Général Gaoussou Soumahoro, le nouvel homme fort de la Fédération Ivoirienne de Boxe (Fib), ne manque pas d’ambition pour le noble art ivoirien. Toutefois, il reste convaincu que la renaissance de la boxe ivoirienne ne passera que par une grande discipline au sein de la famille du noble art et un respect des textes de la fédération. En marge de l’Assemblée Générale Extraordinaire du 19 juillet 2015, il a dévoilé un pan de sa stratégie dans cette interview.
Président Gaoussou Soumahoro, à quand la reprise des compétitions nationales ?
Tout reprendra bientôt avec une compétition de premier round (pour ceux qui n’ont jamais pratiqué la boxe). On verra aussi dans quelle mesure organiser une compétition pro et néo-pro. Mais, c’est pour juste boucler l’année 2015. Après, tout reprendra avec une nouvelle formule du championnat. Les techniciens de la fédération (entraineurs, encadreurs et présidents de clubs), réfléchissent actuellement sur le sujet. Mais, retenez que, plus rien ne sera comme avant. Seulement, nous attendons de mettre de l’ordre dans la maison avant de démarrer les choses.
Pendant ce temps, les boxeurs sont livrés à eux-mêmes …
Laissez-moi vous poser une question. Qui avez-vous déjà vu construire sa maison, en commençant par la toiture ? Je veux bien qu’on me le dise. Vous n’êtes pas les seuls à me poser cette question. Mais, je pense qu’une bonne maison, c’est d’abord une bonne fondation. Honnêtement, avant de lancer le championnat, il faut qu’un certain nombre de problèmes soient réglés. C’est justement pourquoi nous avons débuté par les Etats Généraux de la boxe. Et ces Etats Généraux nous ont permis de comprendre pourquoi la boxe a du mal à décoller en Côte d’Ivoire.
Peut-on en savoir les raisons ?
Je vais vous donner un exemple parmi tant d’autres. Aujourd’hui par exemple, nous savons que 99% des présidents de clubs de boxe ne savent rien du contenu des statuts et règlements intérieurs de leur fédération. C’est grave ! Comment peut-on respecter des règlements qu’on ne connait même pas ? Et c’était l’une des grosses plaies de notre sport. Plus encore, pouvez-vous m’expliquer ce qu’on appelle boxeur professionnel ? C’est un athlète qui ne vit que de la pratique de la boxe (il insiste sur l’expression “NE VIT QUE)“. Mais, pour vivre de ce sport très exigeant, il doit être au top de ses moyens. Cela passe par un don de soi entier, à la boxe. Il doit penser, respirer, manger et vivre boxe. Mais, pour qu’il en soit ainsi, il faut qu’en retour, la boxe lui donne tout ce dont il a besoin. Mais, en Côte d’Ivoire, des boxeurs professionnels sont obligés de trainer dans les rues, dans les gares, les marchés et autres endroits peu catholiques pour pouvoir se nourrir. Ils ne deviennent boxeurs qu’à la veille des compétitions. Tout cela doit cesser. Il ne faut pas qu’après un combat gagné, un boxeur professionnel reparte à la maison qu’avec 25 mille F CFA. Ce n’est pas du professionnalisme ça ! La boxe peut nourrir ses enfants, quel que soit où l’on se trouve dans le monde. Il suffit d’une petite organisation au niveau de la structure dirigeante. Je ne vous apprends rien si je vous dis que le sportif le mieux rémunéré au monde, est un boxeur (l’américain Floyd Mayweather .ndlr). Vous me direz certainement que c’est un américain. Mais, Manny Pacquiao, lui, n’est pas un américain. Il vient des Philippines. Pourquoi pas un ivoirien, demain ? Tout dépendra de l’organisation que nous mettrons en place, à compter d’aujourd’hui.
Pensez-vous sincèrement pouvoir réaliser tout cela ?
Comme je l’ai dit, tout dépendra de notre organisation. Et je pense qu’ensemble, nous y parviendrons. Parce que, la seule chose qui nous rassemble au siège de la FIB, c’est l’amour que nous avons pour la boxe. Toute notre réflexion, c’est comment aider les boxeurs à vivre de leur métier. Car, la boxe est un métier. En tout cas, en ce qui me concerne, si je suis à la tête de la Fib aujourd’hui, c’est par amour pour la discipline. Nous sommes venus pour servir la boxe et non, nous servir de la boxe.
C'est-à-dire ?
Je n’ai pas besoin de vous rappeler que je suis un officier, un Général de l’armée de Côte d’Ivoire. A ce titre, je peux vous assurer que je gagne bien ma vie. Mais, comme je le disais tantôt, c’est l’amour pour la boxe qui m’a conduit à briguer la présidence de la fédération. Et si je suis là, c’est parce que j’estime que je suis en mesure de conduire le navire de la boxe ivoirienne à bon port. Cela nécessite des moyens, c’est sûr. Mais, sachez que, mon comité directeur et moi savons comment nous y prendre. Vous ne nous verrez jamais dans ces palabres concernant la parafiscalité. Nous n’en avons pas besoin. Nous sommes venus travailler au repositionnement de la boxe ivoirienne. Et nous y arriverons. Nous avons seulement besoin d’ordre dans la maison.
Vous avez tendance à beaucoup mettre l’accent sur l’ordre et la discipline au sein de la grande famille de la boxe. Après les différentes crises qui ont secoué la FIB ces dernières décennies, ne pensez-vous pas que la tâche s’annonce un peu difficile pour vous ?
Personnellement, je ne vois pas les choses sous cet angle. Vous savez, chez nous les militaires, la discipline et l’ordre, c’est la base du travail bien fait. Et les présidents de clubs le savent. Nous sommes tous d’accord que, rien ne peut se faire de bon dans le désordre. Mais, vous savez, aujourd’hui, la FIB est devenu comme un bois sec et penché. Nous voulons bien le redresser. Mais, il faut y aller doucement. Car, si on y va trop fort, il risque de casser. Avec les Etats Généraux de la boxe, nous avons compris beaucoup de choses. Beaucoup de résolutions ont été prises. Aujourd’hui, nous les avons adoptées. Le chantier qui se dresse maintenant devant nous, c’est celui du rétablissement de l’ordre dans la maison. C’est cet ordre qui nous rendra crédible aux yeux de nos partenaires. Tous les partenaires qui veulent nous accompagner, nous regardent en ce moment.
Un simple discours suffira-t-il à remettre tout le monde dans les rangs, surtout dans une Fédération comme celle de la boxe?
Nous ne sommes pas dans un camp militaire. Mais, je serai sans état d’âme dans ma gestion. Car, avec les états d’âmes, on ne peut pas avancer. Nous devons être sérieux dans tout ce que nous faisons. Je peux vous assurer que les indisciplinés quitteront notre milieu, d’eux-mêmes. La boxe a besoin d’avancer afin que les boxeurs vivent de leur art. Je dis souvent qu’il vaut mieux être à 500 personnes et bien travailler, que d’être à 2000 têtes à ne rien faire. Un adage dit chez nous que, lorsque tu vois un plat et que tu sais que tu vas en manger, n’y plonge pas les mains sales.
Président, quels sont vos rapports avec l’ex-président de la Fédération, Waby Spider ?
Rien de particulier. En tout cas, moi, je n’ai rien contre personne. Après mon élection, je suis allé le voir pour le convaincre de nous rejoindre. Il a refusé d’entendre raison. Il a décidé de se mettre lui-même, à l’écart du mouvement de renaissance de la boxe. Je n’y peux rien.
Ne pensez-vous pas que l’absence de Waby peut constituer un frein au bon déroulement de votre programme ?
Nul n’est indispensable. Mais, en même temps, je pense que la boxe a besoin de tous ses enfants pour avancer. Je préfère qu’on parle de la boxe ivoirienne, plutôt que des problèmes de personnes.
Vos rapports avec la tutelle ?
Au beau fixe. Vous avez dû constater qu’avant le début des travaux de l’Assemblée Générale Extraordinaire, j’ai lu un message du ministre (François Amichia .ndlr). Il a dit qu’il était à nos côtés. Et qu’il nous accompagnerait dans tout ce que nous ferons. Vous n’êtes pas sans ignorer qu’il nous avait reçus dans ses locaux, après mon élection. Il est prêt à accompagner la boxe dans sa renaissance. Il nous a lancé un appel tout récemment.
Lequel ?
Il nous a demandé de tout mettre œuvre pour, désormais, participer aux compétitions internationales. Cela commence par le championnat d’Afrique de boxe Amateur, du 27 juillet au 2 août 2015, à Casablanca au Maroc. Nous sommes en train de nous apprêter. Le ministère est prêt à nous accompagner. C’est une bonne nouvelle pour les boxeurs.
Et avec quels boxeurs comptez-vous y aller ? Puisque le championnat n’a pas encore démarré.
Les techniciens s’en occupent. Ce que je peux vous dire, c’est que la sélection a été faite. C’est une compétition amateur. La sélection a donc été faite sur la base des boxeurs finalistes du Gala Henry Bourgoin de Yopougon. Ils ont été associés à des boxeurs de la SOA. C’est cette sélection qui a été retenue et qui participera au championnat d’Afrique au Maroc. Nous avons reçu la lettre d’invitation de la Confédération Africaine de Boxe (Cab). Il s’agira pour nous de représenter dignement la Côte d’Ivoire à cette compétition en remmenant des médailles. Ça sera difficile, vu le retard que nous avons accusé, mais, je vous dis que c’est possible. La boxe ivoirienne passe à la vitesse supérieure.
Interview réalisée par J H K
Président Gaoussou Soumahoro, à quand la reprise des compétitions nationales ?
Tout reprendra bientôt avec une compétition de premier round (pour ceux qui n’ont jamais pratiqué la boxe). On verra aussi dans quelle mesure organiser une compétition pro et néo-pro. Mais, c’est pour juste boucler l’année 2015. Après, tout reprendra avec une nouvelle formule du championnat. Les techniciens de la fédération (entraineurs, encadreurs et présidents de clubs), réfléchissent actuellement sur le sujet. Mais, retenez que, plus rien ne sera comme avant. Seulement, nous attendons de mettre de l’ordre dans la maison avant de démarrer les choses.
Pendant ce temps, les boxeurs sont livrés à eux-mêmes …
Laissez-moi vous poser une question. Qui avez-vous déjà vu construire sa maison, en commençant par la toiture ? Je veux bien qu’on me le dise. Vous n’êtes pas les seuls à me poser cette question. Mais, je pense qu’une bonne maison, c’est d’abord une bonne fondation. Honnêtement, avant de lancer le championnat, il faut qu’un certain nombre de problèmes soient réglés. C’est justement pourquoi nous avons débuté par les Etats Généraux de la boxe. Et ces Etats Généraux nous ont permis de comprendre pourquoi la boxe a du mal à décoller en Côte d’Ivoire.
Peut-on en savoir les raisons ?
Je vais vous donner un exemple parmi tant d’autres. Aujourd’hui par exemple, nous savons que 99% des présidents de clubs de boxe ne savent rien du contenu des statuts et règlements intérieurs de leur fédération. C’est grave ! Comment peut-on respecter des règlements qu’on ne connait même pas ? Et c’était l’une des grosses plaies de notre sport. Plus encore, pouvez-vous m’expliquer ce qu’on appelle boxeur professionnel ? C’est un athlète qui ne vit que de la pratique de la boxe (il insiste sur l’expression “NE VIT QUE)“. Mais, pour vivre de ce sport très exigeant, il doit être au top de ses moyens. Cela passe par un don de soi entier, à la boxe. Il doit penser, respirer, manger et vivre boxe. Mais, pour qu’il en soit ainsi, il faut qu’en retour, la boxe lui donne tout ce dont il a besoin. Mais, en Côte d’Ivoire, des boxeurs professionnels sont obligés de trainer dans les rues, dans les gares, les marchés et autres endroits peu catholiques pour pouvoir se nourrir. Ils ne deviennent boxeurs qu’à la veille des compétitions. Tout cela doit cesser. Il ne faut pas qu’après un combat gagné, un boxeur professionnel reparte à la maison qu’avec 25 mille F CFA. Ce n’est pas du professionnalisme ça ! La boxe peut nourrir ses enfants, quel que soit où l’on se trouve dans le monde. Il suffit d’une petite organisation au niveau de la structure dirigeante. Je ne vous apprends rien si je vous dis que le sportif le mieux rémunéré au monde, est un boxeur (l’américain Floyd Mayweather .ndlr). Vous me direz certainement que c’est un américain. Mais, Manny Pacquiao, lui, n’est pas un américain. Il vient des Philippines. Pourquoi pas un ivoirien, demain ? Tout dépendra de l’organisation que nous mettrons en place, à compter d’aujourd’hui.
Pensez-vous sincèrement pouvoir réaliser tout cela ?
Comme je l’ai dit, tout dépendra de notre organisation. Et je pense qu’ensemble, nous y parviendrons. Parce que, la seule chose qui nous rassemble au siège de la FIB, c’est l’amour que nous avons pour la boxe. Toute notre réflexion, c’est comment aider les boxeurs à vivre de leur métier. Car, la boxe est un métier. En tout cas, en ce qui me concerne, si je suis à la tête de la Fib aujourd’hui, c’est par amour pour la discipline. Nous sommes venus pour servir la boxe et non, nous servir de la boxe.
C'est-à-dire ?
Je n’ai pas besoin de vous rappeler que je suis un officier, un Général de l’armée de Côte d’Ivoire. A ce titre, je peux vous assurer que je gagne bien ma vie. Mais, comme je le disais tantôt, c’est l’amour pour la boxe qui m’a conduit à briguer la présidence de la fédération. Et si je suis là, c’est parce que j’estime que je suis en mesure de conduire le navire de la boxe ivoirienne à bon port. Cela nécessite des moyens, c’est sûr. Mais, sachez que, mon comité directeur et moi savons comment nous y prendre. Vous ne nous verrez jamais dans ces palabres concernant la parafiscalité. Nous n’en avons pas besoin. Nous sommes venus travailler au repositionnement de la boxe ivoirienne. Et nous y arriverons. Nous avons seulement besoin d’ordre dans la maison.
Vous avez tendance à beaucoup mettre l’accent sur l’ordre et la discipline au sein de la grande famille de la boxe. Après les différentes crises qui ont secoué la FIB ces dernières décennies, ne pensez-vous pas que la tâche s’annonce un peu difficile pour vous ?
Personnellement, je ne vois pas les choses sous cet angle. Vous savez, chez nous les militaires, la discipline et l’ordre, c’est la base du travail bien fait. Et les présidents de clubs le savent. Nous sommes tous d’accord que, rien ne peut se faire de bon dans le désordre. Mais, vous savez, aujourd’hui, la FIB est devenu comme un bois sec et penché. Nous voulons bien le redresser. Mais, il faut y aller doucement. Car, si on y va trop fort, il risque de casser. Avec les Etats Généraux de la boxe, nous avons compris beaucoup de choses. Beaucoup de résolutions ont été prises. Aujourd’hui, nous les avons adoptées. Le chantier qui se dresse maintenant devant nous, c’est celui du rétablissement de l’ordre dans la maison. C’est cet ordre qui nous rendra crédible aux yeux de nos partenaires. Tous les partenaires qui veulent nous accompagner, nous regardent en ce moment.
Un simple discours suffira-t-il à remettre tout le monde dans les rangs, surtout dans une Fédération comme celle de la boxe?
Nous ne sommes pas dans un camp militaire. Mais, je serai sans état d’âme dans ma gestion. Car, avec les états d’âmes, on ne peut pas avancer. Nous devons être sérieux dans tout ce que nous faisons. Je peux vous assurer que les indisciplinés quitteront notre milieu, d’eux-mêmes. La boxe a besoin d’avancer afin que les boxeurs vivent de leur art. Je dis souvent qu’il vaut mieux être à 500 personnes et bien travailler, que d’être à 2000 têtes à ne rien faire. Un adage dit chez nous que, lorsque tu vois un plat et que tu sais que tu vas en manger, n’y plonge pas les mains sales.
Président, quels sont vos rapports avec l’ex-président de la Fédération, Waby Spider ?
Rien de particulier. En tout cas, moi, je n’ai rien contre personne. Après mon élection, je suis allé le voir pour le convaincre de nous rejoindre. Il a refusé d’entendre raison. Il a décidé de se mettre lui-même, à l’écart du mouvement de renaissance de la boxe. Je n’y peux rien.
Ne pensez-vous pas que l’absence de Waby peut constituer un frein au bon déroulement de votre programme ?
Nul n’est indispensable. Mais, en même temps, je pense que la boxe a besoin de tous ses enfants pour avancer. Je préfère qu’on parle de la boxe ivoirienne, plutôt que des problèmes de personnes.
Vos rapports avec la tutelle ?
Au beau fixe. Vous avez dû constater qu’avant le début des travaux de l’Assemblée Générale Extraordinaire, j’ai lu un message du ministre (François Amichia .ndlr). Il a dit qu’il était à nos côtés. Et qu’il nous accompagnerait dans tout ce que nous ferons. Vous n’êtes pas sans ignorer qu’il nous avait reçus dans ses locaux, après mon élection. Il est prêt à accompagner la boxe dans sa renaissance. Il nous a lancé un appel tout récemment.
Lequel ?
Il nous a demandé de tout mettre œuvre pour, désormais, participer aux compétitions internationales. Cela commence par le championnat d’Afrique de boxe Amateur, du 27 juillet au 2 août 2015, à Casablanca au Maroc. Nous sommes en train de nous apprêter. Le ministère est prêt à nous accompagner. C’est une bonne nouvelle pour les boxeurs.
Et avec quels boxeurs comptez-vous y aller ? Puisque le championnat n’a pas encore démarré.
Les techniciens s’en occupent. Ce que je peux vous dire, c’est que la sélection a été faite. C’est une compétition amateur. La sélection a donc été faite sur la base des boxeurs finalistes du Gala Henry Bourgoin de Yopougon. Ils ont été associés à des boxeurs de la SOA. C’est cette sélection qui a été retenue et qui participera au championnat d’Afrique au Maroc. Nous avons reçu la lettre d’invitation de la Confédération Africaine de Boxe (Cab). Il s’agira pour nous de représenter dignement la Côte d’Ivoire à cette compétition en remmenant des médailles. Ça sera difficile, vu le retard que nous avons accusé, mais, je vous dis que c’est possible. La boxe ivoirienne passe à la vitesse supérieure.
Interview réalisée par J H K