Fané Ibrahima n’a pas mesuré les conséquences de son acte. Au lieu de se contenter de son métier de manoeuvre, il se fait passer pour un flic et extorque de l’argent aux honnêtes citoyens. Le 19 juillet, la chance ne fut pas de son côté. Il est démasqué par une de ses victimes et livré aux hommes de la loi. 24 mois d’emprisonnement ferme et 100.000 Fcfa d’amende, c’est le sort que lui a réservé le tribunal de première instance de Grand-Bassam. En effet, le dimanche 19 juillet aux environs de 15 heures 30, le soit disant « flic » se rend dans un campement de Motobé à Grand-Bassam. Chemin faisant, il rencontre P. B, cultivateur, à qui il demande s’il y a des cigarettes en vente dans ce campement. Les deux individus échangent jusqu’au lieu d’habitation de P.B où il demande à consommer de l’alcool notamment le « koutoukou». La femme de P.B lui sert même deux «tournées » à raison de 50 Fcfa l’unité. Une fois bien installé, il sort de sa poche une fausse pièce qu’il brandit comme étant une carte de flic. Il avance qu’il est un agent de la PJ en service et qu’une femme et son enfant seraient tués à Alépé et qu’il est chargé de mener l’enquête. Il continue à vendre du vent à ses interlocuteurs en ajoutant qu’il a horreur de faire du mal à son semblable et que son chef ,qui serait un colonel, l’aurait mandaté pour exterminer tous les ressortissants étrangers du pays et que cette façon d’agir n’est pas de son goût. Et de poursuivre qu’il est de nationalité Ivoirienne, de père korhogolais et de mère guinéenne. Il rassure toutefois P.B, qu’il ne lui ferait pas de mal parce qu’il est guinéen. De plus il a menacé de revenir sévir dans ce campement s’il découvrait, après ses investigations, que les comprimés de rue y étaient commercialisés. De chantage en chantage, il réussit à extorquer la petite somme de 1.000 Fcfa. Insatisfait de son arnaque, il approche K.B, un menuisier. C’est lui, qui, très vigilant, réussit à le démasquer. Le 29 juillet Fané Ibrahima est devant le juge au tribunal de Grand-Bassam. Il a le regard perdu. «Vous faites croire aux gens que vous êtes de la PJ ?» demande le juge. Ibrahim semble surpris et tente de se défendre. «Tout ce que je peux dire c’est que je ne comprends rien». Le juge charge : «C’est donc un génie qui est derrière toi ?». L’accusé, l’air étonné, ne lâche pas un seul mot. Le juge reprend : «Tu te fais passer pour un policier, après comme tu vois que le Monsieur est un guinéen, tu lui dis que tu ne lui feras pas de mal. Tu lui demandes ensuite si on vend des comprimés dans le campement…. Ce que vous faites est grave !» L’incriminé, qui a le dos au mur, demande pardon au juge. « Je demande pardon» regrette-t-il. Comme réponse le juge réplique : « Comme vous vous faites passer pour un agent de la police. Vous aller comprendre qu’on ne joue pas avec ce corps de métier. Vous allez donc en prison. Votre place est en prison».
Emmanuelle Kanga,
Correspondante régionale
Emmanuelle Kanga,
Correspondante régionale
