Plus rien ne va à la Société de commerce ananas et bananes (SCAB), qui regroupe trois grandes structures, à savoir le domaine d’Elima, la Société agricole Kablan Joubain (SAKJ) et la Société bananière Mobert Kablan (SBMK). Une centaine de travailleurs, dont de nombreux délégués, et des responsables syndicaux, viennent d’être jetés dans la rue sans droits, tandis que l’épée de Damoclès plane toujours sur la tête de beaucoup d’autres. Comment en est-on arrivé à ces licenciements jugés « arbitraires, illégaux et abusifs » par les victimes ? Selon des employés, les délégués de personnels, et les responsables syndicaux ont adressé, en avril 2015, des correspondances à la direction centrale de l’entreprise, pour rappeler les principales doléances des travailleurs déposées sur la table de l’administration depuis cinq ans. Elles portent notamment, sur le remplacement du véhicule de ramassage des personnels par un véhicule adapté, l’absence de numéro CNPS sur les bulletins de salaire, et l’absence de grille salariale. « Le véhicule de ramassage des personnels transporte également des produits chimiques et phytosanitaires. De nombreux travailleurs sont payés à 110 F CFA l’heure, soit 880 FCFA par jour, ce qui fait un salaire de 22 500 F par mois. Si tu perds des heures, on défalque sur le salaire. Nous ne sommes pas déclarés à la CNPS. On nous menace chaque jour de renvoi. Ils disent même qu’ils vont renvoyer tous les Ivoiriens, pour les remplacer par des étrangers, qui ne revendiquent rien», font remarquer les employés, qui observent un mot d’ordre de grève illimitée le 10 août. Mais, après négociations, la grève est suspendue quelques jours plus tard. Mais, le mardi 6 octobre, les employés remettent le couvert. Cette fois-ci, un émissaire du ministère de la Défense s’invite dans les débats et exhorte les grévistes à reprendre le travail. « Nous sommes dans la période de campagne électorale. Aboisso est une zone sensible. Reprenez le travail et on verra après l’élection présidentielle », aurait-il indiqué. Les travailleurs reprennent du service à condition qu’il n’y ait pas de chasse aux sorcières. Curieusement, quelques jours plus tard, des demandes d’explication sont distribuées à profusion. Il est reproché aux travailleurs d’avoir participé à une grève illégale, qui aurait fait perdre cinq journées de travail et causé des préjudices à la société. Pour marquer leur solidarité, les « rescapés » décident d’un autre arrêt de travail illimité à compter du mercredi 4 novembre jusqu’à la réintégration des collègues licenciés. Joint par téléphone, le directeur des ressources humaines, Koffi N’guessan a indiqué qu’il ne s’agit pas de règlement de compte.
Sam K.D
Sam K.D