Godo Gisette, directrice générale d’Atoom Communication initie une caravane de sensibilisation nationale en faveur de la réconciliation. Elle entend au-delà de cette tournée, poser une action nationale en faveur des zones sinistrées pendant la crise qu’a connue la Côte d’Ivoire. Dans cette interview, elle donne le sens de cette action.
Pourquoi organiser une campagne de sensibilisation nationale ?
D’abord, je voudrais dire qu’Atoom-com est une structure évènementielle légalement constituée depuis bientôt un an. Elle est spécialisée dans l’organisation de toutes sortes d’activités (mariages, sorties détentes, sorties instructives, tournois…). Je dis merci à l’Intelligent d’Abidjan, qui nous permet d’annoncer notre projet que nous avons dénommé ‘’Action nationale’’. Nous avons fait un constat qui n’est pas réluisant. Et, qui, honnêtement, ne reflète pas l’image réelle de la Côte d’ivoire.
Qu’entend-on par action nationale ?
Nous parlons d’action nationale parce qu’il s’agit de réconciliation. Nous avons constaté que les Ivoiriens ne s’aiment plus comme par le passé. Les séquelles de la crise qu’a traversée la Côte d’Ivoire sont plus importantes que ce à quoi nous pensons. Il n’existe plus de confiance mutuelle entre les différents groupes. La méfiance s’est installée partout dans le pays. L’amour et la réconciliation ne se vivent que du bout des lèvres.
Comment cette action se fera-t-elle ?
Je veux d’abord préciser que, cette action nationale et même internationale s’intitule ‘’La réconciliation passera par moi’’. Oui, elle passera par moi, par vous, par lui, par elle, par eux et par nous. Il ne s’agira plus de dire ‘’je me réconcilie du bout des lèvres’’, mais surtout de poser un geste symbolique. Il s’agira d’accepter ses torts, accepter les torts de l’autre, et d’avancer la main dans la main. Nous ferons une grande sensibilisation, un éveil de conscience et des dons personnels à travers un engagement symbolique.
En quoi consistera cet engagement symbolique ?
Dans l’ouest du pays, chez les Bété, il y a une cérémonie qui se fait après le rasage du veuf, de la veuve ou des orphelins. Cela consiste à faire asseoir ces derniers au milieu d’une assemblée avec une assiette à leurs cotés. Chacun autant qu’il est (jeune, enfant, adulte, vieillard), vient avec ses mots donner des conseils sur la vie passée et à venir, en demandant un changement de comportement pour adopter un autre plus positif. Tout ceci est appuyé d’une somme symbolique qui est mise dans l’assiette devant les personnes. 5F, 10F, 25F, 15F, 100F, 2000F, 10.000F, 30.000F… chacun selon ses moyens. L’objectif étant de dire « j’ai parlé mais nous ne sommes pas ennemis. Je viendrai chez toi quand je pourrai et tu viendras chez moi quand tu voudras », cela s’appelle le ‘’Gnou ô pô’’ ou ‘’Bénissons le, la ou les’’ en français.
Comment comptez-vous adapter cela au cas national ivoirien ?
Nous n’allons pas recenser tous les veufs, veuves ou orphelins, loin de là. Dans ce cas précis, nous tous Ivoiriens, de souche ou d’adoption, sommes devenus veufs, veuves ou orphelins. Nous avons tous perdu un ou une amie, un parent, un collègue, une connaissance, le parent ou l’ami d’un ami. Puisque c’est nous tous, veufs, veuves ou orphelins de Côte d’Ivoire, nous mettrons dans l’assiette une somme symbolique pour demander pardon. Et, comme il s’agit du pays, nous n’allons pas passer de ville en ville pour faire cela. Nous choisirons un opérateur de téléphonie mobile avec qui les Ivoiriens pourront, par sms ou par appel faire leur don personnel. Ce don sera reversé dans un compte ouvert à cet effet.
A qui profitera cet argent alors ?
A tous justement ! Par la construction ou la réhabilitation des infrastructures qui ont été détruites ou qui manquent dans certaines régions du pays. Cela peut être des hôpitaux, des écoles, des puits, des radios ou des marchés.…
Où seront construits ces édifices ?
Une ville sera choisie dans les cinq coins du pays (nord, sud, est, ouest et centre). Cela pour dire que même en temps de période sensible nous sommes garants de ces œuvres. Car, tous sommes héritiers de ces œuvres. Parce que ce sera les 150F de M. Gouin, les 30.000F de Mme Kouakou, les 2.000F de M. Pale, 400F de M. Lobotche, 1.000F de M. Soro ou le million de M. Okaingni qui participera à la construction de ces édifices.
Quelles sont les villes ciblées ?
Très bientôt, nous donnerons le nom des villes. Cela se fera de façon progressive. L’équipe et ses conseillers statuent sur chaque région. Je ne peux donc pas annoncer quelque chose pour le moment. Mais, cela se fera très bientôt.
Quel est l’enjeu pour la population, pour qu’elle vous suive dans cette aventure ?
Justement, il y a un enjeu qui est la probable destruction des édifices. Je ne pense pas que je détruirai une maison que j’ai construite avec amour, l’aide et la participation de tous avec ni gène ni remord. Ce sera là, l’éveil des consciences. Des structures inexistantes seront mises sur pied et confiées à tous et à chacun.
Croyez-vous que cela est de votre ressort ? Les institutions spécialisées ne sont-elles pas plus adaptées ?
Une structure évènementielle ! Oui, changeons un peu ce que nous avons l’habitude de voir. Cela est de notre ressort parce qu’il n’y a pas de formateur pour la réconciliation, ni de formation de réconciliateur. Tous, autant que nous sommes devons mettre la main à la pâte. Nous sommes certains que les institutions affectées à cette mission œuvrent déjà beaucoup et ne lâcheront pas leur bâton de pèlerin. Mais, la réconciliation est l’affaire de tous. Alors oui, cela est de notre ressort et de vous aussi. Vous, parce que votre métier vous invite à avoir des encres de guide. Car tout le monde vous lit et apprend de vous, surtout à cette période d’élection.
Parlant de période d’élection, donc sensible ! Croyez-vous que les gens seront à même de vous écouter en ce moment?
Nous savons que cela ne sera pas facile. Mais, ce dont nous sommes sûrs, c’est que nous, Ivoiriens, avons besoin de la réconciliation, de paix, de bonheur et de joie.
Ne croyez-vous pas que l’Etat est mieux placé pour ce genre d’initiative?
Quand quelque chose ne nous arrange pas, c’est l’Etat qui fait. Mais, lorsque cela nous arrange, alors c’est nous l’Etat. Il faut sortir ces idées de nos mentalités. Un grand homme disait un jour, qu’il était temps de nous demander ce que nous faisons pour notre pays et non toujours ce que le pays fait pour nous.
Quelle est la cible visée par cette action nationale ?
Elle s’adresse à tous les Ivoiriens. Les membres du gouvernement, l’élève de CM2 à Gohitafla, le riche planteur du Zanzan, la ménagère du Sanwi, le Dj du bar d’à-côté, les maisons de téléphonie, toutes les structures gouvernementales ou non, les journalistes, les artistes, les joueurs... Tout le monde est invité, concerné et en même temps obligé.
Votre mot de fin ?
Ce qui me vient en tête est une partie de notre hymne national. Tes fils chère Côte d’Ivoire, Fiers artisans de ta grandeur, Tous rassemblés pour ta gloire, Te bâtiront dans le bonheur !
Réalisée par R.O
Pourquoi organiser une campagne de sensibilisation nationale ?
D’abord, je voudrais dire qu’Atoom-com est une structure évènementielle légalement constituée depuis bientôt un an. Elle est spécialisée dans l’organisation de toutes sortes d’activités (mariages, sorties détentes, sorties instructives, tournois…). Je dis merci à l’Intelligent d’Abidjan, qui nous permet d’annoncer notre projet que nous avons dénommé ‘’Action nationale’’. Nous avons fait un constat qui n’est pas réluisant. Et, qui, honnêtement, ne reflète pas l’image réelle de la Côte d’ivoire.
Qu’entend-on par action nationale ?
Nous parlons d’action nationale parce qu’il s’agit de réconciliation. Nous avons constaté que les Ivoiriens ne s’aiment plus comme par le passé. Les séquelles de la crise qu’a traversée la Côte d’Ivoire sont plus importantes que ce à quoi nous pensons. Il n’existe plus de confiance mutuelle entre les différents groupes. La méfiance s’est installée partout dans le pays. L’amour et la réconciliation ne se vivent que du bout des lèvres.
Comment cette action se fera-t-elle ?
Je veux d’abord préciser que, cette action nationale et même internationale s’intitule ‘’La réconciliation passera par moi’’. Oui, elle passera par moi, par vous, par lui, par elle, par eux et par nous. Il ne s’agira plus de dire ‘’je me réconcilie du bout des lèvres’’, mais surtout de poser un geste symbolique. Il s’agira d’accepter ses torts, accepter les torts de l’autre, et d’avancer la main dans la main. Nous ferons une grande sensibilisation, un éveil de conscience et des dons personnels à travers un engagement symbolique.
En quoi consistera cet engagement symbolique ?
Dans l’ouest du pays, chez les Bété, il y a une cérémonie qui se fait après le rasage du veuf, de la veuve ou des orphelins. Cela consiste à faire asseoir ces derniers au milieu d’une assemblée avec une assiette à leurs cotés. Chacun autant qu’il est (jeune, enfant, adulte, vieillard), vient avec ses mots donner des conseils sur la vie passée et à venir, en demandant un changement de comportement pour adopter un autre plus positif. Tout ceci est appuyé d’une somme symbolique qui est mise dans l’assiette devant les personnes. 5F, 10F, 25F, 15F, 100F, 2000F, 10.000F, 30.000F… chacun selon ses moyens. L’objectif étant de dire « j’ai parlé mais nous ne sommes pas ennemis. Je viendrai chez toi quand je pourrai et tu viendras chez moi quand tu voudras », cela s’appelle le ‘’Gnou ô pô’’ ou ‘’Bénissons le, la ou les’’ en français.
Comment comptez-vous adapter cela au cas national ivoirien ?
Nous n’allons pas recenser tous les veufs, veuves ou orphelins, loin de là. Dans ce cas précis, nous tous Ivoiriens, de souche ou d’adoption, sommes devenus veufs, veuves ou orphelins. Nous avons tous perdu un ou une amie, un parent, un collègue, une connaissance, le parent ou l’ami d’un ami. Puisque c’est nous tous, veufs, veuves ou orphelins de Côte d’Ivoire, nous mettrons dans l’assiette une somme symbolique pour demander pardon. Et, comme il s’agit du pays, nous n’allons pas passer de ville en ville pour faire cela. Nous choisirons un opérateur de téléphonie mobile avec qui les Ivoiriens pourront, par sms ou par appel faire leur don personnel. Ce don sera reversé dans un compte ouvert à cet effet.
A qui profitera cet argent alors ?
A tous justement ! Par la construction ou la réhabilitation des infrastructures qui ont été détruites ou qui manquent dans certaines régions du pays. Cela peut être des hôpitaux, des écoles, des puits, des radios ou des marchés.…
Où seront construits ces édifices ?
Une ville sera choisie dans les cinq coins du pays (nord, sud, est, ouest et centre). Cela pour dire que même en temps de période sensible nous sommes garants de ces œuvres. Car, tous sommes héritiers de ces œuvres. Parce que ce sera les 150F de M. Gouin, les 30.000F de Mme Kouakou, les 2.000F de M. Pale, 400F de M. Lobotche, 1.000F de M. Soro ou le million de M. Okaingni qui participera à la construction de ces édifices.
Quelles sont les villes ciblées ?
Très bientôt, nous donnerons le nom des villes. Cela se fera de façon progressive. L’équipe et ses conseillers statuent sur chaque région. Je ne peux donc pas annoncer quelque chose pour le moment. Mais, cela se fera très bientôt.
Quel est l’enjeu pour la population, pour qu’elle vous suive dans cette aventure ?
Justement, il y a un enjeu qui est la probable destruction des édifices. Je ne pense pas que je détruirai une maison que j’ai construite avec amour, l’aide et la participation de tous avec ni gène ni remord. Ce sera là, l’éveil des consciences. Des structures inexistantes seront mises sur pied et confiées à tous et à chacun.
Croyez-vous que cela est de votre ressort ? Les institutions spécialisées ne sont-elles pas plus adaptées ?
Une structure évènementielle ! Oui, changeons un peu ce que nous avons l’habitude de voir. Cela est de notre ressort parce qu’il n’y a pas de formateur pour la réconciliation, ni de formation de réconciliateur. Tous, autant que nous sommes devons mettre la main à la pâte. Nous sommes certains que les institutions affectées à cette mission œuvrent déjà beaucoup et ne lâcheront pas leur bâton de pèlerin. Mais, la réconciliation est l’affaire de tous. Alors oui, cela est de notre ressort et de vous aussi. Vous, parce que votre métier vous invite à avoir des encres de guide. Car tout le monde vous lit et apprend de vous, surtout à cette période d’élection.
Parlant de période d’élection, donc sensible ! Croyez-vous que les gens seront à même de vous écouter en ce moment?
Nous savons que cela ne sera pas facile. Mais, ce dont nous sommes sûrs, c’est que nous, Ivoiriens, avons besoin de la réconciliation, de paix, de bonheur et de joie.
Ne croyez-vous pas que l’Etat est mieux placé pour ce genre d’initiative?
Quand quelque chose ne nous arrange pas, c’est l’Etat qui fait. Mais, lorsque cela nous arrange, alors c’est nous l’Etat. Il faut sortir ces idées de nos mentalités. Un grand homme disait un jour, qu’il était temps de nous demander ce que nous faisons pour notre pays et non toujours ce que le pays fait pour nous.
Quelle est la cible visée par cette action nationale ?
Elle s’adresse à tous les Ivoiriens. Les membres du gouvernement, l’élève de CM2 à Gohitafla, le riche planteur du Zanzan, la ménagère du Sanwi, le Dj du bar d’à-côté, les maisons de téléphonie, toutes les structures gouvernementales ou non, les journalistes, les artistes, les joueurs... Tout le monde est invité, concerné et en même temps obligé.
Votre mot de fin ?
Ce qui me vient en tête est une partie de notre hymne national. Tes fils chère Côte d’Ivoire, Fiers artisans de ta grandeur, Tous rassemblés pour ta gloire, Te bâtiront dans le bonheur !
Réalisée par R.O