Ceux qui pensent que tout n’est que confrontation, antagonisme et belligérance en Côte d’Ivoire devraient une fois de plus retourner à leurs chères études pour faire avec nous le constat selon lequel les Ivoiriens savent se retrouver autour d’événements majeurs et vitaux pour la cohésion et la fortification de leur Nation. Depuis le jeudi soir, la tension observée lors de la veillée d’armes avant l’obtention du point de décision au programme PPTE est un exemple parmi les cinq grands événements qui ont marqué la jeune histoire de la Côte d’Ivoire. Des événements qui ont démontré s’il en était encore besoin que les Ivoiriens peuvent, en vérité, mettre entre parenthèses leurs divergences politiques, ethniques et culturelles, pour savourer ensemble des acquis mais aussi pour pleurer ensemble comme ce fut le cas un certain 4 Septembre 2005, lors de la défaite inattendue contre le Cameroun au Stade Houphouët-Boigny. Oui le PPTE, le fameux PPTE a, sans être encore entré en vigueur dans sa ‘’phase active’’ redonné le sourire à tous les Ivoiriens. Du fonctionnaire lambda au chef de l’Etat en passant par les ministres et le Premier ministre, tout le monde agit, réagit et parle désormais en ‘’PPTE’’. Pour les uns et les autres, l’espoir est donc permis et les perspectives sont bonnes. Cette joie commune qui transcende les clivages s’est emparée des Ivoiriens lorsqu’ils ont décidé de vivre ensemble le siècle dernier. Elle a été renforcée lors de la proclamation de l’Indépendance de la Côte d’Ivoire le 7 Août 1960. Ce jour aux larmes de Félix Houphouët-Boigny se sont mêlées celles de tous les Ivoiriens épris de liberté. Qu’on soit opposant ou conservateur, le 7 Août 1960 est resté gravé dans les esprits de tous. 1992 fut incontestablement après le 7 août 1960, la date que les Ivoiriens n’oublieront jamais. En effet qui ne se souvient du plongeon légendaire d’un certain Alain Gouaméné, au sommet de son art ce 26 Janvier 1992 ; plongeon qui faisait entrer la Côte d’Ivoire sportive dans les annales du football continental. L’explosion de joie sur les 322463 km2 du territoire ivoirien était à la mesure de l’événement. Cette joie est venue mettre un terme momentané certes à la tension politique qui régnait en Côte d’Ivoire à cette époque. Et que l’on soit du PDCI, du FPI, la joie n’avait pas de couleur politique. Coups d’Etat, rébellion et autres malheurs sont intervenus entre-temps pour dresser les Ivoiriens les uns contre les autres. Il a fallu une fois de plus un événement exceptionnel pour redonner le sourire aux Ivoiriens. Aussi alors que les protagonistes de la crise excellaient dans les actions à même de provoquer l’implosion totale, les Eléphants de Côte d’Ivoire, par un concours de circonstance digne du miracle, se qualifiaient pour la première fois pour une phase finale d’une coupe du monde. On se souviendra toujours de ce 8 Octobre 2005, où ‘’Eto’O Fils a dormi à 17h’’ à Yaoundé. Loyalistes, rebelles, opposants, etc. ont oublié subitement tous leurs griefs et ont savouré avec faste cette qualification. Et comme s’il faut toujours des événements exceptionnels pour que les Ivoiriens arrivent à regarder ensemble dans la même direction, l’’affaire PPTE’’ tombe à point nommé. Le franchissement du point de décision, le 27 Mars 2009, restera à coup sûr comme l’une des grandes dates de l’histoire de la Côte d’Ivoire. Car depuis hier, tout le monde sourit pour un oui ou pour un non. C'est dire que secrètement, chacun avait les yeux rivés vers Washington même si certains feignaient de ne pas être intéressés par cette ‘’histoire de PPTE’’. S’il est tout à fait légitime que les Ivoiriens et les autorités ivoiriennes qui se sont battues pour atteindre le point de décision ne boudent pas leur plaisir, le fait est que la communauté internationale attend désormais une seule chose. Un engagement clair et sincère pour sortir résolument de la crise. En effet, il n’y a que cette volonté d’aller aux élections qui accélérera le processus qui aboutira au point d’achèvement. Les bailleurs de fonds seront donc très regardants sur les actes des acteurs de la sortie de crise. Autant, nous avons prié ensemble et fédéré nos efforts pour parvenir à ce résultat du 27 Mars 2009, autant nous devons nous serrer les coudes pour booster le processus de paix. Que les acteurs de Ouaga ne s’arrêtent pas en si bon chemin compromettant l’avenir de tous les Ivoiriens en reniant leurs engagements. Le point de décision et ensuite, le point d’achèvement, tout comme les milliards récoltés ne serviront à rien, tant que la paix ne sera pas réalisée dans le pays. Travaillons donc sans faux-fuyants à l‘organisation des élections en évitant surtout des schémas de dernière minute, qui in fine, risquent de nous faire passer à côté d’une autre et mémorable date à venir.
Editorial Publié le samedi 28 mars 2009 | L’intelligent d’Abidjan