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International Publié le samedi 21 mars 2009 | Nord-Sud

Madagascar - Que vaut Rajoelina ?

Faut-il être bardé de diplômes pour gouverner un pays ou peut-on sortir du néant et sans parti politique et réussir ? C'est cette équation que doit résoudre le nouveau président de Madagascar, Andry Rajoelina, qui n'a pas fini ses classes. L'épreuve du terrain nous situera.

Andry Rajoelina a-t-il le profil de l'emploi ? Pour beaucoup d'observateurs, il est difficile de trancher cette question d'un trait. La politique étant un domaine imprévisible où un lascar peut faire ses preuves et où un intellectuel peut être un piètre président. «Les grands diseurs ne sont pas de grands faiseurs et les grands faiseurs ne sont pas des grands diseurs», rappelle une source diplomatique contactée à Abidjan. Jetons un coup d'œil sur le parcours du nouveau ''président de la Haute autorité de transition de la République de Madagascar '' pour se faire une opinion. Selon les bibliographies qui parviennent de la Grande Ile, Andry Rajoelina né en 1975, connu localement sous le sobriquet « Andry TGV » n'a pas fait de formation supérieure ou obtenu de diplômes universitaires, mais dispose d'un esprit d'entrepreneur qui a abouti à la création d'entreprises prospères. Il est le propriétaire de Viva, une chaîne de télévision, ainsi que d'autres entreprises florissantes, parmi lesquelles Injet, une agence de communication, et Domapub, une agence de publicité cotée, dirigée par son épouse Mialy Razakandisa, elle-même issue d'une famille connue. Il a débuté dans le secteur de l'événementiel en tant qu'organisateur de soirées dansantes où il était DJ, d'événements et de spectacles, de 1994 à 2000 avec des soirées Live. Là s'arrêtent les éléments de son CV. Des Malgaches de la diaspora en Europe qui soutiennent Marc Ravalomanana mettent donc en doute les capacités intellectuelles du DJ à diriger ce pays de 20.097.000 habitants. Selon ses détracteurs qui citent une source : ''Anciens du Collège de France'', il n'a même pas obtenu le Baccalauréat. Ils estiment que la gestion de la ville d'Antananarivo qu'il a conquise avec 63% des suffrages en 2007, contre Hery Rafalimanana, le protégé du président de la République Ravalomanana a été désastreuse. Il lui est reproché d'avoir trompé son électorat en majorité des jeunes et des modérés. Une fois élu, le jeune maire s'est entouré de personnalités ayant servi sous le régime de Didier Ratsiraka et Zafy Albert (Elia Ravelomanantsoa, Ny Hasina Andriamanjato, Roland Ratsiraka, Alain Ramaroson, Nadine Ramaroson, Dolin Rasolosoa, etc). Indépendant et outsider sans affiliation politique, il a su s'imposer aux Malgaches au fil des années. Il ne s'appuyait que sur une association, 'Tanora malaGasy Vonona', d'où TGV (traduction : « Jeunes Malgaches prêts »). Soulignons que c'est son statut de «victime» de Marc Ravalomanana qui lui a valu son énorme popularité. Son entreprise contrôlait le marché des panneaux publicitaires dans la capitale, que convoitait la fille du président. Ce faisant, le régime a contribué à faire de Rajoelina l'opposant numéro un. Tous les mécontents (les entrepreneurs victimes des entreprises du président, l'armée moins bien traitée que la police, les opposants politiques) se sont reconnus en lui et l'ont soutenu quand la crise a éclaté le 26 janvier. Ce soutien désintéressé résistera-t-il au temps ? Ou tentera-t-il de transformer son club de soutien en parti politique. L'avenir nous le dira. Mais en attendant, il doit être investi aujourd'hui président de la République par la Haute cour constitutionnelle. Passées les heures d'euphorie des lendemains de pouvoir, Andry Rajoelina devra montrer qu'il représente un espoir et non juste une ambition politique. Parce que les premiers actes de sa présidence ne sont pas rassurants. Selon plusieurs médias, la liberté d'expression est déjà malmenée. Ses partisans auraient piraté la Tvm, fait fermer Midi Madagasikara, sans parler de menaces à peine voilées contre Sobika.com sur certains supports. Une des premières mesures du nouveau président a été d'annuler la concession de 1,3 million d'hectares au groupe coréen Daewoo qui a mis le feu aux poudres sur la Grande Ile. Pour les Malgaches, la terre est sacrée et l'aliéner est une faute impardonnable.


Bakayoko Youssouf



Démocratie dans la rue


Jeudi, la France a marché à l'appel des syndicats. Près de 3 millions de personnes ont battu le pavé à travers l'Hexagone pour protester contre la vie chère (emploi, pouvoir d'achat,...). Pour le moment, le gouvernement fait la sourde oreille. Le 29 janvier dernier, une autre manifestation avait mobilisé entre 1 et 2,5 millions de personnes. Nicolas Sarkozy avait été obligé alors de débloquer une enveloppe de 2,6 milliards d'euros (1.705,49 milliards de Fcfa) en faveur des ménages les plus fragiles. Afrique. Madagascar. Encore la vie chère, la misère. Encore des manifestations de rue. Elles ne mobilisent pas plus de 25.000 personnes. Deux longs mois à battre le pavé alors que les Français sont retournés le lendemain aux activités productrices de richesses. Les organisateurs se sont sans doute dit : «Pourquoi ne pas tout renverser ?» Et paf ! Exit le président élu, la Constitution, la hiérarchie militaire, l'institution judiciaire ! On recommence tout à zéro. Dans un pays, la rue parle au chef de l'Etat. Celui-ci la respecte. Les institutions continuent à fonctionner pour répondre aux préoccupations du bitume. La vie reprend son cours normal en l'espace de 48 heures. Parce qu'au bout, il y a des élections. L'on peut se faire entendre dans…l'urne.

Dans l'autre, la rue balaie tout. Elle impose ses choix. L'urne ? Trop lente ! Tout le fossé entre une Démocratie et une « Démocratie banania ». Merci l'artiste !

K.B.J.
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