La dernière augmentation du prix du carburant est mal perçue par les associations de consommateurs qui réclament, sans succès auprès du gouvernement, une « meilleure transparence dans la fixation des prix des produits pétroliers ». Dans cette interview, le président de la faitière des fédérations d’associations de consommateurs, la Confédération des organisations de consommateurs en Côte d’Ivoire (Coc-ci), Koffi Jean Baptiste crie sa colère et interpelle les gouvernants sur la situation du consommateur ivoirien. Non sans faire le bilan de la 3ème Edition de la Semaine du Consommateur de Côte d’Ivoire (SCC 2018) qui vient de s’achever.
Quelle réaction face à cette énième augmentation du carburant et du gaz ? Est-elle justifiée ?
Par ces temps difficiles pour tous, vous imaginez bien que toute hausse tarifaire quel que soit le niveau ne peut laisser une organisation de consommateurs indifférente. Maintenant est-ce que cette hausse est justifiée ? Une chose au moins est certaine, cette nouvelle augmentation remet au goût du jour les conditions d’application du principe de l’ajustement automatique des prix des produits pétroliers dans notre pays. Les ajustements devraient se faire en fonction de l’évolution du marché et du cours du dollar. Chez nous l’opacité qui entoure l’ajustement est telle qu’elle nous intrigue tous. Depuis plusieurs années nous demandons au gouvernement d’aller au delà des simples communiqués d’information sur les prix à appliquer à la pompe pour enfin accéder à la demande formulée de longue date par les organisations de consommateurs, de voir publier de façon régulière la structure des prix de produits pétroliers et procéder à une gestion inclusive du secteur. Les organisations de consommateurs veulent savoir ce que gagne ou perd chaque acteur du secteur pour chaque changement tarifaire.
Selon plusieurs observateurs, c’est le pauvre consommateur qui doit toujours contribuer. Est-ce votre avis ?
En tout cas c’est ce que l’attitude de nos gouvernants laisse penser. L’Etat n’a pas le droit de s’acharner sur les seuls consommateurs. La gestion du secteur pétrolier doit se faire dans la transparence, dans l’intérêt bien compris des parties en présence. Les consommateurs ne sauraient indéfiniment être tenus à l’écart, dans l’ignorance totale, contraints à tout supporter. C’est une exigence de bonne gouvernance et d’équité, surtout que l’adoption du principe de l’ajustement automatique du prix du carburant à la pompe peut s’accompagner d’un ajustement conséquent des coûts de transport des personnes et des marchandises. En l’absence d’un mécanisme clair pour tous, les transporteurs également seront fondés à ajuster les coûts du transport à la hausse sans jamais redescendre, même en cas de baisse du prix du carburant à la pompe.
Des associations de consommateurs avec en première ligne la vôtre, ont toujours demandé une certaine transparence dans le mécanisme d’ajustement du prix du carburant. Ils n’ont jusque-là pas de réponse du gouvernement. Quelle est votre réaction ?
C’est vraiment dommage que plus d’un demi-siècle après notre indépendance, l’administration ivoirienne éprouve encore le plus grand mal à rompre avec sa tradition du secret. La structure des prix des produits pétroliers en est une illustration parfaite. L’ampleur du phénomène est telle que les consommateurs sont aujourd’hui fondés à se poser mille et une questions. Que nous cachent nos gouvernants ? Nous ne désespérons pas pour autant. Avec le développement des moyens de communications, nous finirons par obtenir cette fameuse structure des prix des produits pétroliers et nous la rendrons publique. Vivement que l’Etat le fasse avant nous.
Cette augmentation n’est-elle pas un frein à la lutte contre la vie chère ?
Absolument. Comme nous l’indiquions tantôt, l’ajustement automatique du prix du carburant à la pompe peut s’accompagner d’un ajustement conséquent des coûts de transport des personnes et des marchandises. Quand on sait que les transporteurs ajustent rarement les prix à la baisse, il faut craindre dans ce cas une hausse généralisée des prix sur le marché, car le transport intervient dans bon nombre d’activités.
Avez-vous un appel à lancer au gouvernement et aux consommateurs ?
Que le gouvernement s’engage sur la voie de la transparence dans le secteur du pétrole, avant qu’il n’y soit contraint d’une façon ou une autre. J’invite les consommateurs, où qu’ils soient et principalement ceux travaillant dans le secteur du pétrole à jouer la carte de la solidarité, en nous aidant à obtenir la structure des prix des produits pétroliers dans notre pays.
Le gouvernement vient d’annoncer la création du Conseil national de la Consommation. Votre commentaire ?
C’est une excellente nouvelle pour les consommateurs. Le Conseil national de la consommation est un organisme consultatif. Il a pour mission de permettre la confrontation et la concertation entre les représentants des intérêts collectifs des consommateurs, les opérateurs économiques et les pouvoirs publics pour tout ce qui a trait aux problèmes liés à la consommation. C’est donc une institution qui favorisera le travail collaboratif. Je voudrais préciser que la création de cette institution est prévue par la loi sur la consommation. Le ministre du Commerce, de l’Artisanat et de la promotion des PME, nous l’avait promis et il a tenu parole. Nous profitons de cette occasion pour lui témoigner notre infinie reconnaissance pour le respect de la parole donnée et pour tous les efforts qu’il déploie à nos cotés pour le bien être des consommateurs. Nous l’invitons à poursuivre et achever ce qu’il a si bien commencé, avec la mise en place des autres institutions prévues par le code de la consommation, notamment la commission sur le surendettement, la commission des clauses abusives et la commission chargée de la protection des consommateurs.
D’un autre coté nous avons le Conseil National de la Lutte contre la Vie Chère et la Commission nationale de la Concurrence et de la Lutte contre la vie chère. Ne pensez-vous pas qu’il peut avoir chevauchement ?
Vous avez certainement raison. Le terme de lutte contre la vie chère qu’on retrouve de part et d’autre peut prêter à confusion. Mais en pratique, il faut aussi reconnaître que la commission de la concurrence étant une autorité administrative indépendante ayant pour mission la surveillance du marché afin d’y déceler les dysfonctionnements anticoncurrentiels peut par ses actions agir également sur la cherté de la vie. La concurrence bien menée et contrôlée peut être un outil efficace contre la cherté de la vie. La concurrence sur les marchés de la bière et de la téléphonie mobile dans notre pays en sont des parfaites illustration.
La 3ème Edition de la Semaine du Consommateur de Côte d’Ivoire (SCC 2018) vient de s’achever. Quel bilan pouvez-vous dresser ?
La SCCI c’est les universités de la consommation, la journée mondiale des droits du consommateur, la promotion des soldes générales dans notre pays et le concours du consommateur averti. Comme les années passées, nous avons pu déployer tous ces axes de la SCCI et nous en sommes heureux. Nous profitons de l’occasion pour remercier toutes ces personnes physiques et morales qui ne ménagent aucun effort pour que se tienne chaque année ce rendez annuel des consommateurs. Pour la première fois dans l’histoire de la SCCI nous avons reçu un appui financier de notre ministère de tutelle, le ministère du Commerce, de l’Artisanat et de la Promotion des PME. Le fait est tellement inédit qu’il mérite d’être souligné et encouragé. Ce qui nous a marqué est moins le montant que le geste qui démontre à souhait que ce monsieur a une vision pour le mouvement consommateur. Je pense que si les autres départements ministériels accordaient la même importance aux organisations de consommateurs, le consumérisme ivoirien changerait très rapidement de visage pour le bonheur de tous.
Vos objectifs ont-ils été atteints ?
En termes d’objectifs, nous avons des raisons d’être satisfaits, à commencer par la mobilisation des consommateurs, ensuite la qualité des communications et le niveau assez élevé de nos consultants. Le numérique était au cœur de cette célébration car les études prospectives démontrent que d’ici dix années au plus tard, 50% des métiers existant présentement vont disparaître et les emplois qui résisteront seront dominés à 80% par le numérique. Il est donc plus qu’urgent et bon de former et informer les consommateurs, pour qu’ils soient des consommateurs avertis. Nous avons passé au peigne fin les marchés numériques, depuis leur création , du mode de fonctionnement jusqu’aux risques et aptitudes à avoir pour tirer le maximum de profits des marchés numériques.
Parallèlement vous avez organisé la première édition de solde et promo générale en lignes en Côte d’Ivoire. Quel bilan ?
L’objectif visé ici était de pousser la communication sur les soldes à un niveau plus élevé que d’habitude. Nous avons donc introduit la géolocalisation des magasins faisant les soldes pour simplifier la vie aux consommateurs. Grace à l’application TOOCEKA, il était possible à tous les consommateurs de voir sur leur téléphone portable tous les magasins faisant les soldes autour d’eux. Mieux nous avons digitalisé les catalogues des marchands et évalué en fonction du stock de marchandises disponible et des prix soldés, le montant total des remises consenties par les marchands aux consommateurs. Au démarrage des soldes nous étions déjà à 1,2 milliard de remises consenties aux consommateurs. Tous ces éléments ont contribué à galvaniser les consommateurs pour cette première période des soldes. Nous remettons le couvert pour la deuxième édition des soldes du 10 au 31 août 2018.
6 mois après avoir pris la tête de la Confédération des organisations de consommateurs de Côte d’Ivoire (Coc Ci), comment vont les choses ?
Les choses avancent. Nous travaillons en ce moment à consolider l’unité au sein du mouvement consommateur ivoirien. Les choses avancent assez bien et je peux vous annoncer déjà qu’à partir de l’année prochaine, nous aurons une célébration unique le 15 mars à l’occasion de la Journée Mondiale des droits du consommateur. Nous n’avons pas le choix. Nous avons beaucoup de défis à relever et sans unité dans le mouvement, les consommateurs risquent de tout perdre. C’est très sérieux ce que je dis car en matière de respect des droits du consommateur dans notre pays, nous avons parfois du mal à comprendre la logique de nos dirigeants. On a le sentiment que le gouvernement donne aux consommateurs d’une main et reprend de l’autre. Un certain nombre de réformes entreprises par nos autorités ces dernières années ont porté un coup très sévère aux droits des consommateurs, surtout le droit d’être entendu qui connaît de plus en plus un recul inacceptable dans un pays comme le nôtre. Il s’agit notamment de :
- la restructuration du conseil d’administration de la RTI qui a vu la suppression de la représentation des consommateurs ;
- le passage du Conseil National de la Communication Audiovisuelle à la Haute Autorité de la Communication Audiovisuelle, qui a emporté la représentation des consommateurs au conseil d’administration ;
- l’absence de représentation des consommateurs dans les nouvelles structures en charge du transport depuis la disparition de la SONATT et l’AGETU ;
- l’absence de représentation des consommateurs au niveau du régulateur de l’énergie ;
- et le Conseil National de la Presse qui vient de consacrer également la sortie du représentant des consommateurs.
Quelles sont les raisons de cette chasse aux consommateurs ? S’agit-il d’une question de la qualité de nos représentations ? Si tel est le cas qu’on nous le dise et qu’on nous laisse désigner nos représentants. Il faut éviter de jeter le bébé et l’eau du bain.
Aujourd’hui nous avons pu relocaliser notre confédération à l’immeuble XL, au 6ème étage, en plein cœur du Plateau, facilitant ainsi l’accès à tous. Nous démarrons à partir du mois prochain, une grande campagne de communication télé, radio et dans la presse écrite pour informer les consommateurs de l’existence de la COC-CI et les inviter par ailleurs à fréquenter les associations de consommateurs. Pour tout dire nous travaillons à donner un nouveau visage au mouvement consumériste ivoirien.
Interview réalisée par Abou TRAORE
Quelle réaction face à cette énième augmentation du carburant et du gaz ? Est-elle justifiée ?
Par ces temps difficiles pour tous, vous imaginez bien que toute hausse tarifaire quel que soit le niveau ne peut laisser une organisation de consommateurs indifférente. Maintenant est-ce que cette hausse est justifiée ? Une chose au moins est certaine, cette nouvelle augmentation remet au goût du jour les conditions d’application du principe de l’ajustement automatique des prix des produits pétroliers dans notre pays. Les ajustements devraient se faire en fonction de l’évolution du marché et du cours du dollar. Chez nous l’opacité qui entoure l’ajustement est telle qu’elle nous intrigue tous. Depuis plusieurs années nous demandons au gouvernement d’aller au delà des simples communiqués d’information sur les prix à appliquer à la pompe pour enfin accéder à la demande formulée de longue date par les organisations de consommateurs, de voir publier de façon régulière la structure des prix de produits pétroliers et procéder à une gestion inclusive du secteur. Les organisations de consommateurs veulent savoir ce que gagne ou perd chaque acteur du secteur pour chaque changement tarifaire.
Selon plusieurs observateurs, c’est le pauvre consommateur qui doit toujours contribuer. Est-ce votre avis ?
En tout cas c’est ce que l’attitude de nos gouvernants laisse penser. L’Etat n’a pas le droit de s’acharner sur les seuls consommateurs. La gestion du secteur pétrolier doit se faire dans la transparence, dans l’intérêt bien compris des parties en présence. Les consommateurs ne sauraient indéfiniment être tenus à l’écart, dans l’ignorance totale, contraints à tout supporter. C’est une exigence de bonne gouvernance et d’équité, surtout que l’adoption du principe de l’ajustement automatique du prix du carburant à la pompe peut s’accompagner d’un ajustement conséquent des coûts de transport des personnes et des marchandises. En l’absence d’un mécanisme clair pour tous, les transporteurs également seront fondés à ajuster les coûts du transport à la hausse sans jamais redescendre, même en cas de baisse du prix du carburant à la pompe.
Des associations de consommateurs avec en première ligne la vôtre, ont toujours demandé une certaine transparence dans le mécanisme d’ajustement du prix du carburant. Ils n’ont jusque-là pas de réponse du gouvernement. Quelle est votre réaction ?
C’est vraiment dommage que plus d’un demi-siècle après notre indépendance, l’administration ivoirienne éprouve encore le plus grand mal à rompre avec sa tradition du secret. La structure des prix des produits pétroliers en est une illustration parfaite. L’ampleur du phénomène est telle que les consommateurs sont aujourd’hui fondés à se poser mille et une questions. Que nous cachent nos gouvernants ? Nous ne désespérons pas pour autant. Avec le développement des moyens de communications, nous finirons par obtenir cette fameuse structure des prix des produits pétroliers et nous la rendrons publique. Vivement que l’Etat le fasse avant nous.
Cette augmentation n’est-elle pas un frein à la lutte contre la vie chère ?
Absolument. Comme nous l’indiquions tantôt, l’ajustement automatique du prix du carburant à la pompe peut s’accompagner d’un ajustement conséquent des coûts de transport des personnes et des marchandises. Quand on sait que les transporteurs ajustent rarement les prix à la baisse, il faut craindre dans ce cas une hausse généralisée des prix sur le marché, car le transport intervient dans bon nombre d’activités.
Avez-vous un appel à lancer au gouvernement et aux consommateurs ?
Que le gouvernement s’engage sur la voie de la transparence dans le secteur du pétrole, avant qu’il n’y soit contraint d’une façon ou une autre. J’invite les consommateurs, où qu’ils soient et principalement ceux travaillant dans le secteur du pétrole à jouer la carte de la solidarité, en nous aidant à obtenir la structure des prix des produits pétroliers dans notre pays.
Le gouvernement vient d’annoncer la création du Conseil national de la Consommation. Votre commentaire ?
C’est une excellente nouvelle pour les consommateurs. Le Conseil national de la consommation est un organisme consultatif. Il a pour mission de permettre la confrontation et la concertation entre les représentants des intérêts collectifs des consommateurs, les opérateurs économiques et les pouvoirs publics pour tout ce qui a trait aux problèmes liés à la consommation. C’est donc une institution qui favorisera le travail collaboratif. Je voudrais préciser que la création de cette institution est prévue par la loi sur la consommation. Le ministre du Commerce, de l’Artisanat et de la promotion des PME, nous l’avait promis et il a tenu parole. Nous profitons de cette occasion pour lui témoigner notre infinie reconnaissance pour le respect de la parole donnée et pour tous les efforts qu’il déploie à nos cotés pour le bien être des consommateurs. Nous l’invitons à poursuivre et achever ce qu’il a si bien commencé, avec la mise en place des autres institutions prévues par le code de la consommation, notamment la commission sur le surendettement, la commission des clauses abusives et la commission chargée de la protection des consommateurs.
D’un autre coté nous avons le Conseil National de la Lutte contre la Vie Chère et la Commission nationale de la Concurrence et de la Lutte contre la vie chère. Ne pensez-vous pas qu’il peut avoir chevauchement ?
Vous avez certainement raison. Le terme de lutte contre la vie chère qu’on retrouve de part et d’autre peut prêter à confusion. Mais en pratique, il faut aussi reconnaître que la commission de la concurrence étant une autorité administrative indépendante ayant pour mission la surveillance du marché afin d’y déceler les dysfonctionnements anticoncurrentiels peut par ses actions agir également sur la cherté de la vie. La concurrence bien menée et contrôlée peut être un outil efficace contre la cherté de la vie. La concurrence sur les marchés de la bière et de la téléphonie mobile dans notre pays en sont des parfaites illustration.
La 3ème Edition de la Semaine du Consommateur de Côte d’Ivoire (SCC 2018) vient de s’achever. Quel bilan pouvez-vous dresser ?
La SCCI c’est les universités de la consommation, la journée mondiale des droits du consommateur, la promotion des soldes générales dans notre pays et le concours du consommateur averti. Comme les années passées, nous avons pu déployer tous ces axes de la SCCI et nous en sommes heureux. Nous profitons de l’occasion pour remercier toutes ces personnes physiques et morales qui ne ménagent aucun effort pour que se tienne chaque année ce rendez annuel des consommateurs. Pour la première fois dans l’histoire de la SCCI nous avons reçu un appui financier de notre ministère de tutelle, le ministère du Commerce, de l’Artisanat et de la Promotion des PME. Le fait est tellement inédit qu’il mérite d’être souligné et encouragé. Ce qui nous a marqué est moins le montant que le geste qui démontre à souhait que ce monsieur a une vision pour le mouvement consommateur. Je pense que si les autres départements ministériels accordaient la même importance aux organisations de consommateurs, le consumérisme ivoirien changerait très rapidement de visage pour le bonheur de tous.
Vos objectifs ont-ils été atteints ?
En termes d’objectifs, nous avons des raisons d’être satisfaits, à commencer par la mobilisation des consommateurs, ensuite la qualité des communications et le niveau assez élevé de nos consultants. Le numérique était au cœur de cette célébration car les études prospectives démontrent que d’ici dix années au plus tard, 50% des métiers existant présentement vont disparaître et les emplois qui résisteront seront dominés à 80% par le numérique. Il est donc plus qu’urgent et bon de former et informer les consommateurs, pour qu’ils soient des consommateurs avertis. Nous avons passé au peigne fin les marchés numériques, depuis leur création , du mode de fonctionnement jusqu’aux risques et aptitudes à avoir pour tirer le maximum de profits des marchés numériques.
Parallèlement vous avez organisé la première édition de solde et promo générale en lignes en Côte d’Ivoire. Quel bilan ?
L’objectif visé ici était de pousser la communication sur les soldes à un niveau plus élevé que d’habitude. Nous avons donc introduit la géolocalisation des magasins faisant les soldes pour simplifier la vie aux consommateurs. Grace à l’application TOOCEKA, il était possible à tous les consommateurs de voir sur leur téléphone portable tous les magasins faisant les soldes autour d’eux. Mieux nous avons digitalisé les catalogues des marchands et évalué en fonction du stock de marchandises disponible et des prix soldés, le montant total des remises consenties par les marchands aux consommateurs. Au démarrage des soldes nous étions déjà à 1,2 milliard de remises consenties aux consommateurs. Tous ces éléments ont contribué à galvaniser les consommateurs pour cette première période des soldes. Nous remettons le couvert pour la deuxième édition des soldes du 10 au 31 août 2018.
6 mois après avoir pris la tête de la Confédération des organisations de consommateurs de Côte d’Ivoire (Coc Ci), comment vont les choses ?
Les choses avancent. Nous travaillons en ce moment à consolider l’unité au sein du mouvement consommateur ivoirien. Les choses avancent assez bien et je peux vous annoncer déjà qu’à partir de l’année prochaine, nous aurons une célébration unique le 15 mars à l’occasion de la Journée Mondiale des droits du consommateur. Nous n’avons pas le choix. Nous avons beaucoup de défis à relever et sans unité dans le mouvement, les consommateurs risquent de tout perdre. C’est très sérieux ce que je dis car en matière de respect des droits du consommateur dans notre pays, nous avons parfois du mal à comprendre la logique de nos dirigeants. On a le sentiment que le gouvernement donne aux consommateurs d’une main et reprend de l’autre. Un certain nombre de réformes entreprises par nos autorités ces dernières années ont porté un coup très sévère aux droits des consommateurs, surtout le droit d’être entendu qui connaît de plus en plus un recul inacceptable dans un pays comme le nôtre. Il s’agit notamment de :
- la restructuration du conseil d’administration de la RTI qui a vu la suppression de la représentation des consommateurs ;
- le passage du Conseil National de la Communication Audiovisuelle à la Haute Autorité de la Communication Audiovisuelle, qui a emporté la représentation des consommateurs au conseil d’administration ;
- l’absence de représentation des consommateurs dans les nouvelles structures en charge du transport depuis la disparition de la SONATT et l’AGETU ;
- l’absence de représentation des consommateurs au niveau du régulateur de l’énergie ;
- et le Conseil National de la Presse qui vient de consacrer également la sortie du représentant des consommateurs.
Quelles sont les raisons de cette chasse aux consommateurs ? S’agit-il d’une question de la qualité de nos représentations ? Si tel est le cas qu’on nous le dise et qu’on nous laisse désigner nos représentants. Il faut éviter de jeter le bébé et l’eau du bain.
Aujourd’hui nous avons pu relocaliser notre confédération à l’immeuble XL, au 6ème étage, en plein cœur du Plateau, facilitant ainsi l’accès à tous. Nous démarrons à partir du mois prochain, une grande campagne de communication télé, radio et dans la presse écrite pour informer les consommateurs de l’existence de la COC-CI et les inviter par ailleurs à fréquenter les associations de consommateurs. Pour tout dire nous travaillons à donner un nouveau visage au mouvement consumériste ivoirien.
Interview réalisée par Abou TRAORE