Le professeur Sega Sangaré, responsable santé de Children of Africa, explique au cours de cette interview, les raisons qui ont poussé l’ONG de Mme Dominique Ouattara à entreprendre une campagne de vaccination gratuite contre la fièvre typhoïde.
Quel bilan faites-vous, à mi-parcours, de la caravane de vaccination contre la fièvre typhoïde ?
Premièrement, il convient de souligner qu’il s’agit d’une caravane de vaccination entreprise par la Fondation Children of Africa de Mme Dominique Ouattara pour les enfants de 3 à 12 ans. Et c’est une caravane de vaccination gratuite contre la fièvre typhoïde. Et jusqu’à ce jour, nous avons déjà parcouru quatre sites à travers le district d’Abidjan. La commune d’Attécoubé a été le théâtre du lancement de la caravane de vaccination, plus précisément le quartier Boribana. Ensuite, nous avons été à Adjamé, précisément à Bramakoté. Puis à Yopougon dans le quartier Doukouré. Et enfin à Abobo où la campagne de vaccination s’est déroulée au quartier Avocatier. C’est dans ces différentes communes que la campagne a eu lieu. Et à chaque fois, ce sont 1.000 enfants qui ont été vaccinés. C’est dire qu’aujourd’hui, notre bilan s’évalue à 4.000 enfants vaccinés. Vous remarquez que les quartiers cités sont des quartiers précaires connus. Pourquoi ces quartiers précaires ? La fièvre typhoïde est une affection qui sévit dans les quartiers à mauvaise condition hygiénique. Nous avons alors ciblé les enfants qui sont les populations les plus exposées. Mais, au cours de ces campagnes de vaccination, une sensibilisation est faite parallèlement par le biais de petits fascicules qui sont distribués sur place. Ils indiquent de façon très simple les modes de transmission de cette maladie. Ils énumèrent les signes qui indiquent qu’il s’agit d’une fièvre typhoïde. Le traitement et les moyens d’éradication de cette affection. C’est évidement une fiche très simple. Et qui, en trois petites pages, énumèrent tous les aspects de la maladie.
Justement pourquoi une caravane contre la fièvre typhoïde ?
La réponse est toute simple. Il existe en Côte d’Ivoire le programme élargi de vaccination qui prend en compte beaucoup d’affections telles que la poliomyélite, le tétanos, la rougeole et d’autres maladies. Et ce qui explique le choix de la fièvre typhoïde, c’est en fait, la recrudescence de cette affection. Particulièrement dans la ville d’Abidjan qui est devenue une poubelle. Depuis un ou deux ans, on a constaté une recrudescence très importante de la fièvre typhoïde. Nous aurions pu faire un autre vaccin. Mais, la plupart de ces vaccins sont déjà pris en compte par le programme élargi de vaccination. Donc nous avons estimé que cela n’était pas nécessaire. Par contre, je vous donne un exemple, la méningite qui est également une affection qui mérite de faire l’objet d’une campagne de vaccination ne se localise pas à Abidjan. Car, cette région n’est pas une zone d’endémie ou d’épidémie de la maladie. Pour cela, il faut aller au Nord et à l’Ouest de la Côte d’Ivoire. C’est ainsi qu’après Abidjan, nous irons à l’intérieur du pays. Et en fonction des spécificités épidémiologiques de chaque région, un type de vaccination sera utilisé.
Après une pause de deux semaines, allez-vous repousser la date limite pour pouvoir atteindre votre objectif c’est-à-dire vacciner 10.000 enfants à Abidjan contre la fièvre typhoïde ?
L’objectif en effet est de vacciner sinon immuniser 10.000 enfants dans la ville d’Abidjan contre la fièvre typhoïde. Et comme chaque week-end, nous avons pour principe d’immuniser 1.000 enfants, évidemment dans un souci de fidélité au programme préétabli la date limite sera prolongée au-delà du samedi 14 mars. Chaque samedi, nous passons dans une commune. Et c’est en collaboration avec les autorités communales, que le lieu où la vaccination se fera, est choisi. Après ces 4 premières communes que nous avons visitées, samedi prochain c’est-à-dire le 28 février, on redémarre à Gobelet dans la commune de Cocody. Et la semaine suivante, on ira à Koumassi. Ensuite Treichville et enfin Marcory. Et il y a un autre site d’Abobo Derrière-Rails que nous avons sauté. Mais nous allons le rattraper après. Concernant la suspension de 2 semaines de la caravane, disons que dans le programme établi, il était prévu un arrêt entre les deux phases. C’est pour cela que la caravane s’est arrêtée sinon, il n’y a aucune raison particulière.
En tant que médecin, pouvez-vous nous dire s’il existe aujourd’hui des chiffres sur la recrudescence de la fièvre typhoïde à Abidjan ? Et puis, pouvons-nous savoir si celle-ci a supplanté aujourd’hui, le paludisme qui est l’une des premières causes de mortalité en Côte d’Ivoire ?
Il n’existe aucun chiffre actuellement sur la prévalence en fièvre typhoïde en Côte d’Ivoire. Il n’existe aucun chiffre officiel. Ce dont je vous parle c’est la pratique de tous les jours. Il y a une démarche scientifique qui permet d’aboutir au diagnostic de la fièvre typhoïde. Mais, entre les résistances au paludisme et la recrudescence de la saleté, on arrive à un stade où lorsqu’on traite un patient pour un paludisme, on ne réfléchit plus. Si au bout de 3 à 4 jours ça ne vas pas, on passe à la phase suivante, c’est-à-dire, le diagnostic de la fièvre typhoïde.
Et ces cas sont-ils nombreux ?
Il y en a beaucoup. Et un constat qui est fait, c’est que très souvent, nous n’avons pas les preuves scientifiques. Mais, on n’a pas le temps de rechercher ces preuves scientifiques puisque la fièvre typhoïde a une période d’incubation. Si vous êtes infecté aujourd’hui, les signes n’apparaîtront que deux semaines après. Donc, avant que nous ne détections la maladie dans le sang, elle est déjà installée. C’est pourquoi la plupart des médecins ont dans leur pratique ce reflexe. Les moyens de diagnostic sont très limités. On est obligé de travailler à vue. On ne peut pas faire autrement.
Réalisée par Coulibaly Brahima
Les salaires des enseignants suspendus. Mamadou Soro (Sg du Synesci) :
“Si le Gouvernement veut une année blanche, il l’aura”
La colère des enseignants du secondaire général et technique va grandissante. Le Gouvernement ivoirien a mis sa menace à exécution. Il a ‘’coupé’’ les salaires de certains enseignants qui ont observé la grève du 20 au 30 janvier dernier sur toute l’étendue du territoire national. Certains ont constaté sur leur bulletin de salaires une ponction de 50.000Fcfa. Par contre, chez d’autres la somme de 100.000 Fcfa a été retranchée. Tous les enseignants grévistes n’ont pas été ponctionnés .Ce sont ceux dont l’absence a été notifiée par leur chef d’établissement qui ont subi la ‘’furia’’ de la Direction générale de la Solde. La direction générale de la Fonction Publique, approchée hier, n’a pas été très affirmative sur cette question. « Les dispositions relatives à la ponction ou suspension de salaires à la Fonction Publique existent. Nous ne faisons qu’appliquer ces dispositions. Trois jours de grève correspondent à deux semaines de ponction de salaires» a expliqué un membre de la Direction de la Fonction Publique, sous le couvert de l’anonymat. Du coté du ministère de l’Education Nationale, les langues se délient difficilement. Personne ne daigne prendre la responsabilité de donner l’effectif des enseignants grévistes qui ont vu leur salaire couper. C’est la veillée d’arme chez les syndicats de l’enseignement secondaire général et technique (Synesci, Synafetp ci ; Syndicat Solidarité et la Ces-ci). Les responsables de ces quatre formations syndicales disent ne pas accepter cette mesure du gouvernement. Ils ont signifié que l’heure n’est plus à la parole, mais aux actes. « Les salaires de 9000 enseignants ont été suspendus et pour 500 ponctionnés. Les quatre formations syndicales se sont réunies hier au siège de la Fesaci à Adjamé pour arrêter une décision commune» a expliqué le secrétaire général du Syndicat national des Enseignants du second degré de Cote d’Ivoire (SYNESCI) et porte-parole du mouvement des syndicats grévistes, Mamadou Soro, joint au téléphone en fin d’après-midi. Pour lui, cette ponction est une provocation de plus qui ne saurait être tolérée. « Si le Gouvernement veut une année blanche, il l’aura » a menacé M.Soro. Au moment où nous mettions sous presse, une réunion décisive se tenait avec les secrétaires généraux des différentes formations syndicales au siège de la Fédération des Syndicats Autonomes de Cote d’Ivoire (FESACI) à Adjamé à l’effet d’arrêter une décision commune. « En tout cas, la conduite à tenir sera arrêtée aujourd’hui » a précisé le secrétaire du Synesci. Pour mémoire, les salaires des mois de Novembre et Décembre 2007 de près de 2000 enseignants de la Coordination des Enseignants du second degré de Côte d’Ivoire (CES-CI) ont été ponctionnés. Ce, du fait de la grève. Mais jusqu’à ce jour, ces salaires retenus ne sont toujours pas reversés. Pour sûr, les enseignants se disent déterminés à faire rétablir leur salaire. Ces quatre formations tiendront une assemblée générale extraordinaire demain samedi pour décider de la conduite à tenir.
ANZOUMANA CISSE
Quel bilan faites-vous, à mi-parcours, de la caravane de vaccination contre la fièvre typhoïde ?
Premièrement, il convient de souligner qu’il s’agit d’une caravane de vaccination entreprise par la Fondation Children of Africa de Mme Dominique Ouattara pour les enfants de 3 à 12 ans. Et c’est une caravane de vaccination gratuite contre la fièvre typhoïde. Et jusqu’à ce jour, nous avons déjà parcouru quatre sites à travers le district d’Abidjan. La commune d’Attécoubé a été le théâtre du lancement de la caravane de vaccination, plus précisément le quartier Boribana. Ensuite, nous avons été à Adjamé, précisément à Bramakoté. Puis à Yopougon dans le quartier Doukouré. Et enfin à Abobo où la campagne de vaccination s’est déroulée au quartier Avocatier. C’est dans ces différentes communes que la campagne a eu lieu. Et à chaque fois, ce sont 1.000 enfants qui ont été vaccinés. C’est dire qu’aujourd’hui, notre bilan s’évalue à 4.000 enfants vaccinés. Vous remarquez que les quartiers cités sont des quartiers précaires connus. Pourquoi ces quartiers précaires ? La fièvre typhoïde est une affection qui sévit dans les quartiers à mauvaise condition hygiénique. Nous avons alors ciblé les enfants qui sont les populations les plus exposées. Mais, au cours de ces campagnes de vaccination, une sensibilisation est faite parallèlement par le biais de petits fascicules qui sont distribués sur place. Ils indiquent de façon très simple les modes de transmission de cette maladie. Ils énumèrent les signes qui indiquent qu’il s’agit d’une fièvre typhoïde. Le traitement et les moyens d’éradication de cette affection. C’est évidement une fiche très simple. Et qui, en trois petites pages, énumèrent tous les aspects de la maladie.
Justement pourquoi une caravane contre la fièvre typhoïde ?
La réponse est toute simple. Il existe en Côte d’Ivoire le programme élargi de vaccination qui prend en compte beaucoup d’affections telles que la poliomyélite, le tétanos, la rougeole et d’autres maladies. Et ce qui explique le choix de la fièvre typhoïde, c’est en fait, la recrudescence de cette affection. Particulièrement dans la ville d’Abidjan qui est devenue une poubelle. Depuis un ou deux ans, on a constaté une recrudescence très importante de la fièvre typhoïde. Nous aurions pu faire un autre vaccin. Mais, la plupart de ces vaccins sont déjà pris en compte par le programme élargi de vaccination. Donc nous avons estimé que cela n’était pas nécessaire. Par contre, je vous donne un exemple, la méningite qui est également une affection qui mérite de faire l’objet d’une campagne de vaccination ne se localise pas à Abidjan. Car, cette région n’est pas une zone d’endémie ou d’épidémie de la maladie. Pour cela, il faut aller au Nord et à l’Ouest de la Côte d’Ivoire. C’est ainsi qu’après Abidjan, nous irons à l’intérieur du pays. Et en fonction des spécificités épidémiologiques de chaque région, un type de vaccination sera utilisé.
Après une pause de deux semaines, allez-vous repousser la date limite pour pouvoir atteindre votre objectif c’est-à-dire vacciner 10.000 enfants à Abidjan contre la fièvre typhoïde ?
L’objectif en effet est de vacciner sinon immuniser 10.000 enfants dans la ville d’Abidjan contre la fièvre typhoïde. Et comme chaque week-end, nous avons pour principe d’immuniser 1.000 enfants, évidemment dans un souci de fidélité au programme préétabli la date limite sera prolongée au-delà du samedi 14 mars. Chaque samedi, nous passons dans une commune. Et c’est en collaboration avec les autorités communales, que le lieu où la vaccination se fera, est choisi. Après ces 4 premières communes que nous avons visitées, samedi prochain c’est-à-dire le 28 février, on redémarre à Gobelet dans la commune de Cocody. Et la semaine suivante, on ira à Koumassi. Ensuite Treichville et enfin Marcory. Et il y a un autre site d’Abobo Derrière-Rails que nous avons sauté. Mais nous allons le rattraper après. Concernant la suspension de 2 semaines de la caravane, disons que dans le programme établi, il était prévu un arrêt entre les deux phases. C’est pour cela que la caravane s’est arrêtée sinon, il n’y a aucune raison particulière.
En tant que médecin, pouvez-vous nous dire s’il existe aujourd’hui des chiffres sur la recrudescence de la fièvre typhoïde à Abidjan ? Et puis, pouvons-nous savoir si celle-ci a supplanté aujourd’hui, le paludisme qui est l’une des premières causes de mortalité en Côte d’Ivoire ?
Il n’existe aucun chiffre actuellement sur la prévalence en fièvre typhoïde en Côte d’Ivoire. Il n’existe aucun chiffre officiel. Ce dont je vous parle c’est la pratique de tous les jours. Il y a une démarche scientifique qui permet d’aboutir au diagnostic de la fièvre typhoïde. Mais, entre les résistances au paludisme et la recrudescence de la saleté, on arrive à un stade où lorsqu’on traite un patient pour un paludisme, on ne réfléchit plus. Si au bout de 3 à 4 jours ça ne vas pas, on passe à la phase suivante, c’est-à-dire, le diagnostic de la fièvre typhoïde.
Et ces cas sont-ils nombreux ?
Il y en a beaucoup. Et un constat qui est fait, c’est que très souvent, nous n’avons pas les preuves scientifiques. Mais, on n’a pas le temps de rechercher ces preuves scientifiques puisque la fièvre typhoïde a une période d’incubation. Si vous êtes infecté aujourd’hui, les signes n’apparaîtront que deux semaines après. Donc, avant que nous ne détections la maladie dans le sang, elle est déjà installée. C’est pourquoi la plupart des médecins ont dans leur pratique ce reflexe. Les moyens de diagnostic sont très limités. On est obligé de travailler à vue. On ne peut pas faire autrement.
Réalisée par Coulibaly Brahima
Les salaires des enseignants suspendus. Mamadou Soro (Sg du Synesci) :
“Si le Gouvernement veut une année blanche, il l’aura”
La colère des enseignants du secondaire général et technique va grandissante. Le Gouvernement ivoirien a mis sa menace à exécution. Il a ‘’coupé’’ les salaires de certains enseignants qui ont observé la grève du 20 au 30 janvier dernier sur toute l’étendue du territoire national. Certains ont constaté sur leur bulletin de salaires une ponction de 50.000Fcfa. Par contre, chez d’autres la somme de 100.000 Fcfa a été retranchée. Tous les enseignants grévistes n’ont pas été ponctionnés .Ce sont ceux dont l’absence a été notifiée par leur chef d’établissement qui ont subi la ‘’furia’’ de la Direction générale de la Solde. La direction générale de la Fonction Publique, approchée hier, n’a pas été très affirmative sur cette question. « Les dispositions relatives à la ponction ou suspension de salaires à la Fonction Publique existent. Nous ne faisons qu’appliquer ces dispositions. Trois jours de grève correspondent à deux semaines de ponction de salaires» a expliqué un membre de la Direction de la Fonction Publique, sous le couvert de l’anonymat. Du coté du ministère de l’Education Nationale, les langues se délient difficilement. Personne ne daigne prendre la responsabilité de donner l’effectif des enseignants grévistes qui ont vu leur salaire couper. C’est la veillée d’arme chez les syndicats de l’enseignement secondaire général et technique (Synesci, Synafetp ci ; Syndicat Solidarité et la Ces-ci). Les responsables de ces quatre formations syndicales disent ne pas accepter cette mesure du gouvernement. Ils ont signifié que l’heure n’est plus à la parole, mais aux actes. « Les salaires de 9000 enseignants ont été suspendus et pour 500 ponctionnés. Les quatre formations syndicales se sont réunies hier au siège de la Fesaci à Adjamé pour arrêter une décision commune» a expliqué le secrétaire général du Syndicat national des Enseignants du second degré de Cote d’Ivoire (SYNESCI) et porte-parole du mouvement des syndicats grévistes, Mamadou Soro, joint au téléphone en fin d’après-midi. Pour lui, cette ponction est une provocation de plus qui ne saurait être tolérée. « Si le Gouvernement veut une année blanche, il l’aura » a menacé M.Soro. Au moment où nous mettions sous presse, une réunion décisive se tenait avec les secrétaires généraux des différentes formations syndicales au siège de la Fédération des Syndicats Autonomes de Cote d’Ivoire (FESACI) à Adjamé à l’effet d’arrêter une décision commune. « En tout cas, la conduite à tenir sera arrêtée aujourd’hui » a précisé le secrétaire du Synesci. Pour mémoire, les salaires des mois de Novembre et Décembre 2007 de près de 2000 enseignants de la Coordination des Enseignants du second degré de Côte d’Ivoire (CES-CI) ont été ponctionnés. Ce, du fait de la grève. Mais jusqu’à ce jour, ces salaires retenus ne sont toujours pas reversés. Pour sûr, les enseignants se disent déterminés à faire rétablir leur salaire. Ces quatre formations tiendront une assemblée générale extraordinaire demain samedi pour décider de la conduite à tenir.
ANZOUMANA CISSE