La démocratie n’est plus à expliquer au peuple ivoirien. Dans son acception la plus simple, elle doit se traduire par une alternance du pouvoir. C’est au peuple d’apprécier chaque bilan et d’en limiter la durée de l’exercice dans l’esprit de notre constitution.
Dans sa dimension économique, que pouvons-nous souhaiter pour notre pays ?
1 Au niveau structurel, la politique de Ouattara n’a manifestement pas modifié profondément notre économie. Dans le principe, durant ces dix années, l’objectif aurait été d’augmenter notre croissance économique et notre compétitivité. Mais force est de constater que la réalité en est toute autre :
sur le plan de la politique industrielle :
- elle est quasi-inexistante, et surtout marquée par l’absence de vrais pôles de compétitivité.
Le secteur de l’industrie qui ne représente que 13% de notre activité économique ne génère que 25% de valeur ajoutée (richesses créée),
- le soutien plus que timide accordé aux PME, et à l’innovation mérite d’être dénoncé.
- A contrario, le secteur des services fort de ses 46,8% génère 41,6%. C’est peut-être là que nos efforts doivent se concentrer.
- Notre sacro-sainte agriculture bien qu’occupant la part la plus importante (40%) ne procure que 20% de valeur ajoutée.
sur le plan de la politique
du territoire
- l’aménagement du territoire axé sur le clientélisme n’a engendré que de grands déséquilibres entre nos régions et plus encore au niveau des infrastructures et du cadre de vie.
- l’aménagement du territoire inspiré par le clientélisme n’a engendré que de grands déséquilibres. Notre capitale administrative Yamoussoukro n’a toujours pas bénéficié des promesses (décentralisations, délocalisations) faites pour décongestionner Abidjan où toute notre jeunesse espère se réaliser.
sur le plan de la politique de formation
- nos besoins en capital humain (développement de l’enseignement général, technique, professionnel et formation continue) ne sont pas cernés.
sur le plan de la politique de recherche et d’innovation
- on peut souligner la faible allocation attribuée à l’innovation et au développement des nouvelles technologies.
2 Intéressons-nous, cette fois, à notre politique conjoncturelle :
Pour mieux apprécier le niveau de notre croissance, nous allons nous centrer sur les deux instruments que sont nos politiques budgétaire et monétaire.
- les choix budgétaires qui ont vocation à corriger les déséquilibres impactant notre économie (consommation des ménages, investissements des ménages) ne nous profitent point.
- Notre politique monétaire étant celle de l’UEMOA, placée sous l’autorité de la BCEAO, a pour mission de surveiller l’évolution des prix et si nécessaire lutter contre l’inflation.
Les principaux moyens d’action pourraient être alors les taux d’intérêt et les taux de change.
- Nous devons nous rappeler de façon objective ce qu’est le fondement économique dans lequel nous inscrivons notre nation ? Car l’appréciation de notre situation économique permettrait de comprendre son impact sur les décisions de chaque ivoirien qui sont les agents économiques.
- La qualité des indicateurs économiques de notre pays loin d’être satisfaisante (pour ne pas dire médiocre) peut nous aider à une analyse objective tant sur le court terme, (conjoncturelle) que sur le long terme ((structurelle)
3 Notre croissance économique mesure l’augmentation durable de nos richesses (accroissement des quantités de biens et services de notre pays. PIB).
4 A contrario nous nous devons de préciser que le développement traduit notre amélioration générale du niveau de vie. Le développement induit naturellement les transformations sociales, culturelles et techniques).
- Nous admettrons par conséquent que la croissance ne doit pas être l’unique indicateur pour prendre en compte. Depuis 2012 nous enregistrons 8% par an en moyenne qui ne ruisselle pas sur la population. Nous pouvons en outre avoir des inquiétudes pour 2020 qui selon le FMI nous prédit un taux de croissance de 2,7%.
- Il est sage de savoir que la croissance peut engendrer des effets positifs ou négatifs sur le développement.
Positivement
- elle peut être un moteur de lutte contre la pauvreté à la condition que sa répartition ne soit pas déséquilibrée.
Négativement
- elle contribue à la transformation de la structure des emplois (tendance à la tertiarisation brutale dans les pays en développement).
- Les pays en développement s’endettent fortement (prêts de la Banque Mondiale).
- La croissance dans notre pays n’a de cesse de creuser les inégalités (les élites en profitent bien plus. Elle génère une réelle instabilité politique et les clivages sociaux qui s’accentuent.
Que conclure ?
Notre taux de croissance artificiel en moyenne de 7 à 8% annuel est en corrélation avec notre niveau excessif d’endettement.
Notre taux de chômage abyssal non avoué est déclaré à 3,4% en 2018 et à 2,4% en 2019. Ces taux traduisant le plein emploi ne correspondent en rien à notre situation en Côte d’Ivoire.
Quant à notre inflation (qui traduit l’augmentation généralisée des prix), elle peut être contestée. Évolution de la production industrielle et l’investissement des entreprises qu’on désigne comme étant la Formation Brute du Capital Fixe) représentent des indicateurs qui doivent nous permettre d’apprécier notre situation économique sur le long et moyen termes. En particulier notre attention doit porter sur les facteurs ou l’état de nos ressources productives (exemple notre niveau de capital humain très décevant au regard du niveau de l’éducation).
Vous avez sans nul doute compris que l’analyse de notre situation économique doit se réaliser à l’aune de ces deux principaux facteurs « conjoncturels » et « structurels » qui s’interpénètrent. Mon souhait véritable est que tout le monde s’approprie ces outils et la vision qui en résulte.
Lacisse ABDOU
Professeur d’Economie et Gestion, Académie de Lyon (France)
Dans sa dimension économique, que pouvons-nous souhaiter pour notre pays ?
1 Au niveau structurel, la politique de Ouattara n’a manifestement pas modifié profondément notre économie. Dans le principe, durant ces dix années, l’objectif aurait été d’augmenter notre croissance économique et notre compétitivité. Mais force est de constater que la réalité en est toute autre :
sur le plan de la politique industrielle :
- elle est quasi-inexistante, et surtout marquée par l’absence de vrais pôles de compétitivité.
Le secteur de l’industrie qui ne représente que 13% de notre activité économique ne génère que 25% de valeur ajoutée (richesses créée),
- le soutien plus que timide accordé aux PME, et à l’innovation mérite d’être dénoncé.
- A contrario, le secteur des services fort de ses 46,8% génère 41,6%. C’est peut-être là que nos efforts doivent se concentrer.
- Notre sacro-sainte agriculture bien qu’occupant la part la plus importante (40%) ne procure que 20% de valeur ajoutée.
sur le plan de la politique
du territoire
- l’aménagement du territoire axé sur le clientélisme n’a engendré que de grands déséquilibres entre nos régions et plus encore au niveau des infrastructures et du cadre de vie.
- l’aménagement du territoire inspiré par le clientélisme n’a engendré que de grands déséquilibres. Notre capitale administrative Yamoussoukro n’a toujours pas bénéficié des promesses (décentralisations, délocalisations) faites pour décongestionner Abidjan où toute notre jeunesse espère se réaliser.
sur le plan de la politique de formation
- nos besoins en capital humain (développement de l’enseignement général, technique, professionnel et formation continue) ne sont pas cernés.
sur le plan de la politique de recherche et d’innovation
- on peut souligner la faible allocation attribuée à l’innovation et au développement des nouvelles technologies.
2 Intéressons-nous, cette fois, à notre politique conjoncturelle :
Pour mieux apprécier le niveau de notre croissance, nous allons nous centrer sur les deux instruments que sont nos politiques budgétaire et monétaire.
- les choix budgétaires qui ont vocation à corriger les déséquilibres impactant notre économie (consommation des ménages, investissements des ménages) ne nous profitent point.
- Notre politique monétaire étant celle de l’UEMOA, placée sous l’autorité de la BCEAO, a pour mission de surveiller l’évolution des prix et si nécessaire lutter contre l’inflation.
Les principaux moyens d’action pourraient être alors les taux d’intérêt et les taux de change.
- Nous devons nous rappeler de façon objective ce qu’est le fondement économique dans lequel nous inscrivons notre nation ? Car l’appréciation de notre situation économique permettrait de comprendre son impact sur les décisions de chaque ivoirien qui sont les agents économiques.
- La qualité des indicateurs économiques de notre pays loin d’être satisfaisante (pour ne pas dire médiocre) peut nous aider à une analyse objective tant sur le court terme, (conjoncturelle) que sur le long terme ((structurelle)
3 Notre croissance économique mesure l’augmentation durable de nos richesses (accroissement des quantités de biens et services de notre pays. PIB).
4 A contrario nous nous devons de préciser que le développement traduit notre amélioration générale du niveau de vie. Le développement induit naturellement les transformations sociales, culturelles et techniques).
- Nous admettrons par conséquent que la croissance ne doit pas être l’unique indicateur pour prendre en compte. Depuis 2012 nous enregistrons 8% par an en moyenne qui ne ruisselle pas sur la population. Nous pouvons en outre avoir des inquiétudes pour 2020 qui selon le FMI nous prédit un taux de croissance de 2,7%.
- Il est sage de savoir que la croissance peut engendrer des effets positifs ou négatifs sur le développement.
Positivement
- elle peut être un moteur de lutte contre la pauvreté à la condition que sa répartition ne soit pas déséquilibrée.
Négativement
- elle contribue à la transformation de la structure des emplois (tendance à la tertiarisation brutale dans les pays en développement).
- Les pays en développement s’endettent fortement (prêts de la Banque Mondiale).
- La croissance dans notre pays n’a de cesse de creuser les inégalités (les élites en profitent bien plus. Elle génère une réelle instabilité politique et les clivages sociaux qui s’accentuent.
Que conclure ?
Notre taux de croissance artificiel en moyenne de 7 à 8% annuel est en corrélation avec notre niveau excessif d’endettement.
Notre taux de chômage abyssal non avoué est déclaré à 3,4% en 2018 et à 2,4% en 2019. Ces taux traduisant le plein emploi ne correspondent en rien à notre situation en Côte d’Ivoire.
Quant à notre inflation (qui traduit l’augmentation généralisée des prix), elle peut être contestée. Évolution de la production industrielle et l’investissement des entreprises qu’on désigne comme étant la Formation Brute du Capital Fixe) représentent des indicateurs qui doivent nous permettre d’apprécier notre situation économique sur le long et moyen termes. En particulier notre attention doit porter sur les facteurs ou l’état de nos ressources productives (exemple notre niveau de capital humain très décevant au regard du niveau de l’éducation).
Vous avez sans nul doute compris que l’analyse de notre situation économique doit se réaliser à l’aune de ces deux principaux facteurs « conjoncturels » et « structurels » qui s’interpénètrent. Mon souhait véritable est que tout le monde s’approprie ces outils et la vision qui en résulte.
Lacisse ABDOU
Professeur d’Economie et Gestion, Académie de Lyon (France)