Au cours du Colloque international sur l’œuvre de paix de Félix Houphouët-Boigny qui s’est tenu à Yamoussoukro, à la Fondation Félix Houphouët-Boigny pour la Recherche de la Paix, du 18 au 20 octobre 2018, les participants ont diagnostiqué des obstacles à la paix et au développement. Il s’agit des obstacles liés à la gouvernance politique, à la gouvernance économique et au domaine socioculturel et éducatif.
Ci-dessous le rapport général dudit colloque avec le diagnostic à la paix et au développement en Côte d’Ivoire.
« Rapport de synthèse
Yamoussoukro, Fondation Félix Houphouët-Boigny pour la Recherche de la Paix, du 18 au 20 octobre 2018
Introduction
A l’initiative de la Fondation Félix Houphouët-Boigny pour la Recherche de la Paix, un colloque international s’est tenu du 18 au 20 octobre 2018 au siège de cette organisation, à Yamoussoukro. Organisé à l’occasion du 25e anniversaire de la disparition du Président Félix Houphouët-Boigny, ce colloque qui a porté sur le thème : « L’œuvre de paix de Félix Houphouët-Boigny » a enregistré 115 participants, dont 23 venus notamment du Bénin, du Burkina-Faso, du Cameroun, du Ghana, du Kenya, du Mali, du Nigéria, du Sénégal, du Togo et de la France. Le colloque a également mobilisé des institutions universitaires et différentes organisations telles que :
- L’Université Félix Houphouët-Boigny
- L’Université Alassane Ouattara
- L’Université Lorougnon Guédé
- L’Université Péléforo Gbon Coulibaly
- L’Institut national Polytechnique Houphouët-Boigny
- La Fondation Joseph Ki Zerbo
- La Fondation Hampâté Bâ
- L’UNESCO
- L’Académie des sciences des arts, des cultures d’Afrique et des Diasporas Africaines (ASCAD)
- Les Archives nationales de France
- L’Académie des cultures, des religions et du dialogue
- Le Centre d’études diplomatiques et stratégiques de Paris
- Le Réseau du groupement patronal francophone
La thématique de ce colloque revêt une tonalité particulière au moment où la Côte d’Ivoire vit les lendemains des élections municipales et régionales couplées du 13 octobre 2018, marquées par la résurgence des scènes de violence dans certaines localités.
Il s’est agi, pour les participants composés notamment d’universitaires venus de divers horizons, d’hommes politiques, du corps préfectoral, de chefs traditionnels, de guides religieux, de leaders de jeunes et de femmes, de responsables de la société civile, d’hommes et de femmes de culture intéressés par la vie et les idéaux du Président Félix Houphouët-Boigny de mener la réflexion sur son œuvre de paix. Ce colloque s’est voulu un cadre d’échanges, de débat interactif, participatif et constructif pour décrypter l’œuvre de paix du président Félix Houphouët-Boigny et en tirer des enseignements pour le présent et pour l’avenir.
Ce rapport général présente la cérémonie d’ouverture (I), le déroulement des travaux (II), le diagnostic des obstacles à la paix et au développement en Côte d’Ivoire (III) et les recommandations (IV).
I. La cérémonie d’ouverture
Un film documentaire sur le président Félix Houphouët-Boigny a précédé la cérémonie d’ouverture qui s’est déroulée en présence de Monsieur le Vice-Président, M. Daniel Kablan DUNCAN, représentant Son Excellence Monsieur Alassane OUATTARA, Président de la République de Côte d’Ivoire, de Monsieur EDJAMPAN Thiémélé, représentant Son Excellence Monsieur Henri Konan BEDIE, Président du PDCI-RDA, de Monsieur Jeannot Kouadio AHOUSSOU, Président du Sénat, de Monsieur le Vice-Gouverneur du District Autonome de Yamoussoukro, de Monsieur le Préfet de Région, Préfet du Département de Yamoussoukro, des membres du corps préfectoral, des chefs traditionnels et religieux, des enseignants et chercheurs, des professionnels de médias publics et privés, et des élèves et étudiants.
Deux moments forts ont marqué la cérémonie d’ouverture. Il s’agit des allocutions et de la remise du prix Félix Houphouët-Boigny pour la recherche.
Ouvrant la série des allocutions, M. KOUACOU Gnrangbé Kouadio Jean, Maire fraîchement réélu de Yamoussoukro, a souhaité la bienvenue à l’ensemble des participants et exprimé la joie de sa commune d’abriter cette importante rencontre scientifique.
Pour lui, au moment où l’horizon s’assombrit au sortir des élections régionales et municipales, ce colloque arrive à point nommé pour permettre aux admirateurs et contradicteurs de Félix Houphouët-Boigny de se retrouver pour réfléchir sur son combat, son œuvre et sa philosophie de paix.
Intervenant après le Maire de Yamoussoukro, le Professeur Jean Noël LOUKOU, Secrétaire général de la Fondation Félix Houphouët-Boigny pour la recherche de la paix a remercié toutes les personnalités et les participants pour leur présence et souligné que ce colloque est aux antipodes d’une entreprise hagiographique qui au demeurant ne sied pas au personnage historique de Félix Houphouët-Boigny. Il s’agit, a-t-il dit, à partir du cas spécifique de Félix Houphouët-Boigny, d’ouvrir de nouveaux axes de recherche sur les voies et moyens d’instaurer effectivement la paix en Afrique et dans le monde belliqueux d’aujourd’hui.
A la suite de son intervention, le professeur BAHA Bi Youzan Daniel, Doyen de l’UFR Sciences de l’Homme et de la Société et Président du comité scientifique du colloque, a situé les enjeux de cette rencontre scientifique. Pour lui, au-delà des nombreux documents écrits et oraux, des témoignages d’exception sur Félix Houphouët-Boigny, il est important de poursuivre les recherches, à travers les assises scientifiques, pour exploiter les moindres constructions de l’édifice moral et immatériel qu’est Félix Houphouët-Boigny, cet homme de notre histoire commune.
L’allocution de Monsieur EDJAMPAN Thiémélé, représentant Son Excellence Monsieur Henri Konan BEDIE, Président du PDCI-RDA, a fait suite à celle du président du comité scientifique du colloque. Livrant le message du Président BEDIE, il a souligné que la mémoire de Félix Houphouët-Boigny doit être ce levain permanent qui vivifie la terre éburnéenne chaque foi que nous sommes emportés par la passion de la division et des postures claniques. Il a félicité le Professeur Jean Noël et la Fondation Félix Houphouët-Boigny pour la recherche de la paix qui donnent l’occasion d’honorer la mémoire de ce grand homme qui a marqué des générations d’Ivoiriens.
Le message du Président de la République a été prononcé par le Vice-président Monsieur Daniel Kablan DUNCAN. Il a salué l’initiative de ce colloque qui permet aux experts de décrypter l’œuvre de paix du président Félix Houphouët-Boigny en vue d’en ressortir les outils nécessaires à la consolidation de la paix et de la cohésion sociale en Côte d’Ivoire et partout dans le monde. Avant de déclarer l’ouverture des travaux du colloque, il a affirmé que la Côte d’Ivoire d’aujourd’hui croit aux valeurs cardinales avec lesquelles le Président Félix Houphouët-Boigny a tracé les sillons du développement et bâti la prospérité de la Côte d’Ivoire.
L’autre temps fort de la cérémonie d’ouverture a été la remise des prix aux lauréats de la première édition du prix Félix Houphouët-Boigny pour la recherche. Ainsi, ont été primés, mademoiselle BROU Hada Stéphanie Débora, pour son mémoire de Master sur le sujet : « Politiques éducatives d’Houphouët-Boigny et intégration nationale en Côte d’Ivoire » ; et monsieur LEOBLE Baka Célestin, pour sa thèse de doctorat intitulée : « Félix Houphouët-Boigny et la question du communisme en Afrique de 1946 à 1989 ».
Après la cérémonie d’ouverture, les participants se sont retrouvés pour le début des travaux.
II. Déroulement des travaux
Les travaux se sont déroulés en plénière et en atelier. Les plénières ont porté sur des témoignages (A) et des conférences d’orientation (B), tandis que les ateliers ont donné lieu à des communications (C).
A. Les témoignages
Ce moment a été marqué par les interventions de personnalités ayant côtoyé le Président Félix Houphouët-Boigny. Ils ont partagé leurs expériences aux côtés du Président Félix Houphouët-Boigny.
Ce sont, M. Jeannot Kouadio Ahoussou, le Président du Sénat, M. Maurice Kacou Guikahué, Secrétaire Exécutif du PDCI-RDA, représenté par M. Kamagaté Brahima, Secrétaire Exécutif chargé des Jeunes au sein du Secrétariat Exécutif du PDCI-RDA, et SEM Kakou Gervais, Ambassadeur, M. Constant ROUX, Professeur Agrégé de Médecine et Mme. Rokiatou Hampâté Ba, fille d’Amadou Hampaté Bâ.
S’agissant du Président Jeannot Kouadio Ahoussou, il a expliqué comment, à partir des enseignements du Président Félix Houphouët-Boigny, fondés sur les vertus du dialogue et de la tolérance, il a pu conduire les négociations politiques entre le Gouvernement et l’opposition, sur instruction du Président de la République, SEM Alassane OUATTARA, d’avril 2012 à avril 2018.
Quant à M. Maurice Kacou Guikahué, Secrétaire Exécutif du PDCI-RDA, dont le témoignage a été lu par M. Kamagaté Brahima, il a relevé que toute l’œuvre de paix du Président Félix Houphouët-Boigny a eu pour socle la justice sociale.
En ce qui concerne l’Ambassadeur, SEM Kakou Gervais, il s’est interrogé sur ce qu’aurait fait le Président Félix Houphouët-Boigny, dans le contexte actuel du processus de réconciliation en Côte d’Ivoire. Pour lui, la solution au problème de la réconciliation nationale en Côte d’Ivoire ne peut pas qu’être économique. Il faudrait une démarche qui ramène l’unité, comme l’aurait fait le Président Félix Houphouët-Boigny.
Un autre témoignage a été celui du Prof. Constant ROUX. Celui-ci après avoir relaté les débuts de sa rencontre avec le Président Félix Houphouët-Boigny, s’est réjoui d’avoir trouvé un homme sage, épris de justice et de paix.
La dernière intervenante, Mme. Rokiatou Hampâté Ba a relaté l’amitié historique qui a toujours lié Félix Houphouët-Boigny à son père.
B. Les conférences d’orientation
Au total, quatre conférences ont été prononcées par de grandes figures de la recherche.
La première conférence prononcée par le Professeur Danielle DOMERGUE-CLOAREC a traité du thème : « Le chemin de l’indépendance 1958-1960 : entre pragmatisme et déception ». A travers une socio-historique, le professeur Danielle DOMERGUE-CLOAREC a décrit les caractères du personnage de Félix Houphouët-Boigny qui ont permis à chacun des pays de l’ex Afrique Occidentale Française (AOF) d’accéder à la souveraineté nationale. Selon elle, Félix Houphouët-Boigny a su imposer ses idées de territorialisation à celle de fédération voulue par ses pairs.
La deuxième conférence animée par professeur NIAMKEY Koffi a porté sur le thème : « La question des idéologies dans l’action politique d’Houphouët-Boigny ». Selon lui, le premier Président de la Côte d’Ivoire était un homme pragmatique qui avait une aversion pour les idéologies qu’il désignait comme un écran de fumée qui brouillait la vue entre l’esprit et la réalité. Aussi a-t-il indiqué que la pensée d’Houphouët-Boigny véhiculée dans le corps social à travers les médias était destinée à conscientiser les populations et à stimuler leur sens critique.
Professeur Simon Pierre EKANZA a prononcé la troisième conférence sur le thème: « Houphouët-Boigny, modèle d’homme de paix ». Présentant le Président Houphouët-Boigny comme un homme de paix sorti des mains du créateur, Professeur EKANZA a démontré les qualités de stratège du Président Houphouët, à travers sa politique extérieure et surtout dans ses relations avec la France.
Quant à la quatrième conférence d’orientation, elle a été dite par Professeur DOMBA Jean Marc Palm sur le thème : « L’éducation des jeunes à la paix, outil précieux pour le règlement des conflits en Afrique ». En substance, le conférencier a indiqué que l’éducation à la paix constitue le mécanisme par lequel la jeunesse peut devenir un agent de paix et de prévention des conflits.
Lors des débats qui ont suivi ces différentes conférences, les intervenants ont mis l’accent sur le rôle exceptionnel du Président Houphouët-Boigny dans le processus de décolonisation, ses qualités d’homme d’Etat et d’homme de paix.
C. Les communications
Au total, les travaux ont enregistré 55 communications réparties en cinq axes thématiques.
Axe 1 : La lutte pacifique pour l’accession à l’indépendance
Les quatre (4) communications présentées dans cet axe se sont penchées sur la stratégie d’Houphouët-Boigny fondée sur la concertation et le refus du recours à la violence, dans la lutte pour l’accession à l’indépendance. Cette stratégie intègre la contribution de la presse au combat politique d’Houphouët-Boigny.
Axe 2 : La paix extérieure : diplomatie, coopération, réduction des conflits et médiation en Afrique et dans le monde.
Dans cet axe, sept (7) communications ont été enregistrées. Les intervenants ont mis en évidence l’œuvre de paix de Félix Houphouët-Boigny, à travers sa politique extérieure, tant en Afrique, en France, que dans le reste du monde. Il ressort des différentes communications et des échanges qui ont suivi que cette politique extérieure est fondée sur le multilatéralisme et une vision intégrationniste dans le cadre de l’Unité africaine.
Axe 3 : La paix civile : Etat de droit et culture démocratique, politique de défense, intégration nationale
Cet axe a donné lieu à seize (16) communications qui ont traité de la trajectoire du régime du Président Félix Houphouët-Boigny dans la gestion du pouvoir politique en Côte d’Ivoire. Les différentes interventions ont montré d’une part, que le président Félix Houphouët-Boigny a su garantir la paix, la cohésion sociale et la stabilité politique en Côte d’Ivoire par une juste redistribution des fruits de la croissance économique. D’autre part, les travaux ont mis en évidence les qualités dont a fait montre le Président Félix Houphouët-Boigny face à l’épreuve de la réinstauration du multipartisme et face aux énigmes politiques de la mort d’Ernest Boka et de Victor Biaka Boda.
Axe 4 : La paix religieuse : laïcité, tolérance religieuse, dialogue interreligieux
Les quatorze (14) communications présentées dans cet axe ont permis de déceler les fondements religieux de la philosophie de paix de Félix Houphouët-Boigny, et subséquemment la tolérance et le dialogue interreligieux que cette philosophie a rendu possible.
Axe 5 : La paix économique : institutions économiques, grands travaux, stratégies de développement
Les quatorze (14) communications qui ont traité de cet axe ont porté sur la politique de lutte du président Félix Houphouët-Boigny contre les disparités régionales et l’impact de cette politique sur la vie des populations. Elles ont mis un accent particulier sur les différents projets de développement agroindustriels initiés par le président Houphouët, notamment la création des sociétés d’Etat (SODESUCRE, SODEPRA, etc.) et l’organisation tournante de la fête de l’indépendance.
Cette politique a eu un impact positif sur la vie des populations et a favorisé le développement des localités, à travers l’amélioration des infrastructures, l’accès à l’eau potable, l’électrification, l’autonomisation de la femme, l’emploi des jeunes, la réduction de l’exode rural et de la pauvreté. Cependant, les participants ont regretté que cette politique de développement initiée par le président Félix Houphouët-Boigny n’ait pas été poursuivie par ses différents successeurs.
Si à l’époque d’Houphouët-Boigny, les Ivoiriens pouvaient trouver rébarbatif son discours de paix ressassé au cours de chacune de ses interventions, les crises successives que traverse la Côte d’Ivoire depuis sa disparition confère une actualité à son discours de paix. Le Président Félix Houphouët-Boigny ne disait-il pas : « Le bonheur, le vrai, on ne l’apprécie que lorsqu’on l’a perdu. Faisons en sorte que nous n’ayons jamais à le perdre mais à l’accroître sans cesse par le travail et l’effort au quotidien ».
Fait à Yamoussoukro le samedi 20 octobre 2018 »
Ci-dessous le rapport général dudit colloque avec le diagnostic à la paix et au développement en Côte d’Ivoire.
« Rapport de synthèse
Yamoussoukro, Fondation Félix Houphouët-Boigny pour la Recherche de la Paix, du 18 au 20 octobre 2018
Introduction
A l’initiative de la Fondation Félix Houphouët-Boigny pour la Recherche de la Paix, un colloque international s’est tenu du 18 au 20 octobre 2018 au siège de cette organisation, à Yamoussoukro. Organisé à l’occasion du 25e anniversaire de la disparition du Président Félix Houphouët-Boigny, ce colloque qui a porté sur le thème : « L’œuvre de paix de Félix Houphouët-Boigny » a enregistré 115 participants, dont 23 venus notamment du Bénin, du Burkina-Faso, du Cameroun, du Ghana, du Kenya, du Mali, du Nigéria, du Sénégal, du Togo et de la France. Le colloque a également mobilisé des institutions universitaires et différentes organisations telles que :
- L’Université Félix Houphouët-Boigny
- L’Université Alassane Ouattara
- L’Université Lorougnon Guédé
- L’Université Péléforo Gbon Coulibaly
- L’Institut national Polytechnique Houphouët-Boigny
- La Fondation Joseph Ki Zerbo
- La Fondation Hampâté Bâ
- L’UNESCO
- L’Académie des sciences des arts, des cultures d’Afrique et des Diasporas Africaines (ASCAD)
- Les Archives nationales de France
- L’Académie des cultures, des religions et du dialogue
- Le Centre d’études diplomatiques et stratégiques de Paris
- Le Réseau du groupement patronal francophone
La thématique de ce colloque revêt une tonalité particulière au moment où la Côte d’Ivoire vit les lendemains des élections municipales et régionales couplées du 13 octobre 2018, marquées par la résurgence des scènes de violence dans certaines localités.
Il s’est agi, pour les participants composés notamment d’universitaires venus de divers horizons, d’hommes politiques, du corps préfectoral, de chefs traditionnels, de guides religieux, de leaders de jeunes et de femmes, de responsables de la société civile, d’hommes et de femmes de culture intéressés par la vie et les idéaux du Président Félix Houphouët-Boigny de mener la réflexion sur son œuvre de paix. Ce colloque s’est voulu un cadre d’échanges, de débat interactif, participatif et constructif pour décrypter l’œuvre de paix du président Félix Houphouët-Boigny et en tirer des enseignements pour le présent et pour l’avenir.
Ce rapport général présente la cérémonie d’ouverture (I), le déroulement des travaux (II), le diagnostic des obstacles à la paix et au développement en Côte d’Ivoire (III) et les recommandations (IV).
I. La cérémonie d’ouverture
Un film documentaire sur le président Félix Houphouët-Boigny a précédé la cérémonie d’ouverture qui s’est déroulée en présence de Monsieur le Vice-Président, M. Daniel Kablan DUNCAN, représentant Son Excellence Monsieur Alassane OUATTARA, Président de la République de Côte d’Ivoire, de Monsieur EDJAMPAN Thiémélé, représentant Son Excellence Monsieur Henri Konan BEDIE, Président du PDCI-RDA, de Monsieur Jeannot Kouadio AHOUSSOU, Président du Sénat, de Monsieur le Vice-Gouverneur du District Autonome de Yamoussoukro, de Monsieur le Préfet de Région, Préfet du Département de Yamoussoukro, des membres du corps préfectoral, des chefs traditionnels et religieux, des enseignants et chercheurs, des professionnels de médias publics et privés, et des élèves et étudiants.
Deux moments forts ont marqué la cérémonie d’ouverture. Il s’agit des allocutions et de la remise du prix Félix Houphouët-Boigny pour la recherche.
Ouvrant la série des allocutions, M. KOUACOU Gnrangbé Kouadio Jean, Maire fraîchement réélu de Yamoussoukro, a souhaité la bienvenue à l’ensemble des participants et exprimé la joie de sa commune d’abriter cette importante rencontre scientifique.
Pour lui, au moment où l’horizon s’assombrit au sortir des élections régionales et municipales, ce colloque arrive à point nommé pour permettre aux admirateurs et contradicteurs de Félix Houphouët-Boigny de se retrouver pour réfléchir sur son combat, son œuvre et sa philosophie de paix.
Intervenant après le Maire de Yamoussoukro, le Professeur Jean Noël LOUKOU, Secrétaire général de la Fondation Félix Houphouët-Boigny pour la recherche de la paix a remercié toutes les personnalités et les participants pour leur présence et souligné que ce colloque est aux antipodes d’une entreprise hagiographique qui au demeurant ne sied pas au personnage historique de Félix Houphouët-Boigny. Il s’agit, a-t-il dit, à partir du cas spécifique de Félix Houphouët-Boigny, d’ouvrir de nouveaux axes de recherche sur les voies et moyens d’instaurer effectivement la paix en Afrique et dans le monde belliqueux d’aujourd’hui.
A la suite de son intervention, le professeur BAHA Bi Youzan Daniel, Doyen de l’UFR Sciences de l’Homme et de la Société et Président du comité scientifique du colloque, a situé les enjeux de cette rencontre scientifique. Pour lui, au-delà des nombreux documents écrits et oraux, des témoignages d’exception sur Félix Houphouët-Boigny, il est important de poursuivre les recherches, à travers les assises scientifiques, pour exploiter les moindres constructions de l’édifice moral et immatériel qu’est Félix Houphouët-Boigny, cet homme de notre histoire commune.
L’allocution de Monsieur EDJAMPAN Thiémélé, représentant Son Excellence Monsieur Henri Konan BEDIE, Président du PDCI-RDA, a fait suite à celle du président du comité scientifique du colloque. Livrant le message du Président BEDIE, il a souligné que la mémoire de Félix Houphouët-Boigny doit être ce levain permanent qui vivifie la terre éburnéenne chaque foi que nous sommes emportés par la passion de la division et des postures claniques. Il a félicité le Professeur Jean Noël et la Fondation Félix Houphouët-Boigny pour la recherche de la paix qui donnent l’occasion d’honorer la mémoire de ce grand homme qui a marqué des générations d’Ivoiriens.
Le message du Président de la République a été prononcé par le Vice-président Monsieur Daniel Kablan DUNCAN. Il a salué l’initiative de ce colloque qui permet aux experts de décrypter l’œuvre de paix du président Félix Houphouët-Boigny en vue d’en ressortir les outils nécessaires à la consolidation de la paix et de la cohésion sociale en Côte d’Ivoire et partout dans le monde. Avant de déclarer l’ouverture des travaux du colloque, il a affirmé que la Côte d’Ivoire d’aujourd’hui croit aux valeurs cardinales avec lesquelles le Président Félix Houphouët-Boigny a tracé les sillons du développement et bâti la prospérité de la Côte d’Ivoire.
L’autre temps fort de la cérémonie d’ouverture a été la remise des prix aux lauréats de la première édition du prix Félix Houphouët-Boigny pour la recherche. Ainsi, ont été primés, mademoiselle BROU Hada Stéphanie Débora, pour son mémoire de Master sur le sujet : « Politiques éducatives d’Houphouët-Boigny et intégration nationale en Côte d’Ivoire » ; et monsieur LEOBLE Baka Célestin, pour sa thèse de doctorat intitulée : « Félix Houphouët-Boigny et la question du communisme en Afrique de 1946 à 1989 ».
Après la cérémonie d’ouverture, les participants se sont retrouvés pour le début des travaux.
II. Déroulement des travaux
Les travaux se sont déroulés en plénière et en atelier. Les plénières ont porté sur des témoignages (A) et des conférences d’orientation (B), tandis que les ateliers ont donné lieu à des communications (C).
A. Les témoignages
Ce moment a été marqué par les interventions de personnalités ayant côtoyé le Président Félix Houphouët-Boigny. Ils ont partagé leurs expériences aux côtés du Président Félix Houphouët-Boigny.
Ce sont, M. Jeannot Kouadio Ahoussou, le Président du Sénat, M. Maurice Kacou Guikahué, Secrétaire Exécutif du PDCI-RDA, représenté par M. Kamagaté Brahima, Secrétaire Exécutif chargé des Jeunes au sein du Secrétariat Exécutif du PDCI-RDA, et SEM Kakou Gervais, Ambassadeur, M. Constant ROUX, Professeur Agrégé de Médecine et Mme. Rokiatou Hampâté Ba, fille d’Amadou Hampaté Bâ.
S’agissant du Président Jeannot Kouadio Ahoussou, il a expliqué comment, à partir des enseignements du Président Félix Houphouët-Boigny, fondés sur les vertus du dialogue et de la tolérance, il a pu conduire les négociations politiques entre le Gouvernement et l’opposition, sur instruction du Président de la République, SEM Alassane OUATTARA, d’avril 2012 à avril 2018.
Quant à M. Maurice Kacou Guikahué, Secrétaire Exécutif du PDCI-RDA, dont le témoignage a été lu par M. Kamagaté Brahima, il a relevé que toute l’œuvre de paix du Président Félix Houphouët-Boigny a eu pour socle la justice sociale.
En ce qui concerne l’Ambassadeur, SEM Kakou Gervais, il s’est interrogé sur ce qu’aurait fait le Président Félix Houphouët-Boigny, dans le contexte actuel du processus de réconciliation en Côte d’Ivoire. Pour lui, la solution au problème de la réconciliation nationale en Côte d’Ivoire ne peut pas qu’être économique. Il faudrait une démarche qui ramène l’unité, comme l’aurait fait le Président Félix Houphouët-Boigny.
Un autre témoignage a été celui du Prof. Constant ROUX. Celui-ci après avoir relaté les débuts de sa rencontre avec le Président Félix Houphouët-Boigny, s’est réjoui d’avoir trouvé un homme sage, épris de justice et de paix.
La dernière intervenante, Mme. Rokiatou Hampâté Ba a relaté l’amitié historique qui a toujours lié Félix Houphouët-Boigny à son père.
B. Les conférences d’orientation
Au total, quatre conférences ont été prononcées par de grandes figures de la recherche.
La première conférence prononcée par le Professeur Danielle DOMERGUE-CLOAREC a traité du thème : « Le chemin de l’indépendance 1958-1960 : entre pragmatisme et déception ». A travers une socio-historique, le professeur Danielle DOMERGUE-CLOAREC a décrit les caractères du personnage de Félix Houphouët-Boigny qui ont permis à chacun des pays de l’ex Afrique Occidentale Française (AOF) d’accéder à la souveraineté nationale. Selon elle, Félix Houphouët-Boigny a su imposer ses idées de territorialisation à celle de fédération voulue par ses pairs.
La deuxième conférence animée par professeur NIAMKEY Koffi a porté sur le thème : « La question des idéologies dans l’action politique d’Houphouët-Boigny ». Selon lui, le premier Président de la Côte d’Ivoire était un homme pragmatique qui avait une aversion pour les idéologies qu’il désignait comme un écran de fumée qui brouillait la vue entre l’esprit et la réalité. Aussi a-t-il indiqué que la pensée d’Houphouët-Boigny véhiculée dans le corps social à travers les médias était destinée à conscientiser les populations et à stimuler leur sens critique.
Professeur Simon Pierre EKANZA a prononcé la troisième conférence sur le thème: « Houphouët-Boigny, modèle d’homme de paix ». Présentant le Président Houphouët-Boigny comme un homme de paix sorti des mains du créateur, Professeur EKANZA a démontré les qualités de stratège du Président Houphouët, à travers sa politique extérieure et surtout dans ses relations avec la France.
Quant à la quatrième conférence d’orientation, elle a été dite par Professeur DOMBA Jean Marc Palm sur le thème : « L’éducation des jeunes à la paix, outil précieux pour le règlement des conflits en Afrique ». En substance, le conférencier a indiqué que l’éducation à la paix constitue le mécanisme par lequel la jeunesse peut devenir un agent de paix et de prévention des conflits.
Lors des débats qui ont suivi ces différentes conférences, les intervenants ont mis l’accent sur le rôle exceptionnel du Président Houphouët-Boigny dans le processus de décolonisation, ses qualités d’homme d’Etat et d’homme de paix.
C. Les communications
Au total, les travaux ont enregistré 55 communications réparties en cinq axes thématiques.
Axe 1 : La lutte pacifique pour l’accession à l’indépendance
Les quatre (4) communications présentées dans cet axe se sont penchées sur la stratégie d’Houphouët-Boigny fondée sur la concertation et le refus du recours à la violence, dans la lutte pour l’accession à l’indépendance. Cette stratégie intègre la contribution de la presse au combat politique d’Houphouët-Boigny.
Axe 2 : La paix extérieure : diplomatie, coopération, réduction des conflits et médiation en Afrique et dans le monde.
Dans cet axe, sept (7) communications ont été enregistrées. Les intervenants ont mis en évidence l’œuvre de paix de Félix Houphouët-Boigny, à travers sa politique extérieure, tant en Afrique, en France, que dans le reste du monde. Il ressort des différentes communications et des échanges qui ont suivi que cette politique extérieure est fondée sur le multilatéralisme et une vision intégrationniste dans le cadre de l’Unité africaine.
Axe 3 : La paix civile : Etat de droit et culture démocratique, politique de défense, intégration nationale
Cet axe a donné lieu à seize (16) communications qui ont traité de la trajectoire du régime du Président Félix Houphouët-Boigny dans la gestion du pouvoir politique en Côte d’Ivoire. Les différentes interventions ont montré d’une part, que le président Félix Houphouët-Boigny a su garantir la paix, la cohésion sociale et la stabilité politique en Côte d’Ivoire par une juste redistribution des fruits de la croissance économique. D’autre part, les travaux ont mis en évidence les qualités dont a fait montre le Président Félix Houphouët-Boigny face à l’épreuve de la réinstauration du multipartisme et face aux énigmes politiques de la mort d’Ernest Boka et de Victor Biaka Boda.
Axe 4 : La paix religieuse : laïcité, tolérance religieuse, dialogue interreligieux
Les quatorze (14) communications présentées dans cet axe ont permis de déceler les fondements religieux de la philosophie de paix de Félix Houphouët-Boigny, et subséquemment la tolérance et le dialogue interreligieux que cette philosophie a rendu possible.
Axe 5 : La paix économique : institutions économiques, grands travaux, stratégies de développement
Les quatorze (14) communications qui ont traité de cet axe ont porté sur la politique de lutte du président Félix Houphouët-Boigny contre les disparités régionales et l’impact de cette politique sur la vie des populations. Elles ont mis un accent particulier sur les différents projets de développement agroindustriels initiés par le président Houphouët, notamment la création des sociétés d’Etat (SODESUCRE, SODEPRA, etc.) et l’organisation tournante de la fête de l’indépendance.
Cette politique a eu un impact positif sur la vie des populations et a favorisé le développement des localités, à travers l’amélioration des infrastructures, l’accès à l’eau potable, l’électrification, l’autonomisation de la femme, l’emploi des jeunes, la réduction de l’exode rural et de la pauvreté. Cependant, les participants ont regretté que cette politique de développement initiée par le président Félix Houphouët-Boigny n’ait pas été poursuivie par ses différents successeurs.
Si à l’époque d’Houphouët-Boigny, les Ivoiriens pouvaient trouver rébarbatif son discours de paix ressassé au cours de chacune de ses interventions, les crises successives que traverse la Côte d’Ivoire depuis sa disparition confère une actualité à son discours de paix. Le Président Félix Houphouët-Boigny ne disait-il pas : « Le bonheur, le vrai, on ne l’apprécie que lorsqu’on l’a perdu. Faisons en sorte que nous n’ayons jamais à le perdre mais à l’accroître sans cesse par le travail et l’effort au quotidien ».
Fait à Yamoussoukro le samedi 20 octobre 2018 »