Le refus de se soumettre à nos textes sacro-saints et à nos us et aux principes érigés par nos us et coutumes est source de beaucoup de conflits qui vont jusqu’à ternir la cohésion sociale dans nombre de cas. C’est ce qui se passe en ce moment dans le paisible village de Abadjin-Kouté, situé à moins d’une dizaine de kilomètres d’Abidjan, sur la route de Dabou. Après avoir géré la collectivité villageoise durant 15 ans comme édicté par les us et coutumes l’ensemble des villages Atchan, abusivement appelés Ebrié, la génération Dougbô refuse de céder le pouvoir à Abadjin-Kouté. Au cours d’une conférence de presse, animée, hier, par Akedan Mobio Norbert, chef guerrier et doyen de la catégorie Djehon de la génération Tchagba du village Abadjin-Kouté, au nom de la génération Tchagba a expliqué que « Depuis mai 2019, la génération Dougbô a fini sa gestion de la collectivité, et depuis le 08 février 2020, nous avons pris le pouvoir. Mais pour que nous exercions, la génération sortante, par des moyens obscurs, veut nous diviser et nous imposer un chef que nous n’avons pas choisi » a-t-il dénoncé. Entouré de toutes les catégories de la génération Tchagba, il s’est offusqué de cette façon de faire. « Ce qui n’est pas de leur droit, et c’est contraire à nos coutumes. Ils n’ont pas le droit de choisir le chef de la génération entrante. Ce qui n’a pas été fait pour eux, ils ne peuvent le faire pour les autres. Nous avons choisi notre chef et ses deux adjoints, que nous avons, selon les recommandations coutumières, présenté au patriarche du village, les Gnondô et au chef de la génération sortante. Alors que nous ne nous attendions pas du tout, et on ne sait par quelle alchimie, au cours d’une réunion convoquée par le chef, le 28 juillet dernier, le chef rend publique une liste de trois personnes, étrangères aux choix que nous avons préalablement communiqués au patriarche. Ce qui ne se fait jamais en pays Atchan ». Et au conférencier d’ajouter :« Cette façon de faire a révolté la génération Tchagba qui s’y est opposée immédiatement. Finalement, après moult tractations, le patriarche, Niamblé N’sranan a publiquement reconnu qu’il avait été induit en erreur, par les anciens tenants de la chefferie. A la vérité, la chefferie sortante qui a géré le village durant 16 ans, bien au-delà des années prévues, veut installer des personnes qui leur sont proches pour des raisons que nous ignorons. Il ne faudrait pas qu’ils tordent le cou à la tradition. C’est pourquoi, nous avons décidé et avons informé l’ensemble du village que nous avons porté notre choix sur Issif Yepi Esaïe comme chef intérimaire ». Le jeudi 27 août, la génération fera connaître son chef à l’ensemble du village.
JEAN PRISCA
JEAN PRISCA