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Société Publié le mardi 7 juillet 2015 |

Interview M.Dénis Bohoussou, Directeur Général de l’Office Ivoirien de Propriété Intellectuelle (OIPI)

© Par DR
M.Dénis Bohoussou, Directeur Général de l’Office Ivoirien de Propriété Intellectuelle (OIPI)
« Le secteur du textile est le plus touché par la contrefaçon en Côte d’Ivoire »

Le Salon de l’Originalité et de la Propriété Intellectuelle, tenu récemment à Abidjan, remet au gout du jour, la question de la propriété intellectuelle et des mécanismes de sa protection. Pour comprendre davantage ces mécanismes, nous avons interrogé M. Dénis Bouhoussou, Directeur Général de l’Office Ivoirien de la Propriété Intellectuelle (OIPI).
Quelles sont les missions de l’OIPI ?
L’OIPI, comme son nom l’indique, est la structure nationale qui est chargée de gérer le système de la propriété intellectuelle en Côte d’Ivoire. Pour faire plus simple, nous dirons que c’est la structure chargée de délivrer des titres de protection à tous ceux qui pensent avoir trouvé quelque chose, aussi bien dans le domaine technologique, les activités commerciales…
Quel est l’état des lieux aujourd’hui en matière de protection du droit de propriété intellectuelle, quand on sait que la contrefaçon sévit ?
L’état des lieux en matière de protection de la propriété intellectuelle est un peu contrasté. En Côte d’Ivoire, la protection de la propriété intellectuelle est assurée par les services de l’OIPI et cet égard, nous sommes une des structures africaines qui délivre plus de titres de propriété intellectuelle, notamment les marques de produits, les brevets d’invention, les certificats d’enregistrement, les dessins et modèles industriels…Malheureusement, ce travail de protection, qui est fait au profit des entreprises, est en quelque sorte, battu en brèche par la contrefaçon qui est un phénomène qui s’étend de plus en plus. Pour l’opinion publique, disons que qui parle de contrefaçon, parle de violation de droits de la propriété intellectuelle. C’est en cela que nous sommes interpellés, puisque les titres que nous délivrons aux entreprises sont violés par des personnes qui n’ont pas le droit d’utiliser ces objets protégés. C’est cela-même l’essence de la contrefaçon. Ce phénomène en Côte d’Ivoire est malheureusement très vaste ; il touche tous les secteurs d’activités, les produits de consommation courante, y compris les produits pharmaceutiques, industriels, si bien que dans certains secteurs, notamment le textile, c’est complètement le sinistre. Puisque vous voyez sur le marché, des textiles provenant essentiellement des pays d’Asie, ravitailler le marché local, à tel point que nos usines ne peuvent être compétitives. Dans le domaine des œuvres littéraires et artistiques, généralement vous voyez des CD, DVD et autres qui sont vendus dans les rues et ailleurs et qui constituent également des œuvres contrefaites, qu’on appelle par ailleurs des œuvres piratées. Malheureusement, ce phénomène est encouragé par le fait que les populations ne pensent pas que derrière ces œuvres qui sont vendues, ces brevets, marques qui sont piratés, c’est le produit d’un travail, d’un investissement fait par des opérateurs économiques. D’où la nécessité pour l’Etat d’agir vigoureusement pour contrecarrer ce phénomène de la contrefaçon.
y-a-t-il des statistiques qui indiquent les secteurs les plus touchés par la contrefaçon ?
Oui, les statistiques existent. Malheureusement, c’est beaucoup plus à l’international qu’on les a. Au niveau local, il y a des statistiques mais ce ne sont pas des données qui sont compilées au point qu’on puisse traiter les tendances. Pour vous donner une idée, au niveau mondial, les derniers chiffres de l’année 2013 parlent de 250 milliards de dollars US et l’on estime à à peu près 8 à 9% du commerce mondial. Evidemment, la Côte d’Ivoire n’y échappe pas (…) Lorsqu’on procède par sondage, on se rend compte que l’industrie du textile est la première touchée, les industries agroalimentaires également sont touchées. Vous avez souvent entendu parler des plaintes des industriels du sucre. Il y a aussi le secteur du médicament où l’on parle de ‘’médicament de la rue’’, qui sont, pour l’essentiel, des médicaments contrefaits. Mais nous n’avons pas de chiffres vraiment officiels que nous pouvons diffuser. On a quelques approximations qui nous permettent de voir l’ampleur de la situation.
Comment le public peut-il distinguer un produit original d’un produit contrefait et que fait l’OIPI pour aider la population à faciliter cette distinction ?
Disons que pour reconnaitre le produit original, évidemment les produits que nous enregistrons sont des produits originaux. Donc l’industriel qui envoie son produit pour la protection, évidemment, décrit l’identité dudit produit, en quoi il est original et c’est en tenant compte de ces caractéristiques-là, que nous lui donnons le titre de protection. Malheureusement, il n’est pas de la mission de l’OIPI de réprimer ceux qui font de la contrefaçon. Nous avons plutôt pour rôle de délivrer des titres de propriété intellectuelle. C’est une mission de développement. La lutte contre la contrefaçon est la charge d’autres structures.
Réalisée par Hervé Gobou
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