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Société Publié le vendredi 12 août 2016 | Notre Voie

Recasement des ferrailleurs à N’dotré : Pourquoi les choses ne bougent pas

© Notre Voie Par DR
Présidentielle 2015 : Camara Loukimane et Albert Flindé mobilisent les ferrailleurs de la nouvelle casse
Samedi 17 Octobre 2015. Camara Loukimane et Albert Flindé mobilisent les ferrailleurs de la nouvelle casse de N`Dotré (Abobo) pour la victoire du candidat Alassane Ouattara.
Bâtie sur une superficie de plus de 15 hectares, la nouvelle casse d’Abidjan Nord, située à N’dotré, présente fière allure. Différents bâtiments de 11 à 30 magasins y sont construits pour accueillir les ferrailleurs de l’ancienne casse d’Adjamé.

Cette infrastructure offre l’occasion aux ferrailleurs de disposer d’un cadre agréable pour exercer leurs activités, en bénéficiant d’un réseau d’assainissement adéquat. La promotrice de la nouvelle casse, Koné Amy, qui a à charge la construction des magasins, a livré le site depuis plus d’un an. Seulement quelques magasins sont achevés. Le constat est que ce n’est pas la grande affluence.

A notre passage, le vendredi 29 juillet dernier, l’on a pu remarquer que les ferrailleurs déguerpis de l’ancienne casse d’Adjamé refusent de s’installer à la nouvelle casse. Du moins, ils se font désirer. Le ferrailleur Fakoly C. rencontré dans son magasin, avoue que lui-même ne comprend pas la résistance de ses collègues. «Nous avons donné notre accord de principe au gouvernement depuis trois ans.

On a dit que dès que la casse de N’dotré sera livrée, nous allons nous y rendre immédiatement», rappelle-t-il, faisant remarquer que les affaires ne marchent pas bien pour ceux qui s’y sont déjà installés. «Les clients ne sont pas encore habitués au nouveau site. Ce qui fait que je suis obligé d’aller régulièrement à la casse d’Abobo-Anador à la recherche de clients», indique-t-il. Un autre interlocuteur qui a voulu garder l’anonymat indique, pour sa part, que c’est lui-même qui a achevé la finition de son box : «Quand on m’a attribué le box, il n’était pas terminé. J’ai donc mis la main à la poche pour finir le magasin afin d’entreposer mes marchandises.

C’est moi-même qui ai placé la porte». Et d’ajouter : «Pour nous qui sommes déjà sur le site, nous pouvons passer toute la journée sans recevoir de clients. Parce qu’après le déguerpissement, beaucoup de nos camarades se sont installés à Abobo-Anador tandis que d’autres sont restés à Adjamé-Agban, derrière le pont Ferraille. Or si on était tous ici, les clients allaient être obligés de venir ici. Comme ça, nous tous, on aurait la chance d’avoir tous les clients qui préfèrent acuellement aller à Abobo-Anador et à Adjamé-Agban».

De nombreuses insuffisances

La plupart des ferrailleurs interrogés soutiennent ne plus faire de bonnes recettes comme par le passé à l’ancienne casse d’Adjamé. Aujourd’hui, ils ont une seule parole dans la bouche : «Si le gouvernement n’oblige pas les ferrailleurs qui sont à Abobo-Anador et Adjamé-Agban à venir ici, les choses ne pourront pas s’arranger pour nous. Nous n’avons pas intérêt à rester sur ce nouveau site. Il faut que ce qui a été décidé se fasse, que tout le monde arrive ici. On ne travaille pratiquement plus. Nous nous considérons au chômage», entonnent-ils en chœur.

En clair, si l’on s’en tient à leurs propos, cette affaire de la nouvelle casse de N’dotré a été mal goupillée. Puisque, jusqu’à ce jour, l’ensemble des ferrailleurs refusent de quitter les sites d’Abobo-Anador et Adjamé-Agban. Lors de notre passage aussi bien à Abobo-Anador qu’Adjamé-Agban, les uns et les autres nous ont ressassé leurs récriminations. Ils n’ont pas non plus manqué de dénoncer l’entêtement du gouvernement, qui malgré leurs propositions, a voulu les contraindre à aller à la nouvelle casse. «L’Etat nous a chassés de l’ancienne casse d’Adjamé sans attendre la fin des travaux de construction des magasins à N’dotré. C’est pourquoi, certains d’entre-nous se sont installés ici à Adjamé-Agban et d’autres à Abobo-Anador», fait remarquer Abdoulaye, ferrailleur.

Et de poursuivre : «Pour nous déguerpir de l’ancienne casse d’Adjamé, le gouvernement nous a donné 150.000 FCFA et il nous a demandé de payer 600.000 FCFA pour obtenir un magasin. Cela ne pouvait pas couvrir les frais de déménagement. Et avant tout ça, pour prétendre avoir un magasin, il fallait payer la somme de 105.000 FCFA. Et après, payer 495.000 FCFA en moins de 6 mois, sinon il y a une pénalité de 10% qui vient s’ajouter. Si on n’arrive pas à payer pendant 1 an, il y a 15% qui viennent se greffer dessus».

Il est suivi par Bamba qui, lui aussi, déplore les conditions de paiement des box de la nouvelle casse : «On nous demande de faire un premier versement de 100.000 FCFA. Et payer ensuite le reliquat des 600.000 FCFA sur une période d’un an. Passé ce délai, une pénalité de 15% viendra se greffer sur les 600.000 FCFA. C’est ce qui m’a inquiété.

Parce qu’il n’est pas évident que je puisse m’acquitter de la somme exigée dans le délai imparti». Pour Ousmane, ce qui lui fait mal, c’est qu’il n’est pas facile d’acheminer les marchandises vers la nouvelle casse. «L’accès à la casse n’est pas facile. Quand les clients n’arrivent pas à trouver des pièces avec nous et qu’on leur suggère d’aller à N’dotré, ils refusent. Si bien que c’est nous-mêmes qui allons chercher leurs pièces», révèle-t-il amer.

Sur le terrain, les griefs des ferrailleurs sont fondés. Le ministère du Commerce est-il imprégné de la situation ? A voir de près, on a l’impression que le recasement des ferrailleurs à la nouvelle casse de N’dotré n’a pas été une opération bien préparée.

Camille KONAN
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