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Société Publié le mercredi 21 juin 2017 | Le Jour Plus

Charles Aubin Baïmey directeur exécutif, Jeunes volontaires pour l’Environnement (JVNE) Côte d’Ivoire à propos de l’impact des pluies sur le rendement des agriculteurs : "Nous sommes dans une situation critique "

En marge du 11ème atelier annuel du réseau climat développement, qui a lieu du 22 au 26 mai à Abidjan, Charles Aubin Baïmey directeur exécutif, Jeunes volontaires pour l’Environnement (JVNE) Côte d’Ivoire l’une des deux organisations qui accueille cette rencontre s’est prêté à nos questions. Dans cet entretien, il attire l’attention des populations sur les effets néfastes du changement climatique sur l’Agriculture et interpelle le gouvernement et les acteurs non étatiques à agir pour freiner les phénomènes comme la pollution chimique de l’air, la destruction du couvert forestier et surtout l’avancement de la mer. Décryptage…

Quel est l’état des lieux en Côte d’Ivoire ?

L’état des lieux sur les questions d’environnement se fera sur plusieurs points. La situation est relativement bonne sur la question de changement climatique. On assiste surtout ces temps à beaucoup d’événement tels que la rareté des pluies qui influence négativement sur les rendements des agriculteurs. Au niveau des questions de salubrité et du bien-être, l’Etat de Côte d’Ivoire a fait beaucoup d’efforts ces dernières années. Et donc nous assistions de grandes améliorations sur cet aspect. L’aspect de la gouvernance forestière la situation est alarmant. Aujourd’hui il est difficile de dire avec exactitude le reste du couvert végétal disponible. D’un acteur à un autre vous verrez que les chiffres diffèrent. C’est parce que le couvert forestier est gravement endommagé. Récemment des partenaires financiers ont adressé un courrier au premier ministre pour dépeindre la situation qui est un peu critique. Comme vous le savez la question de la forêt est liée aux questions de réchauffement climatique, aux questions de pluviométrie. Plus de pluies, plus de forêts et cela signifie la sécheresse. Donc nous sommes dans une situation critique si nous ne prenons pas de dispositions appropriées pour endiguer ce
phénomène.
Pour freiner l’avancée du désert, qu’est ce qui est fait concrètement sur le terrain par les Ong ?

Je commercerai par ce que les Ong font déjà puisque je suis de ce domaine. Notre rôle dans un premier temps est de former, de sensibiliser les populations et de faire un plaidoyer. Et au niveau de la Côte d’Ivoire, les Ong font ce travail quand bien même beaucoup ne bénéficient pas de financements. Nous connaissons plusieurs Ong au niveau local qui font vers les populations pour les sensibiliser afin de les aider à faire face aux changements de saisons. A un moment
donné, nous avons travaillés sur les politiques, nous avons des messages, des plaidoyers auprès du gouvernement pour prendre en compte un certain nombre de dispositions. Je pense que tout cela s’inscrit dans un cadre global au niveau international. Nous suivons aussi l’actualité internationale pour voir ce qui a lieu de faire. Mais ce qui est important c’est ce qui se passe à la base. Et nous essayons d’être plus proche des communautés pour les soutenir.

Et avez- vous le sentiment qu’il y a du nouveau dans le comportement de ces populations ?

Oui, nous le pensons vraiment parce que ce sont elles qui vivent au quotidien les affres de l’environnement qui est bouleversé. Donc nous partons sur la base de les conscientiser sur ce qui leur arrive et au regard de cela, elles changent de comportements. Mais au-delà, il y a beaucoup de choses à faire et le travail est énorme et nécessite beaucoup de moyens et de communications. Et c’est pour cela nous demandons l’implication des médias et des cadres des régions d’être des relais pour aider à inculquer de nouveaux comportements.

Au niveau de la pollution de l’air, est ce que quelque chose est faite ?

A notre niveau nous suivons cet aspect sur un angle politique. Parce qu’au niveau de la prise des décisions, il faut que les politiques encadrent les choses pour que les décisions soient prises. Au niveau de la Côte d’Ivoire il y a un projet qui est piloté par le CIAPOL avec le ministère de l’Environnement, qui travaille sur la pollution de l’air. Au niveau international il y a également une coalition qui travaille sur les politiques et Clean air coalition et nous suivons les travaux de cette coalition pour voir comment est-ce que la question de la pollution est traitée. Les travaux en Côte d’Ivoire sont en cours et nous croyons que cela va bien se passer. Et à Paris, l’Etat a déjà présenté ce projet et nous savons que le projet a débuté et nous suivons. Parce que vous savez que la qualité de l’air impacte la santé.

Sur la question de l’avancement de la mer, qu’est ce qui est fait ?

Déjà en 2012, lorsque nous étions en train de suivre une étude sur la réduction des risques de catastrophes, nous avons échangé avec les communautés de plusieurs localités. Nous avons travaillés à identifier les risques de catastrophes qui menaçaient la Côte d’Ivoire et à la suite de cela nous avons élaboré un rapport. Dans le cadre de nos travaux, nous appris des savoirs très importants des populations, qui nous ont été très utiles dans la formulation de nos recommandations.
Et quand nous étions à Grand Bassam à Assuretty, les populations ont fait savoir que l’un des problèmes au niveau de la zone côtière est la fermeture de l’embouchure. Donc, il fallait rouvrir l’embouchure pour freiner l’avancée de la mer. Et fort heureusement au niveau technique
cela a été démontré. L’Etat de Côte d’Ivoire s’est lancé dans la réouverture de l’embouchure mais malheureusement nous constatons que les travaux sont arrêtés. Donc s’il y a un message à faire passer c’est de demander à l’Etat de poursuivre le projet de la réouverture de l’embouchure parce que les populations sur la base de savoirs locaux disent que ce projet permettra d’endiguer l’avancement de la mer. Si vous allez aujourd’hui à Assuretty vous aller voir que chaque
jour la mer avance emportant les cocotiers et les maisons. Nous appelons vivement le gouvernement à reconsidérer la question de l’ouverture de l’embouchure au niveau de Grand Bassam.

Votre appel aux populations ?

Notre appel se fera à deux niveaux. Nous appelons les populations elles-mêmes d’éviter d’agresser l’environnement. Parce que cette agression va forcément nous revenir de façon violente. Nous avons pris des engagements au niveau international, nous souhaitons qu’au niveau
national ces engagements soient mis en application. Nous invitons nos parlementaires à s’approprier les questions liées à l’environnement et nous encourageons qu’il ait l’implication des communautés au niveau local.

Interview réalisée par
A.A.
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