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Société Publié le dimanche 4 mars 2018 | AFP

Côte d’Ivoire: naissance d’un syndicat pour défendre les femmes

Abidjan - "Nous allons nous battre!": pour la première fois en Côte d’Ivoire, des "femmes travailleuses" issues de l’administration, du milieu agricole et du secteur informel ont créé leur syndicat, pour que leurs préoccupations soient véritablement prises en compte.

Le Réseau des femmes syndicalistes de Côte d’Ivoire (REFSY-CI) est né "pour porter haut nos préoccupations auprès des pouvoirs publics", a expliqué à l’AFP sa présidente Mariatou Guiehoa, estimant qu’elles sont jusque-là "reléguées au second plan".
Mme Guiehoa, 65 ans dont 30 de militantisme, estime que depuis
l’indépendance du pays en 1960, seuls "des strapontins" ont été accordés aux
femmes dans les mouvements syndicaux. Aucune femme n’a jamais été à la tête
d’un syndicat.
Le nouveau syndicat revendique 4.000 adhérentes, des femmes enseignantes,
sociologues, vendeuses sur les marchés, pompistes, transporteuses... qui
ambitionnent de devenir les "interlocutrices importantes dans le milieu
syndical en Côte d’Ivoire", dominé par des hommes qui décident à leur place.
Transfuges des cinq centrales syndicales ivoiriennes, les cadres du
REFSY-CI ont décidé de constituer un "syndicat libre et indépendant pour les
femmes", avec pour devise: "Amour-Solidarité-Justice".
L’arrivée de ce nouveau syndicat a été saluée par la ministre ivoirienne de
la Femme, Mariatou Koné, qui y a vu "une avancée dans la politique de
promotion de la femme" et "un puissant instrument de négociation sociale qui
favorisera le dialogue constructif, à l’exclusion de la violence".
Mais les syndicats établis voient cette nouvelle concurrence d’un autre
oeil, mettant en garde contre le danger du "sectarisme" qui pourrait réduire à
néant les ambitions du REFSY-CI.

- ’Mériter sa place’ -

"Nous reconnaissons qu’il y a des obstacles à lever, comme le sexisme, le
machisme et la phallocratie qui sont des réalités dans le mouvement. Mais cela
ne devrait pas amener les femmes à se sectoriser", juge Théodore Gnagna Zadi,
président de la Plateforme nationale, qui regroupe une cinquantaine de
syndicats de fonctionnaires, à l’origine d’une grève d’un mois qui secoué le
pays en 2017.
"Le mouvement syndical n’est pas un mouvement de complaisance où l’on
donnerait des places à des femmes parce qu’elles sont femmes. Elles doivent le
mériter", ajoute M. Zadi.
Un défi que les membres du REFSY-CI assurent être prêtes à relever: "Nous
ne sommes pas là pour dire que nous voulons prendre la place des hommes. Le
REFSY-CI veut mériter sa place dans le milieu syndical", assure le programme
du nouveau mouvement.
Avec comme priorité la formation de ses adhérents au militantisme féminin,
avec l’aide de la fondation allemande Friedrich Herbert-Stiftung. Et le souci
de "concilier le mouvement syndical et la vie de foyer, deux choses
différentes".
Le REFSY-CI, qui a constaté avec surprise que la quasi-totalité de ses
adhérentes ne disposaient pas de couverture maladie universelle, entend aussi
se lancer dans cette lutte.
"Les artisanes, les femmes rurales vivent au jour le jour. Si pour des
raisons de maladie, elles n’ont pu bénéficier de soins, elle ne peuvent
générer des ressources", déplore Salimata Porquet, présidente de la Plateforme
d’éveil électoral des femmes et des jeunes, une ONG panafricaine et marraine
du réseau.
Le syndicat entend ainsi trouver une couverture maladie aux femmes des
secteurs informels, ces "travailleuses sans salaire" qui sont devenues de
véritables "chefs de famille".
"Nous voulons faire comprendre à la jeune génération que faire du
syndicalisme, ce n’est pas fabriquer des révoltées, mais prendre en compte les
préoccupations des femmes", souligne Mme Porquet.
ck/de/thm/jlb

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