Sauf changement de dernière minute, s’ouvre ce matin le procès de Mme Bléhon Gomé Hilaire dans l’affaire d’escroquerie portant sur la somme de 65 millions de Fcfa au préjudice de l’entreprise de téléphonie mobile MTN. Cette affaire a éclaté au grand jour, lorsque le 4 février 2009, le porte-parole de la présidence de la République a fait un communiqué pour faire part de l’indignation du chef de l’Etat vis-à-vis de l’une de ses secrétaires qui s’est rendue coupable de cette grosse escroquerie. Selon le communiqué rendu public par Gervais Coulibaly, Dame Gomé Hilaire s’est servie de « sa qualité de secrétaire à la présidence et du nom du président Gbagbo » pour commettre son forfait. En conséquence, depuis cette date, Mme Gomé Hilaire Bléhon a été incarcérée en attendant que son procès s’ouvre ce matin. Là où le bât blesse, c’est que la victime de l’escroquerie, c`est-à-dire le Directeur général de MTN Côte d’Ivoire est déclarée persona non grata dans le pays. Le ministre de l’Intérieur en a décidé ainsi. Aimable Mporé devra quitter (si cela n’est pas déjà fait) la Côte d’Ivoire ce jour mardi 10 février 2009. Décision d’autant plus incompréhensible qu’elle laisse tout le monde perplexe. En ce sens qu’en la matière, tous les juristes s’accordent pour dire que les raisons de cette expédition ne sont pas pertinentes. Car, pour qu’il en soit ainsi, il aurait fallu que la personne eût commis un acte ou fait des déclarations publiques attentatoires à la souveraineté de la Côte d’Ivoire. Le crime du pauvre DG est d’avoir écrit, selon les mêmes sources, dans les livres comptables de l’entreprise, pour justifier la sortie des 65 millions, qu’il a été fait don au chef de l’Etat. En clair, Aimable Mporé devrait couvrir le chef de l’Etat en inscrivant cette somme d’argent dans un chapitre aussi farfelu que « relations publiques ». A ce niveau d’analyse, on comprend, pourvu qu’on soit un peu lucide, que Mporé a été frappé d’expulsion pour n’avoir pas sauvegardé l’intégrité du chef de l’Etat en maquillant une sortie d’argent. Et de deux, cette précipitation du ministre de l’Intérieur à expulser le DG de MTN, tend à faire croire que l’on veut réduire au silence quelqu’un qui en sait beaucoup sur les micmacs du Palais. Lui, la victime de cette grosse escroquerie ne sera pas présent au procès, ne serait-ce que pour apporter les preuves que Mme Gomé Bléhon a usé du nom du chef de l’Etat pour accomplir son forfait. Une parodie de procès en perspective pour un saupoudrage spectaculaire.
Ibrahima B. Kamagaté
Ibrahima B. Kamagaté
