Le procès s’est ouvert, hier, au tribunal des flagrants délits d’Abidjan, en présence d’un nombreux public. Le parquet d’Abidjan, représenté par trois substituts du procureur de la République, a requis hier, à l’audience du tribunal des flagrants délits, la peine d’emprisonnement ferme de douze mois à l’encontre de Mme Gomé Gnohité née Bléhon Emilienne, secrétaire particulière du Président de la République. Et la relaxe, pure et simple, pour délit non constitué, de sa co-prévenue, Mme Umviga épse Metté Elise. Les deux prévenues sont poursuivies pour avoir, dans un délai non proscrit par la loi, utilisé le nom du Président de la République pour soutirer la somme exacte de 65.542.610 F au directeur général de la société de téléphonie mobile Mtn, M. Rwi Yegura Mporé Aimable. C’est donc au terme de plusieurs heures de procès des mises en cause, dont le cas a défrayé la chronique ces derniers temps, que le parquet a définitivement fondé sa conviction. Il y avait du beau monde au palais de justice. Et pour cause, le Président de la République, la plus haute autorité du pays, est citée, du fait de sa collaboratrice, dans l’affaire au rôle. La première à s’expliquer à la barre, est Mme Umviga épse Metté Elise. C’est elle qui aurait établi le contact entre Dame Bléhon Emilienne et le Dg de Mtn. Il lui est tout aussi reproché de s’être fait passer pour une employée de la Présidence de la République qu’elle n’a jamais été. Ce à quoi, elle a répondu en ces termes : « Je suis bel et bien une collaboratrice extérieure du Président de la République. Je sers d’interprète entre le Chef de l’Etat et son pasteur rwandais. Lequel ne s’exprime ni en français, ni en anglais. Pour cette mission, je reçois de la Présidence un salaire mensuel depuis trois ans. » Sur le fond de l’affaire, la prévenue, très sereine, fait savoir que dans le courant du mois de décembre 2008, elle a contacté Mme Bléhon, la secrétaire, qui est avec le chef de cabinet, M. Kuyo Téa Narcisse, ses seuls interlocuteurs à la Présidence pour accéder au Président. Pour le compte du DG de Mtn, M. Mporé, son compatriote rwandais avec qui elle entretient de bons rapports, Mme Metté dit avoir sollicité une audience pour que ce dernier présente au Président Gbagbo un trophée obtenu par sa structure. Toujours selon Mme Metté, la secrétaire du PR, en acceptant de transmettre la demande d’audience du DG de Mtn, aurait demandé que ce dernier ne vienne pas voir le Président les mains vides. Comme le font tous les chefs d’entreprise qui rencontrent le Président. Mme Gomé Gnohité, à l’appui de cette exigence, aurait dit que le Président Gbagbo avait besoin d’une contribution pour l’achat d’une ambulance et la construction d’un dispensaire pour le village d’Ahounienfoutou, victime d’une intoxication alimentaire. La concrétisation de cette exigence de la secrétaire du Président Gbagbo, selon Mme Metté, a été précédée par une rencontre qu’elles ont eue avec Mporé dans un restaurant. Ce dernier a d’abord marqué son refus de verser la somme de plus de 65 millions correspondant à une facture de construction établie par Mme Gomé Gnohité née Bléhon Emilienne. Ensuite et comme il va l’exiger, la secrétaire lui adresse un courrier avec entête de la Présidence de la République qui l’invite à verser l’argent sur le compte de l’entreprise Emka, qui est sa propriété. Rassuré, le Dg de Mtn a tiré un chèque pour décaisser les fonds que Mme Metté s’est chargée de remettre à la secrétaire. Dès lors, les obstacles en vue de la rencontre avec le Président vont se multiplier. C’est pourquoi, l’interprète dit avoir utilisé d’autres moyens pour être reçus par le Président. Comme confirmé par le parquet, Mme Metté a envoyé plusieurs messages téléphoniques au chef de cabinet devant toutes les difficultés d’accès orchestrées par la secrétaire. Pour sa part, la principale mise en cause, Mme Gomé dit que l’initiative du don est de Mme Metté qu’elle connaît comme collaboratrice du Président. Selon elle, c’est le DG de Mtn lui-même qui a sollicité une audience pour faire un don au Président. Et que c’est pour faciliter à Mtn le décaissement des fonds que, à sa demande, elle lui a proposé de libeller le chèque au nom de sa société de construction. Comment alors comprendre que la lettre, écrite par elle et adressée au DG de Mtn sur papier à entête de la Présidence, soit un courrier de remerciements si tel qu’elle le soutient, c’est le DG qui a manifesté l’intention de faire un don ? Et puis, pourquoi le montant du don se retrouve dans le compte bancaire de son entreprise à elle sans que le Président de la République, destinataire du don, soit avisé ? Pourquoi après l’avortement de l’audience avec le Président n’a –t-elle pas restitué la totalité des fonds qu’elle a reçus ? Des questions auxquelles Mme Gomé va rester évasive allant de contradiction en contradiction sous le feu des interrogations du parquet et des avocats. Pour le parquet, la culpabilité de Mme Gomé Gnohité née Bléhon Emilienne ne fait l’ombre d’aucun doute. La peine de 12 mois de prison requise est assortie d’une amende de 300.000 F. Réquisitoire qui n’est pas du goût des avocats de la défense qui tant bien que mal ont développé des arguments de droit. Pour eux, le droit pénal est un droit de précision. L’escroquerie tel que prévu par l’article 403 du code pénal ne saurait s’appliquer à Mme Gomé, leur cliente. Qui, selon eux, a été naïve dans l’affaire. Et comme naïveté n’est pas un acte répréhensible au regard de la loi pénale, ils ont demandé la relaxe pure et simple de leur cliente pour délit non commis. Disons à titre de rappel que la secrétaire du Président Laurent Gbagbo a été arrêtée le mardi 3 février dernier, à son service par la section recherche de la gendarmerie nationale actionnée par le Chef de l’Etat lui-même. Il lui est reproché d’avoir utilisé le nom du Président de la République pour se faire remettre par le directeur général de la société de téléphonie mobile Mtn, M. Rwi Yegura Mporé Aimable, la somme d’argent précitée. Un acte que la secrétaire aurait commis avec la complicité de Mme Metté laquelle sans être employée à la Présidence de la République aurait agi en tant que telle. L’affaire qui a donné lieu à un communiqué du Président de la République suivi le lendemain d’un arrêté d’expulsion de la Côte d’Ivoire du DG de Mtn, émanant du ministre de l’Intérieur s’appuyant sur le fait que l’homme en remettant l’argent a fait preuve d’une légèreté coupable. Un tel agissement, selon le ministre, est un acte grave de nature à « jeter le discrédit sur une institution de la République de la Côte d’Ivoire ». Le tribunal, présidé par le juge Yapi Tobo, fera connaître son jugement cet après-midi.
Landry Kohon
Le Dg de Mtn Côte d’Ivoire a quitté Abidjan
Le directeur général de Mtn Côte d’Ivoire, frappé d’une mesure d’expulsion, à la suite de l’affaire d’escroquerie portant sur la somme de 65 millions de francs cfa au préjudice de sa société, a quitté le territoire ivoirien. L’information, confirmée par une source proche de Mtn Côte d’Ivoire, fait état de ce que Aimable Mporé, au lieu du Ghana où il était annoncé, a finalement atterri en Europe. Toutefois, notre source n’a pu préciser le pays d’accueil du désormais ex-directeur général de Mtn Côte d’Ivoire. La décision d’expulsion de Aimable Mporé, signée du ministre de l’Intérieur, Désiré Tagro, est intervenue à la suite d’une escroquerie orchestrée par Mme Bléhon épse Gomé Gnohité. Celle-ci, au nom et pour le compte du Chef de l’Etat, a sollicité Mtn Côte d’Ivoire à hauteur de plus de 65 millions pour venir en aide aux populations d’Ahounienfoutou, victimes d’intoxication alimentaire. Pour le ministre de l’Intérieur, une telle attitude de la part de l’ex-directeur général de Mtn Côte d’Ivoire, outre la légèreté dont il a fait preuve en décaissant les 65 millions, visait à «tenter de jeter le discrédit sur une institution de la République de Côte d’Ivoire en l’occurrence le Président de la République». En répression, depuis le 5 février, le ministre Désiré Tagro a donc pris la décision d’expulser Aimable Mporé du territoire ivoirien.L’ex-directeur général de cette entreprise avait donc 5 jours pour partir d’Abidjan. Ce qu’il a fait. C’est désormais le vice-président Afrique qui assure son intérim.
Marc Yevou
Gbagbo se constitue partie civile
Partie prenante au procès, le Président de la République, dont le nom a été utilisé, était représenté hier à l’audience par son avocate, Me Kouassi Allah. Celle-ci, dans une débauche langagière, a exprimé toute l’indignation de son client, le Chef de l’Etat, sur le dos de qui les faits ont été commis. Pour l’avocat de la partie civile, les trois, les deux femmes et le DG de Mtn, sont chacun en ce qui le concerne coupables au travers de l’acte posé. Grave atteinte à l’honneur et à la probité sur la base desquels le Président de la République a eu à prêter serment. C’est, pourquoi, selon l’avocate, le Président de la République, qui entend donner un signal fort, a décidé de prendre partie dans ce procès. Pour tous les préjudices de droit et de fait confondus, le Président Laurent Gbagbo, selon son conseil, se constitue partie civile et demande à titre de dédommagement le franc symbolique.
Landry Kohon
Landry Kohon
Le Dg de Mtn Côte d’Ivoire a quitté Abidjan
Le directeur général de Mtn Côte d’Ivoire, frappé d’une mesure d’expulsion, à la suite de l’affaire d’escroquerie portant sur la somme de 65 millions de francs cfa au préjudice de sa société, a quitté le territoire ivoirien. L’information, confirmée par une source proche de Mtn Côte d’Ivoire, fait état de ce que Aimable Mporé, au lieu du Ghana où il était annoncé, a finalement atterri en Europe. Toutefois, notre source n’a pu préciser le pays d’accueil du désormais ex-directeur général de Mtn Côte d’Ivoire. La décision d’expulsion de Aimable Mporé, signée du ministre de l’Intérieur, Désiré Tagro, est intervenue à la suite d’une escroquerie orchestrée par Mme Bléhon épse Gomé Gnohité. Celle-ci, au nom et pour le compte du Chef de l’Etat, a sollicité Mtn Côte d’Ivoire à hauteur de plus de 65 millions pour venir en aide aux populations d’Ahounienfoutou, victimes d’intoxication alimentaire. Pour le ministre de l’Intérieur, une telle attitude de la part de l’ex-directeur général de Mtn Côte d’Ivoire, outre la légèreté dont il a fait preuve en décaissant les 65 millions, visait à «tenter de jeter le discrédit sur une institution de la République de Côte d’Ivoire en l’occurrence le Président de la République». En répression, depuis le 5 février, le ministre Désiré Tagro a donc pris la décision d’expulser Aimable Mporé du territoire ivoirien.L’ex-directeur général de cette entreprise avait donc 5 jours pour partir d’Abidjan. Ce qu’il a fait. C’est désormais le vice-président Afrique qui assure son intérim.
Marc Yevou
Gbagbo se constitue partie civile
Partie prenante au procès, le Président de la République, dont le nom a été utilisé, était représenté hier à l’audience par son avocate, Me Kouassi Allah. Celle-ci, dans une débauche langagière, a exprimé toute l’indignation de son client, le Chef de l’Etat, sur le dos de qui les faits ont été commis. Pour l’avocat de la partie civile, les trois, les deux femmes et le DG de Mtn, sont chacun en ce qui le concerne coupables au travers de l’acte posé. Grave atteinte à l’honneur et à la probité sur la base desquels le Président de la République a eu à prêter serment. C’est, pourquoi, selon l’avocate, le Président de la République, qui entend donner un signal fort, a décidé de prendre partie dans ce procès. Pour tous les préjudices de droit et de fait confondus, le Président Laurent Gbagbo, selon son conseil, se constitue partie civile et demande à titre de dédommagement le franc symbolique.
Landry Kohon