faut injecter assez d’argent dans le handisport ivoirien et les résultats suivront. C’est malheureux lorsqu’on voit que certains valides traitent les personnes handicapées de mendiants, bons uniquement pour la mendicité aux feux tricolores.
Si les autorités donnent des moyens à la Fédération, c’est sûr que nous ferons tout pour donner une chance aux handicapés au sport. C’est le plus souvent mal au cœur de voir des jeunes mendier à longueur de journée, alors qu’avec le sport, ils peuvent construire leurs vies. Mais, s’ils viennent et qu’ils ne gagnent rien, c’est sûr qu’ils repartiront dans la rue. En tout cas, mon cri de cœur, il faut que le sport paralympique ait assez de moyens. Les JO de Rio, c’est maintenant qu’il faut commencer la préparation. Je ne saurai terminer sans remercier le Président de l’Assemblée nationale, Soro Guillaume qui a comblé assez de frustrations en me recevant, c’est un homme de parole et bientôt, je compte lui rendre un vibrant hommage.
Réalisée par Annoncia Sehoué, coll : Constant Tobo
Qui est réellement Koné Oumar
Je suis un athlète handicapé qui a commencé à courir depuis 1994. J’ai commencé d’abord avec les athlètes valides avant de rejoindre la famille des handicapés. J’excelle aux 400, 800 et 1500 mètres. Je suis l’athlète le plus titré au monde.
Est-ce vrai ?
Oui, Cela a été révélé par un canal international de la place. J’ai 61 médailles d’or, 16 médailles d’argent et 5 médailles de bronze, un record para olympique et trois records d’Afrique.
Comment es-tu venu à l’athlétisme ?
Quand j’ai commencé l’athlétisme en son temps, il n’avait pas d’handisport en Côte d’ivoire. Je courais avec les valides. Mes concurrents sérieux étaient des valides parce qu’à mes débuts ce n’était pas facile du tout. J’ai commencé avec les différents cross de la ville d’Abidjan que la fédération organisait. Un jour, sur10 kilomètres, j’ai terminé premier au classement général et au classement par catégorie, j’étais le premier junior. C’était en 1994 et c’est de là que tout est parti. Tous les cross que la fédération ivoirienne d’athlétisme organisait je participais et c’est ainsi que l’année qui a suivi (1995), je suis allé aux championnats d’Afrique Arabo- Africains. C’est de là que le sport paralympique a été créé.
Aujourd’hui quel est ton actualité ?
Aujourd’hui, je me dirige vers l’encadrement technique pour mettre au profit des jeunes frères tout ce que j’ai appris. Aussi, je suis toujours un athlète et je dois préparer les derniers jeux olympiques pour avoir la quatrième médaille d’or et faire plaisir à la nation ivoirienne comme d’habitude.
Parlons de cette carrière riche en médailles, est- ce que tu as pu rentabiliser tes lauriers ?
Il faut dire que le sport dit mineur est mal vu. Ces lauriers que j’ai eus en tant qu’athlète, sur le plan national comme international n’ont pas été rentables parce que Koné Oumar vit une vie, je ne peux pas dire de misère, ça va mais ça ne va pas côté financier. Et ce n’est pas facile. Lorsque je vois aujourd’hui mon troisième, un Tunisien qui a une villa, une voiture et un travail, il faut dire que
je me pose la question avec tout ce que j’ai eu, qu’est-ce que j’ai eu comme récompenses ?
Mais je me dis toujours qu’un jour viendra où cela va se faire. Dernièrement, il y a eu vraiment une grande récompense. Je vais dire un grand merci au président de l’Assemblée nationale, Soro Guillaume qui m’a promis une villa avec du travail et une voiture. Il a demandé qu’on le fasse car avec tout ce que j’ai eu comme lauriers pour la nation, je ne pouvais pas rester comme cela. Ce monsieur est un homme de parole et j’espère que ça va se faire dans les jours à venir. Dites-vous que la villa est pratiquement finie. La ville, du travail et une voiture, c’est que le PAN m’a réellement promis. Et je le salue pour cette initiative.
Quel travail veux-tu ?
Mon rêve, c’est d’être détaché au ministère des sports pour apporter un peu plus. Etre un conseiller auprès du ministre des sports. Il faut être vraiment un athlète de haut niveau pour comprendre les sportifs de haut niveau. Il faut une personne qui a fait le sport de haut niveau pour être auprès du ministre pour lui donner des conseils appropriés, pour lui dire ce qu’il faut faire et ce qu’il ne faut pas faire pour tous ces jeunes-là, pas seulement Koné Oumar, il y en a d’autres. Je veux vraiment travailler au ministère des sports comme conseiller technique pour le sport paralympique.
Parlant de ton handicap, comment cela est-il arrivé ?
Il faut dire que Koné Oumar est né avec son handicap. Cela fait que je ne porte pas de chemises manches longues. Je dis un grand merci à ma mère qui n’est plus de ce monde car elle m’avait habitué à porter les chemises manches courtes. Quand on allait au marché les femmes se plaignaient en lui disant de cacher mes mains. Et elle leur répondait que c’est Dieu qui m’a donné cet enfant ainsi et Dieu sait pourquoi il me l’a donné. Je suis fier de mon handicap parce qu’être un handicapé et être le plus titré, ce n’est pas donné à tout le monde. Il y a des gens aujourd’hui qui ont leurs quatre membres et qui n’arrivent pas à la cheville de Koné Oumar. Dieu a prévu ça pour que je devienne célèbre. Je dis Dieu merci pour mon handicap. Car ce handicap m’a fait assez de bien sur cette terre. C’est pourquoi, je n’ai pas honte d’avoir ce bras sans doigt…
Parlons de toutes ces médailles, quelle victoire t’a le plus marquée ?
C’était au championnat du monde à Birmingham. J’étais allé avec mon directeur technique, qui avait déjà vu mes concurrents. En les ayant vu, il n’avait point misé sur ma personne. J’ai un collègue qui avait sur lui notre drapeau national et qui l’agitait en disant : « Allez Oumar, allez Oumar ! ». Le directeur lui a dit : Efface-toi devant moi. Es-tu sûr qu’Oumar peut battre ces gens-là ? Après ma victoire, il m’a respecté. C’était en 1998. Et j’ai battu le record du monde avec 49,07 s, sur 400 m et obtenu la médaille d’or. Il m’a depuis ce jour, respecté. La deuxième était à Sydney. Après les jeux africains en Afrique du Sud, je suis tombé malade pendant six (06) mois. Et à deux mois de la compétition j’ai repris les entrainements et je suis allé défendre les couleurs du pays, parce qu’on misait sur moi. Après les quarts, la demi-finale, j’atteins la finale. J’ai laissé mon concurrent à dix mètres derrière moi. J’ai remporté la médaille d’or et battu le record du monde sur 400 m. Ce fut mon meilleur moment de gloire.
Ta plus grande déception ?
Ma plus grande déception fut quand je suis rentré en Côte d’Ivoire avec une médaille d’or, personne n’est venue accueillir Koné Oumar. Koné Oumar est livré à lui seul. Lorsque je vais en mission, c’est le drapeau du pays, orange, blanc et vert et l’hymne national du pays, l’Abidjanaise. Et lorsque je rentre, je n’ai jamais été accueilli comme il se doit. Je rentre toujours à huis clos. C’est vrai, je sors à huis clos et je rentre toujours à huis clos. C’est la seule déception, car quand je vois, mon troisième qui a été accueilli par le président de la République de son pays, en Tunisie, en fanfare et cortège et moi-même le champion olympique je rentre à la maison sans tout cela, c’est une déception.
Cela est dû à quoi ?
Cela est dû à la communication. S’il n’y a pas de communication, il n’y a pas de gain. Je me dis toujours que c’est un problème de communication.
Un mot sur les athlètes handicapés de la Fédération des sports paralympiques en Côte d’Ivoire
Je dis un grand merci au président de la Fédération ivoirienne des sports paralympiques, Trazié Serge Pacôme qui se bat pour l’honneur des athlètes handicapés. Moi, je crois aux jeunes, c’est pourquoi je suis dans l’encadrement technique. Vous savez, lorsque les athlètes ivoiriens me voient, ils ont une sorte de fierté, une envie de suivre mes traces. Mais, en même temps, ils se disent qu’avec tout ce que j’ai eu à faire, si je n’ai rien, qu’auront-ils en fin de compte ? Mais je sais qu’avec un peu de moyens, nous pouvons avoir assez d’athlètes champions d’Afrique. Il y a de la bonne graine, les jeunes sont motivés. Si les athlètes handicapés sont soutenus financièrement, ils pourront faire honneur au drapeau ivoirien.
Que faut-il à la Fédération pour une médaille d’or aux jeux paralympiques de Rio en 2016 ?
Il faut mettre des moyens à la disposition de la fédération. Nous avons des athlètes pour offrir des médailles à la Côte d’Ivoire. En haltérophilie, nous avons déjà un vice-champion du monde chez les moins de 54 kg qui est Diamoutené Alidou. Tout est une question de moyens et d’objectifs. Il faut injecter assez d’argent dans le handisport ivoirien et les résultats suivront. C’est malheureux lorsqu’on voit que certains valides traitent les personnes handicapées de mendiants, bons uniquement pour la mendicité aux feux tricolores.
Si les autorités donnent des moyens à la Fédération, c’est sûr que nous ferons tout pour donner une chance aux handicapés au sport. C’est le plus souvent mal au cœur de voir des jeunes mendier à longueur de journée, alors qu’avec le sport, ils peuvent construire leurs vies. Mais, s’ils viennent et qu’ils ne gagnent rien, c’est sûr qu’ils repartiront dans la rue. En tout cas, mon cri de cœur, il faut que le sport paralympique ait assez de moyens. Les JO de Rio, c’est maintenant qu’il faut commencer la préparation. Je ne saurai terminer sans remercier le Président de l’Assemblée nationale, Soro Guillaume qui a comblé assez de frustrations en me recevant, c’est un homme de parole et bientôt, je compte lui rendre un vibrant hommage.
Réalisée par Annoncia Sehoué, coll : Constant Tobo