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Art et Culture Publié le vendredi 8 mars 2013 | Boigny Express

Message aux baoulés pour paquinou : Dans vos réunions, pensez-y !

© Boigny Express Par Emma
Les fetes de Paques,ou(Paquinou): Le calvaire des voyageurs
Vendredi 06 avril 2012: Les voyageurs se ruinent vers les sociétés de transport pour la fete de paques (Paquinou) au village.
Le président Houphouët s’est battu pour que le nom Côte d’Ivoire ne soit pas traduit dans une autre langue. Car un nom est un nom. Les colons ont déformé nos noms par la mal prononciation. Si nous n’y faisons rien, plus tard, les noms de nos villages n’auront plus le sens originel qu’ils sont sensé communiquer. Et si là maintenant on pensait déjà à rétablir les choses. Tous les Ivoiriens de toutes les régions doivent y penser. L’occasion est belle pour ceux qui vont partir massivement en paquinou inscrivent le sujet aux chapitres des divers de leurs assemblées générales.

Il n’est pas rare d’entre nombre d’Ivoiriens de dire : « ce sont les Blancs qui en ont déformé le nom car le vrai nom était ceci… » Qu’est-ce qu’ils ont le dos large ces Blancs, surtout lorsqu’il s’agit du refus pour nous d’assumer nos responsabilités ! Je parlerai surtout des Baoulés que je connais un peu mieux pour les avoir beaucoup fréquentés et avoir longtemps vécu avec eux. Demandez à un Baoulé d’où il vient en baoulé et en français.

-En baoulé : A fi ni ? N’fi Kouassiklo

- En français : d’où viens-tu ? Je viens de kouassikro

Pourquoi le « KLO » devient « KRO » ? Ce sont naturellement les Blancs qui ont tout déformé.
Il en est ainsi des noms de sites comme de personne et nul ne semble s’émouvoir de cette situation quelque peu ubuesque.

Sur ce plan, la capitale du royaume baoulé l’a échappé belle puisque pendant la période coloniale, on n’hésitait pas à dire Sakasso au lieu du Sakassou actuel. Visitez donc le pays baoulé et vous vous rendez compte que la plupart des villages et des villes portent des noms d’emprunt que nous n’avons pas été capables de remettre en place à la fin de la période coloniale. Comme mentionné plus haut, même les noms de personne se retrouvent dans la même situation mais on ne peut s’engager dans ce domaine sans que des personnes sans foi ni loi s’engouffrent dans la brèche pour acquérir cette nationalité ivoirienne si prisée ! On peut tout de même s’étonner qu’un nom simple, Anmlan soit devenu dans le meilleur des cas Amlan et bien souvent Amenan, amanan, etc… Pourquoi cette fâcheuse tendance à se masturber l’esprit pour rechercher des choses compliquées, alors qu’elles sont si simples en réalité ? Ainsi KOUADJO devient KOUADIO sans doute parce qu’à l’époque on ne pouvait pas savoir que D et J juxtaposés donnaient le son qu’on voulait.

Une chose m’a frappé chez nos frère togolais qui ont su garder leurs noms tant en ce qui concerne les personnes que les sites. On imagine ce que seraient KOMLAN, KODJOVI, KOBLAVI en Côte-d’Ivoire si pour leur malheur ces noms s’étaient retrouvés chez nous. Une ville au Togo s’appelle en ce moment ANEHO. A l’époque coloniale, elle s’appelait ANECHO. C’est qu’il n’était pas besoin de sortir de polytechnique pour changer ce qui doit l’être. Voyons à travers quelques noms ce qui se passe chez nous, en dehors du KLO et du KRO dont nous avons déjà parlé. Voilà une ville qui s’appelle DIABO alors que tout le monde sait que cette appellation ne signifie rien et qu’aucun Baoulé ne dira dans sa langue qu’il se rend à DIABO. Etait-il si difficile d’écrire Djahabo qui explique automatiquement la signification du nom de la ville ? Pourquoi écrit-on « DJEBONOUA » sans que cela représente grand-chose alors que le vrai nom est «N’DJEBONOUAN ? »

Un village comme RASSUENOU s’est retrouvé appelé « IRASSOUENOU » sans qu’on sache pourquoi. Pourquoi ne pas revenir à « GBOMIZAMBO » au lieu de Bomizambo, GBOTRO au lieu de Botro, DJEGBOKLO au lieu de Dimbokro ? Et c’est par centaines, sinon plus, que dans toutes les régions de notre pays, des noms ont été déformés sans que les Ivoiriens fassent le moindre effort pour remettre la pendule à l’heure. Aujourd’hui, il se trouve encore des gens pour dire que le vrai nom c’était ceci et qu’il a été déformé par le colon. Qu’en sera-t-il demain lorsque personne ne sera là pour rétablir la vérité première. Le pli aura été pris et désormais, ces noms donnés suivant ce qu’entendait l’interprète ou le traducteur demeureront à jamais comme nom des localités qui ne demandent pourtant qu’à reprendre leur vrai nom. Après l’écroulement du rideau de fer, on a demandé aux habitants de cette ville russe le maintien de Leningrad ou le retour au nom des origines : Saint Petersburg. Les habitants n’hésitèrent pas un seul instant à redonner à la ville le nom qui était le sien lors de sa fondation. Je pense qu’il s’agit là d’une leçon qui mérite d’être médité. Et si cela est pris en compte, les « KLO » reprendraient leur place en pays baoulé. Par ailleurs on n’entendrait plus TIEBISSOU, DIDIEVI et d’autres noms encore dont l’appellation d’origine mérite un sort meilleur que celui qu’on lui a réservé jusqu’à présent. Un village entre Bouaké et Sakassou a mis du temps pour reprendre partiellement son nom d’origine : il s’agit de Mollouklo, devenu aujourd’hui Moulloukro puisque les « KRO » sont à la page. Auparavant les gens ont cru bien faire en faisant appeler le village Morykro. Peut-être que c’est moi qui n’ai rien compris à cette appellation particulière. Un village N’zikpli (et non N’zipri) est devenu par la magie de la « blanchissation » SAKRY au lieu de Sakly comme on l’appelle dans le terroir. J’ai été attéré, en lisant un communiqué hélas mortuaire : « Bro Brê » pour GBLO BLÊ. La question qui me hante est toujours la même, pourquoi cet impérialisme du « kro » à la place du KLO et pourquoi cette invasion du « R » dans une langue qui en possède si peu ? On peut avancer sans risque de se tromper que le baoulé est en effet une des langues les plus pauvres en « R » en Côte-d’Ivoire. D’où vient-il alors que les Baoulés aient passivement accepté que la dénomination de leurs sites et régions soient déformés de cette manière-là ?

Puisque le phénomène continue, on peut penser que les «Baoulés modernes »trouvent plus avenants de dire kro plutôt que klo, ce qu’ils n’osent pas faire quand ils parlent baoulé.
Je maintiens que chercher à rétablir les noms propres totalement déformés donnerait l’occasion à des malfrats en quête d’identité de se faire passer pour Ivoiriens. Mais de grâce, que les Baoulés, et sans doute les habitants de la plupart de nos régions, s’entendent enfin pour que les vrais noms et les noms vrais de sites, régions et villages leur soient donnés pour que là aussi, nous ne donnions pas l’impression que nous refusons d’être nous-mêmes et que nous éprouvons une gêne, voire une honte à faire usage des appellations qui sont les nôtres. Lors d’une émission à la télévision, j’ai appris avec surprise que « Daloa » viendrait de « Dalou an » parce que le nom de la ville était gouro. Il appartiendra aux Bétés et aux Gouros de rétablir la vérité. Il parait qu’il n’est jamais tard pour bien faire et je crois sincèrement que le moment est venu de rétablir ce qui fait partie de nous-mêmes.

Les modifications des dénominations est déjà entreprise par l’exécutif qui a nommé les 30 régions de Côte d’Ivoire avec les noms originaux. Et c’est tout à l’honneur du gouvernement de lui emboiter le pas ou lui demander d’aller plus loin pour restituer le sens de nos noms propres et de nos villages n’est que le rejoindre dans sa voix lumineuse.

Maximus Léo
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