Comme annoncé, le procès de dame Bléhon Emilienne s'est tenu, hier, au palais de justice d'Abidjan Plateau. L'épouse de Gomé Hilaire et Mme Meité ont comparu devant le tribunal de première instance pour escroquerie portant sur la somme de 65. 542.610 Fcfa au préjudice de la société de téléphonie mobile MTN. L'audience a démarré à 13h 30mn dans une salle archicomble. Après son introduction, le président du tribunal a appelé à la barre, l'une après l'autre, les deux prévenues. Intervenant en premier lieu, Mme Méité Wantégué, 40 ans, ivoirienne d'origine rwandaise, mère de 4 enfants, s'est présentée comme collaboratrice extérieure de la présidence ayant un titre d'accès au palais et un passeport de service. Je suis régulièrement payée par mois en qualité d'interprète du pasteur Rwanda. "C'est à ce titre, explique-t-elle, que le directeur général de MTN Aimable Mpore, me considérant également comme sa compatriote, m'a approchée pour solliciter une audience avec le président Gbagbo. Il a manifesté le désir de rencontrer le président de la République pour lui présenter un trophée. Chose que j'ai expliquée à Mme Gomé qui n'a pas trouvé d'inconvénient. Mais elle a ajouté que le Dg ne devrait pas venir à l'audience les mains vides. Car, le président avait annoncé, à la télé, qu'il offrait une ambulance et un hôpital aux populations d'Ahougnanfoutotu qui venaient d'être victimes d'intoxication alimentaire qui a fait 17 morts." Ces faits, selon dame Méité, remontent au début de novembre 2008. L'information ayant été rapportée à M. Mpore, celui-ci a accepté le principe. Mais pour des garanties, il a souhaité recevoir un courrier officiel émanant de la présidence. "C'est ainsi que Mme Gomé a fait un courrier avec un papier en-tête de la présidence de la République. Je ne savais pas les besoins de la présidence alors, je ne pouvais pas imaginer la somme exigée", soutient dame Meité à la barre. A en croire cette dernière "le chèque de 65 millions établi au bénéfice de la structure "Emika Entreprise" est le devis rédigé par la secrétaire du président. "C'est Mme Gomé qui a souhaité que cette somme soit reversée sur le compte de sa structure qui est EMIKA Entreprise". A son tour de parole, Mme Gomé a rejeté tout de go, toute implication dans cette affaire. "Je ne reconnais pas les faits qui me sont reprochés. C'est le directeur de MTN qui a sollicité une audience auprès du président de la République pour lui faire un don". A la question de savoir quelle était l'objet de l'audience, la secrétaire du président Gbagbo balbutie. "Je ne sais pas puisque le directeur général de MNT voulait faire une surprise à mon patron. Ce qui a fait que je n'ai pas déclaré la somme". Malheureusement, l'audience n'a pas lieu à la date du 18 décembre 2008. Se référant au directeur du protocole, Mme Gomé Hilaire soutient que M. Koné Aboubacar lui a signifié que ce sera après les fêtes de fin d'année. Report d'audience qui suscite un certain doute. Dès lors, M. Mpore va demander à se faire restituer la somme d'argent. Chose impossible étant donné que Mme Gomé n'est pas en possession de la totalité des 65. 542.610 Fcfa. "Comme l'audience avec le président n'a pu se tenir, j'ai appelé M. Mpore pour lui demander la conduite à tenir. Il m'a demandé de remettre l'argent à Mme Meité. J'ai voulu remettre l'entièreté de l'argent, mais la banque l'a refusé parce qu'elle n'avait pas de liquidité. Je me suis donc résolue de retirer par tranches la somme. C'est ainsi que j'ai pu payer, avant mon arrestation, 43 millions", se défend-elle à la barre. Même si les deux dames présumées coupables ont nié en bloc leur culpabilité, le parquet a estimé que l'initiative de faire un don au président Gbagbo provient de Mme Gomé. "Mme Gomé a adressé un courrier de remerciements au DG de MTN. Quand on parle de remerciements, ça veut dire qu'on a reçu quelque chose de la part de quelqu'un. Le papier en-tête pour rédiger la lettre signée est de Mme Gomé. Son entreprise fictive a bel et bien reçu la somme", indique le procureur. Fort de tous les arguments du parquet, on a requis 12 mois d'emprisonnement ferme contre la secrétaire du chef de l'Etat Gbagbo, avec 300 000 F CFA d'amende. En revanche, on a demandé la relaxa pure et simple pour délit non constitué contre dame Meité. Notons que la défense de Mme Gomé Hilaire s'est employée à prouver vainement l'innocence de sa cliente tout en reconnaissant, du reste qu'elle "a fait preuve de naïveté, mais surtout de bonne foi". Par conséquence, elle devrait bénéficier de la clémence du tribunal. Quant à l'avocat du président Gbagbo qui s'est constitué partie civile, elle a demandé de frapper dur pour que cela serve de leçon. L'audience qui reprend aujourd'hui à 14h devra donner le verdict final.
Marc Koffi et Paterne Ougueye Yves
Ph : Patricia Ziahé
Marc Koffi et Paterne Ougueye Yves
Ph : Patricia Ziahé